#psSortDuPlacard – XilCast : le mouvement et la théorie Queer

La chronique de David (Xil) démarre à 2:00:25.
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Billet présenté dans le cadre de l’event #psSortDuPlacard le 27 juin 2015


Bonjour Alan, Bonjour Podcast science,

Je vais donc essayer de vous parler en 5 minutes du mouvement et de la théorie queer…

Alors queer qu’est-ce qu’un queer ?

« Queer » signifie étrange, bizarre en anglais. Dans son acception courante contemporaine c’est un terme générique permettant de regrouper sous un même nom la plupart des minorités sexuelles et en particulier toutes personnes n’étant pas hétérosexuelle ou cisgenre.

2000px-Queer_Nation_logo.svgHistoriquement, Queer, était utilisé dans les années 20, par certains gays anglophones pour se désigner, mais il prit rapidement une connotation péjorative, parfois utilisé comme insulte, puis tomba peu à peu dans l’oubli à mesure que d’autres termes émergeaient. Pourtant, dans les années 90’s un petit groupe anarchisant lié à Act up et à la gauche radicale, Queer Nation, entreprit un travail de réappropriation. Le mouvement Queer était né !

réappropriation ?

ride-for-my-nigga-coverLa réappropriation, c’est l’idée pour un groupe de revendiquer un terme connoté négativement et utilisé par des personnes extérieures au groupe pour le désigner. C’est une stratégie que cherchent à employer des féministes avec “cunt” et qui a été utilisé par des Afro-Américains avec « black » ou « Nigga ». « Nigga » pouvant, par exemple, être employé positivement de plusieurs façon par des Afro-Américains, genre « my nigga » peut vouloir dire « mon mec ».

 

 

 

Mais d’autres insultes racistes coexistent et il semble impossible d’effectuer pour chacune d’entre elles un travail de réappropriation. De plus, même « Nigga » est toujours en parallèle utilisé comme insulte. Certaines personnes considèrent donc que la stratégie de réappropriation est vouée à l’échec ; pour eux, l’étymologie de ces mots soulignera toujours une discrimination.

Mais il existe une seconde raison de défendre la réappropriation : revendiquer des discriminations pour mieux les combattre ; ne pas oublier que l’on a été discriminé car d’autres discriminations et dominations existent toujours.

Cela amène le mouvement Queer, politiquement, à être anti-assimilationniste. C’est à dire, par exemple, à ne pas militer activement pour le mariage gay au nom d’une opposition plus générale au mariage et par peur de troquer une petite victoire contre l’impossibilité d’un changement de société plus important.

Le mouvement Queer est aussi inclusif que possible et cherche à défendre toutes les minorités sexuelles. Sont donc queer – s’ils le revendiquent – non seulement les LGBT mais aussi :

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  • Les queer hétérosexuels : (par exemple des femmes hétérosexuelles revendiquant des comportements traditionnellement associés à la masculinité ou l’inverse) ;
  • Les pratiquant du BDSM ;
  • Les asexuels ;
  • Les polyamoureux ;
  • Et finalement tout ceux ne s’identifient ni à la norme ni à ces catégories ou, au contraire, s’identifiant à plusieurs d’entre elles.

Cette optique rappelle celle du féminisme intersectionnel.

Qu’est-ce que c’est que ça ?

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L’idée qu’on peut pas lutter efficacement contre une discrimination en l’isolant des autres. Que, pour éviter de se retrouver à défendre des idées racistes, ou homophobes en essayant de faire du féminisme, il faut s’assurer de lutter simultanément contre toutes ces discriminations.

Et ce n’est pas le seul lien entre queer et féminisme. Le mouvement queer est parfois présenté comme héritié de la seconde vague de féminisme et le féminisme pro-sexe, apparu dans les années 80 est issu du mouvement queer. C’est un féminisme qui, au nom de la liberté sexuelle, va s’opposer à d’autre formes de féminisme sur des questions comme la pornographie.

Et qu’en est-il dans le monde académique ?

LGBTSlides.022Dans le monde académique, vous connaissez les études de genre. Le sexe est une catégorie biologique. On peut tester génétiquement si vous êtes un homme où une femme. Tandis que le genre, par définition, est une catégorie sociale… Pour illustrer ça avec un exemple trivial, porter du rose est aujourd’hui vu comme féminin, alors qu’au Moyen-Âge, cette couleur était réservée aux garçons. Pas de doute, on n’est pas dans le biologique ici : c’est une caractéristique associé au genre.

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Les études de genre vont donc étudier les caractérisques des deux genres et aussi s’intéresser aux interactions entre genre et sexe… Exemple de question pouvant être traitée dans une étude de genre : est-ce que le fait que les femmes fassent peu d’études de mathématiques tient du genre – d’une construction sociale donc – ou du sexe – d’un déterminisme biologique ?

Tout le monde suit ? Parfait.

LGBTSlides.023Les études Queer où études LGBT, vont apparaître dans les années 70 et faire un peu la même chose en s’intéressant non plus uniquement au genre mais à l’orientation sexuelle (donc lesbienne, gay, bi, hétérosexuel) et s’intéresser aussi à que ce qu’on appelle à les IDENTITÉS de genre. Par identité de genre on entend demander aux gens comment ils se définissent eux-même. Il y avait deux genres, homme et femme correspondant le plus souvent au sexe biologique, il va y avoir au moins trois identités de genre : homme, femme et transgenre ou queer. Les études Queer vont être en science sociales des travaux qui vont analyser ces caractéristiques et éventuellement les confronter à des déterminismes biologiques.

Enfin on peut aussi parler de théorie Queer.

Elle est apparue dans les années 90 et s’intéresse aux corrélations entre ces catégories, sexe, genre, identité de genre, et une nouvelle catégorie, l’identité sexuelle. L’identité sexuelle, c’est donc le groupe auquel vous vous identifiez vis-à-vis de votre sexualité.

Quelle différence avec l’orientation sexuelle ?

Par exemple, que ce soit par pression sociale ou pour d’autres raisons, beaucoup d’homosexuels vont dans un premier temps penser être hétérosexuels, c’est un cas où identité sexuelle et orientation sexuelle vont différer. L’identité sexuelle est aussi un concept plus large que l’orientation sexuelle : BDSM, polyamour ou échangisme ne sont généralement pas considérés comme des orientations sexuelles mais peuvent être des identités sexuelles.

Néanmoins, ce que les promoteurs de la théorie Queer vont chercher à montrer, en s’appuyant des philosophes comme Michel Foucault, c’est que la sexualité est essentiellement une construction sociale (bon je crois que quelques études indiquant qu’ils n’ont pas forcément totalement raison là-dessus sont au programme de cette spéciale mais voilà c’est dans cette direction qu’est orientée la théorie Queer). Ils vont aussi essayer de montrer que ces catégories ne sont pas nécessairement pertinentes car des individus peuvent changer de catégories, que certaines identités se recoupent parfois et que la limite entre elles n’est pas abrupte, discrète mais fluide, continue. Tout cela justifiant aussi la notion de Queer regroupant donc des personnes s’identifiant à aucune ou plusieurs de ces catégories.

 

Et je n’ai malheureusement pas vraiment le temps d’aller plus loin où de creuser les limites de cette théorie donc je m’arrête là et vous souhaite un bon live, en bonne compagnie, avec toute l’équipe de Podcast Science.

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