Les maladies mentales – par Clara Moreau

Dossier présenté lors de l’épisode 202 du 13 janvier 2015


« Les fous ouvrent des voies qu’empruntent les sages » Carlo Dossi

Cet article vise à faire un point détaillé sur ce que l’on nomme communément maladies mentales (mot fourre-tout bien souvent utilisé à mauvais-escient). On va essayer d’éclaircir comment un individu en vient à avoir des comportements à première vue étrange, pourquoi cela nous dérange t’il donc tant. Et surtout faire la part des choses entre ce qui pourrait être de l’inné / de l’acquis / ce qui est un trouble soit disant psychologique, et ce qui est tout bonnement neurologique pur, ce qui dépend des deux, ce qui a des prédispositions génétiques, etc. bref c’est un vrai bazar je vous l’accorde, on va essayer de faire au mieux pour l’éclaircir. Mais avant de commencer je veux faire un point sur le fait que cela est un sujet miné, ce n’est pas un théorème de mathématiques. Et je ne suis ni psychiatre, ni psychanalyste, ni psychologue (au passage, il ne faut pas confondre ces 3 termes, un psychiatre a fait des études de médecine et a une spécialisation de Psychiatrie/Pédopsychiatrie ; un psychologue a fait un master de Psychologie (clinique, du travail, neuropsychologie, etc. selon) ; un psychanalyste n’a pas de diplôme particulier (par contre, s’il veut, un psychologue ou un psychiatre peuvent marquer psychanalyste sur leur plaque, la condition étant d’avoir fait sa propre psychanalyse).

Pour commencer un peu d’histoire de la folie ?

A l’époque, les gens pensaient que les « fous » étaient possédés par des mauvais esprits, des démons. Le mot Hystérie remonte par exemple à Hippocrate avec le mot Utérus, comme quoi celui-ci se déplace dans le corps et créerait des symptômes. Platon décrit les causes et ces manifestations « La matrice est un animal qui désire ardemment engendrer des enfants ; lorsqu’elle reste longtemps stérile après l’époque de la puberté, elle a peine à se supporter, elle s’indigne, elle parcourt tout le corps, obstruant les issues de l’air, arrêtant la respiration, jetant le corps dans des dangers extrêmes, et occasionnant diverses maladies».

Les premières thérapies sont très étranges… On enferme les gens, on les tond, on tente des médicaments comme le poivre ou l’opium, des vomitifs, certains tentent les saignées bien sûr. Ou encore faire un trou dans la tête pour faire sortir les vapeurs toxiques, leur mettre un équivalent d’une camisole de force, les envoyer chez des « exorcistes » pour faire sortir les démons ! Une thérapie qui m’avait marqué d’ailleurs: on emmène les gens se promener sur un pont ou on a mis une trappe au centre, qu’on ouvre lorsqu’ils sont dessus, pour leur faire une sorte d’électrochoc ! Bon aussi les électrochocs plus récemment, le fauteuil rotatoire (les faire tourner très vite pour essayer de « leur remettre les idées en place », etc).

Et même pour Descartes et son Cogito…on ne peut pas être fou si on pense, et si on ne pense pas, alors on n’est pas (d’ailleurs le mot folie vient du latin « Follis », signifiant sac vide (tête emplie de vent)). Pour Montaigne par contre, les fous sont des gens qui sont dans un état de rêve toute la journée.

On passe ensuite à l’époque du « Grand Enfermement » ou on interne tout ceux qui dérangent (lettres de dénonciation, les policiers vont les chercher chez eux, les critères sont très sveltes… « Si une femme a été la maîtresse d’un homme, pas l’homme mais elle, elle sera enfermée », etc.) Il y a rapidement plus de place dans les institutions, les autorités construisent en urgence des lieux absolument pas adaptés où les gens sont traités comme des animaux, on vient les voir en spectacle lors de la promenade du dimanche de la bourgeoisie parisienne… !

Post révolution française, un médecin chef de la Pitié-Salpêtrière Philippe Pinel « libère les aliénés de leur chaine » (symbole, il est le fondateur de la psychiatrie moderne). La loi de 1838 dite « loi des aliénés » a fait une scission dans le traitement des patients avec la mise en place de structures spécialisées dit « Asiles Psychiatriques » , une protection des personnes avec des conditions médicales et juridiques contrôlées (elle n’a changé qu’en 1990). On mélangeait en effet tout type de pathologie déviante de ce qui est était socialement attendu. Car OUI, commençons donc par cela… la NORME qu’est ce donc que ce mot étrange ? Qu’est ce qu’on comportement normal ? Un qui vous plait ? Quelqu’un qui ferait comme vous ? Quelqu’un qui se plierait aux lois ? Moult définitions existent, ces dernières étant ajustées en fonction du contexte spatio-temporel.

Car oui nous mélangeons de nombreuses choses, il faut bien distinguer ce qui, pour commencer, dépendrait d’un trouble purement neurologique telle une lésion (innée ou acquise), par exemple de la zone de Broca en région Frontale. Cela entraîne généralement des symptômes tels la perte de la parole partielle ou totale sans trouble de compréhension, un agrammatisme, et une conscience de son état pour le patient. Tandis qu’une lésion dans la zone dite de Wernicke (dans le cortex temporal) entraînerait une logorrhée (flux de parole continu), une non-compréhension, une anosognosie (non-conscience de son état). Bref, ces 2 pathologies sont des dysphasies (donc des troubles de la parole) d’origine neurologique pure, qui peuvent (si vous rencontrez un sujet dans la rue là tout de suite) vous faire dire « tiens un mec bizarre…il a quoi ? », et penser « maladie mentale un truc du genre ? » alors que c’est une aphasie d’ordre purement neurologique? Et puis j’ajouterais quand même que toutes ces lésions potentielles peuvent évoluer (#plasticité) ! Par ailleurs on peut comprendre, mais être choqué par le fait de considérer quelqu’un atteint de la maladie d’Alzheimer comme malade mental, il a une dégénérescence des neurones de l’hippocampe, c’est neurologique… Ou encore une agnosie visuelle (incapacité totale de reconnaître des objets), ayant pour origine une lésion inféro-temporale et non un trouble psychiatrique.

Et puis pour finir une atteinte de certaines aires visuelles, la prise de certains traitements, ou certaines carences, sont autant de facteurs pouvant entraîner des hallucinations visuelles, sans pour autant être schizophrène, donc vous comprenez à quel point cela devient simple de tout mélanger.


Mais commençons par dissocier de manière très schématique et ancienne (j’insiste sur le fait que cette classification n’est plus utilisée aujourd’hui !) les troubles mentaux pour comprendre plus facilement. Alors vous avez d’un côté :

  • L’état psychotique qui se définirait peut être comme une rupture avec la réalité extérieure, une non-conscience de son état et des conséquences que des actes peuvent avoir sur d’autres personnes : cela implique les phénomènes d’hallucination et de délire.
  • De l’autre côté de la balance on trouve l’état névrotique (vient de nerf, mot du 18ième, de William Cullen, signifiant une altération du système nerveux) dans lequel le sujet affecté a pleinement conscience de son état qui le fait d’ailleurs souffrir, mais contre lequel il n’arrive pas à lutter. Typiquement on peut penser ici à l’état dépressif, les TCA (troubles du comportement alimentaires), les TOC (troubles obsessionnels compulsifs), les phobies (agoraphobie, ou phobie scolaire par exemple)
  • Et entre ces deux états (psychose et névrose), vous avez l’état borderline

Je voudrais également insister sur les mots symptôme et syndrome. Un syndrome est une combinaison de symptômes, certains étant nécessaires dans la définition du syndrome, certains étant additifs. Donc par exemple on ne dit pas en soi « l’autisme » mais « un syndrome autistique » et un « trouble du spectre autistique » dans les nouvelles nosologies.


Les troubles mentaux sont classés par la 5ème édition du DSM, manuel de diagnostic de l’Association Américaine de Psychiatrie, manuel très utilisé (reconnu juridiquement pour les assurances, les tribunaux, les industries pharmaceutiques, etc.). Les mots psychose et névrose ont quant à eux été supprimé pour des raisons de différences de signification de ces mots selon les écoles (beaucoup trop liée à la psychanalyse en l’occurrence).

Donc concernant le fonctionnement du DSM 5 et un diagnostic, il faut présenter une liste de symptômes eux-mêmes classés par critères, pendant une durée définie (au moins 6 mois, au moins 2 ans, etc.)


« DSM 5 et tais toi ! »

Nouvelle classification du DSM 5 (résumé non-exhaustif, toutes les catégories n’étant pas décrites)

  • Troubles du spectre schizophrénique (que je détaille plus loin dans l’article)
  • Troubles neurodeveloppementaux
    • Troubles de la communication
      • Trouble du spectre autistique (ASD)
        • Le terme autisme vient du psychiatre Bleuler, de « auto » pour la notion : tournée vers soi-même, et est malheureusement une contraction d’un terme de Freud « auto-erotisme », on appelait aussi cela de la « schizophrénie infantile » ou « démence précoce » alors que c’est un désordre neurologique des 1ers stades de developpement du cerveau)
        • Symptômes majeurs
          • Déficit de la communication et des interactions sociales
          • Intérêts restreints, comportements stéréotypés
          • Symptômes dès la petite enfance (avant 3 ans)
        • Ces symptômes entrainent des limitations significatives de la vie sociale
        • Étiologie :
          • Facteurs génétiques impliqués (risque élevé de développer des troubles autistiques chez des jumeaux monozygotes -> 60% de risque)
          • Des maladies proches possèdent des symptômes autistiques incontestables, tel :
            • Le syndrome d’Angelman (en lien direct avec une mutation sur le chromosome 15, et entre autre le gène CYFIP1)
            • Le syndrome de l’X Fragile
          • Des marqueurs cérébraux ont été eux-aussi mis en évidence (anomalies de certaines structures temporales, et connexions synaptiques)
          • Et des facteurs pendant la grossesse
            • Phénylcétonurie (trouble héréditaire lié à un déficit enzymatique, entrainant un retard mental)
            • Virus externe & al , pas purement génétique ! Il ne faut pas tomber dans l’autre extrême, pas de gène de l’autisme non plus…nous ne sommes pas prédéterminés…
        • Ce qui met un petit stop aux écoles de pensées psychanalytiques, qui expliquaient que c’était la faute de la relation avec une mère très froide et non aimante pendant les premières années… ! L’isolement étant une protection du monde extérieur.
        • Bref, combat actuel pour lutter contre le fait que l’autisme est une maladie mentale ! Typiquement un des traitements pour l’autisme infantile est le « packing» (envoleppement dans des linges froids voir gelés des enfants, utilisés pour les adultes psychotiques…, le but étant « d’aider les patients à retrouver une image corporelle en privilégiant ses vécus sensoriels »…les parents se sont révoltés et c’est enfin (depuis 2012) interdit pour les enfants autistes).
  • Déficit de l’attention / hyperactivité
  • Troubles moteurs (par exemple syndrome de Tourette)
  • Troubles bipolaires (anciennement psychose maniaco-dépressive)
    • Caractérisés par une alternance entre des états maniaques, et des états dépressifs. Très complexe et souvent confondu avec de la schizophrénie.
    • Le lithium est prescrit dans les accès maniaques
  • Troubles de l’anxiété
    • Attaque de panique
    • Phobie
      • Sociale (agoraphobie)
      • Animale
    • Trouble généralisé de l’anxiété
  • Troubles obsessionnels compulsifs
    • Trichotillomanie :
      • souvent un symptôme reflétant une anxiété exacerbée appartenant à une pathologie
      • souvent accompagné de trichophagie (manger ses cheveux/poils)
      • comportement proche d’une addiction comportementale, arracher étant comme le calmant dont le sujet a besoin au moment m. Il recherche aussi la douleur (fibres nociceptives) et surtout la sérénité suivant cette dernière suite à la production d’endorphines (opioïde, comme si on prenait de l’héroïne). Il y a bien sûr le souvenir du plaisir procuré par l’action qui rend ce comportement addictif.
      • Cela se pseudo-traite via de la psychothérapie, des thérapies cognitivo-comportementales, et la prise d’antidépresseurs
    • Désordres obsessionnels compulsifs
      • Comportements obligatoires, le sujet en a conscience mais ne peut lutter contre.
      • Répétition de gestes avec des conséquences pathologiques
      • Concernant les traitements, des antidépresseurs sont souvent prescrits (les marques Zoloft, Setraline sont par exemple connues, ils agissent en inhibant la recapture de la 5HT), mais des effets indésirables sont fréquents, tels des comportements dangereux, des troubles alimentaires, du sommeil, et sexuels)
  • Troubles dépressifs (Si besoin, une parenthèse sur le fonctionnement des antidépresseurs) : 4 familles par mécanisme d’action :
    • Inhibiteur de monoamine oxydase : augmentent la concentration de 5HT en inhibant l’enzyme chargée de sa dégradation (monoamine oxydase).
    • Les tricycliques : empêchent la recapture de certains neurotransmetteurs tels 5HT, noradrenaline, et dopamine
    • Les inbiteurs de recapture de 5HT spécifiques dans le neurone présynaptique
    • Les inbiteurs de recapture de 5HT et NA
  • Troubles alimentaires
    • Anorexie
    • Boulimie
    • Hyperphagie
    • Pica (ingestion de substance non-nutritives de manière addictive : terre, papier, …)
  • Troubles du sommeil
    • Insomnies
    • Hypersomnolence
    • Narcolepsie
  • Troubles paraphilic
    • Voyeuriste
    • Exhibitionnisme
    • Masochisme
    • Pedophilie
    • Fetichisme
  • Troubles addictifs relatifs à des substances
    • Alcool
    • Caféine
    • Cannabis (psychotrope entraînant des états modifiés de conscience)
    • Opioïde telle la morphine, l’héroïne (analgésique) – utilisation de la méthadone…
    • Stimulants : amphétamine, cocaïne, etc.
    • Tabac
    • Sans substance : addiction au jeu d’argent
  • Troubles de la personnalité
    • Cluster a (trend psychotique)
      • Paranoide : délire
      • Schizoide : asocial, apathie, émoussement affectif
      • Schizotypique : isolement et délire
    • Cluster b (trend nevrotique)
      • Antisociale
      • Borderline
      • Histrionique
      • Narcissique
    • Cluster c
      • Dépendance
      • Obsessionnelle-compulsive
  • Désordre neurocognitifs
  • Troubles dissociatifs : (Dépersonnalisation, déréalisation)
  • Troubles des conduites
    • Cleptomanie
    • Pyromanie
  • Troubles relatifs au stress (Stress post-traumatique entre autres)

La nosologie du DSM est depuis longtemps contestée (1ère édition en 1968 d’inspiration freudienne), les gens ne voulant être assignés, à juste titre, à des critères, coller dans des grandes classes, quand on pense à la variabilité de l’expression des troubles interindividuels et aux nombres de facteurs impliqués qui interragissent, on comprend… !

Le National Institute of Mental Health prépare actuellement une nouvelle classification, les manuels dévient de plus en plus de l’apport de la psychanalyse. Le projet du NimH est le RDoC  (research domain criteria) avec pour ambition de développer de manière agnosique une nouvelle façon de classer les troubles mentaux à partir du comportements observables et des mesures neurobiologiques. En effet, selon le pésident du NimH, Thomas Insel, «  les patients valent mieux que cela », et l’institut ne veut plus se baser sur cette classification pour les recherches futures. Mais bien sûr, les écoles psychanalytiques se révoltent également avec leur collectif «Stop-DSM», contre cette « pensée unique », qui ne prend plus assez en compte les apports de la psychanalyse. Le psychanalyste Roland Gori explique « on assiste à une médicalisation de l’existence ».


Vous reprendrez bien un peu de schizophrénie ?

Pour vous détailler un peu la schizophrénie, c’est un trouble mental sévère et chronique, qui apparaît au début de l’âge adulte avec une prévalence de 1%. Il y a une anosognosie (non-conscience du trouble) : l’acceptation par le patient d’un potentiel traitement / d’une potentielle thérapie, s’avère assez complexe. Ce terme « schizo/phrenie » veut dire « esprit fendu » : cette pathologie se traduit par une dissociation et une désorganisation générale de la pensée avec ce qu’on nomme communément la déréalisation (le sujet se sent étranger à ce qu’il perçoit, il n’y a pas de logique, il ne maîtrise pas) et une déréalisation (étrangeté de soi-même, il a la sensation d’être contrôlé par une force extérieure). Pour retenir facilement une définition de la schizophrénie, pensez aux 3D donc : Discordance (émotionnelle), Dissociation (illogique), Délire paranoïde (étrangeté)

On peut distinguer ce que les classifications nomment :

  • Symptômes «positifs » ou « productifs » qui s’ajoutent à la réalité : hallucination, délire, agitation. Ces symptômes sont souvent pris en charge par des traitements médicamenteux (antipsychotiques : neuroleptiques). Les hallucinations et les délires sont très liés.
    • les hallucinations peuvent être de tout type mais il y a des prédominances selon le type de schizophrénie (voix imaginaires qui le persécutent, animaux qui l’attaquent, etc.)
    • délires de plusieurs formes (déformation à partir d’indices appartenant à la réalité)
      • Persécution (tout le monde lui veut du mal, il s’enferme chez lui, se cache)
      • Vol de pensée / idées imposées
      • Mégalomanie
  • Symptômes « négatifs» ou « déficitaires » : nommés ainsi car ils sont censés refléter le déclin de capacités cognitives. On note ainsi des troubles de mémoire, d’attention, de concentration, de raisonnement (phrases sans lien, néologismes, incapacité à prendre des décisions propres à une situation nouvelle). Il y a aussi une perte de motivation globale (dite « aboulie » et une « anhédonie »), une apathie face au monde, des troubles de la motricité. Les symptômes dits négatifs sont beaucoup plus résistants face aux traitements médicamenteux, et sont plutôt pris en charge par des thérapies comportementales.

On sépare ensuite différents types de schizophrénie selon si le patient a plutôt des symptômes positifs ou négatifs.

Une séparation des symptômes est faite, selon s’ils sont :

  • Primaires : ils expriment la pathologie
  • Secondaires : ils sont la conséquence d’un autre symptôme, avec par exemple :
    • effet de médicament suite au délire (aboulie, anhédonie)
    • effet des hallucinations (retrait social, apathie)

Plusieurs formes de schizophrénie étaient scindées au sein du DSM IV dont :

  • Hébéphrénique: surtout des symptômes négatifs, mais peu d’hallucinations ou de délire, mais une désorganisation de la pensée globale
  • Paranoïde: Surtout des symptômes positifs donc des hallucinations multiformes, des délires, etc.
  • Catatonique : Stéréotypies, discordances émotionnelles, troubles de la motricité, voir mutisme.

Concernant le DSM5…on retrouve :

  • Schizophrénie : symptômes positifs + négatifs + catatonie.
  • Trouble schizo-affectif : Episodes thymiques dépressifs ou maniaques fréquents avec hallucinations et délires en dehors de ces épisodes.
  • Catatonique : Stéréotypies, discordances émotionnelles, troubles de la motricité. Forme très particulière
  • Syndrome psychotique atténué

En fait c’est beaucoup plus long et compliqué que ça la liste, mais c’est pour vous donner un aperçu de cette pathologie extrêmement complexe.

L’étiologie (origine du trouble) de la schizophrénie est extrêmement complexe et plurifactorielle, comme l’intégralité des désordres psychiatriques… Selon les dernières recherches, il y aurait des perturbations pendant le développement fœtal, des possibles problèmes de malnutrition chez la mère, un facteur viral, ainsi que le stress de cette dernière pendant la grossesse, ayant pour conséquence entre autre une désorganisation des connexions synaptiques chez le jeune enfant.

Donc ces facteurs seraient des « prédispositions » à un développement de la schizophrénie à l’entrée dans l’âge adulte, le sujet aurait lui-même des facteurs déclencheurs tels la consommation de drogues (épigénétiques, des facteurs bio-environnementaux qui interagissent avec une prédisposition).

Mais il existe également un lien génétique à priori évident car on observe une hérédité assez forte, avec une trentaine de gènes pour le moment impliqués, et certains locus mis en évidence (6p, 22q, 8p, 3p, 16p, 1q, 15q : délétion versus duplication d’une petite portion de chromosome).

Nb si besoin : p = bras court du chromosome ; q = bras long, on peut aussi imaginer ses jambes 😉 Et donc les chromosomes qui sont le support de l’information génétique, on en a 23 paires, contenues dans chaque cellule, avec environ 25 milles gènes).

Il n’y a ainsi vraiment pas un « gène de la schizophrénie » mais une interaction entre l’expression de plusieurs d’entre eux, et des facteurs environnementaux (épigénétique).

Concernant les données de Neuroimagerie portant sur la schizophrénie, peu de résultats convergent, et dépendent bien sûr des formes de schizophrénie…chaque sujet étant bien sûr UNIQUE. Cependant les données d’IRMf qui ressortent montrent l’implication de structures préfrontales impliquées notamment dans le raisonnement, et les représentations mentales, potentiellement en lien avec une désorganisation psychique. Mais d’autres études montrent que ce serait plutôt des problèmes de circuits entre des structures (mauvaises routes empruntées) notamment en situation d’interaction sociale, et de communication orale. Bref, vaste désordre, mais cette approche reste ici intéressante pour étudier cette pathologie par exemple en étudiant concrètement l’effet d’un agent pharmacologique sur le fonctionnement cérébral. Les recherches continuent donc… avec diverses approches complémentaires !

Concernant les prises en charge…comme le risque de TS est élevé, certaines hospitalisations sans consentement sont possibles dans certains cas.

Il y a quoiqu’il en soit une prise en charge psychologique, et la prescription de certains traitements tel que les benzodiazépines. Il s’agit d’une classe de médicaments psychotropes utilisés dans le traitement de l’anxiété, des convulsions, ils agissent sur les neurones gabaergiques, pour inhiber massivement le système nerveux central. Le plus connu serait sans doute le Vallium (diazépam , qui est un anxiolytique, anticonvulsif), il y a aussi le Xanax qui est connu pour ses effets anxiolytiques, et le Rivotril (clonazepam anticonvulsif).

Mais malheureusement, il y a un sevrage difficile et accoutumance très rapide.Et bien sûr de nombreux effets secondaires et contre-indications…, ainsi que des réactions paradoxales en fonction de l’individu. Il y aurait potentiellement un lien avec la survenue de la maladie Alzheimer. Bref, c’est loin d’être tout rose. Et encore une fois on soigne des symptômes temporairement mais clairement pas la maladie , on soulage l’entourage à court terme plus qu’on soigne le sujet lui-même, en le « shootant ».

Il en va de même pour les neuroleptiques prescrits fréquemment qui agissent quant à eux sur les récepteurs dopaminergiques qu’ils inhibent, agissant ainsi sur la régulation des émotions (en cas d’anxiété exacerbée, ou de forts délires)

Il faut donc éviter ces prises d’agents pharmacologiques au maximum, mais certains grands groupes peuvent inciter la prescription (et également la famille du patient). Il en est de même pour les antidépresseurs, bien que cette fois ce soit surtout le patient qui peut faire pression sur le médecin pour qu’il lui fasse une ordonnance.


Donc là je vous ai exposé l’approche athéorique et descriptive du DSM. Il existe en contrepartie l’approche psychanalytique, à savoir une nosologie fondée sur des conflits entre des grandes instances psychiques (ça, moi, surmoi) enseignée en faculté de psychologie :

  • Le type névrotique serait un conflit entre le ça et le Moi, entre désir et défense , entre histoire infantile et censure.
  • Le type psychotique serait entre une non-adéquation entre le moi et la réalité ,

etc.


Et donc en live cela se passe comment le diagnostic?

  • Anamnèse : c’est à dire retracer l’histoire du sujet , à la fois familiale et personnelle
  • Observation du comportement pendant l’entretien :
    • comportement moteur (Latéralité) ;
    • comportement visuel (exploration environnement, reconnaissance de visage, cherche le contact visuel ou comportement de fuite) ;
    • communication verbale (fluide, stéréotypie, prosodie) ;
    • trouble émotionnel (apathie, irritabilité , instabilité , inadaptation, deshinibition ),
    • trouble attention (flexibilité, ralenti (idéation? Genèse d’idée )
  • Si possible prise de sang pour faire des analyses génétiques, au patient et, si on a de la chance aux parents et aux autres membres de la fratrie.
  • Si possible neuroimagerie selon la pathologie envisagée.
  • Entretien clinique et psychothérapie : être à l’écouter du sujet, ne jamais le forcer à parler mais l’encourager au fil de séance, à mettre à la surface des traumatismes potentiels, des difficultés, pour pouvoir l’aider. Possibles thérapies familiales également.
  • Questionnaires à la famille sur le patient.
  • Batterie de tests Neuropsychologiques adaptés à l’âge réel et developpemental (si retard mental)
    • Mémoires (différents types testées) ;
    • Perceptions visuelle, auditive, olfactive, tactile ;
    • Processus attentionnels ;
    • Raisonnement ;
    • Calcul, mémoire de travail (repeter une séquence de nombre à l’envers, switcher entre des règles pour des exercices, etc.) ;
    • Langage, écriture ;
    • Motricité, coordination , etc.
  • Diagnostique différentiel , typiquement on peut se tromper en diagnostiquant un trouble bipolaire alors qu’il s’agissait d’un trouble de la thyroïde…bonjour la prise de lithium chez les gens ayant une mauvaise régulation de la thyroïde. On rentre ensuite (même sans prescription) dans le risque de développer des symptômes (psycho somatisation : si on mentalise de façon extrême un symptôme, le cerveau pense le percevoir et du coup peut en souffrir, typiquement les membres fantômes) ou d’entrer dans la dépression. En même temps lorsque vous vous recevez un nom sur la tête comme un tampon définitif qui ne vous lâchera plus…cela peut être extrêmement dur à vivre.

Quelques mots (seulement) sur l’épilepsie :

  • Trouble purement neurologique déjà..! Qui vient du grec, signifiant « prendre par surprise » car les crises arrivent de manière pseudo-random (bien que des facteurs déclencheurs tels le stress, la lumière, les endroits clos, les écrans, sont connus mais diffèrent selon les gens)
  • Nommé et confondu à l’époque avec ce qu’il nommait l’ « Hystérie de conversion» reflétant une conversion somatique de l’energie provenant d’un conflit sexuel inconscient. Le célèbre medecin Charcot faisait des séances d’hypnose sur les patientes « hystériques » à La Pitié-Salpêtrière.
  • Avec une fois encore plusieurs formes existantes.
    • Possibilité d’un facteur génétique de prédisposition, d’une lésion acquise (AVC, traumatisme crânien), ou encore les crises peuvent survenir de manière occasionnelle en cas de manque (calcium, ion) ou de sevrage de psychotrope.
    • Crises partielles (une zone, foyer épileptogène) versus généralisées (les 2 hémisphères)
  • Symptômes : différences inter et intra-individuelles mais globalement
    • Convulsions
    • Hallucinations sensorielles
    • Angoisses
  • Traitements ?
    • Anticonvulsif
    • Neurochirurgie du foyer épileptogène (si pharmaco-resistance mais dangereux)
    • Et si pharmaco-résistance + neurochirurgie impossible, la pose d’une boitier de stimulation intracrânienne du noyau antérieur du thalamus, réduisant la fréquence des crises ;
    • Ou encore stimulation du nerf vague via implantation d’un boitier dans la poitrine – relié au cerveau (aimant donné au patient à se passer sur la poitrine quand il sent une crise venir pour avertir le générateur, mais sinon simulation en continu toutes les 5min pendant 30 sec à 0.5 milliampères)

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