Dossier – Le Processus d’Hibernation

 

Dossier de Anh Tuan dans l’épisode #15

Alors aujourd’hui, je vous propose un sujet en total accord avec cette magnifique période de l’année qu’est l’hiver ! Si pour nous, êtres humains, hiver rime avec cadeaux de Noël et fondue savoyarde, c’est très différent chez nos amis les animaux.

Si certaines espèces ont pris l’option Voyage et ont migré depuis belle lurette vers des climats plus cléments, d’autres ont décidé de rester et ont développé une technique qui n’a pas fini de nous fasciner : l’hibernation.

Premier fait étonnant, il y a différents degrés d’hibernation. On distingue tout d’abord la torpeur où l’animal, principalement un oiseau ou une chauve-souris, baisse légèrement sa température pour éviter de gaspiller son énergie dans le but de se réchauffer.

Il y a ensuite la somnolence hivernale ou hivernation que connaissent très bien les ours par exemple. Et oui, les ours n’hibernent pas, ils hivernent. Dans cet état endormi, la chute de température corporelle est de l’ordre de 5 à 10°C. Ce sommeil sera alors entrecoupé de phases de réveil pendant lesquelles l’ours femelle peut même mettre bas !

Enfin, le stade ultime, l’hibernation elle-même. Les animaux qui la pratique sont en général plus petits comme l’hérisson, l’écureuil d’Amérique ou la marmotte.

Lorsque ceux-ci hibernent donc, leur température peut chuter pour atteindre 1°C et leur coeur ralentir de 300 à 3 battements par minute. C’est donc un état de quasi mort avec une baisse du métabolisme de près de 98%

Vous l’aurez compris, l’intérêt, que ce soit pour l’hivernation ou l’hibernation, est d’économiser le plus d’énergie possible dans cette période difficile qu’est l’hiver.

Et là, la nature est bien faite : si l’animal fait moins de 7 kg, l’hibernation est la solution la plus rentable. Au delà de ce poids, c’est l’hivernation qui remporte la palme de l’efficacité.

Mais maintenant, pourquoi l’Homme s’intéresse-t-il à ce processus qui lui est totalement étranger ?

Tout simplement parce que l’hibernation peut nous livrer des secrets d’une grande aide, notamment en médecine.

En effet, en étudiant l’ours pendant sa trêve hivernale, on a découvert qu’il sécrétait une molécule que l’on a baptisé DADLE et qui a la propriété de ralentir l’activité cellulaire.

On peut alors imaginer une application directe : l’injecter à des organes en attente de transplantation pour augmenter leur durée de vie en dehors du donneur.

Les militaires s’intéressent aussi beaucoup à cette fameuse molécule de l’hibernation qui permettrait de placer les grands blessés des champs de bataille dans un état de léthargie dans l’attente de leur transfert vers un centre médical approprié.

Enfin la Nasa voit encore plus grand. Cette DADLE pourrait être la clé pour des voyages spatiaux de plusieurs années. Fini les problèmes de place dans les vaisseaux : une couchette, de la nourriture en Intra-Veineuse et le tour serait joué. Fini aussi l’ennui, la depression et les conflits dans cet espace confiné qu’est le vaisseau spatial.

Bien sûr, il y a encore des limites technologiques et scientifiques à cette hibernation humaine. Elles sont très bien détaillées dans une planche dessinée par Marion Montaigne que vous pouvez retrouver en cliquant sur l’extrait ci-dessous.

Malgré ces obstacles, l’hibernation humaine pourrait nous permettre d’atteindre des destinations que l’on pensait hors de notre portée.

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