Dossier – le dénialisme scientifique (ou négationnisme de la science)

Dossier de l’épisode #25.

Quand on pense aux ennemis de la science et à l’obscurantisme, on a souvent en tête les créationnistes et autres courants religieux fondamentalistes. Pour la petite histoire, de nombreux théologiens ont décortiqué la bible au 17e siècle, pour dater l’origine du monde. L’un des plus célèbres d’entre eux, un certain James Ussher, a élaboré une chronologie basée sur les différents récits du livre sacré qui établit l’origine de la Terre au 23 octobre -4004. Et l’idée est restée longtemps dans les esprits, car c’est un peu tout ce dont on disposait à l’époque, avant la science moderne qui, en utilisant des outils tels que la datation radiométrique a pu faire remonter l’âge de notre planète à quelque 4.54 milliards d’années.

Les créationnistes d’aujourd’hui inventent tout et n’importe quoi pour faire tenir la réalité qu’on observe tous les jours dans cette ancienne vision du monde qu’ils veulent tenir pour vraie. C’est ce qu’on appelle un dogme: l’idée prime, et la réalité n’a qu’à s’en accommoder. Il faut laisser aux créationnistes qu’ils ont pas mal d’imagination pour expliquer, à l’instar de Sarah Palin, que les dinosaures et les hommes auraient cohabité sur la planète il y a quelque 4000 ans en dépit de toutes les preuves qui indiquent que plus aucun dinosaure n’a foulé le sol de la terre depuis 65.5 millions d’années (à part les oiseaux modernes qui en descendent directement, mais ça c’est une autre histoire)…

Ça, c’est pour les créationnistes, mais il y a d’autres négationnistes de la science. Dans la mesure où celle-ci ne prétend pas détenir de vérités, et comme elle se remet tout le temps en question, elle offre plein de brèches béantes dans lesquelles les détenteurs de semi-vérités simplistes, rassurantes ou sexy ne demandent qu’à s’engouffrer… Il y a plusieurs catégories de ces détenteurs de semi-vérités, pour n’en citer que quelques uns en plus des fanatiques religieux, les idéologues de tous bois (qui cherchent à faire passer des idées politiques ou défendre des intérêts économiques), les charlatans pseudo-scientifiques, des alter-scientifiques, bref… Plutôt que de se livrer à l’exercice modeste et difficile d’observer les phénomènes avec un maximum d’objectivité, à tenter de les expliquer en se basant sur la somme de connaissances déjà validées et les théoriser au point de pouvoir les prédire avec un taux raisonnable de succès, tous ces gens ont en commun de partir d’un dogme, d’une certitude quelconque, d’une idée fixe et d’essayer, de la manière la plus convaincante possible, d’y faire entrer la réalité.

Denialism, le dernier livre de Michael SpecterIl y a les exemples célèbres:

  • l’ancien président Sud-Africain Thabo Mbeki, par sa conviction stupide qu’il n’y aurait aucun lien entre le virus HIV et la maladie du SIDA, a empêché l’accès aux traitements anti-rétro-viraux de milliers de personnes séropositives et a donc favorisé la transmission du virus à toute une génération et à la suivante alors que cela aurait pu être évité (http://www.samj.org.za/index.php/samj/article/viewFile/606/131). En commençant le nouveau livre de Michael Specter, intitulé “Denialism: How Irrational Thinking Prevents Scientific Progress, Harms the Planet and Threatens Our Lives“, j’ai appris que l’administration Bush, non contente de promouvoir l’enseignement du “dessein intelligent” au lieu de la théorie de l’évolution dans les écoles américaines, a dépensé plus d’un milliard de dollars sur des programmes d’abstinence dans le cadre de la lutte Fédérale contre le SIDA, soit un tiers du budget total, en dépit de toutes les preuves alignées depuis des années et démontrant la totale inutilité de la méthode;
  • les Claude Allègre et autres climato-sceptiques qui sèment le doute dans le grand public sur l’origine humaine du réchauffement climatique quand bien même l’immense majorité des spécialistes s’accorde à la reconnaître;
  • les industriels du pétrole, les cigarettiers qui falsifient des études pour laisser entendre que leur business est parfaitement clean et sans dangers…

Comment définir et reconnaître ceux que les anglophones appellent les “Science Denialists“? C’est-à-dire ceux qui nient la science? (pour la traduction, j’hésite encore entre détracteurs, négationnistes, révisionnistes, mais je trouve que ces expressions sont soit trop faible pour la première ou trop connotées politiquement et historiquement pour les dernières… Peut-être “dénialisme”? L’avenir nous dira quelle traduction a été retenue)

Nous allons examiner en détails un article qui dégrossit bien la problématique, intitulé “Denialism: what is it and how should scientists respond?”, publié dans le Journal Européen de Santé Publique et écrit par Pascal Diethelm et Martin McKee. Pascal Diethelm est le Président d’Oxyromandie, fer de lance de la lutte anti-tabac en Suisse romande (c’est lui qui avait mis au jour en 2001 une des plus fantastiques fraudes de l’industrie du tabac en révélant qu’un prof de l’Université de Genève auteur de nombreuses études qui concluaient toutes à l’inocuité du tabac était en fait payé par Philip Morris depuis des années!). Martin McKee est Professeur de Santé Publique Européenne à la London School of Hygiene & Tropical Medicine, et co-directeur du Centre Européen sur la Santé des Sociétés en transition à l’OMS.

Ce papier, donc, identifie 5 caractéristiques du déni scientifique, qu’on retrouve, d’une manière ou d’une autre, seules ou combinées, dans la démarche de tous les détracteurs de la science:

  1. La première caractéristique du négationnisme scientifique est l’identification de complots
    Lorsque l’immense majorité de la communauté scientifique est d’accord sur un consensus, les négationnistes n’admettent pas que différentes hypothèses vérifiées systématiquement ont conduit à ces conclusions, mais qu’il s’agirait plutôt du résultat d’une conspiration complexe et secrète. Le principe du peer-reviewing (c’est à dire la validation de tout papier scientifique par d’autres scientifiques, experts du domaine) est perçu comme un outil destiné à museler toute forme de dissidence plutôt que comme un filtre permettant d’écarter les papiers insuffisamment étayés par des faits ou qui manquent de logique.
    Il existe également une variante de la théorie du complot, que les auteurs appellent “l’inversonnisme”, dans laquelle certaines caractéristiques et motivations propres sont attribuées à d’autres. Par exemple, les cigarettiers qualifient volontiers de produits de l'”industrie anti-tabac” les recherches académiques qui mettent en évidence les dangers du tabac pour la santé. Les chercheurs ont été décrits comme un “cartel oligopolistique, verticalement intégré, hautement concentré, combiné avec des monopoles publics dont le but est de fabriquer de fausses preuves et suggérer des liens fallacieux entre la fumée et différentes maladies et de diffuser à coup de propagande à un public le plus large possible ces soi-disant  découvertes!” (aussi énorme que ça puisse paraître, ce sont pourtant les mots figurant dans un rapport de la collection Philip Morris en 1983, disponible dans son intégralité sur le site de la Bibliothèque de l’Université de Californie, San Francisco en format PDF);
  2. La deuxième  caractéristique est le recours à de faux experts.
    Il existe de nombreux individus qui se prétendent experts dans un domaine particulier mais dont les points de vue sont en complet désaccord avec les connaissances établies. L’industrie du tabac y a eu recours massivement depuis 1974 lorsqu’un cadre supérieur de RJ Reynolds mit au point un système d’évaluation des scientifiques travaillant sur le tabac en fonction de leur soutien aux positions de l’industrie. Ladite industrie a accueilli ce concept avec enthousiasme dans les années 1980 lorsqu’un cadre supérieur de Philip Morris développa une stratégie pour recruter de tels scientifiques (poétiquement nommés “blouses blanches” dans le milieu) pour les aider à contrecarrer les preuves de plus en plus accablantes des méfaits du tabagisme actif et passif. Cela bien entendu à travers des sociétés écran dont l’affiliation aux cigarettiers était soigneusement dissimulée et sous le contrôle méticuleux des avocats de l’industrie du tabac. (Là aussi, article publié dans The Lancet en 2004, disponible en pdf donne tous les détails). En 1998, l’American Petroleum Institute a développé un plan de communication de science globale du climat, impliquant le recrutement de “scientifiques qui partagent les vues de l’industrie et qui peuvent aider à convaincre les journalistes, politiciens et le public que le réchauffement global est trop incertain pour justifier le contrôle sur les gaz à effets de serre” (les preuves recueillies sont elles aussi accessibles en PDF sur le site de Greenpeace cette fois). Bien sûr, cela n’est pas limité au secteur privé. L’administration Bush s’est à peine cachée de ne promouvoir que les points de vues compatibles avec son idéologie, aussi bien sur le plan religieux que sur celui des petites affiliations entrepreuneuriales (enquête de Martin McKee, en ligne, gratuite). Le conseiller en santé reproductive de la Food and Drug Administration, David Hager, préconisait la lecture de la bible comme réponse au syndrome prémenstruel, comme l’indique un article du Lancet de 2002! Un phénomène lié est la marginalisation de vrais experts. Dans les pires cas, à travers des alliances entre industries et gouvernements (comme ce fut le cas lorsqu’ExxonMobil fit pression (avec succès) contre la reconduction d’un représentant du gouvernement des Etats-Unis au GIEC, voir l’abstract sur le site sciencemag)
  3. La troisième caractéristique est la sélectivité: il s’agit de parler essentiellement de papiers qui remettent en question la pensée dominante en soulignant les défauts du papier le plus faible, jetant ainsi le discrédit sur l’ensemble des chercheurs. Un papier du Lancet décrivant des anormalités intestinales chez 12 enfants autistes et qui suggérait un éventuel vague lien avec la vaccination contre les oreillons, la rougeole et la rubéole et depuis lors retiré de la publication a été utilisé massivement par les militants anti-vaccins. Les négationnistes ne sont pas inhibés par l’extrême isolement dans leurs théories mais y voient plutôt un signe de leur courage intellectuel face à l’orthodoxie dominante et le politiquement correct qui va avec. Ils se comparent volontiers à Galilée.
  4. La quatrième caractéristique est la création d’attentes impossibles par rapport à ce que la recherche peut fournir. Par exemple, les détracteurs du changement climatique pointent du doigt l’absence de données de températures enregistrées avant l’invention du thermomètre. D’autres se servent du principe d’incertitude intrinsèque aux modèles mathématiques pour les rejeter complètement en tant que moyen de comprendre un phénomène. Au début des années 90, Philip Morris a essayé de promouvoir un nouveau standard: la “bonne pratique pour la conduite d’études épidémiologiques”. Selon ces pratiques, les mesures statistiques indiquant une corrélation faible entre deux variables (odds ratio inférieurs ou égaux à 2) étaient tout simplement abandonnées car jugées non représentatives, éliminant ainsi de nombreux liens de causalité entre la clope et les problèmes de santé (voir le papier des mêmes auteurs pour la European Respiratory Society en 2006). Bien que Philip Morris ait finalement laissé tomber son programme de bonne pratique épidémiologique (car aucun scientifique sérieux n’acceptait de travailler selon ce standard), British American Tobacco l’applique encore pour réfuter les risques associés au tabagisme passif (c’est en ligne sur leur site web!)
  5. La cinquième caractéristique, enfin, est l’utilisation de réalités déformées ou de logiques fallacieuses. Par exemple les pro-tabac se sont souvent servis du fait que Hitler soutenait certaines campagnes anti-fumée, faisant ainsi passer les chantres des mesures de contrôle sur le tabac pour des nazis (le terme nico-nazis a même été créé tout spécialement pour eux! Analyse de cette rhétorique particulière ici, en anglais), même si dans la réalité de nombreux cadres nazi étaient fumeurs, luttaient contre la propagande anti-fumée et s’assuraient que les troupes avaient leur ration de clopes en suffisance! (Voir ce papier sur la politique du tabac en Allemagne nazie). Parmi ces erreurs de logique, on notera également l’usage de fausses pistes ou de fausses analogies. On pensera par exemple à l’argument des anti-évolutionnistes: l’univers est extrêmement complexe, une montre est extrêmement complexe. L’univers a donc dû être créé par une sorte d’horloger.

L’article finalement se demande comment on doit répondre au négationnisme scientifique.

“Les négationnistes sont poussés par un éventail assez large de motivations, indiquent les auteurs. Pour certains, c’est juste de l’avidité, appâtée par les largesses des industries du pétrole et du tabac. Pour d’autres, c’est une idéologie, ou la foi, qui leur fait rejeter tout ce qui est incompatible avec leur croyance fondamentale. Enfin, il peut s’agir d’excentricité ou de besoin de se faire remarquer, parfois encouragé par le statut que les médias peuvent conférer  aux rebelles.

Quelle que soit la motivation, il est important de reconnaître le négationnisme lorsqu’on y est confronté. La réponse académique traditionnelle face à un argument contradictoire consiste à s’y intéresser, à tester les forces et faiblesses du point de vue alternatif, avec l’espoir que la vérité émergera du processus de débat. Ceci dit, cela implique que les deux parties obéissent à certaines règles de base communes, telles que la volonté de considérer l’ensemble des preuves, de rejeter toute déformation de la réalité et d’accepter les principes de la logique. Un dialogue pertinent est impossible lorsque l’une des parties ne respecte pas ces règles. Il serait erroné d’empêcher les négationnistes de s’exprimer. En revanche, il est nécessaire, selon les auteurs, dans ces cas, de déplacer le débat du sujet traité et d’exposer au grand jour les tactiques employées par les négationnistes et de démontrer que, justement, ce sont des négationnistes. Une bonne compréhension des 5 tactiques évoquées dans l’article est un bon framework pour y parvenir.”

Pour ma part, je suis totalement d’accord avec les conclusions de l’article. Savoir reconnaître les détracteurs de la science et les dénoncer est sans doute la meilleure attitude possible. L’article se sert de beaucoup d’exemples dans le monde du tabac et de l’industrie pétrolière, mais il y a d’autres formes de déni scientifique. Et le framework proposé marche bien aussi:

On connaît tous les pseudo-sciences (astrologie, numérologie, tarot, etc.): elles répondent toutes au moins au 5e critère: la logique fallacieuse, en bâtissant une théorie fondée sur des liens de causalité complètement arbitraires. Bien souvent, elle répondent également au 1er critère (l’existence d’un complot, comme lorsqu’Elizabeth Teissier annonçait triomphalement au journal suisse Le Matin, en 2007, parlant de ses prédictions sur le cancer, que l’astrologie n’a jamais tué personne contrairement à la médecine!)

Les alter-sciences sont sans doute un peu moins connues, mais répondent également très bien aux critères proposés. On en trouve quelques exemples dans un excellent article d’Alexandre Moatti sur les alterscientifiques et publié sur le site de l’Association Française pour l’Information Scientifique:

  • Guy Berthault (né en 1925), polytechnicien et géologue autoproclamé, travaille dans les supermarchés Viniprix fondés par son père avant de mettre sur le tard sa fortune au profit de ses expériences de géologie créationniste;
  • L’ingénieur Lucien Romani (1909- 1990), directeur d’un bureau d’études, réfléchit à nouveau à la science à 55 ans, à la faveur d’une mauvaise fracture l’immobilisant, et publie dix ans plus tard (1976) chez Albert Blanchard une Théorie générale de l’Univers physique refondant la cosmologie et proposant « d’abandonner la physique surréaliste » – il est aussi anti-darwinien;
  • Maurice Allais est avant tout un économiste, et c’est plus tard, à quarante ans, qu’il commence des expériences de physique avec un « pendule paraconique », censé remettre en cause la mécanique newtonienne;
  • Plus loin de nous, l’ingénieur autrichien Hans Hörbiger (1860-1931), fondateur d’une prospère entreprise de valves hydrauliques et de réfrigération qui existe toujours (un timbre autrichien a été fait à son effigie en 1985) dit avoir eu la révélation que la Lune était un « bloc de glace » : il écrit en 1912 une cosmologie catastrophiste, la « théorie de la glace éternelle ». Dans les années 1920, il finance grâce à sa fortune la propagation de sa théorie dans le grand public, au point que les Nazis en feront leur cosmogonie officielle, où le Walhalla et la « race nordique des Géants » remplacent la Bible, jugée trop « judéo-chrétienne »;

Bref, ce sont des gens assez proches des milieux scientifiques, qui se découvrent une vocation sur le tard, et qui singent le discours et la méthode scientifique sans en comprendre l’essence. Et dans cette catégorie-là, on a le troll qui sévit actuellement sur tous les blogs et réseaux scientifiques francophones. Pas envie de lui faire de la pub, je ne vais pas donner son nom, mais les fidèles de knowtex le reconnaîtront, il est partout, s’est immiscé dans les contacts de pratiquement tout le monde et y publie régulièrement des inepties teintées de paranoïa. C’est un ingénieur qui s’est mis en tête que le modèle de l’atome de Bohr est faux, qui a écrit un bouquin vendu à compte d’auteur dans lequel il assène que les plus grandes découvertes et connaissances scientifiques sont en fait une pure malhonnêteté intellectuelle (il s’en prend entre autres à la gravitation, à la relativité générale, à la physique quantique, à la conservation d’énergie) et répète à tout va que les scientifiques ont peur des nouvelles idées. Dans le même temps, les extraits PDF de son bouquin qu’il distribue généreusement démontrent qu’il n’observe aucune rigueur scientifique (il cherche juste à convaincre, jamais à démontrer; aucune expérience ou observation systématique n’est jamais mentionnée dans ses écrits ou interventions). Dans ses “débats” sur knowtex, de nombreux scientifiques ont pris la peine de lui expliquer ce qui cloche dans sa démarche mais il campe sur ses positions: tous des méchants parce qu’ils auraient peur que le petit confort de leurs vérités soit ébranlé par ses idées révolutionnaires (qui disait que les révisionnistes se prennent pour Galilée déjà?) En tout cas, il colle parfaitement au framework en 5 critères permettant d’identifier les négationnistes. Et j’invite tous les amis de la science à la plus grande vigilance face à ce genre de phénomène.

Pour conclure, je voudrais citer un article d’un blog très intéressant sur lequel je suis tombé en préparant ce dossier: La philosophie du sanglier (ou les réflexions d’un hédoniste matérialiste râleur), l’article s’intitule “Faut-il pénaliser le négationnisme scientifique?” et sa conclusion est sans appel:

“Protéger la science en pénalisant le négationnisme scientifique, c’est prendre le risque d’une dérive inquisitoriale. Que ce passera-t-il si on en vient à protéger tout et n’importe quoi ? La science ne pourra plus avancer. Car la science ne fonctionne pas sur des dogmes. Les critères de vérités de la méthode scientifique moderne sont variés et complexes. Il y a aussi les critères d’admissibilité, tel que la critère de réfutabilité/falsification. Une théorie n’est scientifique que si elle peut être falsifiée. Or, si on protège la théorie par la loi, ou est la réfutabilité ? On entre là dans le domaine de l’épistémologie, et de façon assez pointue.”

En d’autres termes, la science doit pouvoir être remise en question, c’est même comme cela qu’elle avance. Pour rappel, la théorie de la relativité générale a remplacé la théorie newtonienne de la gravitation. Et on a toutes les raisons de croire aujourd’hui qu’elle-même sera remplacée un jour par une autre théorie (certains, comme Eric Verlinde s’y attèlent déjà, et comme il respecte les règles du jeu, cela ne choque personne, au contraire, il faisait même la couverture de Science et Vie il y a quelques semaines!)

Il n’y a aucune certitude ni vérité figée en sciences, et il y aura sans doute toujours plus de questions que de réponses. L’attitude critique voire sceptique est une condition de base du succès de la démarche. En règlementant les attaques qui lui sont faites, la science se tirerait une balle dans le pied.

Il va donc falloir continuer de faire avec les détracteurs, les révisionnistes, les pseudo- et alter-scientifiques, cela fait partie de la donne. Ce qui va faire la différence, c’est l’esprit critique du public averti, pour ne pas confondre ces différentes catégories. Et ça, c’est un peu le boulot de la science, mais beaucoup celui des journalistes et vulgarisateurs de tout poil, professionnels ou passionnés et, pour notre part, nous allons continuer d’y œuvrer sans relâche!

Lectures vivement recommandées pour aller plus loin :

 

 

Les liens supplémentaires de Pascal Diethelm:

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