Lia Rosso – Dossier: la zoothérapie

Billet d’invité – Le présent dossier reflète les vues de son auteure, pas nécessairement celles de l’équipe de Podcast Science.

 

Dossier présenté dans l’épisode #65

J’ai pensé partager avec vous un sujet qui me passionne beaucoup, c’est à dire quelques connaissances actuelles sur le monde animal. Initialement je voulais faire un dossier sur les émotions des animaux, mais finalement mon vécu récent m’a poussée à m’intéresser à un autre sujet : le pouvoir bénéfique des animaux sur les êtres humains.

En effet, depuis quelque temps, un petit chat roux qui vit dans une maison voisine vient souvent partager un peu de son temps avec moi et mon mari. Je n’ai jamais eu de chat auparavant, et je dois dire que rencontrer ce petit animal est jour après jour une nouvelle découverte. J’apprends beaucoup de lui, de son indépendance, de sa sérénité, de son élégance.

Plus particulièrement il m’est arrivé de ne pas être toujours au top de la forme physique ces derniers temps. Comme beaucoup d’autres gens j’ai attrapé une bronchite et j’ai dû rester à la maison pas mal de temps. Du coup, j’ai pu constater sur ma santé et mon moral les bienfaits de la présence de ce joli chat roux.

C’était comme si sa présence m’aidait à me sentir mieux. Il venait vers moi dans les moments les plus difficiles et parfois il venait tout simplement dans mes bras en ronronnant. Inutile de dire combien de bien m’a apporté ce chat tant au niveau physique que moral. Ça m’a rappelé un très beau livre que j’avais lu il y a un peu plus d’une année et que je vous conseille vivement : « Kindred Spirit » du vétérinaire Allen Schoen. http://www.drschoen.com/books_L1_.html

Dans ce recueil d’histoires vécues, Allen Schoen décrit entre autre toute une série d’études scientifiques qui montrent les bienfaits des animaux de compagnie sur la santé humaine. Je vous en parlerai plus en détail dans quelques minute. J’avais le souvenir d’avoir lu dans ces pages le terme de « pet therapy », ce qui correspond en français à la zoothérapie. C’est comme ça que l’idée du sujet de ce podcast est née.

J’ai donc décidé d’approfondir le sujet. J’ai eu la chance de pouvoir discuter au téléphone avec Rachel Lehotkay, psychologue, zoothérapeute et présidente de l’association suisse de zoothérapie. Avec beaucoup de précision et d’enthousiasme, elle m’a expliqué ce que c’est cette discipline.
http://www.rachelzootherapie.ch/
http://www.zootherapiesuisse.ch/

Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, je voudrais partager avec vous quelques curiosités sur les bienfaits des animaux sur la santé humaine même au niveau indirect. En effet, il me vient à l’esprit ce qu’un professeur nous avait raconté lors d’un cours sur les nouveaux médicaments. Il paraît que certaines industries pharmaceutiques suivent parfois de près des groupes d’animaux pour trouver de nouveaux médicaments. Il a été observé par exemple que des chimpanzés qui souffraient de troubles intestinaux, mangeaient plus spécifiquement des rameaux de Vernonia amydalina – une plante au goût très amer, généralement évitée – pour les mâcher et en sucer le jus.

Ainsi il fréquent que les chimpanzés, tout comme des nombreux autres primates, utilisent l’argile et le charbon de bois pour se soigner. Nous utilisons aussi du charbon activé ou certaines formes d’argile pour traiter les troubles stomacaux et intestinaux.

Au-delà de la discussion ouverte des zoologistes sur l’hypothèse d’une intentionnalité pour un but curatif, dans le choix et l’usage de ce médicament, le fait est que les animaux mangent instinctivement des substances qui peuvent leur faire du bien et qui peuvent avoir par ailleurs le même effet sur nous. Après tout, la nourriture reste pour nous aussi le premier des médicaments. Une nourriture équilibrée et adaptée au besoin personnel peut non seulement nous garder en bonne forme physique, mais elle peut aussi nous aider à lutter contre des infections ou des inflammations.

Le monde animal ainsi que le monde végétal est depuis longtemps une source d’inspiration pour connaître de mieux en mieux la vie qui nous entoure mais aussi – à ce qu’il parait – un réservoir exceptionnel de nouveaux médicaments.

En faisant quelque recherche sur internet je suis tombé sur un article intéressant de Murielle Toussaint.
http://www.arsitra.org/yacs/articles/view.php/1498/les-animaux-therapeutes

Dans ce texte sur les « animaux thérapeutes » on découvre par exemple le fait que le venin de serpent est utilisé contre la maladie d’Alzheimer et celui d’abeille est employé contre les rhumatismes. On y découvre aussi des fourmis capables de détecter le diabète ou aussi les poissons pédicures !

Murielle Toussaint nous parle aussi de l’asticothérapie, sujet que j’ai trouvé sympa de vous présenter brièvement. D’après la définition de wikipedia, l’asticothérapie, ou larvothérapie, désigne le soin apporté à une plaie des tissus mous par les asticots de la mouche verte (Lucilia sericata). Comme on peut le lire, les asticots de cette mouche ont la propriété de ne consommer que les tissus nécrosés, de faciliter la cicatrisation des tissus sains en stimulant la production de tissus cicatriciels, tout en désinfectant les plaies sans usage d’antibiotiques.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Asticoth%C3%A9rapie

Cette thérapie connue depuis l’ancien Egypte est aujourd’hui réétudiée et appliquée dans des cas particuliers.  Les larves sont élevées dans des conditions stériles et utilisées comme alternative à d’autres thérapies.

Je tenais à faire cette petite introduction car je trouve que le monde animal et végétal qui nous entoure réserve encore bien des surprises étonnantes. La richesse de la vie qui nous entoure doit susciter notre respect envers elle, sans oublier par ailleurs que d’après la science, nous sommes aussi des animaux !

Au-delà de ces quelques curiosités, j’aimerais parler maintenant des animaux qui partagent plus souvent notre quotidien et qui depuis bien des années n’ont plus besoin de travailler pour nous pour gagner leur pain quotidien : il leur suffit d’être nos compagnons. Chiens et chats partagent souvent nos foyers en tant que membres des nos familles. Une question parait légitime : pourquoi ? Qu’est-ce qui fait qu’on soit même parfois prêt à dépenser nos économies pour eux ? Pourquoi certains d’entre nous aiment autant leurs compagnons à quatre pattes ? La réponse est simple : nous aimons nos compagnons car nous nous sentons bien avec eux. Bref, la présence de chiens et chats, peut être très positive et bénéfique pour grand nombre d’êtres humains.

C’est d’ailleurs, comme je vous disais, ce qui m’est arrivé aussi, et la raison qui m’a poussé à préparer ce dossier. J’ai toujours partagé ma vie avec des animaux domestiques, et j’ai constaté sur moi les bienfaits de leur présence dans ma vie.

Il est clair qu’un chat, un chien, un cheval, mais même un lapin ou un petit oiseau peut devenir vite un confident et un ami, que ce soit pour les enfants, les adultes ou les personnes âgées. C’est d’ailleurs à cause de ces animaux domestiques que la science a commencé à s’intéresser de plus en plus sérieusement à leur pouvoir bénéfique sur la santé humaine.

Comme le rappelle la présidente de l’association de zoothérapie suisse, Rachel Lehotkay, les recherches scientifiques ont démarré vraiment dans les années 90 suite à une étude qui a montré que des personnes ayant eu un accident cardiaque avaient un pourcentage de survie plus grand lorsqu’elles partageaient leur vie avec un animal domestique. Le contact physique avec un animal a un pouvoir calmant qui peut être mesuré au niveau physiologique.

D’après Alan Schoen, les recherches récentes ont mis en évidence toute une série d’effets bénéfiques provoqués par la compagnie d’animaux sur les êtres humains :

  • Stabilisation et régulation de la pression artérielle;
  • Augmentation de la survie de patients atteints de maladies cardiaques;
  • Augmentation de la coordination, la force musculaire, la posture, chez les enfants, ou les personnes à mobilité réduite

Plus tous les effets positifs sur le comportement et la sociabilité :

  • Augmentation de l’estime de soi;
  • Aide à la socialisation des adolescents ou des personnes avec des problèmes de réinsertion sociale;
  • Soulagement de l’anxiété et d’autres troubles psychiatriques.

A ce point du dossier, il me parait essentiel de préciser ce qui m’a dit Rachel Lehotkay. Le bien-être moral ou physique qu’on peut ressentir en présence de notre propre animal de compagnie même s’il est remarquable et assurément positif n’est pas la zoothérapie.

La zoothérapie, aussi appelée intervention assistée par l’animal, est comme son nom l’indique, une thérapie menée par des êtres humains -psychologues, pédagogues, médecins, physiothérapeutes ou autres professionnels de la santé- à l’aide d’un animal.
L’animal n’est en quelque sorte rien d’autre qu’un « media », comme pourrait l’être l’art dans l’art-thérapie ou la musique ou dans la musico-thérapie.

Devenir zoo-thérapeute demande donc tout d’abord une préparation dans le milieu soignant. Il faut être à la base un professionnel de la santé qui a envie par la suite de se former pour intervenir lors des séances de thérapie avec des animaux, essentiellement chiens, chats, chevaux, oiseaux ou rongeurs.

De leur côté, les animaux qui assistent les zoo-thérapeutes doivent aussi répondre à plusieurs critères : les chiens, par exemple, doivent avoir eu une bonne éducation de base et doivent montrer un bon caractère sociable. Le thérapeute quant à lui, devra faire en sorte de bien connaitre son animal et de bien gérer ses qualités et ses défauts par rapport aux patients.

Une autre chose qui m’a semblé très intéressante est la protection des animaux utilisés en thérapie. Chiens et chats captent beaucoup plus d’informations sur nous de ce que nous croyons, ils peuvent ainsi avec un premier regard se rendre compte de notre état physique ou émotionnel. Tout comme nous, en présence de certaines personnes dans des états pathologiques particuliers, les animaux peuvent donc capter le malaise, l’agitation, la peur, et ils ont par la suite besoin de se reposer et de récupérer. Pour cela, un animal qui accompagne un zoo-thérapeute ne peut pas travailler plus de 2 heures par jour, et le thérapeute doit être extrêmement attentif aux besoins de son animal, ainsi qu’à ses signes de détresse ou d’apaisement.

En Suisse, la zoothérapie commence à faire partie des autres thérapies officiellement reconnues et employées même dans les hôpitaux. Par exemple Rachel Lehotkay, en plus de donner des consultations dans son bureau à l’aide de deux chats et un chien, intervient régulièrement avec son chien Max à l’hôpital de Genève dans l’unité de psychiatrie.

Et les domaines de la santé où la zoothérapie s’avère utile sont très nombreux et vont de la psychiatrie, à la physiothérapie et aussi à l’ergothéraphie.

Dans les pays anglo-saxons, aux Etats-Unis ou au Canada, la zoothérapie est encore plus intégrée dans les programmes de soins qu’ici.

Voici quelques vidéos sur l’argument :

http://www.youtube.com/watch?v=fbBguMj7bEg (note d’Alan: cette vidéo-ci n’est malheureusement pas intégrable, sorry)

Voici un autre lien intéressant qui contient beaucoup d’information sur les relations homme-animal :
http://www.iemt.ch/index.php/liens.html

Personnellement, après avoir exploré un peu la question de la zoothérapie, je trouve qu’il s’agit d’une discipline sérieuse avec beaucoup de potentiel. De plus, je suis de plus en plus convaincue que les animaux qui nous entourent sont pleins de ressources et qu’ils méritent notre respect total, ainsi qu’une saine envie de communiquer avec eux, en les comprenant et en les « écoutant ».

Je remercie les organisateurs du podcast pour m’avoir donné la possibilité de présenter ce beau sujet et je remercie également Rachel Lehotkay pour les informations précises qu’elle m’a fournies. A ce propos, je rappelle à tous ceux qui seraient intéressés qu’elle organise une conférence tout public à Genève pour le mois de mai 2012. Vous trouverez toutes les informations sur son site.
http://www.rachelzootherapie.ch/

Lia

 

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