La tartine tombe toujours du côté beurré, info ou intox?

Ça nous est arrivé à tous au moins une fois… La fameuse tartine qui tombe de la table côté beurré, bien sûr… On pense tout de suite à la loi de Murphy que l’excellent Guide du voyageur galactique (hé oui, je soigne mes sources quand il s’agit de choses sérieuses!) résume ainsi: “tout ce qui peut aller de travers ira de travers”. Les exemples typiques sont… Les vieux qui gagnent à la loterie, les poissons rouges qu’on a bien soigné et qui meurent quand même, la blanchisserie qui pulvérise votre unique costard juste avant le rendez-vous de votre vie, et, bien sûr, la tartine qui tombe toujours du mauvais côté!

Feu le magazine scientifique “QED” de la BBC (si c’était une émission en français, ça s’appelerait CQFD) a voulu en avoir le coeur net en 1991 et s’est livrée à une expérience grandeur nature. Un gigantesque lancer de tartines a été organisé, durant lequel des volontaires jouaient les majorettes avec 300 tartines beurrées. Ils les jetaient en l’air et le but de l’expérience était de voir sur quelle face elles atterrissaient. Sur les 300, 148 ont atterri côté pain et 152 côté beurre. Autant dire 50-50… On peut définitivement écarter la loi de Murphy. Il n’y a pas de malédiction de la tartine qui la pousse à tomber du mauvais côté.

L’émission Mythbuster a réalisé plus récemment un exercice similaire, en créant une machine à jeter les toasts, beurrés ou non, pour voir s’il y avait une différence de comportement entre eux. Il n’y en a pas.

Alors, cette histoire de tartines ne serait-elle pas finalement un vilain biais psychologique? On ne se rappellerait que de celles qui tombent du mauvais côté?

Pas tout à fait! Quand on dit que les tartines tombent toujours du côté beurré, on pense aux situations de la vie quotidienne. Genre quand en essayant d’atteindre le pot de miel perché sur le 2e rayon on fait malencontreusement glisser le pain beurré installé sur le rebord de la table de la cuisine, qui n’avait rien demandé et qui attendait sagement sa petite douceur matinale… Et dans ce cas, c’est toujours fifty-fifty? Non. Dans ce cas, la tartine tombe pratiquement toujours côté beurré. La faute à la loi de Murphy? Non plus. Si une loi est appliquée à la lettre ici, c’est la loi de la gravitation.

En plus de la gravité, 3 facteurs vont influencer le destin de la tartine (et le cours de votre matinée! La serpillère n’était certainement pas prévue dans le timing du petit déj):

  • comment la tartine quitte la table;
  • la hauteur de la table;
  • et le format de la tartine;

On peut considérer que le beurre, qui compte pour environ 10% du poids total de l’édifice, a un effet marginal… Il compte pour beurre!

Dans notre exemple très domestique, dans la mesure où la tartine bascule, elle entame une série de rotations dans sa chute. Sauf que… La hauteur de la table joue un rôle important: elle ne permet à la tartine qu’un demi-tour sur elle-même avant de terminer sa course lamentablement aux pieds stupéfaits du pauvre individu pas très bien réveillé qui s’apprêtait déjà à savourer une bouchée de miel.

Le site physics.org propose le conseil suivant: grillez le pain et écrasez-le comme un malade avec le couteau lorsque vous le beurrez. La forme convexe de la tartine influencera le sens de sa chute et évitera le drame.

Sinon, vous pouvez aussi entreposer votre tartine beurrée sur le frigo – au lieu de la table – pendant que vous chopez le miel, histoire qu’elle ait une chance de faire un tour complet. Ah, songez aux drames que nous vous évitez avec ces excellents conseils pratiques?

Le toast effrayé de Gilda

Sources:

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