Emission freestyle (épisode 149) : Retranscription de l’interview d’Adam Reakes

Introduction

Alan : La semaine dernière vous avez pu goûter à un extrait de notre nouvelle formule version dossier. En effet, trois fois sur quatre désormais environ, l’émission se focalise sur une thématique en particulier, un dossier ou une interview, et on limite le bruit avant et après. Mais donc, une fois sur quatre on se détend. On parle de toutes les choses que l’on a pas pu aborder pendant les trois éditions précédentes, on commente, on discute, on refait le monde. Et cela ne devrait pas être moins intéressant. En tout cas, c’est le pari que l’on va essayer de tenir. Vous serez fixés rapidement parce que cette émission est précisément notre première émission en Freestyle de la nouvelle formule. Nous sommes le jeudi 31 octobre 2013, vous êtes bien sur Podcast Science et c’est l’épisode 149. Bonsoir, et bienvenue.

Sommaire

 

Alan : Alors au sommaire de cette émission particulière :

  • Alan : D’abord on aura deux mots de présentation sur notre invité, Adam, qui commentera avec nous le contenu de cette première émission fourre-tout,
  • Nico : On aura la réponse au quiz du mois,
  • Alan : Un blog audio qui déchire sa race,
  • Nico : La réponse au concours Quid Novi,
  • Alan : La réponse de Robin à une vielle question sur le théorème des quatre pieds de la table,
  • Nico : “pourquoi je kiffe la science” d’auditeurs si on a le temps, le pitch de l’émission de la semaine prochaine,
  • Alan : Des tonnes de courrier de lecteur,
  • Nico : Et les dessins de NicoTupe en live si il y arrive pendant qu’on papote, c’est toujours un petit challenge.

Interview

 

Alan : Alors, autour de la table de notre studio virtuel particulièrement international ce soir, on commence par Nico à Paris, Salut Nico !

Nico : Salut.

Alan : À Lausanne, ben, je suis tout seul cette fois, Alan. Et puis on a, attention, quelqu’un, roulement de tambour, de Sydney ! Sydney en Australie, c’est Adam. Bienvenue Adam, Salut !

Adam : Bonjour, merci de m’accueillir.

Alan : Et ben merci à toi d’avoir accepté l’invitation surtout que tu as du te lever tôt. Il est quelle heure, là, pour toi ?

Adam : Il est six heure et demie, environ, du matin.

Alan : Wahou. Écoute bravo, sincèrement, moi je ne sais pas si j’aurais participé à un podcast amateur, comme ça, à l’autre bout du monde, qui m’aurait forcé à me lever à des heures pareilles (rires).

Adam : Je ne fais pas de promesses pour mon français jusqu’à huit heures du matin.

Alan : Écoute, pour le moment, il va pas mal ton français, parce que ce que l’on a pas encore précisé, c’est que tu es australien, tu as appris le français sur le tard, tu parles remarquablement bien, on va venir dans un instant à comment tu as appris le français, mais je pense que l’on va commencer par peut-être quelque mots de présentation. On se connaît par Twitter et Skype interposés, parce que tu fais toi aussi un podcast qui s’appelle …

Adam : Oui, “The Herd Mentality”.

Alan : Ok.

Adam : Je ne sais pas comment dire ça en français, la mentalité d’un groupe.

Alan : Ouais, j’aurais dis “la mentalité de troupeau” peut-être.

Adam : C’est un podcast où je rencontre des gens sur Twitter qui ont un public à eux-même mais ils n’ont pas eu un moyen de discuter avec plus que 140 chiffres.

Alan : Caractères.

Adam : Je fais une petite interview avec eux pendant une demie-heure, une heure, et on discute au sujet de ce qui m’intéresse quoi ! C’est plutôt un sujet d’athéisme, des fois je parle de sciences parce que ça m’intéresse, des niveaux de pensée critique. Je ne sais pas si ça se traduit exactement en anglais et en français ?

Alan : Oui, oui ça marche.

Adam : Ouais voilà et voilà !

Alan : Ouais, moi je dirais pour résumer un peu, pour avoir écouté tous les épisodes, je suis enfin arrivé à bout. Enfin ce matin je t’en ai un peu voulu parce que j’étais enfin arrivé au bout et paf, il y a un nouvel épisode qui est arrivé (rires), pour mon plaisir, mais c’est bon. Là je les ai entendus les 25 ou 26 sauf erreur. Et puis ouais, je dirais que c’est un podcast qui mixe athéisme et humanisme. Il n’y a jamais de militantisme aveugle, mais il y a toujours un fil conducteur humaniste pour parler de tout avec des invités plus intéressants les uns que les autres. Je pense par exemple, à ce soldat victime de stress post-traumatique en rentrant d’Iraq, ou à cet autre soldat devenu athée après avoir lu la bible (rires), c’était un truc assez extraordinaire.

Adam : C’est peut-être ça le problème, tu es chrétien et si tu lis la bible, il y a une grande probabilité que tu vas devenir athée.

Alan : (rire) Ouais. Je pense aussi à cette jeune femme originaire d’Arabie Saoudite que tu avais interviewée qui avait été violée au Canada par un compatriote et qui est restée victime de la tradition et de la loi du silence jusque dans une démocratie occidentale. Ça c’était assez extraordinaire d’entendre, et puis assez émouvant, enfin même bouleversant de l’entendre raconter son histoire.

Adam : Hyper-triste. Et c’est ça l’intérêt de faire le podcast, parce que je vois la religion, et ce que ça fait du mal aux gens, partout dans le monde, et comme on a internet maintenant, on est vraiment une communauté mondiale, je peux faire des interviews avec des gens n’importe où pour leur donner un peu de temps pour raconter leur histoire, et cette histoire avec cette femme qui a été violée, elle voulait faire un procès contre le violeteur.

Alan : Le violeur.

Adam : Le violeur et oui, ce n’est pas un mot que j’ai appris quand j’étais en France.

Alan : (rires) Tant mieux !

Adam : (rires) Et elle voulait gagner de l’argent par les donations pour faire le procès contre le violeur et elle a réussi en fait. Alors elle va devant le juge l’année prochaine.

Alan : Wahou. En ayant levé des fonds par internet, en faisant les appels de fonds via Twitter en fait.

Adam : Oui, c’est que des gens sur Twitter qui viennet sur mon podcast, parce que, je ne sais pas pourquoi c’est vraiment une communauté de scientifiques, des athées, des gens, il y a plein de victimes, en fait, qui ont besoin que leur histoire soit entendue par les autres, et voilà ! C’est un bon moyen de communiquer après l’épisode aussi de …

Alan : Twitter, de rester en contact tu veux dire ?

Adam : Parce qu’on peut discuter sur des sujets dans le podcast et déjà tout le monde qui écoute le podcast a déjà un compte Twitter. Alors on peut tous communiquer après.

Alan : C’est vrai.

Adam : On peut poser des questions, on peut faire des corrections si je fais des erreurs. Je fais des erreurs tout le temps. (rires) Alors c’est un bon moyen de communiquer. Je pense. Voilà.

Alan : Et puis tu reçois aussi des gens d’en face, sur ton podcast. Ils ont pas peur de venir en plus, c’est ce qui est assez épatant. C’est vraiment un dialogue. Je pense à ces théistes des épisodes 15 et 16 qui eux aussi ont pu raconter leur histoire et donner leur vision du monde. Vraiment en bonne intelligence ou plus récemment tu as même reçu un créationniste à la rhétorique vraiment déroutante (rires).

Adam : (rires) C’était dur. En fait les premiers épisodes 15 et 16 avec les gens qui je pense qui croient en Dieu, je voulais seulement faire une interview pour savoir ce qu’ils pensent.

Alan : Ouais.

Adam : Pourquoi ils croient dans un dieu. Et il y avait quelqu’un qui a découvert Dieu après qu’il a eu un problème dans sa vie avec des drogues. Et je lui ai posé une question, parce qu’il a réussi à quitter les drogues, il a attribué ça à Dieu. Alors c’était le Dieu qui lui a donné la puissance de quitter les drogues. Je lui ai posé la question : “Peut-être c’est seulement toi qui à réussi à faire ça. Pourquoi tu as besoin de donner grâce à Dieu pour ça si c’est toi qui l’a fait ?” Et je ne me souviens plus de sa réponse. Il ne croyait pas qu’il pourrait le faire sans Dieu. Ça m’étonne, je trouve ça triste en plus. Mais le créationniste qui est venu sur l’épisode 23 ou 24. Il a expliqué comment le monde est créé en quoi, six jours, et j’ai rien compris.

Alan : (rires)

Adam : J’ai pas compris le moyen qu’il croit parce qu’il y a l’évidence partout autour d’eux qui disent que le monde a 5,4 milliards d’années, mais lui il voit que l’évident c’est que Dieu est autour de nous. De la même façon que je vois l’évidence partout, il voit l’évidence pour Dieu. Mais après ça j’ai eu un biologiste qui est venu, il a déjà écouté la première interview, et il m’a donné les moyens de réfuter, ces raisons de croire dans un jeune monde. Je ne sais pas si je communique assez bien ce matin.

Alan : Il n’y a aucun problème c’est extrêmement clair. On a juste une correction dans la chat-room de Taupo qui précise que c’est 4,5 milliards d’années.

Adam : Voilà, voilà.

Alan : L’âge de la Terre (rires).

Adam : (rires)

Alan : En fait donc lors que le biologiste est passé dans le même épisode. Tu as d’abord mis l’interview avec le créationniste et puis ensuite il y a un biologiste qui est venu t’expliquer comment tu aurais du réagir, ce que tu aurais pu dire, mais c’est vrai que l’on te sentait un peu sidéré dans cet épisode face à ce genre de rhétorique. Moi je me mettais à ta place, je me disais : “Mais qu’est ce qu’il peut répondre là enfin ?”, j’étais complètement perdu. C’était assez génial que tu invites le biologiste derrière quoi. Et puis qu’il puisse dire comment lui s’y serait pris et puis qu’il décortique cette rhétorique et on a mieux compris en fait ce type de raisonnement, qui je pense que, pour des gens comme nous avec une pensée rationnelle, est assez cryptique, assez impalpable, enfin avec une pensée rationnelle mais sans toute cette éducation, sans cette habitude aussi de décortiquer point par point cette rhétorique.

Adam : Parce que moi je n’ai pas de grande éducation, je ne suis pas allé à la fac, à l’université, je ne suis pas si intelligent (rires). Alors c’est plutôt les gens qui sont plus intelligents que moi qui viennent sur mon épisode et moi je pose les questions, c’est tout ce que je fais.

Alan : Ouais, je crois que c’est entre autres pour ça que je me sens des affinités tu vois, je t’aime bien. (rires)

Adam : (rires). Sympa, merci.

Alan : Parmi tes invités, je pense encore au “Religious Tourist” qui est un athée qui essaye régulièrement de se mettre dans la peau d’un croyant. Il a déjà expérimenté en profondeur quatre religions. Ou c’est peut-être un peu plus maintenant en fait, dont la scientologie, l’islam et plus récemment le paganisme …

Adam : Oui, et le satanisme.

Alan : Et le satanisme oui.

Adam : Il est marrant déjà. Il est anglais. Il est prof d’histoire religieuse. Et chaque fois il fait quelque chose de différent. Il essaie d’être le plus croyant que possible pendant ce mois, et après il vient sur mon émission, on discute de ce qu’il a fait, comment est ce qu’il a prié, et qu’est ce qu’il a fait dans les mosquées, parce qu’il a fait un ramadan.

Alan : Oui en plein été en plus.

Adam : Ouais, il a testé pendant tout le mois. Et je veux dire pour tout le monde qui écoute là : le podcast c’est en anglais. Mais moi je parle assez lentement. Déjà en Français c’est très lent (note du retranscriteur : Merci Adam, c’est plus simple pour moi!) parce que je cherche des mots tout le temps. (rires) Mais en anglais je parle lentement, et les invités qui viennent sur l’émission, moi je ne fais pas de promesses pour eux parce qu’ils parlent assez rapidement, mais si vous voulez répéter un peu votre anglais avec plusieurs accents, je fais des interviews avec des gens partout dans le monde, et c’est un bon podcast pour commencer et en plus je faisais un épisode en français et en anglais en même temps, alors c’était une expérience que je voulais faire. En fait je fais une interview avec quelqu’un en français, et je fais la traduction en anglais, et j’ai mixé l’audio. Mixé, est ce que je peux dire ça ?

Alan : Oui, oui, tu peux le dire ouais.

Adam : J’ai mélangé peut-être plutôt ?

Alan : Non, non, on dit mixé.

Adam : Juste l’anglais dans l’écouteur gauche, et le français dans l’écouteur droit. Alors si vous écoutez l’épisode deux fois, dans les deux langues, alors vous allez tout comprendre je pense. Mais pas les deux en même temps. C’est hyper compliqué. (rires)

Alan : (rires) Oui vaut mieux pas. Effectivement.

Adam : Ça c’était épisode 20.

Alan : L’épisode 20. On mettra un lien direct dans les notes de l’émission. Sur le fameux épisode 20, c’est vrai que pour apprendre l’anglais c’est super intéressant, parce qu’on a une galerie d’accents, c’est vrai, assez gratinée. Quoi, tu as des gens de toute l’Angleterre parmi tes interlocuteurs, des accents du sud, du nord, des accents londoniens bien gratinés, et puis tu as pas mal de monde des États-Unis aussi.

Adam : La plupart de mon public vient des États-Unis. L’athéisme est un sujet qui grandit rapidement aux États-Unis. Alors c’est des gens qui veulent découvrir de plus en plus au sujet de l’athéisme, parce que peut-être ils sont élevés assez religieusement, ils ont des difficultés de trouver des ressources qui sont consommables facilement. C’est pour ça que le mot athéisme c’est pas le titre de mon podcast. Comme ça c’est quelque chose il faut chercher le podcast avant et on n’est pas si méchants avec les gens croyants, parce que si tu es religieux, tu veux apprendre plus au sujet de l’athéisme, c’est plutôt sympa d’écouter quelque chose où ils sont assez calmes, où il n’y a pas d’insultes. Il y a plein, plein de podcasts d’athéisme qui utilisent des gros mots, qui sont méchants. Moi je suis plus calme.

Alan : Oui, oui, et puis ça se ressent. Toi, tous tes invités sont toujours à l’aise, même quand ils sont du bord complètement opposé. Ça serait intéressant pour nous que tu expliques un petit peu quelle est la situation des athées. Parce que j’ai l’impression qu’en Europe c’est pas du tout la même chose qu’aux États-Unis par exemple, en particulier en francophonie. Il n’y a pas de soucis à affirmer ici que tu es athée. La plupart des gens s’en foutent en fait. Alors qu’aux États-Unis les positions sont très crispées. Je sais que les enfants qui s’affirment athées peuvent avoir de vrais soucis à l’école.

Adam : Mais pas seulement à l’école, il y a des gens qui sont venus sur mon podcast qui ont été jetés parce que leur famille est croyante, et il faut faire plus gaffe quand tu vis avec ta famille qui est croyante. Parce que si tu es dépendant d’eux, il y a un risque qu’ils ne vont pas supporter quelqu’un qui est athée, parce qu’il y a vraiment un stigmate … C’est un mot …

Alan : Stigmatisation ?

Adam : … Une stigmatisation aux États-Unis contre les athées. Ils ne sont pas … Les gens ont plus de confiance dans les violeurs, les meurtriers…

Alan : Que les athées ?

Adam : Que les athées.

Alan : Wahou.

Adam : C’est parce que les prêtres, les pasteurs, les gens qui travaillent dans l’Église là-bas, ils disent qu’être athée c’est la pire chose du monde. Ils le croient. Le public là-bas, ils le croient. C’est triste, mais ça grandit quand même assez rapidement, et c’est pour ça que je voulais faire un podcast sur ce sujet, parce que voilà, c’est intéressant !

Alan : Ouais et il y a du boulot manifestement. Dis-moi en Australie la situation est comparable aux États-Unis ou c’est plutôt comme en Europe ?

Adam : c’est plutôt comme en Europe. On a eu un premier ministre qui s’appelait Julia Gillard (ndlr : du 24/06/10 au 26/06/13, Travailliste) qui est athée et une femme alors … (rires)

Alan : Elle cumule (rires).

Adam : Elle comment ?

Alan : Elle cumule.

Adam : Voilà (rires). Elle faisait vraiment des bonnes choses pour l’Australie, de l’éducation, de la santé publique, des choses comme ça. Moi j’ai plus de confiance dans les gens au pouvoir qui sont des athées, parce qu’ils savent bien réfléchir avant de prendre une position. Mais aux États-Unis c’est l’opposé. Si tu n’es pas religieux, tu ne vas pas réussir de trouver une position de pouvoir, de puissance. Comme un président. Mais après 200 ans, les pères des États-Unis étaient la plupart séculaires, athées. Il y a beaucoup de choses qui ont changé. Je vois ça, c’est une raison que les États-Unis ont perdu beaucoup de leur puissance. Il y a de moins en moins en moins de science aux écoles, parce qu’ils apprennent la religion. Et ça c’est le contraire de la pensée critique.

Alan : Oui, et je crois qu’il faut préciser encore quand on parle de religion, en Europe on a quand même l’habitude d’avoir des religions un peu plus modérées et puis qui ont su se remettre en question au fil des avancées scientifiques. Mais quand tu parles de religions aux États-Unis, là, tu parles carrément du créationnisme qui est enseigné à la place de la biologie dans les écoles ?

Adam : Voilà, voilà, en fait au Texas, ils ont des livres dans les écoles qui ont dit que le monstre du Loch Ness est vrai.

Alan : Super !

Adam : Ça c’est appris dans les écoles. (rires) Si tu étais dans une grande entreprise, si tu cherchais des ouvriers, est-ce que tu vas employer quelqu’un qui croit que le monstre du Loch Ness est vrai ? Ils n’ont pas les outils d’arriver à une solution avec la pensée critique. C’est triste, et ça fait du mal partout dans les régions qui sont les plus religieuses. Par exemple, ils apprennent aux enfants que l’abstinence, c’est la meilleure solution de ne pas tomber enceinte. Et oui, c’est une bonne solution, mais les enfants de 15 à 18 ans, ils ont pas envie d’être …

Alan : Abstinent ?

Adam : Abstinent, voilà. Ils ont pas envie. C’est pas la nature. Ils ont envie de faire l’amour. Tout le monde. Alors comme ça ils ont appris que la contraception c’est pas les capotes. C’est pas permis. C’est pour ça que dans les états les plus religieux des États-Unis, ils ont les niveaux les plus élevés de “teenage pregnancy”. C’est trop trop dur le matin ! (rires)

Alan : De grossesses adolescentes.

Adam : Voilà, voilà. Alors la religion ça fait du mal aux gens, plutôt aux États-Unis et voilà, où ils sont plus stricts et plus croyants. Les chrétiens en Europe, ils sont plutôt spirituels. Ils ont envie de croire qu’il y a un dieu. Mais ça touche pas au politique vraiment.

Alan : Ouais, et puis bon, quand je parlais des religions plus ou moins modérées qui ont su s’adapter à la réalité moderne, c’est vrai que je pensais pas spécialement non plus aux frasques des prêtres pédophiles, enfin tous ces scandales autour de l’Église catholique, qui là aussi en fait, c’est des doctrines qui contraignent les gens à ne pas respecter leur nature et puis au final, ils font n’importe quoi. Enfin bon, ça c’est une analyse un peu simpliste quoi, mais …

Adam : Même les gens qui apprennent ça aussi aux autres, les prêtres, ils ont pas de moyen de contenir leurs …

Alan : C’est ça ouais …

Adam : Voilà, et en Australie en ce moment il y a un grand, grand procès contre l’Église catholique, parce qu’il y a des centaines, des centaines de gens qui sont plutôt des hommes maintenant de 30-40-50 ans qui ont été abusés, touchés par les prêtres, il y a très longtemps. Et ils ont été tellement endoctrinés … c’est un mot ?

Alan : Oui, oui, c’est juste.

Adam : Ils ont été tellement endoctrinés, ils n’arrivent même pas à parler de ça jusqu’à maintenant. Il y a un procès de tout le monde, d’un groupe. Donc si tu étais touché par un prêtre, tu peux joindre ce groupe, et c’est pas seulement toi contre l’Église, c’est le public contre l’Église et tu as le moyen d’expliquer ta situation, ton histoire. Comme ça, c’est plus facile pour tout le monde de sortir de leur coin et de parler de ça. Et il y a des documents qui sont devant le juge maintenant qui disent que l’Église a caché des documents avant. Alors ils savaient que les prêtres étaient abusifs, étaient des violeurs, alors ils ont caché les prêtres. Ils ont bougé les prêtres de ville en ville et peut-être si ils ont pris trop d’attention, ils ont bougé les prêtres peut-être dans un autres pays. et ils continuent d’abuser des gens, alors l’Église ils savaient ça et ils ont fait exprès et c’est pour ça qu’il y a un très grand procès contre l’Église catholique en Australie.

Alan : Ouais, ben espérons que ça fasse enfin un peu changer les choses. On a une question pour toi dans la chat-room de Denis qui te demande si tu penses qu’il faut lutter contre les excès stupides en priorité, c’est-à-dire l’abstinence, le créationnisme, etc. ou est ce que tu penses que la religion est mauvaise à la racine et qu’il faut carrément promouvoir l’athéisme plutôt que la religion raisonnable ?

Adam : Hum, je pense que je comprends la question. (rires) Le problème, je trouve c’est pas juste de dire à quelqu’un que l’athéisme c’est la seule solution. Il faut comprendre ça. Croyez en ça. Ça c’est pas juste. Le problème avec la religion, le créationnisme, c’est que la religion ça fait que ça, c’est le seul moyen de penser.

Alan : On essaie de t’imposer une croyance, c’est ça que tu dis ?

Adam : Oui, peut-être. (rires) Alors les enfants, ils ne sont pas à un âge où ils comprennent ce qu’il se passe autour, dans le monde. Ils cherchent des réponses, ils cherchent des informations et dans les écoles là-bas, ils ont seulement un moyen d’apprendre que la religion c’est ça. Le monde est créé en 6 jours. Il ne faut pas faire l’amour avant le mariage. Mais après une fête, après que tu as bu trop, tu sais même pas comment utiliser une capote, tu sais bien ce qu’il se passe après. Alors, moi je trouve que l’athéisme et de lutter contre les religions, c’est plutôt de donner les outils aux autres pour arriver aux conclusions eux-même. Les conclusions les plus rationnelles possibles pour eux. Est-ce que j’ai répondu à la question là ?

Alan : Parfaitement, ouais, ouais. Moi, ce que j’ai compris de ta réponse, c’est qu’en fait il ne faut pas utiliser les mêmes armes que les institutions religieuses qui cherchent justement à imposer des croyances mais au contraire développer l’esprit critique pour que chacun puisse se faire sa propre idée.

Adam : Voilà. (rires) Tu n’as pas besoin de moi pour cette interview. (rires) Tu poses des questions toi-même, tu réponds toi-même. Voilà.

Alan : Ah non, non. C’est beaucoup mieux avec toi, je t’assure. (rires) D’ailleurs pour revenir un peu au podcast, parce que voilà, là on est parti sur la problématique en général, mais tes interviews sont formidables, justement. La dernière interview en date là, avec un témoin de Jéhovah, qui a perdu la foi, et qui raconte la difficulté de réconcilier sa nouvelle vision du monde avec les attentes de ses amis et puis surtout de sa famille, enfin il est dans une position absolument impossible, c’est juste bouleversant.

Adam : Je ne sais pas ce que veut dire bouleversant, Ah! oui, oui, peut-être oui. Oui, c’est triste en fait. Et lui il a eu du courage de parler au public. Si il y a un qui a du courage, ça veut dire qu’il y a des dizaines, des centaines de gens qui n’ont pas de puissance ou de courage de parler. Mais ils ont le moyen d’écouter et d’apprendre comment quelqu’un à échapper à ça. Mais le problème avec les témoins de Jéhovah, c’est que ce n’est pas une décision prise par toi-même, c’est pris pour toi-même, par tes parents. Alors tu es né dans une famille de témoins de Jéhovah. Et la communauté est tellement insulée. C’est un mot ça ?

Alan : Insularisée.

Adam : Insularisée. Je suis désolé tout le monde qui écoute là. J’imagine que c’est très stressant (rires).

Alan : Je suis sûr que non. Ça va très bien.

Adam : C’est alors, maintenant qu’il a décidé qu’il ne croit pas en Dieu car il n’a jamais eu d’expérience avec Dieu lui-même. Il veut dire à tout le monde “Bon je suis athée”, mais tous les gens autour de lui, sa communauté, sa famille “Bon, tu peux plus t’associer avec nous” et il a perdu tous ses amis comme ça. Et ça c’est triste. C’est ça qu’ils font les témoins de Jéhovah. De créer une communauté qui rejette tout le monde qui croit pas. Et quand ils sont rejetés, ils n’ont rien du tout. Rien. Ce mec il a 21, 22 ans, il a pas fait beaucoup d’école. Jusqu’au lycée quoi. Il a fini le lycée. Mais il n’y a pas de moyen pour lui d’apprendre plus. En fait c’est difficile pour lui d’aller à la fac.

Alan : Surtout qu’il habite encore chez ses parents justement.

Adam : Oui. Alors il m’a appelé à une heure étrange : “Ils sont pas là. Est ce que l’on peut parler maintenant ?” (rires)

Alan : Ah ah ouais (rires).

Adam : Et voilà, c’est comme ça ouais. Mais j’ai plein de gens qui viennent sur l’épisode comme ça. Mais quand même, autrement il y a des gens qui sont des comédiens. J’ai eu peut-être, le public français il va pas connaître Ricky Gervais. Il est un comique, comédien très très connu dans le monde anglophone, parce qu’il est athée mais il a une force, il est énorme. Il fait plein de séries à la télé, il fait du “stand-up comedy”, il est comique devant un public. Mais il a un grand succès aux États-Unis. Il dit souvent : “c’est pas quelque chose de mal d’être athée” et c’était très étrange pour les gens aux États-Unis d’entendre ça. Parce qu’ils n’ont jamais entendu ça, à l’école, avec leur famille. Alors voilà. Il est venu sur mon podcast avec deux autres gens sur Twitter qui ne sont pas vraiment connus. Mais ils ont des gens qui les suivent. Je ne sais pas comment expliquer ça en français. Ils ont un public assez grand eux-même. On était trois sur l’appel, alors ils ont posé des questions à Ricky Gervais et lui il posait des questions à nous et c’était très sympa. Parce qu’avec Twitter tu peux rencontrer n’importe qui. Alors si tu veux contacter quelqu’un comme Lady Gaga ou Miley Cirrus, n’importe qui, tu peux le faire directement. Il ne faut pas les contacter par un bureau ou quelqu’un d’autre.

Alan : Ouais, ouais.

Adam : Alors c’est pour ça que je pense que j’ai eu un peu de succès avec ça.

Alan : C’est vrai que Twitter est un outil absolument extraordinaire. Au pire on ne te répond pas ou on te dira non, mais au moins tu as une chance de poser directement ta question.

Nico : Juste pour savoir un peu la qualité du témoin de Jéhovah que tu as reçu, il a survécu à combien de fin du monde ?

Adam : (rires) En fait on a posé cette question. Je faisais une petite blague avec lui, je faisais l’effet sonore d’une frappe à la porte. C’était son boulot de me vendre le Dieu et de me raconter comment il le fait. Alors c’était intéressant. Il est surveillé par assez de monde. Parce que tu es obligé de faire n’importe combien d’heures par semaine pour un enfant, c’est une heure et demie par semaine, mais entre 15 et 18 ans, il y a des gens qui prennent une année pour faire 70 heures par mois de porte à porte. C’est affreux.

Alan : Ouais, ouais, et ce qu’il disait c’est qu’il y avait une espèce de hiérarchie de la reconnaissance. Plus tu en fais, plus tu es valorisé dans la communauté.

Adam : Ah oui, c’est une échelle, si tu veux grandir dans la communauté des témoins de Jéhovah, il faut faire plein de choses. C’est comme une entreprise, exactement comme une entreprise. C’est pas différent de la scientologie. C’est pareil. Il faut piéger les gens quand ils sont très jeunes pour qu’ils soient dans la communauté pendant toute leur vie. Parce que comme ça il y a toujours de l’argent qui vient d’eux. C’est une entreprise, c’est affreux.

Alan : Ouais. Bon j’arrête de te lancer sur des exemples de personnes que tu as reçu, parce que c’est chaque fois des caractères si extraordinaire que l’on pourrait parler une heure de chacun. (rires).

Nico : Ouais, parce que l’on est censé faire une nouvelle formule où on n’est pas en train d’interviewer quelqu’un pendant une heure.

Alan : (rires) oui c’est ça. Du coup on va accélérer un petit peu. J’avais quand même une ou deux questions techniques à te poser comme ça, de podcasteur à podcasteur : ton style un peu cool, comme ça, nonchalant donne l’impression que c’est une discussion tout à fait spontanée et informelle avec tes interlocuteurs. Moi je te soupçonne de beaucoup travailler quand même à la préparation des épisodes pour que justement ça roule aussi bien et que la discussion se passe aussi bien. Je me trompe ? Tu passes combien de temps par épisode ?

Adam : Par épisode de préparation c’est peut-être entre une demie-heure, une heure. Et de trouver les gens, ça c’est déjà compliqué, c’est difficile de trouver les gens qui sont un bon mélange. Mais après ça prend entre environ 6 heures et 10 heures pour faire l’édit.

Alan : D’accord.

Adam : Parce qu’une conversation peut durer deux heures. Mais après quand c’est un podcast, c’est une demie-heure. Alors je coupe beaucoup. (rires)

Alan : Ah oui.

Adam : Et ça peut prendre du temps. Mais comme préparation, j’ai pas de questions avant, j’ai une idée dans ma tête, par exemple les témoins de Jéhovah. Je fais un petit peu de recherche de ce qu’il peut faire au niveau d’accepter du sang des autres. J’ai lu un petit peu de ça avant. Moi je fais des expériences plutôt avec des questions. C’est plus intéressant d’écouter les invités que moi.

Alan : Ok, donc tu es vraiment cool et nonchalant, c’est pas un style que tu te donnes comme ça (rires). Très fort. Je voulais encore te demander deux, trois trucs. D’abord comment ça se fait que tu parles français comme ça ?

Adam : Ah. Ça c’est une bonne question. Entre 1999 et 2000, j’ai été étudiant en échange avec une compagnie qui s’appelle AFS (American Field Service). C’est eux qui, c’est une compagnie qui prend des étudiants de partout dans le monde et qui font une année ou six mois ou deux mois dans un pays différent. Et moi je voulais aller en France depuis toujours, depuis que j’étais très jeune. Et j’ai eu une famille d’accueil. Parce que quand tu vas à l’étranger, tu as une famille d’accueil : maman, papa, soeur, frère, chien. Moi j’ai eu l’opportunité de passer dix mois et demi avec deux papas d’accueil, et j’étais le premier étudiant de l’Australie et de France d’avoir une famille gay quoi. Deux papas. J’avais Patrick et Benoît. Ils étaient très très sympas. Alors j’ai passé dix mois et demi avec eux. Je suis allé au lycée Bois d’amour, à Poitiers, en France. Je faisais pas mal de voyages, Toulouse, je suis allé en Suisse, en Allemagne, partout quoi. C’était la meilleure année de ma vie. J’ai appris plus dans cette année quand dans les six ans à l’école avant. (rires)

Alan : (rires) C’est extraordinaire cette histoire. C’est justement ce que tu racontes dans ton épisode 20.

Adam : Oui, oui, vas-y.

Alan : La personne que tu interviewes, c’est un de tes papas d’adoption, pendant cette période où tu étais à Poitiers, c’est ça ?

Adam : Oui, oui, c’est plutôt maman d’accueil. (rires)

Alan : (rires) d’accord.

Adam : Parce que j’avais deux papas évidemment. Mais il y en avait un qui était plus masculin que l’autre, alors je faisais l’interview avec ma maman d’accueil. Benoît fait les mises en scène pour des grands spectacles partout en France et en Suisse. Des spectacles du Moyen-Âge. Il fait la direction, la mise en scène, tout ça. Je vais l’interviewer avec lui en français évidemment et on discute l’année que j’ai passée avec eux. Et c’était pas si facile toute l’année. C’était dur des fois. C’était dur d’apprendre si rapidement que c’est pas une mauvaise chose que deux hommes soient amoureux. C’était étrange de voir ça pour moi au début, mais après un jour ça me dérangeait pas, ça va (rires). Chacun soi-même.

Alan : Tu t’es vite adapté.

Adam : Oui.

Alan : Ok, je te pose une dernière question, parce qu’autrement je vais me faire engueuler par NicoTupe. Et il aurait raison. Est-ce que tu peux nous dire en quelques mots, enfin assez rapidement qui sont tes modèles, tes sources d’inspiration ?

Adam : Ils ne sont pas connus en France je pense, mais Brian Dunning de “Skeptoid Podcast“, il est très rationnel. Docteur Karl Kruszelnick qui fait Science QA, des questions et des réponses.

Alan : Ah!

Nico : Je crois qu’il y a un autre fan de Dr Karl dans le coin.

Alan : Ouais, c’est mon idole absolue. J’essaie de le vendre à la France entière, tout le temps. Si il parlait français, il serait parfait cet homme-là.

Adam : En fait il parlait français quand il était très jeune. Et je l’ai rencontré plusieurs fois parce qu’il vit à Sidney aussi. Mais il est venu, sa famille est venue en Australie de réfugié politique et il était une victime de racisme au début et c’est pour ça qu’il a décidé d’oublier toutes les autres langues qu’il a apprises. Il parlait trois ou quatre langues au début quand il est venu en Australie. Alors ça change la vie des autres le racisme.

Alan : Et ouais.

Adam : Et voilà et sinon le Dr Chris Smith du Naked Scientist podcast parce qu’il parle lentement, très clairement, j’aime bien ce moyen de communiquer.

Alan : Absolument. Et d’ailleurs, pour les auditeurs qui voudraient faire d’une pierre, deux coups, il y a un flux RSS de la BBC dans lequel on a à la fois les émissions du Dr Karl et à la fois celles des Naked Scientists de Chris Smith. Je mettrai le lien. Donc ça c’est après vous être abonnés évidemment au podcast d’Adam. Si il vous reste un peu de temps, vous pouvez aussi écouter ça. Ça vaut vraiment la peine. Ok génial ! Ben écoute Adam, merci beaucoup !

Adam : Merci beaucoup !

Alan : Ben tu restes avec nous pour la suite de l’émission, tu interviens quand tu veux, on a quelques petites choses à dire, on va revenir sur le quiz du mois. Nico tu nous rappelles de quoi il s’agissait ?

Nico : Donc le quiz du mois. Pour rappel le sujet était : “Laisser le noyau de l’avocat dans le guacamole l’empêche de s’oxyder, info ou intox ?”. Encore un sujet extrêmement important.

Alan : Comme toujours ouais. Adam tu as une idée ?

Nico : Peut-être que j’ai parlé un peu trop vite pour Adam ?

Adam : Oui, peut-être (rires).

Nico : Donc la question c’est : Est-ce que le noyau de l’avocat, tu vois l’avocat, l’avocat tu vois ce que c’est ?

Adam : Oui

Nico : Le fruit. Dans le guacamole l’empêche de s’oxyder, de noircir.

Adam : Oh. Je sais que si tu le mets à côté d’une banane, ça fait du méthane ou de l’éthanol.

Alan : De l’éthylène.

Adam : Oui, peut-être. Ça noircit plus rapidement. Je pense que j’ai pas répondu à la question. Je ne sais pas ce que c’est le noyau d’un avocat, mais peut-être je vais vous laisser. C’est peut-être plus … (rires)

Alan : Voilà on t’a fait peur (rires). Ok, ben écoute pas de soucis.

Adam : Merci beaucoup de m’avoir accueilli et bon courage à tous.

Alan : Ben écoute, ça marche.

Nico : Avec plaisir et puis à la prochaine.

Adam : À la prochaine et puis soyez sage. Bye.

Alan : Promis. Ciao Adam, merci beaucoup.

 

 

Vous pouvez retrouver la fin de l’émission freestyle dans les Notes d’émission

 

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