On fait chauffer la baraque – Retranscription de l’interview de Ludovic Péron

 

Retranscription de l’interview de  Ludovic Péron dans l’épisode #150.

Alan : Au sommaire de cet épisode en formule interview only.

Robin : Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la problématique du chauffage domestique sans jamais oser le demander.

Alan : Sans jamais y penser. On aura le pitch de la semaine prochaine où David nous parlera du phénotype étendu.

Robin : Une quote.

Alan : Un rapide retour sur l’émission de la semaine dernière.

Robin : Et c’est tout !

Alan : Alors, les personnes présentes autour de la table de notre studio virtuel ce soir, on a Robin à Paris que vous venez d’entendre.

Robin: Salut !

Alan : David va nous rejoindre dans quelques minutes et puis ici à Lausanne, à mes côtés se trouve Ludovic Péron.

Ludovic : Salut !

Alan : Bienvenue, ça fait très plaisir que tu sois là.

Ludovic : De même.

Alan : On t’a pas exactement invité en fait, là c’est une démarche un peu différente, t’es tombé sur le podcast puis tu nous a dit « hey j’aurais peut-être un sujet pour vous »

Ludovic : Ouais à peu près ouais, puis on s’est vu l’autre jour pour en discuter.

Alan : HmHm. Alors on va tâcher de dresser ton portrait en quelques mots. Selon ta bio twitter tu es cycliste, énergéticien, geek et photographe.

Ludovic : Ouais ça situe à peu près le personnage.

Alan : Ok. Bon on va surtout s’intéresser à cette facette d’énergéticien ce soir. Donc tu es ingénieur en transfert thermique.

Ludovic : Ouais exactement ça consiste à étudier en fait les modes de transfert de chaleur. La chaleur peut se propager d’un endroit à un autre selon 3 phénomènes. Conduction, convection et rayonnement. Conduction c’est ce que vous pouvez ressentir si vous mettez les doigts sur une casserole, ça vous brûle assez vite. La chaleur s’est propagée dans un milieu. La convection c’est la même chose mais dans un liquide, dans un fluide par exemple. Typiquement, l’eau trop chaude dans votre bain c’est ça. Le rayonnement c’est le coup de soleil que vous vous prenez avec le soleil.

Alan : Concrètement, là tu travailles pour une entreprise en Suisse qui fait du dimensionnement et du montage. Donc, d’après ce que j’ai compris, tu reçois des plans d’architectes et tu calcules le rendement énergétique des habitations et tu émets des recommandations, c’est plus ou moins ça ?

Ludovic : Alors pour être précis on reçoit des plans de bâtiment et on doit d’abord les faire tenir sur la loi. La loi a certaines exigences au niveau consommation énergétique qu’on doit pas dépasser tel niveau de consommation selon le type de bâtiment, selon sa situation et donc la première chose à faire c’est dimensionner l’isolation du bâtiment pour garantir un niveau inférieur au plafond de la consommation énergétique du bâtiment

Alan : Ok si on résume un peu la problématique de la consommation énergétique des bâtiments donc on a d’abord ce problème d’isolation du bâtiment par rapport à son environnement. Et puis le niveau d’isolation va permettre de déterminer les besoins en énergie en fonction d’autres paramètres tels que le volume, le nombre d’habitants, l’exposition au soleil etc..

Ludovic : Oui

Alan : Et en fonction du calcul de chaleur on va déterminer les meilleurs moyens de chauffer l’habitation idéalement via des moyens renouvelables. J’ai bon ?

Ludovic : Tu as bon, ouais, ouais. Pour simplifier c’est comme ça exactement.

Alan : Alors on commence peut être par l’isolation. Je sais pas, moi ce qui me vient à l’esprit en parlant d’isolation c’est que ça fait quoi, 10000 ans qu’on isole nos habitations ? On devrait avoir trouvé le truc depuis le temps. On a encore des leviers d’optimisation aujourd’hui ?

Ludovic : Alors, oui. Il y a eu un gros bond technologique là-dedans depuis les années 80. Ouais, 80,90 dans le sens où les années post seconde guerre mondiale, on avait du pétrole à gogo. On n’a pas ressenti le besoin d’isoler. On pouvait chauffer les bâtiments en brûlant du pétrole, le pétrole était gratuit, il n’y avait pas ce besoin économique. Et il y a eu le premier choc pétrolier en 73 qui a fait que ça coûte cher de chauffer nos bâtiments. On a du essayer de moins les chauffer. C’est là qu’on a commencé à essayer réellement de travailler sur l’isolation. Typiquement les bâtiments des années 60-70 consomment plus que les bâtiments qui étaient construits dans les années 30, parce que dans les années 30 il y avait effectivement moins de pétrole, ça coûtait un peu plus cher, c’était plus onéreux pour les propriétaires de chauffer leur bâtiment. Après guerre on a eu cette profusion du pétrole qui a fait…voilà. Après années 80, après 73, 79 on a vraiment les industriels qui ont fait de la recherche, des progrès sur la manière d’isoler. Et puis pour donner des ordres de grandeur, un bâtiment aujourd’hui par rapport à un bâtiment des années 60, on parle de facteur 20, quasiment de facteur 20 à 30 pour le niveau de consommation sur ce qu’on a pu isoler en fait.

Alan : Facteur 20 à 30.

Ludovic : Oui

Alan : Dans l’industrie automobile par comparaison ?

Ludovic : On peut retirer un facteur 10. C’est du facteur 2-3-4, pas plus. On peut même prendre un extrême, aujourd’hui on sait techniquement faire un bâtiment à énergie passive, c’est un bâtiment qui ne consomme pas d’énergie. Qui produit suffisamment lui-même d’énergie pour ne pas en réclamer à l’extérieur. Ca on est totalement incapable de le faire pour le transport actuellement.

Alan : D’accord. Ouais bon en même temps c’est peut être une problématique un peu différente, un bâtiment a priori il bouge pas. Il a pas besoin d’énergie.

Ludovic : Tout a fait on est d’accord, c’est pour situer effectivement. On est sur des niveaux de consommation à l’échelle d’un pays à peu près équivalents. les leviers pour diminuer la consommation énergétique d’un pays sur le transport on va avoir du mal parce que les progrès technologiques sont pas simples à aborder. Alors que sur le bâtiment on a la possibilité de diminuer drastiquement la consommation énergétique des bâtiments à l’échelle d’un pays.

Alan : OK. Puis alors pour rester un peu sur l’isolation, comment est ce qu’on fait ? C’est quoi les leviers d’optimisation ? C’est des matériaux différents, il y a d’autres techniques ? Tu m’avais parlé des ponts thermiques.

Ludovic : Oui alors. Il y a les matériaux effectivement où aujourd’hui là, il y a de la recherche avec des laines de verre, des laines de pierre, on sait pas où aller gratter un petit peu. Il y a aussi bêtement l’épaisseur qui, plus on en met, mieux ça isole et puis vous avez probablement vu à vos domiciles, on a pendant très très longtemps isolé par l’intérieur ce qui fait que le mur extérieur est à la température extérieure, froid, et vous avez ce qu’on appelle des ponts thermiques là où les murs se raccordent, là où les murs touchent les dalles, il n’y a plus d’isolation en fait parce que votre dalle c’est du béton, le mur c’est du béton, le béton n’est pas un matériau isolant, le béton transporte relativement bien la chaleur du coup à ces jointures là, l’énergie passe plutôt bien et le froid de l’extérieur ou la chaleur qui va de l’intérieur vers l’extérieur passe assez bien. Et l’idée a été justement de mettre l’isolation à l’extérieur des bâtiments pour s’affranchir de ces ponts thermiques là. Pour en diminuer énormément l’impact.

Alan : D’accord. Et puis autrement bon des trucs comme les doubles vitrages j’imagine que c’est extrêmement efficace et puis aujourd’hui c’est quasi généralisé.

Ludovic : Oui alors typiquement en suisse c’est quasi impossible de construire une maison neuve avec du simple vitrage. Pour prendre un exemple le learning center à l’EPFL c’est un projet archi fait par un cabinet d’archi au japon qui avait fait tout leur projet avec des reflets sur les vitres et puis ils ont mis le dossier en mise à l’enquête, ils avaient mis du simple vitrage. Pour eux par rapport au concept architectural, aux reflets, ils voulaient du simple vitrage parce qu’effectivement ça reflète pas vraiment de la même façon le simple ou le double vitrage. Et on leur a refusé catégoriquement ça, on leur a dit qu’ils ne pouvaient pas construire ce bâtiment là en simple vitrage, ça ne tiendra jamais les normes énergétiques donc ils ont du raviser un peu leur projet, le changer, pour passer en double vitrage.

Alan : Épatant. On est dans l’hémisphère nord, il peut faire assez froid en hiver. Quand on pense isolation, on pense forcément isolation contre le froid, tu me faisais remarquer toute à l’heure avant l’émission, en off, qu’on peut avoir une problématique inverse dans les pays plus chauds.

Ludovic : Oui on pense souvent thermique du bâtiment dans le sens s’affranchir du problème de froid l’hiver, alors qu’une partie de ce domaine c’est aussi s’affranchir des problématiques de chaud. Typiquement on peut prendre le sud de la France, la région méditerranéenne, on va trouver beaucoup les mas de Provence en France, c’est des maisons qui sont, elles, conçues pour résister plus au chaud qu’au froid. C’est des maisons très massives où là on joue sur l’épaisseur du mur, son volume, pendant la nuit le bâtiment va être moins soumis à un effort de rayonnement par rapport au soleil et tout se joue pendant la journée où effectivement le mur monte beaucoup plus lentement en température que si c’était du papier à cigarette si vous avez un mur très très fin, ben au bout de 2-3 heures c’est bon on a 25-30 degrés à l’intérieur, alors que si vous avez un mur beaucoup plus épais il va contenir cette montée en température donc il y a aussi, on n’y pense pas souvent, cette problématique de maintien de frais.

Alan : On a une question de Pingouin dans la chatroom qui nous demande est-ce que quand on gagne en isolation on ne perd pas en circulation d’air ? En créant un pollution de l’air intérieur.

Ludovic : C’est très très intéressant comme question. En Suisse, on a le label Minergie qui est un label qui est un peu au dessus de la loi et qui effectivement, lui, impose un concept de ventilation. On dit, plus on isole, au niveau des murs, au niveau des vitrages on va avoir des problèmes d’étanchéité, d’air vicié à l’intérieur et ce genre de label impose un concept pour renouveler ce qu’on appelle l’air vicié. Donc l’air vicié c’est l’air qui est produit en cuisine, en salle d’eau (salle de bains, toilettes), et très généralement, il y a une solution très simple qui consiste à extraire cet air vicié dans ces pièces. Donc vous prenez cet air à 20-22° qui est chargé d’humidité, et avant de le rejeter à l’extérieur on le passe dans des systèmes de flux croisés, comme ça vous rejetez votre air vicié qui croise l’air frais qui va rentrer et, au lieu de prendre de l’air frais de dehors à 5°, de devoir le chauffer à 20°, en croisant l’autre air vous arrivez à gagner un peu de température, à rejeter un peu d’air moins chaud dehors. Donc on arrive à créer un peu d’air sain à l’intérieur du bâtiment sans trop consommer d’énergie.

Alan : Est ce qu’il est possible de trop isoler un bâtiment justement ?

Ludovic : Trop, non. Après, c’est selon quel critère. Il y a le critère économique. Si vous rajoutez encore 20cm pour aller économiser plus qu’1%, économiquement c’est pas rentable. Je sais pas si c’est sous ce degré de lecture là qu’était posée la question. On n’est jamais trop isolé dans le sens où une enceinte qui ne perd pas d’énergie on appelle ça une enceinte adiabatique, mais ça pour le bâtiment ça existe pas. Un bâtiment perdra toujours de l’énergie donc plus on arrive à l’isoler mieux c’est. Après c’est comme je dis il y a le critère économique qui fait qu’on ne va plus aller plus loin parce que ce qui est rajouté coûte beaucoup trop cher par rapport à ce que ça va faire gagner.

Alan : D’accord ma question était plus prosaïque en fait mais je me rend compte que je l’ai mal posée. Est ce qu’il est possible d’avoir trop chaud dans un bâtiment de devoir évacuer de la chaleur parce qu’on l’a trop bien isolé ?

Ludovic : Oui et non parce que comme je te dis, ton bâtiment va toujours perdre donc, même si tu l’isoles, il perdra un peu donc il ne va pas créer de la chaleur, il sera jamais trop chaud. Par contre ce qui se passe avec certains bâtiments, on a tellement fait de progrès sur l’isolation que l’enceinte du bâtiment, ce qu’on appelle l’enveloppe thermique, elle perd tellement peu d’énergie maintenant (parce qu’un bâtiment arrive à gagner de l’énergie, notamment par rapport à ces vitrages, si vous avez toute une baie vitrée en plein sud les gains thermiques sont colossaux) et effectivement on peut avoir des problèmes de surchauffe. Vous avez un bâtiment très très bien isolé, de grandes surfaces vitrées en plein soleil là vous vous retrouvez sur des saisons chaudes (mai-juin-juillet) à avoir des problèmes de surchauffe où le bâtiment est clairement trop chaud parce que l’apport solaire devient trop important. Mais là il y a des moyens de corriger ça, en mettant des protections solaires qui sont auquel cas amovibles des stores, des choses comme ça qui se rabaissent, qui protègent les surfaces vitrées quand le soleil est au zénith.

Alan : On a une question de MrLafia dans la chatroom qui demande si ces bâtiments qui répondent à des normes énergétiques sont plus chers à construire.

Ludovic : Alors dans les 2 pays pour lesquels je peux parler, France et Suisse, dans les deux cas de toute façon les normes imposent un niveau maximal de consommation. Donc on ne peut pas construire un bâtiment sans l’isoler. Donc la loi elle est comme ça, elle décide que votre bâtiment a ce niveau de consommation. Après pour répondre un peu à la question, on va par exemple prendre le label minergie, quelque chose de facultatif, mais qui est de dire, bon je vais mettre un argument marketing sur mon bâtiment, il consomme moins d’énergie, effectivement il y a un surcoût parce qu’on met plus de matière isolante, avec un pouvoir isolant un peu plus fort, comme je vous dis on prend aussi un concept de ventilation un peu plus approfondi, un peu plus réfléchi. Il y a nécessairement un surcoût, sur un bâtiment minergie en Suisse on va parler de 20% plus cher à la construction pour l’ensemble du bâtiment.

Alan : Ouais c’est intéressant, tu as parlé de label marketing ? C’est-à-dire qu’en même temps c’est pas juste la norme, c’est pas juste l’énergie qui est concernée mais j’imagine que la bâtiment va aussi prendre de la valeur, ça lui ajoute.

Ludovic : Ah oui oui clairement. En suisse, dans un pays où il y a énormément de location, on est très très peu, il ya très peu de personnes qui sont propriétaires, on est tous soumis à aller chercher un logement et il y a clairement des gérances ou des propriétaires qui voient ça comme un argument marketing. Ok, j’ai construit un bâtiment ou j’ai rénové un bâtiment, en plus de respecter la loi il a acquis ce standard, ce label, ça me permet sur les annonces de vendre et puis effectivement de faire payer plus cher le locataire. Ce qui peut scandaliser ou pas, je sais pas. Mais on peut aussi vendre en disant : voilà ce bâtiment a ce label donc vous, vous allez payer moins de charges. il y a ça aussi. Parce qu’on est tous à devoir payer des charges de chauffage

Alan : C’est toujours désespérant quand on reçoit cette facture.

Ludovic : C’est tout le problème. On a un parc immobilier dans les deux pays qui a l’âge qu’il a. Aujourd’hui les normes ne touchent qu’à la rénovation et la construction neuve. Vous possédez et vous n’entreprenez pas de rénovation dessus il n’y a pour l’instant aucun bagage législatif pour vous obliger à l’isoler donc, une gérance qui possède un gros parc immobilier qui se tient à peu près, rien ne l’oblige à rénover ces bâtiments pour faire moins consommer. et puis c’est le locataire qui finit par payer tous les ans la débauche d’énergie.

Alan : On a une question d’alexandru dans la chatroom qui demande si la géométrie du bâtiment c’est-à-dire la surface extérieure, le volume intérieur, il émet l’hypothèse que ça doit jouer un rôle dans les échanges de chaleur. Quelles sont les formes les plus optimales ?

Ludovic : Tout à fait, plus votre bâtiment est anguleux, pour la même surface au sol, si on prend un bâtiment en U ou un bâtiment carré, le bâtiment en U va beaucoup plus consommer parce que, si on prend un ratio entre la surface occupée au sol et le périmètre du bâtiment ça va être en défaveur du bâtiment en U par rapport au bâtiment carré. Vous offrez beaucoup plus de surface de contact avec l’air extérieur pour le même volume habitable. Et plus votre surface d’échange est importante et plus les pertes thermiques le sont. Donc effectivement la géométrie du bâtiment est assez primordiale oui.

David : La meilleure forme ça va être le dôme, non ?

Ludovic : Hmm…

Alan : Pendant que tu réfléchis j’en profite pour introduire David.

Ludovic : Bonsoir David.

Robin : La meilleure forme, c’est forcément la sphère.

David : Oui le dôme ou la sphère.

Robin : Pour un volume donné c’est la surface la plus petite en contact avec l’extérieur.

David : Ça dépend si jamais tu considères qu’il y a moins de pertes par le sol, ça peut peut-être être une demi sphère non ? Je dis peut-être une connerie.

Ludovic : Il y a clairement moins de pertes par le sol parce que le sol a une très très forte inertie thermique dans le sens où dès que vous dépassez 1m de profondeur dans le sol, la température varie très très peu d’une saison à l’autre.

David : Et puis en plus, par ailleurs, je crois que c’est assez compliqué de concevoir un bâtiment complètement sphérique

Robin : Certainement.

Ludovic : Ca pose des problèmes pour les déménagements aussi en fait. Plus sérieusement, je me suis jamais trop posé la question parce que j’ai jamais rencontré de bâtiment en dôme. C’est pas courant je sais pas si vous en avez vu souvent.

Robin : Mais sinon même sans aller jusque là, au moins le cylindrique ça offre forcément moins de contact avec l’extérieur que les autres formes.

Ludovic : Tout à fait, c’est pousser le raisonnement que j’ai évoqué en parlant du bâtiment en U ou en carré, on est tout à fait là.

Alan : On a Jorj McKie dans la chatroom qui nous a posé une autre question. Il dit : ”Les matériaux plus isolants sont-ils durables ? La pierre,mauvais isolant-bonne durabilité, le polystyrène,bon isolant-mauvaise durabilité ?” C’est une question.

Ludovic : C’est très intéressant comme question parce qu’effectivement pour l’instant en Suisse on n’a pas cette approche là. La loi sur l’énergie, les règlements d’application pour faire moins consommer les bâtiments ne se posent absolument pas la question de la provenance du matériau. Vous pouvez prendre des matériaux qui ont été fabriqués à l’autre bout du monde qui sont après en retraitement, mis en décharge et autres qui sont des vrais saloperies, ça pose a priori pas trop de souci. Le label minergie est dans cette optique là aussi alors qu’en France il y a un label qui s’appelle HQE qui, lui, considère effectivement comme le label minergie le niveau de consommation du bâtiment mais aussi la provenance des matériaux utilisés. Selon différents critères est ce que eux respectent l’environnement, là cette approche est intéressante aussi parce qu’on peut dire « oui mon bâtiment consomme moins mais en plus sa conception et le jour où il faudra le raser, les déchets qui vont en découler, l’impact sur l’environnement sera plus faible. Il continuera à exister qu’on soit d’accord mais il sera plus faible qu’un bâtiment standard je sais pas si ça répond à ta question.

Alan : En attendant on en a une autre de Kramnic qui demande s’il est envisageable de faire des quartiers intelligents énergétiquement pour échanger de l’énergie entre bâtiments selon la consommation production.

Ludovic : Alors des quartiers où il y a parfois de la valorisation industrielle. Je vais prendre un exemple qui va vous faire sourire mais il y a quelques quartiers, il me semble que c’est à Leibstadt en Argovie en Suisse où il y a des quartiers qui sont chauffés avec les rejets d’eau chaude d’une centrale nucléaire. Donc la centrale nucléaire produit son électricité rejette de l’eau chaude et plutôt que de la rejeter dans la rivière, on en prend une petite partie pour chauffer les bâtiments de la même manière. Ici, à Lausanne, on a de gros incinérateurs du côté de l’hôpital au CHUV et tout le quartier du CHUV et notamment le centre hospitalier ont leur eau chaude nécessaire au chauffage, à l’eau chaude sanitaire, avec l’incinération des déchets ménagers. On peut valoriser une perte industrielle, un rejet de chaleur industriel pour chauffer des bâtiments oui. Après d’un bâtiment à un autre, comme les rejets sont les mêmes les besoins sont les mêmes, deux bâtiments d’habitations l’un à coté de l’autre vont pas pouvoir s’échanger beaucoup en fait.

Alan : On a David Loureiro dans la chatroom qui nous signale qu’à Villeurbanne, un centre de calcul produit de l’eau chaude qui chauffe l’université de Lyon I. C’est intéressant.

Ludovic : Je ne connaissais pas cet exemple mais c’est typiquement ça effectivement. Là c’est pas une industrie, c’est plutôt du service. On a un gros rejet de chaleur et plutôt que de le balancer dans l’environnement extérieur, on va essayer de le valoriser parce que de toute façon, on a partout besoin de chaleur.

Alan : Et puis donc on a Jork McKie qui a eu le temps de réfléchir et qui n’est pas satisfait de la réponse, il nous dit que c’était pas la question. Si je dois changer mon revêtement, au sens large, tous les 10 ans ça n’est pas le même rapport que tous les 50 ans.

Ludovic : Ah ! Oui d’accord ! sur la durabilité à ce niveau-là. Ok, je comprends. En règle général, les matériaux utilisés ont quand même des durées de vie très longue et il n’y a pas de variations du simple au quintuple comme tu le dis. Il me semble que tu parles un coup de 10 un coup de 50 ans. No,n les matériaux d’isolation sont quand même de l’ordre de 50 ans, c’est même faible. Ca tient longtemps et il n’y a pas pas de grandes variations de l’un à l’autre.

Alan : On a encore une question de MrLafia, puis je vais essayer de reprendre un petit peu le fil de ce que j’avais préparé, donc qui nous demande si on est capables de mesurer précisément le pourcentage d’énergie perdue par une construction ayant un mauvais rendement énergétique.

Ludovic : Si je perçois la question, c’est en comparant un bâtiment optimal et un bâtiment, un vieux bâtiment non isolé. Si c’est ça que tu entends, en termes de rendement on peut donner des chiffres, c’est un peu ceux qu’on avait évoqué en début. Aujourd’hui, il y a des facteurs 20, facilement 20 à 30, entre les pires bâtiments qu’on puisse trouver dans les rues de Lausanne et ce qu’on est techniquement capable de faire.

Alan : Ok. Bon on a Jorj qui est content cette fois, il nous dit :”je suis le premier convaincu mais c’est bien de le préciser”. Et puis, on a une question d’Olivier Simardcasanova mais on va peut-être la garder pour plus tard, ça concerne les aspects économiques. Donc, mon espèce de fil rouge, avant les interventions de la chatroom qui est décidément très en forme ce soir, c’était de dire d’un coté on a l’isolation, là-dessus on a vu ce qu’on peut faire. Après une fois que notre bâtiment est isolé, comment est ce qu’on le chauffe et quels sont les moyens renouvelables ? Tu peux nous en donner quelques un ?

Ludovic : Moyens renouvelables ou les moyens?

Alan : Ben, les moyens en général puis quels sont peut-être les plus écolo…

Ludovic : Alors, les deux pays France et Suisse sont dans des situations assez différentes. En France, on a encore un lobby assez important pour le chauffage électrique. En fait, on arrive encore à construire beaucoup de bâtiments neufs qui sont chauffés électriquement. Il y a une certaine forme de lobbyisme avec EDF et le nucléaire en France à ce niveau là. En Suisse, c’est de facto quasi interdit de construire un bâtiment neuf chauffé électriquement aujourd’hui. On peut considérer ça comme interdit. Du coup, on se retrouve dans des situations un peu différentes en France et en Suisse là-dessus. En Suisse c’est même compliqué de construire non renouvelable. Le mode de production de chaleur non renouvelable, ça va être compliqué. Pour donner un exemple, un bâtiment en Suisse, si on décide de la chauffer au fuel ou au gaz, les contraintes d’isolation sont encore plus fortes. C’est-à-dire que si mon bâtiment, que je vais chauffer avec une énergie renouvelable nécessite (on va prendre une unité arbitraire d’énergie) 100U d’unité arbitraire d’énergie, le même bâtiment, je veux le chauffer avec du mazout ou du gaz je dois demander encore moins d’énergie. Donc augmenter l’isolation. Sur les moyens, qu’on peut utiliser au niveau renouvelable, j’ai commencé à en parler un peu toute à l’heure, les rejets industriels sont considérés comme une énergie renouvelable dans le sens où on va toujours créer des déchets ménagers, il faut s’en débarrasser, les déchets ménagers on les brule, donc on considère l’eau chaude, la chaleur générée par un incinérateur comme une énergie renouvelable. Ca peut paraître paradoxal mais donc tous les bâtiments qui sont connectés à un réseau de chaleur comme ça, c’est considéré comme une énergie renouvelable. On a le bois, donc chaudière à bois, four à pellets dans une maison, c’est une énergie renouvelable et on a tout ce qui est pompe à chaleur, on tord un peu l’esprit mais, sont considérés comme énergies renouvelables.

Alan : Bon sur la pompe a chaleur, on est au taquet, Nico nous a fait un dossier sur le frigo il y a 15 jours. Ce qui a d’intéresant avec la pompe à chaleur, c’est le coeff de performance.

Ludovic : Tout à fait dans le sens où une PAC (pompe à chaleur) vous lui fournissez 1kW d’électricité, elle va vous fournir (les meilleures) on arrive à 5-6 kW de chaleur. C’est pour ça qu’on les considère comme des énergies renouvelables, parce qu’on a besoin que d’1/6 de l’énergie au niveau électricité, le reste est prélevé à l’environnement donc on va refroidir un peu l’environnement extérieur pour réchauffer votre bâtiment. C’est l’idée de la PAC. Après la source froide c’est le sol, l’air ou le lac à coté.

Alan : OK. La chaleur à distance, ouais on l’a un petit peu évoqué.

Ludovic : Ce qu’on appelle chaleur à distance c’est ça, c’est une source de chaleur unique pour un groupe de logements ou même un grand quartier. Alors la centrale nucléaire qui rejette sa chaleur, c’est considéré comme un réseau de chaleur à distance. Les incinérateurs aussi, après il y a d’autres systèmes. Par exemple, des très grosses chaudières à bois que vous connectez à tout un quartier d’habitation. Comme ça, vous avez 20-30-40 foyers qui sont tous connectés à une chaudière unique qui produit la chaleur pour tout le monde. Et ça c’est un réseau de chaleur à distance.

Alan : OK. On a deux commentaires. Jorj McKie qui nous dit : “finalement un immeuble en ville est la meilleure solution du point de vue énergétique ?”

Ludovic : Si tant est qu’il soit isolé oui.

Alan : Et puis NuclearPower, je sais pas qui c’est, qui nous dit qu’un rendement de 6 avec une PAC c’est optimiste, en général c’est plutot 3 ou 4.

Ludovic : En fait ça dépend d’où vous prélevez la chaleur. Effectivement, 3 ou 4 pour des PAC air oui, pour des PAC éothermiques avec des sondes qui descendent à une centaine de mètres, on arrive à atteindre un COP (coefficient de performance) à 6.

Alan : Ok, et puis Antoine qui nous demande si le souci c’est que quand il fait froid le rendement baisse.

Ludovic : Exactement, le rendement est assez variable. Varie avec la température et a tendance à diminuer quand il fait froid.

Alan : Ok. Le solaire ? On n’a pas abordé le solaire encore. Il y a le solaire photovoltaïque, on a déjà parlé une fois dans PodcastScience, et puis il y a le solaire thermique aussi. Il y en a un qui est plus efficace que l’autre.

Ludovic : Alors si on parle juste des besoins énergétiques d’un bâtiment le solaire photovoltaïque c’est quasiment une hérésie parce qu’on est sur des rendements très très faibles, le solaire photovoltaïque, on arrive à générer très très peu d’électricité par rapport à la chaleur que peut générer le soleil. Alors qu’un panneau solaire thermique, le rendement va être optimal. Plus de 90%. La différence entre les 2 c’est que le photovoltaïque, le soleil chauffe votre toit, vous essayez de créer de l’électricité avec. Le solaire thermique, le soleil chauffe votre toit, vous générez juste de l’eau chaude.Votre bâtiment a besoin d’eau chaude. Pour créer de l’eau chaude sanitaire, pour vous laver les mains pour vous doucher ou tout simplement pour le réseau de chauffage. Donc cette chaleur que vous pouvez récupérer sur le toit elle est nécessaire, vous en avez besoin et pour l’instant avec les niveaux de consommation, de toute façon vous produirez jamais plus sur votre toit d’eau chaude que le bâtiment va en avoir besoin.

Alan : Est ce que tu as une idée de la part de mazout dans le chauffage des chauffages domestiques, de la part du nucléaire d’une manière ou d’une autre, enfin, on connait un peu ses proportions ?

Ludovic : On peut les trouver. Je les ai pas exactement en tête mais je sais où les trouver, on peut pas dire la part du nucléaire parce qu’effectivement le nucléaire fait partie de l’approvisionnement électrique mais n’en est pas le tout. Et puis en fait si votre bâtiment est chauffé à l’électricité, il va prendre un petit peu de nucléaire il va prendre un peu d’autre chose et puis l’électricité il va pas que l’utiliser au chauffage. Vous l’utilisez pour votre éclairage, votre télé ainsi de suite donc dire X% du chauffage des bâtiments est fait au nucléaire c’est un petit peu faire de la politique au doigt mouillé. Après je peux essayer de retrouver mes chiffres.

Alan : Ecoute il n’y a pas d’urgence, si tu les retrouves plus tard c’est possible. On pourra même faire un follow up si tu les retrouves après l’émission, il n’y a pas de problème.
J’aurais aimé qu’on aborde des lois et des normes parce qu’elles deviennent de plus en plus restrictives, d’après ce que j’ai compris. L’autre fois tu me disais en préparant l’émission qu’on tolérait 300 à 400 kWh/m^2.

Ludovic : J’ai pas dit qu’on tolérait, j’ai dit que c’était ce que la technologie produisait et comme il n’y avait pas de restrictions légales à ce niveau là. On laissait faire.

Alan : D’accord. Aujourd’hui la norme impose qu’on soit au dessous de 40 kWh/m^2.

Ludovic : Dans les chiffres on est à peu près là. Elle impose pas ce seuil-là, mais c’est l’ordre de grandeur qu’elle impose ouais

Alan : Je me posais une question en fait de l’œuf et de le poule par rapport à ces lois et normes et par rapport au progrès technologiques. Les normes évoluent en fonction des progrès technologiques, ca semble évident, est ce que c’est pas les progrès technologiques qui sont produits par ces normes à contrario ? Enfin, du fait qu’on impose des limites de plus en plus draconiennes, ça nous force à trouver de nouvelles idées, de nouvelles technologies, je sais pas c’est une question bête.

Ludovic : Ta question c’est : est ce que c’est pas parce qu’on a produit des matériaux de plus en plus isolants qu’on tend à demander que les bâtiments les utilisent ?

Alan : Par exemple, est ce que c’est dans ce sens là que ça marche.

Ludovic : Je crois pas. Parce qu’il y a une réelle volonté politique de diminuer la consommation énergétique globale. Il y a Kyoto, je veux dire on a le protocole de Kyoto, on a signé ça il y a un bon moment, et diminuer les rejets de CO2 ça passe mathématiquement par diminuer le niveau de consommation énergétique, alors il n’y a pas que le bâtiment, qu’on soit d’accord. Comme on disait, il y a les transports, il y a l’industrie… Et puis maintenant, en Suisse, on a fait le choix à moyen terme de se passer du nucléaire, il y a une réelle volonté de diminuer tous les niveaux de consommation énergétique. Alors on impose ces normes-là, je pense pas que ce soit l’industrie qui pousse, elle est clairement contente de vendre ses produits, on va pas se leurrer mais il y a une volonté.

Alan : OK, sur les normes est ce qu’elles sont respectées?

Ludovic : Ahahaha. Dans le canton de Vaud en 2008, il y a eu une étude qui a montré que 60% des constructions neuves, de près ou de loin, ne respectaient pas les normes sur la construction. Ce qui est absolument énorme. Entre le projet de base et la construction finale, d’un bout à l’autre il y a une somme d’intervenants, une somme de métiers et à la fin on aboutit à des bâtiments qui peuvent être rikrak dessous, sous la norme sans l’atteindre et puis il y a des bâtiments totalement à la marge. Donc ça pose un souci aussi parce qu’on pousse à être de plus en plus rigoureux, on augmente, la loi est de plus en plus dure mais si elle est pas respectée, pourquoi la durcir.

Alan : Bon je suppose qu’on devait pas savoir jusqu’à la publication de cette étude que la norme n’était pas respectée.

Ludovic : Ouais, là c’est de la supposition de ma part mais je pense que si on l’a demandée c’est qu’on se doutait un petit peu du résultat, mais probablement pas de l’ampleur.

Alan : C’est surprenant quand même, 60%…

Ludovic : Ouais c’est assez monstrueux en fait. Et puis je pense, pour connaitre le métier, je pense pas que ce soit une particularité vaudoise, ce problème. A mon avis, il est assez généralisé dans d’autres cantons, et puis de l’autre côté du Jura aussi.

Alan : J’avais une autre question, la plupart des bâtiments ne datent pas de l’année dernière vraisemblablement, du coup l’immense majorité des bâtiments sont pas du tout aux normes.

Ludovic : Ben, c’est ce que je disais un peu toute à l’heure. Ils ne sont pas aux normes actuelles mais comme il n’y a pas d’obligation de correctif, à l’époque où ils ont été construits ils respectaient les normes en vigueur.

Alan : En fait, dans les années 60 à 70 il n’y en avait pas.

Ludovic : Il y avait des normes sur la physique du bâtiment, sur la quantité de béton à utiliser pour que le bâtiment tienne debout sans s’écrouler mais il n’y avait pas de norme sur la thermique.

Alan : Mais du coup on a des stats sur le taux de mise aux normes des bâtiments ? est-ce qu’on a une idée ?

Ludovic : Alors ça, il doit y en avoir, je suis désolé j’ai pas les chiffres en tête, je peux essayer de les retrouver. Pour un follow up. Je suis en train de lire en même temps (dans la chatroom), Paris 90% des bâtiments pas aux normes.

Alan : Ça c’est JORJ.

Ludovic : J’ai pas moyen de vérifier mais c’est très probable.

Alan : Bon enfin moi ce que j’en déduis c’est qu’il y a probablement encore un potentiel formidable d’économies.

Ludovic : Oui

Alan : Ok. Est ce qu’il existe, on va parler d’un autre volet un peu, des politiques incitatives. Est ce que les collectivités encouragent ?

Ludovic : Ouais. Il y a ici en Suisse un programme qu’on appelle le programme du bâtiment en fait, pour justement remplacer, entrer dans ce trou des bâtiments qui existent déjà, qui n’ont pas besoin d’être rénovés. Un bâtiment si on a besoin de le rénover, on est soumis à un dépôt de permis de construire, à une mise à l’enquête, auquel cas là il y a des obligations qui entrent en jeu. Mais par contre votre bâtiment il est là, il est bien, il tient debout, pas d’obligation donc là c’était très très dur de les toucher. Donc il y a ce programme là qui donne ces subventions publics pour rénover tout ou partie de l’enveloppe thermique du bâtiment. Les 3 principaux morceaux de l’enveloppe thermique, ça va être les murs, les fenêtres et le toit. Et puis ce programme donne une subvention au m^2 d’enveloppe thermique remplacée, là on va pas faire une justification globale dans le sens où on va pas calculer globalement le besoin en chaleur du bâtiment avant/après les travaux, on va juste imposer une qualité du matériau isolant à poser sur le mur ou la fenêtre. Et c’est plutôt bien dans le sens où quelqu’un décide de rénover un bâtiment, on dit ok ces 4 murs là on va les retravailler, on va les isoler, il peut toucher un subside qui va l’aider financièrement et qui va amener le bâtiment à consommer sévèrement moins.

Alan : Ok. On a NuclearPower dont je sais qui c’est maintenant, je sais qu’il est en train de rénover sa baraque, qu’il râle, qui nous dit le programme bâtiment il faut tout faire en une fois sur un an et ca coûte un paquet.

Ludovic : Oui c’est juste, il faut avoir la capacité d’investir, ça cest sur.

Alan : On a David Loureiro qui nous précise qu’en France il y a des crédits d’impôts dédiés à la rénovation des bâtiments.

Ludovic : Ouais très juste.

Alan : Moi je me dis qu’avec des tels encouragements on devrait massivement remettre à neuf, pourtant ça a pas l’air vraiment d’être le cas, est ce que tu as une analyse quant à ce frein à la rénovation ?

Ludovic : Ben c’est ce qu’on a abordé toute à l’heure, en Suisse on a une position de marché où il me semble, ça serait à vérifier, les gens me contrediront si je dis un bêtise, on a à peu près 80% de locataires. Donc la personne qui paye les charges en Suisse n’est pas celle qui va investir dans la rénovation du bâtiment et inversement celle qui va devoir mettre la main au porte-monnaie pour rénover le bâtiment n’a pas la pression économique de devoir payer les charges tous les mois donc il y a un souci en fait. La motivation économique au propriétaire n’existe pas pour la rénovation. Et je pense que là il y a une faiblesse, pas une faiblesse, il y a un problème là.

Alan : Oui parce que le propriétaire s’en fout.

Ludovic : Ben le propriétaire s’il a bien géré son contrat dans le sens où il fait payer le prix, un prix brut pour le logement et puis ensuite charges variables, comme ça si on se prend un hiver très très froid lui ça n’a pas d’impact sur son porte-monnaie parce qu’il va venir relever les charges, parce qu’il va dire voilà j’ai mis X litres de plus de fuel pour chauffer c’est à vous de payer, lui il a pas d’impact, ça le touche pas et puis c’est nous, locataires, qui devons impacter ça sur notre budget.

Alan : Alors on aurait 60% de propriétaires en suisse, dans la chatroom.

Ludovic : Ok, alors j’ai été un petit peu. Je l’ai dit j’étais pas trop sur là mais merci pour la précision.
(Correction apportée par Yves et diffusée dans l’émission 151, “Ce ne sont pas les propriétaires qui représentent 60% en Suisse, mais bien les locataires”)

Alan : Et puis on a Olivier Simardcasanova qui nous posait une question toute à l’heure mais je l’ai gardée pour plus tard. Il nous disait : “quid de l’aspect économique ? est ce qu’une analyse coût- bénéfices avec d’un coté des matériaux plus isolants mais plus coûteux et de l’autre les gains en énergie ?” On n’a pas la fin de la phrase, est ce que c’est des choses qu’on utilise justement.

Ludovic : Le retour sur investissement oui on l’utilise clairement. Et puis c’est pas très compliqué à calculer parce que la coût de l’énergie est assez bien maîtrisé, combien coûte un kWh d’énergie, en plus on sait que de toute façon ces prix-là vont pas aller en diminuant. Et puis ensuite, on fait une étude sur la construction du bâtiment avec ce niveau d’isolation ou avec un autre, la différence de prix par rapport au surcoût du bâtiment est comparée au coût de l’énergie. Vous avez le retour sur investissement.

Alan : Ok on a encore un commentaire d’Olivier Simardcasanova, je précise donc qu’il est économiste.

Ludovic : Enchanté.

Alan : Il nous dit : ” En l’occurrence on est face à une externalité négative : les comportements individuels ne prennent pas en compte les effets sociaux néfastes.” Voilà on aurait pu s’en servir comme quote sans doute le truc à méditer pendant une semaine. On va recevoir bientôt Olivier Simardcasanova.

Ludovic : Je vais la noter et la relire après celle-là. Mais elle m’évoque quelque chose en fait, je reprends les comportements individuels, c’est quelque chose qu’on a un peu abordé tous les deux en préparant l’émission, aujourd’hui les constructions neuves dans les bâtiments collectifs, on impose des compteurs de chaleur individuels, dans le sens où vous avez un immeuble 10 logements dedans, obligatoirement on a un compteur de chaleur qui permet au propriétaire du bâtiment de faire payer, non plus une quote part de l‘énergie totale consommée par le bâtiment mais réellement l’énergie consommée par la personne. Du coup ça peut pousser le comportement individuel, moi j’habite là, j’ai envie de moins consommer, je fais attention à pas ouvrir grand mes fenêtres quand il fait -15 dehors, je vais payer moins cher que ma voisine qui s’en cogne royalement. Mais là aussi c’est dommage ce n’est que sur la construction neuve on peut pas mettre ça sur de la construction existante, donc on revient au problème précédent.

Alan : Et puis y a deux trois minutes, toujours Olivier Simardcasanova disait « j’en profite pour continuer ma question, quel est le taux d’actualisation dans les calculs ? » je comprends même pas la question.

Ludovic : je comprends pas non plus la question. Tu peux nous aider s’il te plait ?

Alan : Ouais on va lui demander de développer. Et puis en attendant moi je voulais aborder une autre question, je me demandais si c’est toujours écolo de remettre à neuf. En fait tu l’as évoqué toute à l’heure, les différentes normes enfin les différents labels ne tiennent pas forcément compte de la provenance des composants, la provenance de l’électricité, le respect renouvelable etc… et puis on a une question David Loureiro qui va dans le même sens sur l’isolation de laine de verre, roche chanvre etc… est ce qu’être écolo fait qu’on isole mieux ou c’est juste un acte militant car pas plus isolant.

Ludovic : Ouais. C’est un peu ce qu’on disait toute à l’heure, le choix des matériaux en Suisse, on n’a pas du tout cette réflexion là. On peut mettre du matériau très très polluant, ben très polluant non, il y a des choses à respecter mais il y a pas une incitation au niveau d’un label ou au niveau d’une norme à aller chercher un matériau plus éco-friendly qu’un autre. Il n’y a pas cette incitation là, oui.

Alan : Ok bon dans l’intervalle on a reçu la suite des demandes d’Olivier Simardcasanova, j’avoue que moi ça me parle toujours pas beaucoup, il nous dit : “le taux d’actualisation c’est en gros le taux auquel on rend “actuel” les gains ou coûts futurs. Difficiles d’expliquer par écrit comme ça, en fait je pose la question car de toutes petites différences dans le taux d’actualisation choisi peuvent faire qu’un projet dont l’analyse coût-bénéfice est positif devient négatif.

Ludovic : Je suis peut etre pas assez économiste pour répondre. Là je suis vraiment désolé je ne sais pas.

Alan : Ok Olivier Simardcasanova, tu notes quand tu viendras présenter ton dossier sur l’économie qu’il faudra nous expliquer le taux d’actualisation un peu plus en détails. Je me posais, on arrive gentiment au bout des questions que je me posais, je sais pas si dans la chatroom vous en avez d’autres, c’est le moment ou jamais. Moi je me demandais quelles sont ces normes et labels qu’on a évoqué. Donc on a évoqué Minergie en Suisse, t’as parlé toute à l’heure sauf erreur d’HQE en France.

Ludovic : Ouais haute qualité environnement qui est née en France se développe en France, mais il y a quelques bureaux en Suisse romande qui commence à essayer de le proposer en Suisse aussi mais de façon beaucoup plus marginale que Minergie.

Alan : Ok. C’est des trucs qui existent partout en fait, ces normes et ces labels ? Je sais pas il y en a aussi en Allemagne ?

Ludovic : Alors au niveau existence des labels je maîtrise moins les autres pays mais clairement l’Allemagne a un temps d’avance sur les autres pays à ce niveau-là. A Freiburg en face de l’Alsace, il y a notamment le quartier Vauban qui est un quartier totalement exemplaire à ce niveau-là, avec des bâtiments a très très faible consommation. Les allemands ont une réflexion un peu plus poussée que nous et un temps d’avance ouais.

Alan : Ok, c’est un grand écart ou en Suisse je sais pas, on est proches de ce qui se fait en Allemagne, ou on est très éloignés, comment on se situe par rapport à la France. S’il fallait nous mettre les uns les autres sur une échelle, on serait où ?

Ludovic : Je pense que l’Allemagne est quasi en haut, on doit être 2-3 échelons en dessous, et puis la France elle est une petite dizaine d’échelons encore en dessous. La France a plus de retard ouais.

Alan : Ok, bon Jorj McKie nous dit que les normes c’est un peu de la foutaise.

Ludovic : Je vais répondre à la question de David Loureiro.

Alan : Tu peux peut-être préciser quelle est la question ?

Ludovic : David si je ne m’abuse tu fais référence aux étiquettes énergie qui sont apposées sur les bâtiments notamment en location, donc comme ce qu’on peut trouver quand on achète un bien ménager typiquement une machine à laver ou on a une échelle ABCD avec A en vert et puis plus on descend plus on se rapproche du rouge ou du noir. Ca en France ça s’appelle le DPE c’est le diagnostic performance énergétique qui a été mis en place en 2007 ou 2006. L’idée étant effectivement de donner une clé de lecture au locataire ou à l’acheteur du batiment, où se situe le bâtiment en termes de consommation. Ce qui est intéressant dans l’idée. En Suisse il y a eu une tentative de ça mais qui est moins utilisée. En France il me semble que c’est un peu plus approfondi.

Alan : NuclearPower nous précise quant aux normes que quand tous les équipements sont devenus A, on a fait les A+ les A++ les A+++ bref c’est difficile de comparer.

Ludovic : Ouais ça NuclearPower voit très juste, les frigidaires ou autres, les appareils électriques ménagers, la norme a été très très mal conçue parce qu’elle a pas considéré des valeurs relatives, mais elle a considéré des valeurs absolues. Et comme les progrès technologiques ont été monstrueux, 10 ans après tous les appareils étaient en A.

David : Est-ce que c’est pas mieux malgré tout d’avoir choisi des valeurs absolues plutôt que des valeurs relatives parce que sinon ça aurait été le bordel pour comparer, fin il aurait fallu réévaluer. Si les valeurs avaient été relatives, un A de 1992 n’aurait pas eu la même valeur qu’un A de 2010 du coup ça aurait été gênant.

Ludovic : Ouais tout à fait, je sais qu’en Suisse ils se sont posés la question avec les bâtiments à se dire est-ce qu’on le fait pas par valeur relative mais en indexant sur l’année, en disant ça c’est un A de telle année. Là je sais plus où ils en sont mais le dilemme existe.

David : Ouais le souci c’est qu’il y a un souci visuel, de mémoire, ça devait être indexé avant de A à je sais pas trop quoi du vert au rouge comme tu expliquais pour les bâtiments, et maintenant tous les A+, A++, A++++ et ainsi de suite sont tous verts ce qui donne visuellement un effet qui est pas forcément celui recherché, c’est-à-dire qu’on a un peu l’impression qu’il n’y a pas trop de différences entre les différents A+. Moi j’ai plutôt l’impression que ça permet de garder une gradation qui reste valable.

Ludovic : C’est ça le problème, elle reste cohérente sur 30 ans mais si on regarde que les 5 ans derrière, c’est pas forcément cohérent parce que comme tu dis on est tout en vert, et puis “moi j’ai du A” alors que le A si on prend juste l’échelle sans considérer le contexte on dira “ah ben c’est bien du A c’est ce qui a de mieux” et puis si on considère le contexte “en fait c’est ce qu’il y a de pire en ce moment”. C’est le problème de la valeur absolue. Tu vois ce que je veux dire ?

David : Je vois ce que tu veux dire mais moi je pense que pour le coup c’est vraiment une question de perception et d’appréciation de la chose, moi ça me semble plus clair comme ça qu’avec une indexation par année et des échelles relatives, ça m’aurait paru personnellement plus confus même si en effet ça aurait eu l’avantage que tu soulèves d’expliquer chaque année clairement ce qu’il faut acheter, mais ça aurait rendu plus difficile les comparatifs entre ce qu’on a maintenant et ce qu’on avait il y a quelques années.

Alan : Moi je propose que les autorités écoutent PodcastScience et écoutent la chatroom en direct parce qu’on a la solution qui nous a été fournie par Nuclear power qui nous dit qu’il faudrait simplement préciser en face du A à combien de kWh par année ou par m^2 ça correspond.

Ludovic : Oui c’est ce qui est fait en France. En fait sur le DPE c’est directement indexé sur le KWh/m^2 par an. Mais de mémoire en France c’est la RT, réglementation thermique, 2007 on est aux alentours de 90kWh/an/m^2, quand on voit qu’en Suisse c’est 2 fois moins on peut facilement imaginer que ça va encore diminuer dans les années à venir, les variations sont telles que le niveau d’échelle se déplace beaucoup, je suis sceptique sur la valeur absolue figée.

Alan : Ok moi je suis un petit peu arrivé au bout des mes questions là. On a eu une question de Julie qui nous a été postée avant l’émission qui demandait : “Par rapport au sujet de demain, je me demandais si vous aviez déjà parlé des consommations électriques de petits trucs auxquels on pense pas forcément, par exemple les lumières de veille sur les télé ou les décodeurs. Quand j’étais en dernière année d’école, je faisais une expertise en nouvelles énergies et développement durable et une des intervenantes (EDF) nous avait expliqué qu’une centrale nucléaire en France servait à alimenter ces appareils en veille. On avait aussi discuté des “petites économies” qu’on pouvait faire par des gestes quotidiens, type éteindre son écran en partant (et la lumière dans son bureau même si ça ça devient un peu la base). Sur l’immeuble de bureaux EDF, apparemment ils avaient fait 30% d’économies d’énergie en mettant juste des affiches “pensez à éteindre”…On entend pas mal parler aussi en ce moment des consommations des chargeurs qui sont branchés à vide. C’est pas vraiment dans le sujet de la thermique du bâtiment c’est plutôt dans la consommation d’énergie générale d’un foyer. Mais le sujet m’y fait penser.”

Ludovic c’est pas tellement ton domaine de spécialité, t’as quand même des éléments d’informations ?

Ludovic : Ouais c’est clairement pas mon domaine de spécialité mais comme ça touche un peu à ça, il y a de l’intérêt effectivement. Les 20-30% dans des bâtiments de service c’est ce qui est évoqué sur juste l’aspect sensibilisation de l’utilisateur au niveau éteindre, on parle facilement de 20 à 30% d’économies. Mais là il faut pas prendre la valeur figée, selon tel type de bâtiment, tel bâtiment, tel contexte ça peut varier. Mais l’ordre de grandeur est là oui.

Alan : Peut-être une toute dernière question, un conseil pratique, Jorj McKie qui nous dit “mon lave vaisselle a 20 ans et il marche, ça coûte 1200€ d’en racheter un nouveau, je fais quoi ?”.

Ludovic : Garde le, là c’est pas trop le sujet mais c’est tout le dilemme d’une machine qui va consommer plus que le nouveau mais voilà. Juste changer pour avoir du nouveau, il y a le retraitement de ces matériaux-là. Qu’est ce qu’on en fait, on les met en décharge on les recycle. Ça génère un impact sur l’environnement. Jeter pour jeter alors que ça fonctionne toujours c’est pas forcément sain non plus.

Alan : Absolument, je suis totalement d’accord avec toi là dessus. Le message de Julie était pas fini en fait, elle avait une question mais elle avait aussi quelque chose à nous raconter.
“Pour en revenir au sujet spécifique de la thermique du bâtiment, je peux peut-être apporter ma maigre expérience. Dans la région de Nice, on a beaucoup de chantiers de réhabilitation (en sites occupés ou non) de logements sociaux. En fait à ce jour, ça va même représenter quasiment 100% de notre activité en 2014. Il y a systématiquement un volet “amélioration des performances énergétiques” qui peut être obligatoire (une simple remise aux normes), mais dans certains cas, on peut aller plus loin. On a un gros chantier qui va commencer, la réhabilitation de 320 logements sociaux et on vise à la livraison une certification BBC effinergie (apparemment qui n’existe plus pour les nouveaux permis de construire). Enfin bref, personnellement je ne travaille pas directement sur ces sujets, mais je suis au courant de ce que font les autres dans la boîte.
Je ne suis pas sûre que le maire de Nice fasse ça par pure conviction, mais en tout cas il fait un peu avancer les choses.
Je ne pense pas que ça apporte grand chose par rapport à ce que va dire ton invité mais on sait jamais…” Voilà c’était ce que Julie avait à dire en fait ça rejoint un peu ce qu’on avait dit toute à l’heure sur les politiques incitatives, le rôle de la politique, enfin du politique dans l’amélioration du rendement énergétique des bâtiments. Ca se fait également à Nice du coup on apprend qu’il existe un label BBC. Une certification BBC effinergie. Ah on a une précision de Mikee dans la chatroom qui nous précise qu’un label BBC est entré en vigueur en France le 1er janvier 2013 pour les constructions neuves, qu’en est il en pratique, cela n’augmente-t-il pas le coût des travaux ?” On a déjà un peu abordé ces questions Mikee, si tu veux tu réécouteras le podcast. Du coup Ludo à moins que tu aies quelque chose à ajouter, un truc auquel on n’a pas pensé.

Ludovic : Non je pense qu’on a fait le tour.

Alan : Ok bon on va en rester là pour l’interview. On va enchaîner avec les autres sujets…. Où est-ce qu’on peut te retrouver sur le web si on veut en savoir plus sur toi ?

Ludovic : On peut me retrouver sur twitter, je parle de choses et d’autres et parfois d’énergie c’est @Ludo_p_ je sais c’est compliqué mais avec le lien twitter de PodcastScience on va pouvoir me retrouver ce soir.

Alan : On mettra bien sur le lien dans les notes d’émission et dans la chatroom. Et puis tu as un blog aussi.

Ludovic : J’ai un blog ouais mais ça fait, pour cause de boulot prenant, ça fait un petit moment que j’ai pas écrit sur l’énergie. Mais effectivement il y a dans mon blog un tag qui rassemble tous les billets sur l’énergie. Je parle un peu de tout mais si vous voulez vous recentrer sur l’énergie il suffit de cliquer sur le petit lien à droite.

Alan : D’accord et puis NuclearPower dans la chatroom qui manifestement est un lecteur de ton blog.

Ludovic : Merci je t’ai trouvé ! tu es là l’unique ! merci.

Alan : Il t’invite à parler de ton concept de suissalisation tu nous en dis un mot ?

Ludovic : Ouais en fait moi j’ai 34 ans, j’ai vécu 27 ans en France, je suis là depuis 7 ans et avec plusieurs expat’ de temps en temps on rigole sur notre capacité à nous intégrer dans notre nouveau pays d’adoption et on a appelé ça la “suissalisation” donc conduire en vallée sans ceinture de sécurité (non j’aurais pas du dire ça), dans le canton de Vaud avoir le numéro de la police en favori dans le téléphone. Pardon excusez moi.

David : Et puis on a pu voir que tu disais nonante. Toute à l’heure dans le dossier.

Ludovic : Ouais ça c’est un peu une obligation professionnelle quand t’es là ou tu discutes avec les locaux, ça peut être perçu comme un coté pédant de garder tes habitudes françaises. Les suisses ont un petit regard, comment dire, critique sur les frouzes, on va dire ça comme ça.

Alan : Il dit ça en me regardant droit dans les yeux ! On a un complexe avec la langue nous autres les suisses, et puis il y a ce sujet-là sur lequel on peut s’amuser alors ma foi, on se laisse aller. Peut-être comme toute dernière conclusion, pour mettre un point final à l’interview, un commentaire de Jorj qui nous dit “il n’y a pas que le politique (donc c’est pas rapport à ce que je disais sur les politiques incitatives), écoutez le sujet dépassionné et passionnant un peu scientifiquement (techniquement), c’est une politique incitative. Donc selon Jorj et je suis assez d’accord avec lui.
Merveilleux ben écoute merci beaucoup.

Ludovic : Ben merci à toi et merci à vous.

Alan : Et puis tu reviendras pour un follow up des questions.

Ludovic : Ouais exactement, il y a 2-3 petites questions où j’ai un peu séché donc on va refaire une petite synthèse et je te donnerai ça.

Alan : Excellent génial merci beaucoup !

 

Cette interview a été réalisée lors de l’épisode 150 de PodcastScience dont vous pouvez retrouver les Notes d’émission.

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