La météo

Dossier diffusé lors de l’épisode 191 


1- Petite histoire de la météo et comment prédire la pluie et le beau temps

L’origine d’abord du mot, qui vient du grec Meteor, qui réfère aux particules en suspension dans l’air. On ajoute logos, pour l’étude de ces particules. Donc la météo c’est l’étude du temps qu’il fait, et comment le prédire.

En tant que science, la météo n’a vu la sienne se développer qu’avec le développement d’outils qui ont permis de mesurer les caractéristiques physiques de l’atmosphère, nous sommes environ au XVIIième siècle.
Galilée conçoit le thermomètre, Torricelli le baromètre pour mesurer la pression, Huet mesure les vitesses de vent, Hooke conçoit un appareil pour mesurer le taux d’humidité dans l’air, etc…
Un astronome (John Hadley) explique pour la première fois l’effet de la rotation de la terre sur les vents. Dès lors, des réseaux d’observations climatiques se mettent en place. Par exemple la Société Royale de Médecine Française cherche à étudier les éventuelles corrélations entre conditions atmosphériques et maladies. A cette époque commencent les sondages météo par ballons libres envoyés dans le ciel. Lavoisier découvre la composition de l’air et progressivement se met en place l’idée que les phénomènes météo migrent (comme les orages se déplacent) et qu’on pourrait donc prévoir leur trajectoire et vitesse.
Mais rassembler des données ne sert pas à grand chose si l’on ne peut pas les transmettre rapidement, et c’est grâce au développement du télégraphe Morse que les prévisions météo ont connu un essor. En 1854, une violente tempête détruit la flotte franco-britannique en pleine guerre de Crimée. Napoléon III charge le découvreur de Neptune, Urbain Le Verrier, d’étudier les possibilités de prévoir et de se prévenir de telles catastrophes. Le Verrier constate que la bourrasque a traversé d’abord une grande partie de l’Europe, et c’est à partir de là qu’il développe vraiment un réseau européen de collections de données météo, point de départ de nos services météos nationaux.

Après avoir collecté toutes ces données, les variations de températures, les vitesses de vent, les changements de pression, les météorologistes créent et utilisent des modèles, dont le but est de prévoir les tendances pour faire des prévisions. On peut mesurer aisément que l’air polaire est froid, et qu’il descend vers l’équateur. Il y ainsi création de masses d’air chaud et froid qui se rencontrent, qui sont modelées par la rotation de la terre qui leur donnent des mouvements tourbillonnaires. Tout cela est en théorie mesurable (pas toujours, et pas toujours avec assez de précision) mais il y a aussi les saisons, les éruptions solaires, les pollutions, l’attraction lunaire qui jouent, et au final la quantité de facteurs variables est telle que les calculs mathématiques deviennent énormes, et trop compliqués pour être exacts. Les méthodes où l’on calcule des probabilités sont à la fin plus fiables. C’est pour cela que la météo peut se tromper, parce qu’il ne s’agit jamais au final que de calculs de probabilités extrêmement compliqués. Il y a environ à l’heure actuelle 10 000 stations continentales, 4000 navires d’observation, des satellites, des radars météo, des stations automatiques partout dans le monde. Les centres de réception reçoivent toutes ces infos, et grâce aux mesures directes font des prévisions à court terme. Avec les archives et toutes les données accumulées, des modèles de prédiction à long terme sont développés.

Mais imaginez que les modèles de prévision et les calculs de statistiques ne soient pas tous les mêmes selon les pays, certains étant plus performants que d’autres. On peut avoir une sous estimation du vent du Nord en Belgique avec une légère surestimation des pluies à en Bretagne et voilà que les prédictions pour le sud de la France seront faussées.

Tout cela n’est donc pas simple, et il est facile de se moquer des prédictions ratées de la météo, car c’est toujours plus facile d’aller analyser les phénomènes après coup et de dire aux autres qu’on l’avait bien prévu…

2- Principaux acteurs de la météo

1-Description de l’air
L’air qui nous entoure est un gaz. Lorsqu’il est sec c’est un mélange qui contient environ 78% d’azote et 21% d’oxygène. Il y a des faibles quantités d’autres gaz (argon, CO2…). Mais le plus souvent il contient aussi de la vapeur d’eau.

On le décrit couramment par 3 caractéristiques : sa température, sa pression et son humidité. Ces 3 propriétés permettent d’expliquer comment l’air se comporte et de là tous les phénomènes météo.

En ce qui concerne la chaleur, pour comprendre la météo, il faut savoir que :

1- Le soleil rayonne de la chaleur, qui est reçue par la terre qui rayonne elle-même cette chaleur et chauffe ainsi l ‘air qui l’entoure.

Mais avant de réchauffer la terre, une partie des radiations du soleil sont absorbées par l’atmosphère. Certaines sont même réfléchies totalement, c’est le cas de la lumière frappant le dessus d’une couche nuageuse. Vue d’avion elle est d’un blanc écarlate, vue du sol, elle est grise. Inversement les nuits nuageuses sont relativement tièdes car les rayonnements émis par le sol sont piégés par le dessous de la couche nuageuse.
Notons aussi que l’Ozone absorbe la majorité des rayons UV, la vapeur d’eau et le CO2 absorbent les rayons infra-rouge. Ces trois gaz à effet de serre ont donc un effet essentiel sur le climat

2-Une particule d’air réchauffée est moins dense que l’air plus froid qui l’entoure, elle s’allège et s’élève. En simplifiant un peu on peut dire que l’air chaud est plus léger que l’air froid.
3-Des masses d’air qui ont des températures différentes ne se mélangent pas facilement. Il faut du vent, des turbulences.
4- La température décroit avec la pression. C’est une loi physique. Et comme la pression décroit avec l’altitude (c’est facile de comprendre pourquoi : la pression est due à la masse d’air sur nos têtes, si on monte en altitude, la couche d’air est moins épaisse, elle pèse moins, donc la pression est moindre), la température décroit avec l’altitude.

Beaucoup d’unités sont utilisées, mais le plus souvent en météo on parle d’hectopascal: (1hectoPa =100Pa, et 1Pa c’est la force exercée par 100g sur 1m2. Imaginez par exemple une crêpe (ça doit faire 100g environ) étalée sur une assiette qui ferait environ 0.6 m de rayon. C’est pas beaucoup.

Au niveau de la mer, la pression moyenne est de 1013hP. Tous les 8 mètres, la pression diminue de 1 hp.

Note : C’est comme cela qu’un altimètre mesure l’altitude dans les avions : en mesurant la pression. Mais il faut d’abord le « caler » sur les conditions du jour, notamment parce que la pression locale et la température peuvent varier. Donc, on connaît l’altitude de départ (lue sur une carte par exemple), l’altimètre lit la pression et on indique l’altitude.

Revenons à la température et au soleil, car c’est bien de lui que part toute l’histoire.

Si l’on considère la quantité de chaleur reçue et émise par la terre, en gros, sur de longues périodes, elle est stable. Bien sûr on sait que nous sommes en ce moment dans une période de réchauffement, avec le problème des gaz à effet de serre, mais c’est un débat que je ne vais pas commencer ici.

Mais si l’on regarde des zones bien définies, on voit qu’il n’y a pas d’équilibre. Les zones tropicales, océans et forêts, absorbent une quantité énorme d’énergie solaire, et la restitue, et l’air est très chaud dans ces régions. A l’inverse, en Alaska, la neige absorbe peu d’énergie, pendant les 3 heures de soleil par jour, et le sol reste très froid car ce peu d’énergie est restitué à l’air. L’air le plus froid provient des régions polaires, où les nuits sont claires sans nuages. Ainsi se forment à la surface de la terre d’énormes masses d’air chaud et froid.

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Les mouvements de ces masses, en fonction des changements de pression et des vents, permettent d’équilibrer les températures, sinon les pôles seraient de plus en plus froid et les tropiques de plus en plus chaud. Les courants marins participent énormément à ces transferts de chaleur. Par exemple le Gulf Stream, ce courant océanique qui remonte l’Atlantique et le courant relativement chaud de l’Alaska, dans le Pacifique prennent en charge 45% de l’équilibre budgétaire en matière de chaleur. Le reste est l’affaire des masses d’air chaudes et froides.

3 – Formation des nuages

D’où viennent les nuages ? L’air n’est jamais totalement sec et contient aussi de la vapeur d’eau. De l’eau donc à l’état gazeux. La quantité de vapeur d’eau contenue dépend de la température et de la pression. Plus il fait chaud plus la quantité d’eau contenue à l’état de vapeur est importante. Lorsque l’air devient saturé en vapeur d’eau, celle-ci se condense en eau. Or, plus l’air est froid et moins il peut contenir d’eau.

Donc, lorsqu’il fait beau temps, le soleil chauffe le sol, la couche d’air juste au dessus du sol se réchauffe. Au point qu’une bulle d’air chaud va pouvoir se détacher et s’élever dans l’atmosphère puisque l’air chaud est plus léger que l’air froid. Cette bulle va monter, c’est ce qu’on appelle un thermique, au plus grand bonheur de nos amis parapentistes, pilotes de deltas et planeurs, et surtout de nos compagnons à plumes qui adorent jouer dans les ascendances.

En montant en altitude, la pression environnante diminue et la bulle augmente de volume. La physique continue d’appliquer ses lois, en diminuant de pression, la bulle voit sa température diminuer. Elle diminue tant et si bien qu’à une certaine altitude, sa température est égale à la température de l’air environnant et elle ne monte plus. Or il se trouve que la quantité de vapeur d’eau que peut contenir l’air diminue aussi avec la température. Imaginez une éponge qui est saturée d’eau. Ici, c’est l’air qui est saturé avec la vapeur d’eau, il y en a trop, et par conséquent l’air gazeux, la vapeur se condense et forme des gouttes d’eau. Cette condensation signe la formation du nuage. Donc un nuage c’est avant tout de l’eau liquide, mais plus on monte, plus il fait froid dans un nuage, et l’eau gèle. Il y a aussi beaucoup de glace dans les nuages. Alors pourquoi est ce que des cristaux de glace suspendus dans l’air ne nous tombent–ils pas sur la tête ? C’est grâce au thermique sous le nuage, qui crée une force verticale, comme un ascenseur, qui soutient le nuage. Si, le thermique disparaît le nuage n’est plus soutenu, l’air, l’eau et la glace redescendent et se réchauffent, et l’eau redevient vapeur. Par contre si il fait froid, et que le courant ascendant n’est pas assez fort, il pleut, ou il grèle….

La forme des nuages, leur altitude, leur nombre, peuvent donner beaucoup d’informations sur la météo, sur les conditions locales et les prévisions. Par exemple, je suis parapentiste, et je veux partir en cross, il me faut monter assez haut pour passer un col et rejoindre une autre vallée. Si je vois des nuages hauts dans le ciel et très effilés, je peux raisonnablement penser qu’il y a du vent en altitude et selon l’étirement du nuage, je peux en déduire la direction du vent. Si les nuages circulent très vite dans le ciel, il y a aussi beaucoup de vent. On verra aussi comment observer un ciel peut annoncer de la pluie.

Cas du brouillard : C’est un peu comme les nuages, mais le point de départ est inversé. Le soir, lorsque le soleil se couche, la terre se refroidit et restitue la chaleur à l’air ambiant. Là encore, les libéristes adorent la restitution du soir, avec une douce vague d’air chaud qui monte lentement de la vallée, créant des conditions de vols incroyablement agréables, douces et tranquilles… Bref, la terre se refroidit plus vite que l’air et dans la nuit, la différence de température est telle que la couche basse de l’air est plus chaude mais au contact de la terre froide il y a condensation, comme dans les nuages. La chute de température de l’air fait que celui-ci est saturé en vapeur d’eau et celle-ci se transforme en gouttelettes d’eau avec formation de brouillard. Ou de rosée, ou de gelée, ou de givre, le tout dépendant de la température et la quantité d’eau.

Il existe un autre type de brouillard, qui se forme lorsque de l’air chaud et humide arrive au contact d’un sol froid. Il y a condensation et formation d’un nuage. C’est souvent le cas en bord de mer, lorsque l’air marin rencontre le sol froid d’une côte. On appelle cela « une entrée marine ».

4 – Pression et vents

Quand on regarde une carte de prévision météo, on voit des courbes. Elles représentent les endroits de même pression. Ces courbes définissent des zones de haute pression (anticyclone, marquées A sur les cartes), des zones de basses pressions (dépressions ou cyclones, marquées B sur les cartes), des vallées, des crêtes et des cols. Un marais barométrique c’est une zone où la pression varie peu, elle accueille souvent des orages d’étés.

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Un anticyclone, zone de haute pression donc, c’est une zone où l’air s’accumule et se tasse. C’est une sorte de gros vase percé au fond, l’air s’échappe par le bas. Les anticyclones se déplacent et évoluent lentement. C’est le plus souvent une vaste zone de plusieurs milliers de km, d’extension horizontale, le plus souvent de force ellipsoïdale. Si la pression est plus forte qu’ailleurs dans l’anticyclone, c’est qu’il existe à cet endroit une surcharge d’air. Elle provient d’une poussée des couches supérieures de l’atmosphère. Dans un anticyclone l’air descend, ce qui crée un poids supplémentaire à tous les niveaux, y compris au niveau de la mer. Pour compenser cet excédent de poids, l’anticyclone rejette continuellement de l’air. En descendant cet air se réchauffe et s’assèche, avec diminution voire disparition des nuages. Mais parfois, et plus souvent en hiver, il se crée des nappes d’air froid en basse altitude, justement parce que le ciel est dégagé. Il va y avoir une inversion de température, c’est à dire qu’au dessus de cette nappe d’air froid il y a une couche d’air plus chaud, ce qui crée des brouillards et des nuages bas, arrêtés par cette couche d’air chaud. Ainsi, dans les 1000 à 1500 premiers mètres, le temps est couvert, gris, et ensoleillé au dessus…
Un exemple bien connu est l’anticyclone des Açores, qui se trouve dans l’océan atlantique nord, qui est en fait relativement chaud dans toute son épaisseur, et peut adoucir les températures d’hivers en Europe, ou les anticyclones de Sibérie, qui sont chauds en altitude, mais très froids à la base.

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Le cyclone ou la zone de basse pression, c’est plutôt comme un entonnoir qui se vide par le haut. L’air est aspiré par le bas et remonte l’entonnoir en spiralant. Les dépressions sont très mobiles et instables. On les voit bien sur les photos satellites, lorsqu’elles ont un petit diamètre on appelle cela une tornade, un cyclone dans les régions tropicales, où elles ont tendance à être plus grandes en diamètre.

D’où viennent les vents ?
Ce sont les différences de pression qui créent les vents. L’air se déplace et la trajectoire du vent va des zones de haute pression vers les zones de basse pression, comme de l’eau qui descend une pente. Et ce serait plus ou moins en ligne droite, mais à cause de la rotation de la terre, dans l’hémisphère nord, les vents sont déviés dans le sens des aiguilles d’une montre. C’est l’effet de la très fameuse force de Coriolis (du nom de son découvreur, Mr Gustave-Gaspard Coriolis, scientifique mathématicien français qui énonça sa découverte en 1835), qui fait que les directions des vents se courbent.

Dans l’hémisphère nord, l’air va dans le sens des aiguilles d’une montre et descend dans les zones de haute pression (comme quand on enfonce une vis !). Quand le vent arrive dans une zone de basse pression, il se dirige vers le centre mais en tournant dans le sens contraire des aiguilles d’une montre.
Ainsi, l’air des régions de haute pression descend et vient alimenter les basses couches de l’atmosphère. En descendant il se réchauffe à cause de l’augmentation de pression (c’est comme une cocotte minute, elle monte en pression et en température en même temps), ce qui fait que toute eau contenue dans l’air s’évapore, et ce réchauffement empêche toute formation de nuages. C’est le beau temps !

Par ailleurs, les zones de basses pressions aspirent l’air depuis les basses couches et le disperse en altitude, un peu comme l’air dans une cheminée. Cela crée les mouvements d’air que sont les vents.

Plus la différence de pression est grande, et plus le vent est fort. Donc sur une carte météo, plus les lignes isobares sont rapprochées, plus le vent sera fort. Un peu comme une carte topo, plus les lignes sont rapprochées, plus la pente est forte.

Enfin, dûs à ces différences de pression, à la force de Coriolis, se forment ce que l’on appelle les courant-jet, couramment appelés jet stream. Il s’agit d’un courant d’air rapide et étroit comme un ruban, situé généralement entre 7 et 16 kilomètres au-dessus du niveau de la mer. Les courants-jets ont plusieurs milliers de kilomètres de longueur, quelques centaines de large et seulement quelques kilomètres d’épaisseur. La majeure partie des courants-jets circule d’ouest en est. Leur trajet a typiquement une forme méandreuse (voir schéma).

 

Les courants-jets les plus forts sont les courants-jets polaires (situés entre 7 et 12 kilomètres au-dessus du niveau de la mer) tandis que les plus hauts et les plus faibles courants sont les courants-jets subtropicaux (situés entre 10 et 16 kilomètres au-dessus des mers). L’hémisphère Nord et l’hémisphère Sud ont tous les deux un courant-jet polaire et un courant-jet subtropical.
Les courants-jets se forment dans les zones de conflits entre les masses d’air ayant des propriétés différentes appelées fronts, dans lesquels il existe un grand différentiel de température et de pression. C’est à dire les fronts.

Les fronts

Je rappelle : la distribution du rayonnement solaire à la surface de la terre est inégale et crée des écarts de température parfois importants. Par exemple, il fait froid au pôle nord parce que le rayonnement solaire est moindre, à cause de l’angle selon lequel les rayons arrivent sur la terre. Un rayon solaire d’une surface donnée n’arrive pas perpendiculairement à la surface de la tête, et la même quantité de chaleur va se répandre sur une surface bien plus importante qu’à l’équateur. Il se crée à la surface de la terre des masses d’air (et des masses d’eau d’ailleurs) de températures différentes.

Ces masses d’air sont déplacées par les vents, par le jet-stream par exemple, et lorsqu’une nouvelle masse d’air arrive, elle doit déloger celle en place.
Leurs zones de contact s’appellent des fronts (dénommés ainsi par des météorologistes norvégiens après WWII), et ceux-ci se déplacent donc avec les différences de pression.

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Comme ces masses d’air ont des densités différentes, elles n’appuient pas de la même façon sur la terre : la pression change d’une région à l’autre.

Il y a donc des fronts froids matérialisés par des colliers de triangles bleus et des lignes de fronts chauds représentés par des colliers de demi cercles rouges.

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En Europe, le cas typique est une masse froide venant du pôle, propulsée vers le sud ouest par la dépression d’Islande.
Une masse d’air chaude, remontant des tropiques est canalisée vers le nord est par l’anticyclone des Açores.
Les deux masses se rencontrent quelque part, au voisinage des côtes de Terre-Neuve et se confrontent.

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Parfois la masse d’air chaud l’emporte sur la froide, et poursuit son chemin vers le nord. Il s’agit ici du cas typique de front chaud.
Mais lorsque l’air froid repousse l’air chaud vers le sud, il s’agit d’un front froid.

Le front chaud est marqué par une montée lente de l’air, avec une pente douce. Le refroidissement dû au soulèvement de l’air chaud provoque une condensation de l’air chaud très humide. On voit apparaître des nuages en strates, de plus en plus bas et de plus en plus épais (cirrostratus, altostratus, stratus et nimbostratus).

Le front froid est marqué par un soulèvement rapide de l’air chaud. La pente de la surface frontale est plus raide. La masse nuageuse, en strate aussi est très épaisse.

A cause de la rotation de la terre, les perturbations circulent d’Ouest en Est, comme les jets. En France, les perturbations viennent généralement de l’Atlantique, on les passe à nos voisins suisses qui les repassent à l’Europe de l’Est.

Par exemple, le front polaire, qui se trouve au niveau du 55ème parallèle (Irlande, Ecosse donc). Il provient d’un écart de température énorme entre les masses froides d’air polaire et les masses chaudes d’air tropical. Quand l’opposition est peu active, la ligne prend alternativement des caractères de front froid et de front chaud, sans déplacement notable. On dit que le front est stationnaire. La pression varie peu, les masses nuageuses évoluent peu. . On peut y voir un faible vent d’Est polaire ou d’Ouest tropical.
Mais cette situation est rarement durable. Lorsque les vitesses de déplacement sont trop fortes, les forces trop importantes, il y a un affrontement moins aimable, on parle de perturbation.

Ce front est à l’origine de perturbations atmosphériques qui assurent les pluies régulières dans les climats tempérés d’Europe. C’est pour cela que l’on voit souvent sur une carte d’Europe une zone de basse pression vers l’Irlande, avec pluies et orages.

Ainsi, le scénario est souvent le même : une langue d’air chaud s’élève au dessus de l’air froid, la pression se met à baisser du fait de cette élévation. Une dépression se creuse à la pointe de l’air chaud, engendre autour du front froid polaire une circulation cyclonique accélérée qui amplifie le phénomène.

Le courant chaud est dévié vers l’ouest par la dépression, donne naissance à un front chaud actif des quelques centaines de km.

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L’air froid en s’enroulant autour de la dépression déclenche un front froid poursuivant le front chaud.

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Le tourbillon dépressionnaire, bien visible sur les photos satellites, se met à dériver vers l’Europe.

Vie et mort d’une perturbation

C’est Benjamin Franklin qui le premier donna une bonne représentation de ce qu’est un orage. La première vraie image satellite date du 1er avril 1960.

Revenons à notre ondulation du front polaire. La dépression se creuse, et donne naissance au mouvement tourbillonnaire, caractéristique de la dépression. La langue d’air chaud voit sa surface diminuer à mesure que l’air chaud s’élève. Pour combler ce manque, de l’air froid est appelé en renfort à l’arrière de la perturbation, ce qui provoque une accélération du front froid par rapport au front chaud. La masse d’air chaude est prise en étau entre les deux masses d’air froid antérieure et postérieure.

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Lorsque tout l’air chaud est rejeté en altitude, la perturbation est en déclin.
Souvent un phénomène d’occlusion, commence au centre la dépression, à la pointe du secteur chaud. Une vallée d’air chaud se forme en altitude entre le centre de la dépression et la pointe du secteur chaud et il apparaît un front dit occlus, jusqu’au déclin de la perturbation.

 

Ces perturbations arrivent souvent en série, 4 à 6 typiquement.

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Les orages proviennent donc du clash entre les fronts. Mais pour les repérer, des changements de températures ne sont pas suffisants, il y a trop de variations selon les saisons par exemple, et selon les endroits. Pour repérer un front froid par exemple, les météorologistes utilisent plutôt les variations du vent. Un front froid entraine un changement de direction du vent du sud-ouest au nord-ouest. Un front chaud va dévier le vent du sud-est en sud-ouest. Le baromètre indique une chute de pression juste avant que le front arrive et une montée du baromètre après le passage du front.

En France, lorsqu’un vent chaud et humide venant de l’Atlantique s’oriente vers le nord, il entraine avec lui une masse d’air chaud qui vient se hisser sur la masse d’air froid qu’elle rencontre sur son trajet. A la frontière, des nuages se forment par condensation, ils sont très typiques. Ils sont assez hauts dans le ciel, de forme plutôt aplatie, apparaissent sur Pairs et s’étendent jusqu’en Angleterre. Ce sont les cirrostratus, qui annoncent la pluie. L’air continue de se saturer en eau et les nuages grossissent, augmentent de volume (c’est le nimbo-stratus), qui éclatent en orage, et se déversent sur la Bretagne et la Vendée. La dépression est alors bien marquée, comme un syphon dans une baignoire, elle tourne dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Le vent froid du nord s’enroule autour de la dépression, et repousse l’air chaud qui le précède . Au contact de ces deux masses, se créent de violentes averses avec rafales de vents, et orages, sous ces gros nuages en forme d’enclume que sont les cumulo-nimbus.

Mais finalement, lorsque, en tournant, ce vent froid se dirige vers le nord, la pression derrière lui remonte, et à l’arrière l’air froid et sec polaire laisse un ciel dégagé, les nuages disparaissent, c’est la traine de la perturbation, que l’on reconnaît aussi à ses petits nuages moutonneux, les cumulus.

A noter que lorsque de l’eau se condense en glace, elle dispense aussi de la chaleur (oui, cela peut paraître paradoxal mais songez qu’il faut chauffer de l’eau pour la faire bouillir et voir la vapeur d’eau s’échapper. Ici c’est le phénomène exactement inverse, donc il y a production de chaleur). Cette chaleur, qu’on appelle chaleur latente, ajoute de l’énergie à l’orage, apporte de l’eau à son moulin.

Les nuages
Je ne vais pas en faire une description complète, juste en donner un aperçu pour montrer qu’en regardant les nuages on peut rassembler pas mal d’informations sur la météo.

On les classe d’abord selon leur forme :
-En couche ou en strate, ce sont les stratus. Ils sont produits en général par des transformations de grande étendue, avec des mouvements ascendants plutôt lents (air stable)
-En amas, ce sont les cumulus, qui se développent verticalement. Sont fréquemment le siège d’ascendance.

On classe ensuite les nuages selon leur altitude :
-haut (5 à 13 km), ce sont les cirrus, cirrocumulus et cirrostratus. Ces derniers apparaissent lorsque la venue d’une perturbation se confirme. Ils forment un voile nuageux transparent et blanchâtre. Les cirrocumulus
-moyen (2 à 7 km) ce sont les altocumulus, altostratus et nimbostratus. Celui-ci apparaît au cœur de la perturbation, il s’accompagne de pluie, neige et glace.
-bas (0 à 2 km) ce sont les cumulus, cumulonimbus (c’est le nuage en enclume des gros orages, grêle…), stratocumulus et stratus.

Les nuages effilochés par le vent, s’appellent les cirrus. Aspect fibreux avec un aspect soyeux. Signes de vent, ils sont présents à l’approche des perturbations

Les nuages qui s’accompagnent systématiquement de pluie s’appellent les nimbus.

Conclusion

Pourquoi les dictons ? Avant le XVIIè siècle, la météo était l’affaire des astrologues, autant dire que chacun se débrouillait et les observations donnaient naissance au pire et au meilleur…S’il pleut à la Saint Médard, il pleut 40 jours plus tard !
Donc pour finir, voici le dicton du 28 octobre , jour de la Saint-Simon ou Saint-Jude

Quand Saint-Simon et Judas sont passés, l’hiver est proche.
Quand Simon et Jude sont arrivés, souvent ils portent la neige à leurs souliers.
Quand Simon et Jude n’apportent pas la pluie, elle n’arrive qu’à la Sainte-Cécile (22/11).
Quand on voit les mouches à la Saint-Simon, les fermiers peuvent chanter une chanson.
À la Saint-Simon, l’éventail se repose.
À la Saint-Simon, les raves au timon.
À la Sainte-Simone, il faut avoir rentré ses pommes.

Bon, ce n’était pas vraiment une conclusion…

Références

-Les visiteurs du ciel. Hubert Aupetit. Editions Rétine
-The weather book. Jack Williams. Editions Vintage.
-Le manuel du vol libre. Pierre-Paul Ménégoz. Editions Rétine
-Petit manuel de météo montagne. Jean Jacques Thilliet et Dominique Scheuller. Editions Glénat
-Météo du vol à voile et du vol libre. Jean-Paul Fièque. Ed. Cépaduès.
– http://atmospheremeteo.blogspot.com: chouettes photos !

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