#psPlaisir – Mél : le plaisir, what it is ?

La chronique de Mél démarre à 1:01:31
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Billet diffusé dans le cadre de l’émission radio-dessinée #psPlaisir le 16 janvier 2016 à Lausanne

Je suis super impressionnée de participer pour la première fois à Podcast science, moi qui d’habitude me conforte dans le silence réconfortant de mes crayons et m’exprime grâce à mes dessins, ce que je continuerai à faire tout à l’heure.

Mais avant d’être impressionnée, je suis avant tout contente d’être là. Eh oui, ça fait PLAISIR d’être ici. On est bien bien bien bien !

Bah oui tiens, ça tombe bien, pour cette session spéciale sur le plaisir ! Mais finalement, le plaisir, Qu’est-ce que c’est ?

Si je prends une définition du Larousse : PLAISIR, nom masculin du latin placere :

  • état de contentement que crée chez quelqu’un la satisfaction d’une tendance, d’un besoin, d’un désir.
    Ex : désir d’écouter podcast sciences, et d’autant plus, en public.
  • sensation de bien-être, heureux

Ok, ça on l’avait saisi… Mais du coup, comment ça marche, tout ça, à l’échelle du corps humain ?

On va commencer par un peu d’histoire des sciences pour comprendre comment tout cela a été mis en évidence ou du moins, saisi…

Bon, déjà, comment est-ce qu’on peut définir le plaisir dans une définition scientifique ?

Skinner 1938, nous permet déjà de poser quelques bases avec sa « Skinner box ! »

Alors non on ne va pas y trouver des burgers, frites et jeux débiles à l’intérieur mais on a à notre disposition un rat, cage avec équipement pour délivrer nourriture, levier pour actionner le dispositif.

(Je sens quelques mines déçues parmi les plus gourmands d’entre vous. Sauf les mangeurs de rats.)

Alors quand on regarde en détail ce qu’il se passe dans la Skinner box, c’est un rat qui va se balader et actionner par le hasard le levier disponible dans sa cage et obtenir de la nourriture.

Skinner reprend le principe de l’expérience de Pavlov (1889) où on fait saliver un chien avec un son de clochette (il associait ça à un comportement réflexe).

Donc, notre rat, malin, va assimiler l’actionnement du levier avec l’arrivée de nourriture (récompense), et renouvèlera l’opération autant qu’il aura faim, puisque cette action assouvit un besoin et procure une sensation de bienêtre.

On pourra alors conditionner l’individu à réaliser certaines actions (conditionnement positif) car elles leur apportent quelque chose de cool pour eux.

Avec Skinner, on comprend que ce conditionnement est lié une action qui prodigue du plaisir !

Mais bon, on en savait pas plus à l’époque que cela sur le plaisir et son fonctionnement, et on en a appris par la suite un peu plus… Mais complètement par hasard !!!

Et tout cela grâce à deux scientifiques travaillant à l’Université McGill, au Canada, nommés Olds et Milner, en 1954.

Milner est un chercheur qui étudie l’exploration fonctions cérébrales. Plus gore mais plus parlant : il plante des électrodes dans diverses zones du cerveau de rats vivants disposés dans une cage.

Via ces électrodes, il peut déclencher des décharges électriques d’intensités variées… et puis, il regarde ce qu’il s’y passe, et en fonction du comportement du rat, en déduit le rôle de la zone sollicitée électriquement.

Olds, en thèse à l’époque, devait stimuler une zone en arrière de l’hypothalamus, qu’ils pensaient destinée à la vigilance, pour voir si l’on pouvait amener les rats stimulés à éviter des coins de cage à coup de décharges électriques dans leur cerveau. Ça reprend le principe de Skinner mais ici on fait une expérience de renforcement négatif.

Quand on regardait les rats, La plupart évitaient les endroits trop « stimulants » électriquement

Sauf un rat réfractaire, Jack, qui revenait systématiquement aux endroits où le choc électrique était administré.

Et plus les chocs étaient intenses, plus le rat revenait chercher sa dose de décharges… Jack, le premier rat SM de l’histoire des sciences ? Qu’est-ce que Jack pouvait bien avoir de particulier pour adopter un tel comportement ?

En tout cas, ces évènements étranges ne passèrent pas inaperçus aux yeux des scientifiques qui le scrutaient qui décidèrent d’en savoir plus à propos de Jack.

Olds, en bon biologiste, disséqua Jack pour analyser l’origine de ce comportement… Et, oh stupeur, découvrit que l’électrode n’était pas plantée à l’endroit initialement prévu, l’arrière de l’hypothalamus !!!

L’électrode était plantée dans une zone assez proche, nommée septum.

Pour vérifier que le cas de Jack n’était pas une exception, il refit une expérience sur des rats dans lesquels il implanta l’électrode dans le septum. Il les mit dans une cage, avec à l’intérieur, une source de nourriture appétissante… et un petit levier, relié à l’électrode, qui permettait de décharger sur commande des influx électriques.

Ces rats ont très vite appris à appuyer sur le levier. Et tout cela dégénéra en une série de comportements plus étranges les uns que les autres !

Beaucoup se sont administré une centaine de chocs à la minute ! Et l’intensité des décharges ne faisait qu’accroître le phénomène, certains chocs étaient tellement puissants qu’ils propulsaient les rats contre les parois de la cage !

Appuyer sur un levier pour vibrer de plaisir, c’est un peu comme s’ils avaient trouvé un moyen pour les rats de se masturber sans forcément passer par une sollicitation de leurs voies génitales… C’est fort ! Une sorte de sextoy cérébral.

Certains allaient même jusqu’à se laisser mourir de plaisir et ne plus se nourrir… Mourir de plaisir, on connaît des morts plus atroces.

Plus récemment, des scientifiques d’unités de recherche pour la défense aux Etats-Unis réutilisèrent ce principe avec des rats qu’ils arrivent à diriger grâce à des électrodes dans leur cerveau. 2 électrodes plantées dans des parties liées à l’odorat et à la motricité, une dans la zone du plaisir.

Grâce à ce système ils entraînent les rats à rechercher activement l’odeur des humains, ou encore la présence d’explosifs.

À terme, ils comptent utiliser ce dispositif pour trouver des individus lors de tremblements de terre et/ou détecter des bombes.

C’est quand même balaise tout ce qu’on peut faire ou faire faire, par plaisir !

Cependant ces expériences sur les manipulations de rats avec des électrodes dans le cerveau laissent court à des débats éthiques sur ces manipulations.

Pour revenir aux zones du plaisir, on sait que certaines sont dédiées à des plaisirs particuliers, comme la jouissance sexuelle ou le soulagement de la soif, d’autres semblent plus généralisés et offrent une sensation de bienêtre total.

Ce tissu neuronal voit ses messages conditionnés par deux neurotransmetteurs principaux : la dopamine, qui favorise l’envie et le désir, et la sérotonine, dont l’effet traduit plutôt la satiété et l’inhibition.

Le problème c’est qu’il existe des substances capables de déréguler leur sécrétion dans la zone cérébrale du plaisir et d’entrainer des états artificiels de plaisir accentué. Ces substances ne sont autre que les drogues comme les opiacées ou les psychostimulants.

La prise répétée de drogue modifie à long terme les réseaux cérébraux et perturbe la recherche du plaisir. Le réseau dopaminergique s’emballe et provoque un besoin incessant de plaisir… On devient addict !

Toutes ces expériences avec ces électrodes, mais aussi les progrès en terme d’imagerie médicale non invasive (IRM – Imagerie par résonnance Magnétique) ont permis de mettre en évidence et d’affiner la définition d’un centre fonctionnel du plaisir, et ce aussi sur des modèles humains !

Et on peut en faire des expériences rigolotes sur les humains… Comme par exemple, essayer de déterminer les zones activées du cerveau lors du plaisir sexuel, et plus particulièrement pendant l’orgasme…

Quelques études ont été réalisées pour observer les manifestations cérébrales de l’orgasme chez la femme et l’homme.

Pour la femme c’est Nan Wise, étudiante en thèse de 54 ans et sexologue, qui voulut gracieusement donner de sa personne, pour mener à bien cette fabuleuse expérience.

Replaçons les choses dans le contexte : imaginez donc un grand tube gris et froid, aseptisé, un lit hyper rigide, du personnel en blouse blanche qui vous regarde… Huuuum pas du tout bloquant comme situation !!! Meilleures conditions pour se mettre dans une ambiance érotique ! Aller hop, on y va, c’est pour la science !

Donc elle s’est auto stimulée allègrement dans un appareil à IRM et ce dernier a pris des photos de son cerveau toute les 2 secondes.

Les zones les plus sollicitées apparaissent dans des couleurs très claires (jaune / blanches).

Les premières zones activées lors de la masturbation féminine sont des zones associées au cortex sensoriel des zones génitales, dû au fait que zones sont d’abord sollicitées pour se procurer du plaisir, puis ensuite on a une activation du système limbique mais aussi des zones du cerveau impliquées dans les émotions et la mémoire à long terme.

Et quand l’orgasme arrive, les zones activées partent du cervelet et le cortex frontal, pour durant le pic orgasmique sur activer la zone du plaisir et l’hypothalamus qui relâche une hormone nommée Ocytocine et qui cause une sensation d’agréabilité…

Des expériences ont aussi été réalisées sur 11 hommes âgés entre 21 et 47 ans par des chercheurs aux Pays-bas… Et là rebelote, un grand tube gris et froid, aseptisé, et blablabla… Et ces cobayes devant se faire reluire le manche pour obtenir des images d’orgasme ou du moins de cerveau en fonctionnement au moment de l’éjaculation. Dans cette expérience, l’orgasme a été assimilé à l’éjaculation (ce qui est discutable).

Et finalement quand on regarde les zones activées, on s’aperçoit qu’elles sont plus localisées et sur des zones moins étendues que chez la femme… Mais la zone du plaisir est toujours impliquée, elle aussi, mais un peu moins largement que chez la femme.

Encore un domaine où la science doit chercher à en savoir plus, des intéressés dans la salle ?

Pour conclure cette discussion autour du plaisir, c’est que derrière toutes ces tribulations sur la mécanique de ce dernier, accéder au plaisir mène un individu à réaliser des actions qui peuvent se révéler complètement stupides ou dangereuses (prise de drogue par exemple).

Il ne faut pas oublier avant tout d’en profiter un maximum quand celui-là est présent, car qui sait combien de temps cet état durera et quand est-ce que vous y serez confrontés dans le futur.

 

 

 

Sources :

http://www.biopsychology.com/news/index.php?id=darpa&type=search

https://www.newscientist.com/article/dn6429-rats-brain-waves-could-find-trapped-people/

http://lecerveau.mcgill.ca/flash/a/a_03/a_03_cr/a_03_cr_que/a_03_cr_que.html

http://www.psychoweb.fr/articles/neuropsychologie/240-l-orgasme-sur-commande-olds-et-milner.html

http://www.drogues-dependance.fr/s_informer-action_des_drogues.html

http://www.huffingtonpost.com/2011/11/16/female-orgasm-brain-video_n_1097659.html

http://members.home.nl/al.ru.i.n/Ruud/reprints/2007_Georgiadis_Neuroreport.pdf

 

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