#PS Caviar au Palais – Des oeufs dans l’espace, par Johan

 

Dossier présenté au Palais de la découverte, dans le cadre de l’émission Podcast Science #256 – Caviar au Palais.

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Bon alors quand Robin m’a donné le thème de la journée “l’oeuf”. Je me suis dit “oeufs… astrophysique… hum, pas gagné…” Et puis bon j’ai un peu vaqué sur Internet et j’ai trouvé quelques trucs.Chris_Hadfield_paying_with_Easter_eggs

La première chose sur laquelle on tombe quand on cherche eggs et international space station, c’est l’astronaute Chris Hadfield qui joue avec des oeufs de Pâques. Bon et bien il y a 3 ans, il a organisé une chasse à oeufs de Pâques en 3D dans la station spatiale. Chris Hadfield, c’est le canadien à moustache, qui grâce à son compte twitter trés suivi et à ses facéties avait un peu relancé l’intérêt du public pour la station spatiale internationale. Ainsi, il avait par exemple participé à un des “ask me anything” Reddit les plus suivis de tous les temps en direct de l’espace. Il est aussi connu pour avoir chanté une version mémorable de Space Oddity de David Bowie avec sa guitare dans la station spatiale internationale.

Bon mes des oeufs, des vrais, il y en eu dans l’espace ? En fait, cela pose la question de la procréation et de la gestation dans l’espace qui n’est pas si simple. Nous verrons avec les exemples que j’ai préparé aujourd’hui, que plusieurs problèmes peuvent arriver. Déjà l’absence de pesanteur peut empecher certaines espèces de trouver une position adéquate. Ensuite, cette même absence de pesanteur peut empécher certaines choses de “tomber” là où elles devraient. Enfin l’espace est un milieu avec beaucoup de rayonnements cosmiques, qui arrété par l’atmosphère. Ainsi en cas eruptions solaires ils recoivent beaucoup plus de particules que nous. Ils ne s’en rendent pas compte à part quand ça tape la rétine. Plusieurs astronautes, en particulier sur les missions lunaires font état de flash lumineux apparaissant, c’est à dire qu’ils viennent de se prendre un grosse particule dans l’oeil.

Les effets de ces rayons sur les foetus en développement ou sur les cellules sexuelles ou même sur les cellules en générale en fait sont encore largement méconnus.

Pour le savoir, rendons nous sur la page wikipedia gestation dans l’espace qui se trouve être regroupé sur la page femme dans l’espace. Oui oui en 2016 sur la page en anglais “Women in space” de wikipedia, vous avez :

  • ⅓ sur les femmes qui ont été dans l’espace
  • ⅓ sur les mères dans l’espace, incluant des remarques à base de “qui va garder les enfants”. Je cite [et traduit] : “Les mères humaines dans l’espace font face à de nombreux problèmes pour concilier vie de famille et vols spatiaux”. Il n’y a bien sur aucun équivalent de ce type pour les pères dans l’espace. Le premier cosmonaute Youri Gagarine était papa de deux petites filles en partant, mais tout le monde s’en fout apparemment.
  • Le dernier tiers, le plus savoureux, traite de la gestation des mammifères dans l’espace et vu qu’il n’y a jamais eu de femmes enceintes dans l’espace, passe un bon moment sur la gestation et les accouchements de rates dans la station spatiale internationale. Bon pour ceux qui s’inquiètent, tout s’est bien passé pour les petits rats portés et nés là haut, ils étaient en pleine forme, mais j’avoue que je suis un peu surpris de trouvé ce genre d’informations dans l’article “femmes dans l’espace”.

Pour les vraiment curieux qui en m’entendant dire qu’il n’y a jamais eu femmes enceintes dans l’espace se disent que ça ne veut pas dire que personne n’a jamais essayé, je leur conseille le Super livre en anglais de Mary Roach “Packing for Mars” [non traduit mais assez facile d’accès] où elle raconte des tas d’anecdotes très drôles sur l’histoire du spatial humain. Il y a un chapitre entier sur la recherche de la réponse à cette question et elle dit qu’après des dizaines d’interviews d’anciens astronautes où elle a vu des photos de trucs pas très avouables (du genre 6 russe en orbite avec des pailles autour d’une immense bulle de vodka en mode Capitaine Haddock dans “On a marché sur la Lune”) mais que tous lui ont dit que non. Cependant, d’autres sources affirment que des russes ont fait l’expérience (scientifique) en 1982. Bref, peu clair.

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Bon mais revenons à nos oeufs. A part les mammifères, on en est où ? Et bien on a fait quelques expériences tout de même. Pour la suite, je me suis vraiment beaucoup inspiré d’un très bon article de futurama sur la question.

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Commençons par les oeufs de grenouilles. Bah en apesanteur ça ne marche pas bien et il semble qu’une période après la fécondation requiert une certaine pesanteur pour déplacer des éléments à l’intérieur de l’œuf. Mais les sadiques ne s’arrêtèrent donc pas là et tentèrent la même expérience avec des oeufs de grenouille dans une centrifugeuse (ce qui revient à simuler de la pesanteur dans un endroit sans pesanteur, je vous raconte pas le bilan carbone). Et il y eu éclosion de plus de 400 têtards. Ce même vol de navettes de 1992 embarquait 2 carpes japonaises, 180 frelons israéliens, 400 mouches et 7.200 asticots. Ça fait un peu arche de Noé du pécheur du dimanche, mais ça a du être une mission amusante.

Passons aux poules. Là non plus, ça ne s’est pas bien passé, et lors de l’experience en 1989 de la fécondation d’oeufs en apesanteur, tous les embryons sont mort à leur retour sur Terre pour une raison inconnue cette fois ci.

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Enfin les poissons. En 1994, quatre petits poissons, deux mades médakas (Oryzias latipes), une espèce abondante dans les rizières et couramment élevée en aquarium furent embarqués en apesenteur pour observer leur reproduction.

Je sais pas si vous avez déjà vu des videos de poissons dans l’espace mais il est reporté qu’ils ont beaucoup de mal à trouver le bas et ils ont tendance à faire des looping dans tous les sens.

Extrait de la synthèse Fish in Space de Stephan G. Reebs de l’université de Moncton au Canada :

“La première fois que le comportement du poisson a été observé en apesanteur fut en 1973 quand un couple de Choquemort, Fundulis heteroclitus, furent envoyer dans l’espace dans un petit sac en plastique sur skylab [station russe des années 70]. L’équipage vérifiait régulièrement l’état de leur passagers et filmèrent leur comportement le 3ème et le 22ème jour de la mission. Au 3ème jour, les deux poissons se mettaient à plonger vers l’avant et donc à faire des tours en petits cercles comme une horloge, un comportement qu’ils appelèrent le “looping”. La fréquence de ce phénomène décrut les jours suivants puis disparus. Lorsque les poissons furent encore filmés le 22ème jour, ils nageaient normalement avec leur dos tournée à la source de lumière de la cabine (un comportement que l’on a appelé plus tard dorsal light response, “la réponse lumineuse dorsal”. Mais des épisodes de looping purent aussi être reproduit en secouant doucement le sac plastique. “

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D’ailleurs détail amusant, il explique un peu plus tard dans l’article cette réponse dorsale lumineuse est aussi possible sur Terre : si vous mettez une forte lumière sur le coté d’un aquarium, les poissons vont se mettre à nager inclinés.

Revenons donc à notre expédition de 1994. Vous comprenez qu’il fallut une vingtaine de tentative pour les faire se reproduire, ceux ci n’arrivant pas à garder la position assez longtemps. En gros, à chaque fois, avant d’avoir fini, l’un des deux poissons réalisait avec horreur “chéri(e), te retourne pas trop vite, mais je crois qu’on fait l’amour collés au plafond”. Au final 43 oeufs furent fécondés, mais seulement 8 poissons naquirent.

Source :

Le très bon article de futurama sur la reproduction dans l’espace 

Poissons dans l’espace

Une synthèse sur l’état de la recherche sur les poissons dans l’espace (en pdf)

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