Dossier – Le Bâillement

Episode d’Anh Tuan dans l’épisode #20.

Je m’excuse d’avance pour les bâillements que vous allez sans doute entendre de notre part mais c’est comme ça depuis que j’ai choisi ce sujet : je ne peux pas m’empêcher de bâiller.

Avant d’élucider le mystère de la contagion du bâillement, intéressons-nous tout d’abord à ses fonctions.

Paradoxalement, le bâillement n’a pas vraiment été étudié depuis Hippocrate. Ce qui remonte quand même à l’Antiquité ! Le père de la médecine incluait le baîllement dans sa grande théorie des humeurs. Il pensait alors que ça fonctionnait comme une cheminée pour évacuer la chaleur de la fièvre !

Puis pendant plus de 2000 ans, jusque dans les années 80, plus rien. Le bâillement ne devait pas être considéré comme digne d’être étudier.

Et là, les scientifiques avaient tort de l’ignorer parce que c’est vraiment un phénomène fascinant hélas encore méconnu.

A quoi sert-il de bâiller ? C’est encore assez obscure mais cela permettrait de marquer nos transitions comportementales. Quand on passe du coucher au lever par exemple, quand on a faim ou au contraire après un bon repas et même chez la femme, lors du désir amoureux.

En fait, le bâillement serait un mécanisme de vigilance, une sorte d’alarme qui nous rappelle les phases clés de notre cycle biologique.

Et dans le cerveau, ce qui contrôle cette horloge biologique, c’est notre hypothalamus dont on a déjà beaucoup parlé dans PodcastScience.

Par conséquent, tous les vertébrés terrestres baillent sauf la Girafe mais cette anomalie s’explique très bien par l’absence de rythme biologique chez cet animal qui dort à peine et de manière très sporadique. Rien de plus normal à ce qu’elle ne baille pas cette pauvre girafe.

Mais malgré de nombreuses recherches, on n’est pas encore arrivé à tout comprendre sur ce bâillement. On peut juste écarter l’hypothèse qu’il permettrait l’oxygénation du cerveau. C’est un mythe que de nombreuses études ont réfuté.

Donc bâiller reste encore un acte très mystérieux mais petit lot de consolation : on sait désormais pourquoi c’est si contagieux.

Déjà, cette échopraxie synonyme de échokinésie ou en termes plus simples : tendance spontanée à répéter ou imiter les mouvements d’une autre personne … cette échokinésie n’apparait qu’à l’âge de 4/5 ans chez l’humain et chez seulement certains grands singes.

D’après Olivier Walusinski, médecin français spécialiste du bâillement, cette imitation serait liée à notre capacité à l’empathie, c’est à dire notre capacité à se mettre à la place des autres.

Et là encore, tout se passe dans notre cerveau. Les responsables de cette empathie : les neurones miroirs. Ces neurones un peu particulier tirent leur nom de leur capacité à s’activer aussi bien pendant qu’on exécute une action que pendant qu’on observe quelqu’un l’exécuter.

Alors si vous n’avez pas bâillé à l’écoute de ce dossier, c’est que vous avez peut être une personnalité schizoide, encline à l’isolement social. Au contraire, si comme le Professeur Von, vous n’avez pu vous empêcher de bâiller à gorge déployée c’est que vous êtes quelqu’un de très sensible.

Voilà, pour clore ce dossier, je vous invite à aller visiter le site d’Olivier Walusinski qui s’appelle tout simplement www.baillement.com Vous verrez, c’est vraiment très complet.

Et dernière petite chose : on bâille en moyenne dans toute sa vie plus de 250 000 fois. Je crois que ce dossier va réhausser la moyenne de beaucoup !

EDIT : Forza Pedro, fidèle auditeur de PodcastScience et talentueux graphiste (retrouvez son blog ici) nous a gentiment envoyé un dessin de son cru qui illustre PARFAITEMENT le phénomène de contagion du bâillement. Merci infiniment à toi !


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