Dossier – la radiation pour les nuls

Dossier d’Alan dans l’épisode #32.

Parmi les préoccupations, voire les obsessions, qui taraudent les humains depuis quelques dizaines d’années, les radiations arrivent souvent en pole position. C’est invisible, c’est parfois dangereux, on ne sait pas très bien ce que ça fait ni comment ni pourquoi et ça fait plutôt globalement peur… Du micro-ondes au wifi, des radiations cosmiques à Fukushima, nous allons essayer de distinguer les différents types de radiations, de voir ce qui est véritablement dangereux et pourquoi et comment on peut s’en protéger.

Si j’ai intitulé ce dossier “la radiation pour les nuls”, n’en prenez pas offense, chers poditeurs, c’est avant tout à moi que ça s’adresse. En toute honnêteté, j’ai eu pas mal de peine à le préparer tant mes connaissances de base en physique et en chimie sont proches de l’ignorance totale. Mais en même temps, je voulais comprendre de quoi il s’agit en évitant si possible de raconter n’importe quoi. Ce dossier est donc garanti à la portée de tous et particulièrement de celles et ceux qui ont courbé leurs cours de chimie et de physique à l’école.

Comme d’habitude, quelques définitions pour commencer

D’abord, il faut savoir qu’en français, on ne dit en principe pas “radiation” mais “rayonnement”. Ceci dit, les deux termes sont acceptés. Voici ce que nous raconte Wikipedia sur le rayonnement :

Le rayonnement, synonyme de radiation en physique, désigne le processus d’émission ou de transmission d’énergie impliquant une particule porteuse.

Transmission d’énergie. C’est tout. Mais ce n’est pas encore la fin du dossier 😉 S’il s’agit simplement de transmission d’énergie, pourquoi est-ce que cela nous fait si peur? Parce que dans certains cas, c’est effectivement dangereux.

Il existe deux grandes catégories de radiations / rayonnement: les radiations ionisantes et non-ionisantes. C’est là que tout se joue. Mais que signifie exactement ionisant ou non-ionisant?

On va reprendre un peu les fondamentaux: tout est fait d’atomes. En tout cas, la matière que nous connaissons est faite d’atomes. Le micro dans lequel je parle est fait d’atomes. Je suis fait d’atomes. Vous êtes faits d’atomes. L’air que nous respirons est fait d’atomes. Pour le moment, on va surtout retenir que notre ADN est fait d’atomes, c’est important, on va le voir tout de suite. Et les atomes, on le sait, sont eux-mêmes composés d’un noyau constitué de protons (chargés positivement) et de neutrons (neutres). Autour de ce noyau, gravitent les électrons (chargés négativement). Pas besoin d’entrer plus dans le détail à ce stade. On notera juste que c’est précisément de ces notions là qu’on parle avec les adjectifs “atomique” (relatif à l’atome) et “nucléaire” (relatif au noyau de l’atome / nucléus en latin).

Une radiation ionisante est un rayonnement si puissant qu’il arrache les électrons à l’orbite de leur atome!

Une radiation non-ionisante est un rayonnement électromagnétique qui ne transporte pas assez d’énergie pour ioniser les atomes ou les molécules, et donc laisse leurs électrons tranquilles. Cela ne veut pas dire que les radiations non-ionisantes sont totalement inoffensives pour la santé ou l’environnement; elles peuvent avoir un impact, mais ce n’est pas du tout le même ordre de magnitude.

On va commencer par une petite parenthèse sur les rayonnements non-ionisants et leurs impacts justement, comme ça, ce sera fait, avant de nous attaquer aux rayonnements ionisants, bien plus costauds.

Les rayonnements non-ionisants

Le panorama des rayonnements non-ionisants (les rayonnements, donc, qui ne shootent pas les électrons au passage) est assez large puisqu’il va des champs statiques (les gros aimants) à certains UV en passant notamment par les fréquences radio (pour capter la radio, la télé, la CB, les téléphones mobiles), les micro-ondes (c’est à dire non-seulement les fours à micro-ondes, mais également le wifi et bluetooth, le radar), les infrarouges (lasers, télécommandes) et la lumière visible.

Les effets que ces rayonnements peuvent causer à l’organisme en cas de sur-exposition sont en général de l’ordre du réchauffement, voire de la brûlure, notamment avec les lasers, qu’ils soient dans l’infra-rouge ou la lumière visible. La dose à laquelle l’exposition est dangereuse est sujette à controverse, on reviendra dessus dans un prochain numéro. Ce qu’il faut retenir pour le moment, c’est que globalement, tant qu’on est en dessous du seuil de la brûlure, on considère ces rayonnements comme relativement inoffensifs pour l’homme.

Effets des rayonnements non-ionisants (wikipedia)
Effets des rayonnements non-ionisants (wikipedia)

Les rayonnements ionisants

C’est là que ça devient sérieux pour les organismes vivants. Notre ADN, comme tout le reste de la matière, est à la base constitué d’atomes et donc d’électrons. Les rayonnements ionisants ramassent les électrons au passage et donc endommagent très sérieusement l’ADN, ce qui provoque des mutations et des cancers. Ces rayonnements ionisants sont émis par des sources radioactives.

On va faire un petit détour par la notion même de radioactivité pour y voir plus clair: dans la nature, la plupart des isotopes sont stables (si vous avez oublié ce qu’est un isotope, pour faire court, on va dire que c’est simplement un atome qui a quelques neutrons de trop). Il y a un équilibre à respecter au sein du noyau de l’atome pour que celui-ci soit stable (en fait, le ratio entre protons et neutrons doit respecter un nombre magique… On ne va pas développer cela maintenant, c’est clairement un sujet pour Mathieu 😉 ). Quand cet équilibre est bouleversé, l’isotope est  instable ou radioactif. Et l’atome “essaie” de retrouver un équilibre en libérant de l’énergie jusqu’à se retrouver dans la case stable la plus proche du tableau périodique des éléments (c’est ainsi que l’uranium 238 finit par se transformer en plomb 206 en passant par toutes sortes d’états intermédiaires instables ou le carbone 14 en azote 14).

Et c’est cette énergie, que l’atome radioactif  libère de l’énergie pour retrouver sa stabilité, que l’on appelle un  rayonnement ionisant.

On connaît plusieurs types de rayonnements ionisants: les rayons alpha, beta, les neutrons, les rayons x et les rayons gamma. On va les prendre dans l’ordre:

Ejection de particules alpha
Ejection de particules alpha

Le rayonnement alpha

Dans ce type de rayonnement, les noyaux radioactifs éjectent des particules alpha, (soit ce sont des particules lourdes chargées positivement:  des paquets composés de deux protons et de deux neutrons, comme des noyaux d’hélium). L’atome perd 2 en nombre et 4 en masse. Ce mécanisme se produit à grande vitesse (Les particules α sont émises à une vitesse avoisinant les 20 000 km/s) sur une très courte distance (une simple feuille de papier ou 4 à 5 cm d’air les arrêtent totalement). On dit que la pénétration du rayonnement alpha est faible.

Le rayonnement beta

Emission d'une partcule Beta- (un électron), fortement ionisante
Emission d’une partcule Beta- (un électron), fortement ionisante (Wikipedia)

Dans ce type-ci de rayonnement, les noyaux instables éjectent des particule légères et chargées négativement (des électrons). La vitesse ici est proche de celle de la lumière et le parcours de ces électrons dans la matière est plus important que celui des particules alpha (de l’ordre de quelques mètres maximum dans l’air). Les émissions beta traversent sans problème une feuille de papier. Il faut un feuille d’aluminium pour les arrêter. La pénétration est dite moyenne.

Le rayonnement gamma

Les rayons gamma sont plus pénétrants que les rayonnements alpha et les bêta, mais sont moins ionisants. Ici, le noyau instable émet un photon très énergétique, donc très pénétrant, pour atteindre un état d’énergie stable ; il faut environ 1 à 5 centimètres de plomb pour l’absorber, et encore! On ne peut jamais absorber totalement un rayon gamma!

Il n’y a pas de différence entre les rayons gamma et les rayons X utilisés en radiographie, si ce n’est leur origine: en général, l’émission de rayons gamma suit une désintégration alpha ou beta, car elle correspond à un réarrangement des nucléons (les particules du noyau: protons et neutrons), et notamment à une réorganisation de la charge électrique à l’intérieur du nouveau noyau.

En général, un noyau radioactif émet simultanément les trois types de rayonnement.

Les 3 types de rayonnements ionisants et leur interaction avec la matière (Wikipedia)
Les 3 types de rayonnements ionisants et leur interaction avec la matière (Wikipedia)

 

Le décor est posé… Alors comment mesure-t-on ces types de radiation?

Vous pensiez que ça ne pouvait pas se gâter davantage? Détrompez-vous. On utilise communément au moins trois unités différentes pour mesurer les radiations et il s’agit de ne pas les mélanger…

Les échelles objectives

  • L’activité d’une source radioactive se mesure en becquerels (Bq). Cette unité correspond au nombre de désintégrations par seconde, en hommage à Henri Becquerel. (Pour corser un peu la chose, on utilise quelquefois – en biologie par exemple – le nombre de désintégrations par minute).
  • L’activité massique ou volumique est plus souvent utilisée. Elle correspond à l’activité rapportée à la masse (Bq/kg) ou au volume de l’échantillon mesuré (Bq/L ou Bq/m³).
  • Le curie (Ci) était autrefois utilisé : il se définit comme l’activité d’un gramme de radium, soit 37×109 désintégrations par seconde, soit 37 Bq = 1 nCi (nano-curie).
  • Le coulomb par kilogramme (C/kg) peut également être utilisé : il mesure l’exposition aux rayonnements X et gamma (la charge d’ions libérée dans la masse d’air). L’ancienne unité équivalente était le Roentgen qui correspond au nombre d’ionisations par kilogramme d’air.
  • Pour le radon, l’énergie alpha potentielle volumique (EAPV) peut être mesurée en joules par mètre cube (J/m³). Cela correspond à l’énergie des particules alpha émises dans un certain volume par les descendants du radon.

Vous êtes perdus? Ce n’est pas fini… Il s’agissait là des mesures objectives, c’est à dire découlant des observations des rayonnements eux-mêmes. On a également des mesures subjectives, qui mesurent l’impact des rayonnements sur les sujets.

Les échelles subjectives

Ce sont des grandeurs non mesurables directement. Elles sont estimées à partir de mesures et de coefficients de pondération définis par la Commission Internationale de Protection Radiologique (CIPR).

  • D’abord le gray (Gy). C’est la dose absorbée, soit l’énergie reçue par unité de masse de la cible, en joule par kilogramme. Je vous dispense de l’ancienne unité, le rad. 1 Gy = 100 rad. On définit également un débit de dose, c’est-à-dire l’énergie absorbée par kilogramme et par unité de temps, c’est-à-dire en gray par seconde (Gy/s).
  • Le sievert (Sv) est l’unité du Système International (SI) et pondère les  rayonnements pour tenir compte leur nocivité respective. En gros, on dira que le sievert est le gray appliqué à l’homme.
  • Enfin, on a la notion de dose efficace qui rend compte du risque d’apparition de cancer. L’unité utilisée est également le sievert.

Compliqué tout ça… Je vous propose de retenir 3 unités de mesure:

Le Becquerel (Bq) qui mesure le niveau de radioactivité et donne une idée de la dangerosité du produit. Becquerel: intensité.

Le Gray (Gy) qui mesure l’irradiation, soit la quantité d’énergie absorbée par de la matière (organisme ou objet) exposée à des rayonnements ionisants. Gray: impact.

Le Sievert (Sv) qui permet d’évaluer les effets biologiques des rayonnements sur l’homme, en fonction du type de rayonnement. Sievert: dégâts en fonction du type d’organisme impacté. Chez l’homme 1 Gray = 1 Sievert.

Mais chez les Virus, bactéries, protozoaires et protozaires, par exemple 1 Gray = 0,0003 – 0,03 Sievert.

Chez les insectes, 1 Gray = 0,002 – 0,1 Sv.

Chez les plantes, 1 Gray = 0,02 – 2 Sv!

Chez les oiseaux, 1 Gray = 0,15-0,6 Sv…

Pour bien comprendre quelle unité sert à quoi, je vous invite à consulter l’excellent dessin publié sur le blog “Seuls dans le cosmos”, dans un excellent article intitulé “La radioactivité pour les nuls“:

Très schématiquement, il est possible de mieux symboliser la relation entre ces trois unités avec l’image suivante : un enfant lance des balles en direction d’un camarade :

Le nombre de balles envoyées par seconde peut se comparer au nombre de particules de rayonnement émises par une source radioactive, c’est-à-dire son activité (Becquerel) ;

Le nombre de balles reçues par son camarade et leur force représentent l’énergie absorbée par Kg (Gray) ;

Les marques laissées sur son corps, selon que les balles sont plus ou moins lourdes et véloces et que les points touchés sont plus ou moins sensibles, sont l’effet produit, et peuvent se comparer à la dose efficace (Sievert).

La dose équivalente en banane

Je ne peux pas ne pas parler de l’unité la plus fabuleuse que j’aie trouvé en menant l’enquête, la dose équivalente en banane (ou DEB). C’est une unité informelle parfois évoquée par des partisans de l’énergie nucléaire, pour relativiser le danger des rayonnements ionisants en les comparant à ce qui est généré par une simple banane.

De nombreux produits alimentaires présentent une radioactivité naturelle, et en particulier les bananes, du fait du potassium 40 qu’elles contiennent à raison de 0,017 % du total. La dose équivalente en banane est donc la dose à laquelle on s’expose en mangeant une banane. J’ai même lu que les bananes sont suffisamment radioactives pour être repérées par les détecteurs utilisés dans les ports américains pour traquer la contrebande de matériel nucléaire!

Avant de refermer cette petite parenthèse, on va encore préciser que pratiquement tous les aliments sont naturellement radioactifs et que cette radioactivité ne vient pas pollution ou de contamination. Les noix du Brésil, par exemple, contiennent beaucoup de potassium, comme les bananes, et donc du potassium 40. Ce qui n’est pas du tout dangereux pour la santé, nous sommes tout à fait équipés pour assimiler ces doses. Les autres végétaux qui ont une radioactivité au-dessus de la moyenne, sont les pommes de terre, les haricots rouges, les noix et les graines de tournesol. Les noix du Brésil sont 4 fois plus radioactives que les bananes à cause de leur combinaison de potassium 40 et de radium 226. Toutes sources alimentaires confondues, l’exposition à la bouffe représente environ 10% du fond radioactif auquel nous sommes exposés en permanence.

Irradiation / Impact biologique des rayonnements

Des trois unités que nous venons de voir, celle qui nous intéresse pour déterminer les seuils de ce que l’on peut encaisser ou pas est la dernière, le Sievert… Enfin… Même là, on s’est arrangés pour complexifier un peu la donne. Quand on parle en Sieverts, il est déjà trop tard. 1 Sievert, c’est beaucoup, et ça cause déjà de gros dégâts. Avec 1 Sievert, on est très malade. Avec 5 Sieverts, 1 personne sur deux meurt.  Du coup, on parle plutôt de microSieverts (un millionième de Sievert) et de milliSievert. On va s’en tenir à cette dernière unité. Le milliSievert (ou millième de Sievert).

Quelques exemples d’exposition (source: http://en.wikipedia.org/wiki/Sievert#Dose_examples) :

Doses uniques

  • Radiographie dentaire: 0.005 mSv
  • Dose moyenne reçue par les gens habitant dans un rayon de 16 km de l’accident de la centrale de Three Mile Island, en Pensylvanie, au moment de l’accident en 1979 (un réacteur avait fondu):  0.08 mSv during the accident
  • Mammographie: 3mSv(J’ouvre une parenthèse ici pour rappeler que les médecins savent ce qu’ils font: si on vous prescrit une mammographie, c’est en connaissance de cause, et c’est parce que les bénéfices potentiels pour votre santé sont largement supérieurs aux risques! Cela est vrai pour toutes les techniques médicales listées ici!)
  • Un scan du cerveau: 0.8- 5 msV
  • Un scan des poumons: 6-18mSV
  • Un lavement baryté (examen du colon aux rayons X): 14 mSv
  • Limite recommandée (par la Commission internationale de protection radiologique) pour les sauveteurs volontaires: 1000 mSv

Exemples de doses horaires

  • Dose individuelle moyenne due au fond de radioactivité permanente : 0.23μSv/h (microSv/h, soit 0.00023mSv/h); 0.17μSv/h en Australie, 0.34μSv/h aux Etats-Unis (ce fond de radioactivité permanente est présent partout sur Terre, à des intensités variables et a des causes aussi bien naturelles qu’artificielles. Les rayons cosmiques, le gaz radon liberé par la croûte terrestre sont des exemples de cause naturelle. Environ 3% du total de ces rayonnements sont créés par l’homme: éclairages phosphorescents, traces de contaminations par des tests nucléaires, par des accidents nucléaires. Emissions dues aux appareils de médecine nucléaire
  • Dose la plus élevée mesurée pendant l’accident de Fukushima (à ce jour… Ça peut encore changer…): 1000 mSv/h (soit 1 Sv/h) au niveau de l’un des bassins d’eau de la chambre à turbines du réacteur 2.

Exemples de doses annuelles

  • Dose maximale tolérable pour les occupants d’une construction humaine, un bâtiment quoi… 1 mSv/année
  • Dose reçue quand on vit près d’une centrale nucléaire: 0.0001–0.01 mSv/année
  • Dose reçue quand on vit près d’une centrale à charbon: 0.0003 mSv/année
  • Dose reçue en dormant à côté d’un être humain pendant 8 heures chaque nui: : 0.02 mSv/année
  • Dose reçue des rayonnements cosmiques au niveau de la mer: 0.24 mSv/année
  • Dose reçue du rayonnement terrestre (au niveau du sol): 0.28 mSv/année
  • Dose naturelle de rayonnement du corps humain: 0.40 mSv/année
  • Dose en se tenant devant le Capitole des Etats-Unis à Washington (bâtiment en granit): 0.85 mSv/année
  • Personnel des vols New York-Tokyo: 9 mSv/année
  • Dose en fumant 30 cigarettes par jour: 13-60 mSv/année
  • Dose limite moyenne pour les employés du secteur nucléaire: 20 mSv/année
  • Dose limite pour les ouvriers pendant la catastrophe de Fukushima: 250 mSv/année

Symptômes d’une exposition aux rayonnements:

Pour des doses reçues dans la même  journée:

  • 0 – 0.25 Sv (0 – 250 mSv): Aucun symptôme
  • 0.25 – 1 Sv (250 – 1000 mSv): Nausée chez certaines personnes, perte d’appétit. Dégâts causés à la moelle osseuse, aux ganglions lymphatiques, à la rate.
  • 1 – 3 Sv (1000 – 3000 mSv): Nausée légère à sévère, perte d’appétit, infections. Dégâts plus sévères à la moelle osseuse, aux ganglions, à la rate; récupération probable mais pas garantie.
  • 3 – 6 Sv (3000 – 6000 mSv): Nausée très sévère, perte d’appétit. Hémorragies, infections, diarrhée, la peau pèle, stérilité. Mort en l’absence de traitement.
  • 6 – 10 Sv (6000 – 10000 mSv): Mêmes symptômes, plus atteintes aux système nerveux central. Mort prévisible.
  • Au-dessus de  10 Sv (10000 mSv): Paralysie et mort.

En France, la réglementation fixe les limites annuelles de radiation à 20 mSv  pour les travailleurs et à 1 mSvpour la population.

Modes de contamination

On ne va pas entrer dans les détails dans ce dossier. Primo parce que je n’ai pas eu le temps, je ne me rendais vraiment pas compte de l’ampleur de la tâche avant de m’attaquer à ce sujet et j’aurais peut-être dû prévoir de le couper en deux. Secundo parce que le dossier est déjà bien long. Davantage, ce serait l’indigestion assurée!

On va donc simplement dire qu’il y a plusieurs modes de contamination radioactive. Soit par l’exposition directe aux rayonnements alpha, beta ou gamma. Soit via la chaîne alimentaire (des substances radioactives, notamment de l’iode 131 sont déversées dans l’eau et absorbées par le plancton lui même avalé par les poissons, eux-mêmes mangés par l’homme, etc.

Idem sur la terre ferme et c’est d’ailleurs ce qui a provoqué autant de cancers de la thyroïde en Ukraine après Tchernobyl. Les vaches ont mangé de l’herbe contaminée, la radioactivité s’est retrouvée dans le lait, le lait dans les biberons et le taux de cancer chez les jeunes enfants a pris l’ascenseur. A Fukushima, cela ne se passe pas exactement de la même manière car des enseignements ont été tirés de la catastrophe de Tchernobyl.

Et l’iode 131 dans tout ça?

On en parle beaucoup dans les médias ces temps, et je viens d’en parler pas mal dans le dossier. On va s’arrêter deux minutes dessus. L’iode 131 est particulièrement instable puisqu’il contient 78 neutrons au lieu de 74 et fait tout ce qu’il peut pour retrouver son équilibre. C’est un des produits de fission de l’uranium et constitue un risque important de contamination environnementale en cas d’explosion nucléaire ou d’accident nucléaire. En raison du rayonnement beta émis lors de sa désintégration, l’iode 131 provoque des mutations génétiques dans les cellules où il pénètre, ainsi que dans les cellules voisines, mutations graves qui peuvent entraîner la mort de ces cellules. C’est la raison pour laquelle une dose élevée d’iode 131 peut s’avérer moins dangereuse qu’une dose plus faible, les cellules irradiées étant tuées au lieu de survivre comme germes d’un cancer.

C’est surtout la glande thyroïde qui accumule l’iode (radioactif ou non). D’où la proportion importante de cancers de la thyroïde chez les personnes exposées, particulièrement les enfants. La parade est pourtant  extrêmement simple, mais on n’y a pas pensé à l’époque de Tchernobyl alors que cela a été fait à Fukushima: la thyroïde ne peut absorber qu’une certaine quantité d’iode. Une fois saturée, elle n’absorbe plus rien. Il suffit de la gaver d’iode stable pour empêcher l’iode radioactif de s’infiltrer!

Usages thérapeutiques des radiations

Je ne peux pas clore ce dossier sans dire au moins un mot de l’utilisation des rayonnements en médecine humaine. Je ne vais pas en dire grand chose, faute de temps, mais juste au moins signaler deux champs d’application des radiations:

– la médecine nucléaire, évolution hyper high-tech des radiographies qui permet aujourd’hui une imagerie haute-définition de n’importe quelle partie du corps et qui permet des diagnostics dont on n’osait même pas rêver il y a quelques années

– la radiothérapie, qui utilise des rayonnements ionisants à très très haute dose (on parle de 50-60 Sv!) mais de manière extrêmement ciblée pour laisser le moins possible de chances de survie aux cellules cancéreuses.

Il y aurait de quoi évidemment consacrer un dossier entier à cette question-là spécifiquement (et à plein d’autres, à peine effleurés dans ce dossier), et on le fera peut-être (sûrement 😉 ) un jour!

Pour conclure, un petit quiz:

La résistance des cafards. Mythe ou réalité?

Un épisode de l’émission de TV américaine  MythBusters a exposé plusieurs types d’insectes à une source de cobalt-60 dans un laboratoire pour voir si les cafards étaient effectivement les seuls insectes qui survivraient à une explosion nucléaire, comme le veut le mythe. A 100 Gray, 70% des cafards étaient morts après 30 jours. De même pour 40% des ténébrions meuniers exposés (coléoptères connus à l’état larvaire sous le nom de vers de farine).  A 1000 Gray, aucun cafard n’a survécu après 30 jours, alors que 10% des ténébrions de farine, si. Le mythe est donc infondé.

sources:

  • http://en.wikipedia.org/wiki/Radiation (en anglais)
  • http://fr.wikipedia.org/wiki/Rayonnement
  • http://www.cna.ca/curriculum/cna_atomic_theory/introduction-eng.asp?bc=Introduction&pid=Introduction (en anglais)
  • http://en.wikipedia.org/wiki/Non-ionizing_radiation (en anglais)
  • http://fr.wikipedia.org/wiki/Rayonnement_non-ionisant
  • http://en.wikipedia.org/wiki/Ionizing_radiation (en anglais)
  • http://fr.wikipedia.org/wiki/Rayonnement_ionisant
  • http://fr.wikipedia.org/wiki/Nombre_magique_(physique)
  • http://fr.wikipedia.org/wiki/Isotope
  • http://fr.wikipedia.org/wiki/Isotope_stable
  • http://fr.wikipedia.org/wiki/Table_des_isotopes
  • http://fr.wikipedia.org/wiki/Nombre_magique_(physique)
  • http://fr.wikipedia.org/wiki/Radioactivit%C3%A9_%CE%B1
  • http://fr.wikipedia.org/wiki/Rayon_gamma
  • http://fr.wikipedia.org/wiki/Irradiation
  • http://www.energethique.com/notions/radio_1_2343.htm
  • http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89chelles_et_effets_de_doses_de_radiation
  • http://fr.wikipedia.org/wiki/Becquerel
  • http://fr.wikipedia.org/wiki/Gray_(unit%C3%A9)
  • http://fr.wikipedia.org/wiki/Sievert
  • http://en.wikipedia.org/wiki/Sievert
  • http://seulsdanslecosmos.hautetfort.com/archive/2011/04/02/la-radioactivite-pour-les-nul-le-s.html
  • http://fr.wikipedia.org/wiki/Accident_nucl%C3%A9aire_de_Three_Mile_Island
  • http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89chelle_internationale_des_%C3%A9v%C3%A9nements_nucl%C3%A9aires
  • http://en.wikipedia.org/wiki/Background_radiation
  • http://fr.wikipedia.org/wiki/Syndrome_d%27irradiation_aigu%C3%AB
  • http://en.wikipedia.org/wiki/Orders_of_magnitude_(radiation)
  • http://tumourrasmoinsbete.blogspot.com/2011/04/sources-la-carte-est-tiree-du-terrible.html
  • http://en.wikipedia.org/wiki/Banana_equivalent_dose
  • http://fr.wikipedia.org/wiki/Dose_%C3%A9quivalente_en_banane
  • http://fr.wikipedia.org/wiki/Iode_131
  • http://en.wikipedia.org/wiki/Nuclear_medicine
  • http://en.wikipedia.org/wiki/Radiation_therapy

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