Le Palais de la découverte : Retranscription de l’interview

Retranscription de l’épisode #89 (merci Julie)

Alan : Du côté de Podcast Science ce soir, autour de la table, Nico évidemment, qui nous a mijoté tout ça, Franck est là aussi, on a David alias Xilrian, en ingénieur du son improvisé qui est là pour nous aider et puis Nico , tu vas nous présenter tes invités ?

 

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Nico : C’est ça, donc on a 3 invités : Marie , qui est médiatrice scientifique au palais de la découverte, qui dirige l’unité scientifique de biologie ou, de manière plus compréhensible, une sorte de département de bio et donc, tu as été journaliste dans différentes revues scientifiques, tu as fait beaucoup de médiation scientifique depuis 35 ans au palais en biologie.
Deux représentants des mathématiques : Robin Jamet qui est au palais de la découverte depuis 8 ans, qui aussi écrit la rubrique maths dans S&V junior et pour laquelle il aura la semaine prochaine le prix d’Alembert (prix de la vulgarisation en maths).

Enfin, last but not least, Pierre Audin qui travaille au palais depuis 19 ans en mathématiques. Il fut un temps où il dirigeait aussi une unité scientifique. Co-fondateur de l’association « MATh.en.JEANS » qui a reçu un prix d’Alembert en 92. Accessoirement, il a participé à la création d’une revue de vulgarisation qui s’appelle « quadrature », une revue de mathématiques aussi.

Alan : Bienvenue, merci à tous les 3 d’être là.

Nico : Ce soir on va essayer de présenter le palais de la découverte, sa création, quelques expositions, exposés, expériences un peu marquantes de ce palais avec nos chers intervenants, qui peuvent intervenir quand ils veulent.

Alan : OK on est prêt.

Nico : Si je ne me trompe, la création du palais remonte à 1937, mais c’est dès 1933 que Jean Perrin a commencé à réfléchir à sa création (correction de Pierre : 1932). Pour parler un peu de Jean Perrin, c’est un scientifique déjà assez connu à l’époque, il a accessoirement commencé sa carrière en démontrant la nature corpusculaire de l’électricité pendant sa thèse, ce qui lui a valu le prix Joule. Ensuite il a eu le prix Nobel de Physique pour des travaux sur l’atome. C’est quelqu’un qui était déjà assez respecté en sciences à l’époque. En 33, finalement un an après avoir commencé à réfléchir au palais, il crée le CNRS. A priori, le CNRS est créé sous son impulsion et c’est à cette époque qu’il commence à réfléchir à l’idée du palais de la découverte. Déjà c’est assez intéressant c’est quelqu’un qui donc est plutôt un scientifique et qui va créer un lieu (attention il ne faut surtout pas dire un musée des sciences) où on comprend de loin que c’est quelque chose pour diffuser des sciences au grand public.

Pierre : C’était dans le cadre d’une exposition universelle, et a priori c’était temporaire. Il y a deux créations du palais.

IMG_2553Nico : Au début, le palais est conçu pour l’exposition spécialisée de 1937 qui était pour les Arts & techniques de la vie moderne. C’était censé être temporaire, a priori Perrin n’y a pas vraiment cru et a tout fait pour que ça reste. Il l’a créé dans cette optique là. C’est ce que j’ai lu un peu partout.

Franck : Et la tour Eiffel, c’était quelle expositions universelle?

Nico : C’était 1889.

 

Frank : Il faisait un monument comme ça à chaque fois ?

Nico : Ca c’est intéressant, les expositions comme ça il y avait en général au moins un musée, pour cette exposition là de 37, il y a eu 6 musées créés.

Robin : Sauf erreur, le bâtiment ne date pas de 37.

Nico : Le bâtiment du grand palais ?

Marie : Il date de 1900.

Nico : Ca c’est amusant pour l’anecdote, le bâtiment a été construit parce qu’ils avaient envie de faire une grande avenue derrière le pont Alexandre III, et comme il y avait un gros bâtiment à cet endroit là, ils l’ont coupé en deux, ils ont fait le grand palais et le petit palais. Il ne faut pas que je fasse d’erreurs…

Pierre : C’est fondamental de ne pas faire d’erreurs.

Nico : Et donc c’est pour cette exposition de 1937, dès 33, tout le monde commence à essayer de poser les pierres d’un palais pour parler des sciences, parce que toutes ces personnes se sont dit qu’une expo des arts & techniques de la vie moderne, si on parlait pas de la recherche scientifique et de ses créations, c’était un peu étrange. La grande idée du palais qui ressortait à cette époque, c’était une volonté de ne pas faire un musée où on exposerait des objets historiques des sciences mais de faire un musée de la Science vivante, qui serait constamment renouvelé, qui serait durable, qui se mettrait à jour et où on y verrait la fameuse expression : « la science en train de se faire », qui est de Jean Perrin.

Pierre  : Montrer la science en train de se faire.

Nico : Et en particulier ne pas exposer des objets mais plutôt exposer des phénomènes comme on peut voir encore aujourd’hui au palais de la découverte.
Au tout début le premier nom qui est apparu c’est le palais des éléments, mais ça n’a pas duré très longtemps. Puis après on a pensé à palais des sciences, palais de la recherche, il n’en fut rien, le nom a été décidé par Perrin, donc de l’appeler palais de la découverte, comme un grand programme en disant que le but n’était pas de faire un musée des sciences mais un endroit où le public découvrait la recherche scientifique mais aussi où on présentait les découvertes et non les sciences etc.. On va y revenir, mais ce qui est intéressant, c’est que du coup c’est la science ancrée dans son temps, et donc la science en train de se faire et parfois en train de se tromper. Ca peut arriver aussi mais c’est ça qui est intéressant. C’est que c’était vivant.

Franck : Et aujourd’hui c’est la science encore en train de se faire et de se tromper ?

Nico : On ne sait pas encore en tout cas.

Pierre : On ne sait pas encore si on se trompe ou pas mais la science en train de se faire ça peut se concevoir de différentes façons.

Nico : Je vais y revenir.

Franck : Mais c’est au sens de la recherche ou au sens de l’observation ?

Nico : Les deux, on va y venir de toute façon sur les expositions, en fait toi tu n’y es jamais allé ?

Franck : Si, j’y suis allé avec l’école.

Nico : Un vague souvenir… Alors, cette idée de présenter la science en train de se faire et entre autre, d’insister pas mal sur la médiation humaine, d’avoir des vrais humains voire des scientifiques qui présentent les sciences, c’était une grande nouveauté, à l’époque ça se faisait pas du tout, voire très peu, même dans le monde d’avoir un musée très interactif comme ça. Ca fait partie des inventeurs d’une muséologie interactive. J’ai vu ce terme je ne sais pas à quel point il est utilisé. Ce qui est amusant c’est qu’à l’époque même il se vantait un peu d’un aspect « presse-bouton », c’était interactif, alors qu’aujourd’hui dans le palais on a envie d’en avoir un peu moins, et on insiste sur la médiation humaine. A l’époque, même l’aspect presse-bouton était nouveau c’est-à-dire qu’on avait un phénomène qui apparaissait quand on appuyait sur un bouton. Ca je l’ai déjà dit, le palais a montré des phénomènes et était avec son temps. Un exemple de ça qui est extrêmement intéressant, en 1985 on a découvert qu’on pouvait obtenir des supraconducteurs à des températures assez élevées, (assez élevées c’est de la température de l’azote liquide, ça reste bas) c’est plus élevé que les supraconducteur avant. Le palais l’a intégré en 86, c’était une façon très rapide d’intégrer la science, ils se sont dit c’est faisable, on a de l’azote liquide sous la main, en tout cas c’est facile à acheter et ce n’est pas cher et donc on peut présenter les supraconducteurs. C’est moins cher que le reste. Tu peux me couper.

Pierre : Je n’ose pas.

Nico : On est en 36, là c’est peut-être justement la partie où ce sera plus intéressant que tu me coupes. En 36, Perrin devient ministre du Front Populaire (je crois que ce n’est pas ministre exactement, ça doit être secrétaire d’état), chargé de la recherche scientifique, ce qui facilita sans doute , la finalisation du projet et surtout l’aboutissement du lieu tel qu’il l’avait imaginé. Alors peut être 2 mots sur l’importance du Front Populaire dans la création du Palais, parce que j’ai trouvé en fait des choses assez divergentes là dessus, où il y a des gens qui disent « oui c’est grâce au Front Populaire » et d’autres où c’est plus une coïncidence.

Pierre : Disons que l’ouverture à lieu en mai 1937 et ça reste ouvert pendant 6 mois pour l’exposition universelle, alors on peut dire que ça se produit pendant le Front Populaire mais ça a quand même était une maturation depuis 1932-1933, qui était avant le Front Populaire. L’idée de l’exposition universelle de 37, c’est quand même montrer la puissance coloniale française dans le monde, enfin des choses comme ça qui ne sont pas vraiment des choses parfaitement Front Populaire. C’est plutôt la grandeur de la France grâce à ses colonies etc.

Nico : Je crois qu’au niveau scientifique il y avait des aspects très franco-français dans les choix de l’époque. De toute façon on va parler justement du projet initial du Palais. Le but était en effet de faire cette exposition universelle, c’était un peu le rayonnement de la France et des colonies.

Pierre : C’est une exposition universelle, ça veut dire aussi qu’il y avait un pavillon de l’union soviétique, un pavillon de l’Allemagne nazi etc etc…

Nico : Et c’est une exposition qui a quand même laissé 6 musées, j’ai la liste, une liste assez impressionnantes, parce qu’on se dit que si on n’avait pas fait l’exposition, il y aurait beaucoup moins de choses à Paris, à savoir : le musée de l’Homme, le musée d’art moderne, le musée des monuments français, le musée des arts et de la tradition populaire, le musée de la marine et le Palais de la découverte qui était provisoire et qui était aussi provisoirement dans le grand palais je crois. Ca ne devait pas durer.

Pierre : Ca ne devait pas durer, et c’est remis en cause régulièrement depuis la création.

Nico : Ce qui est encore très intéressant sur cette création c’est que tous les espaces du palais sont conçus par des scientifiques, pour le moins reconnu. Il y a Emile Borel qui se charge de la partie mathématiques, qui est connu pour la théorie des fonctions et des probabilités.
Robin : Oui, ça fait partie des grands du début du 20e siècle, essentiellement à cette période là il y avait une grande école de maths en France et une grande école des maths en Allemagne. Ce n’est pas le dernier des français.

Pierre : Disons qu’à l’époque c’est un peu le pape des probabilités.

Nico : Pour l’anecdote c’est le seul nom de mathématiciens important qui n’apparait pas dans la salle PI. Il y a une frise avec le nom des mathématiciens et comme c’es lui qui l’a créée, il n’apparait pas dessus.

Robin : C’est ça, c’est difficile de dire : « je me mets dans la liste des mathématiciens importants ».

Pierre : Quand même, pour être franc, il y a Emile Borel qui est le cerveau mais il y a quand même quelqu’un d’autre qui intervient, lui (Emilie Borel) ne met pas les mains dans le cambouis sauf pour le tableau. Il n’a rien fait. Il a juste fait quelque chose de théorique à propos de cet espace et celui qui fait les choses, qui pilote les choses sur le terrain c’est André Sainte-Laguë….

Franck : Il pilote les choses sur le terrain, c’est-à-dire ?

Nico : Il fabrique le lieu.

Pierre : C’est lui qui est responsable du lieu suivant les instructions, suivant les grandes idées d’Emile Borel, c’est quand même lui qui est là, sur place, qui vient sur place. Il est prof au CNAM et c’est lui qui met en place les choses.

Franck  : C’est de l’architecture quoi.

Pierre : Il a des grandes idées. Par exemple il y a une grande idée d’Emile Borel, c’est de faire une salle qui va s’appeler « l’antre du mathématicien », et après elle s’appellera la salle ronde, ce qu’on appelle maintenant la salle PI. C’est lui qui décide qu’il faut faire ça. Maintenant ce qu’on met dedans exactement, ce qu’on va raconter à l’intérieur c’est quand même Sainte-Laguë qui s’en occupe.
Nico  : Juste pour préciser quelque chose que tu as dit très brièvement. Quand il disait le tableau qui a été fait, dans la salle PI au fond, il y a un faux tableau ce n’est pas de la vraie écriture, sinon il n’y aurait plus rien d’inscrit et c’est Emile Borel qui a écrit des formules qui veulent a peu près dire quelque chose par morceau je crois, c’est ça ?

Pierre  : Non ça veut dire des choses.

Nico  : Même dans la continuité ?

Pierre  : Oui, c’est une espèce de formulaire, de résumé, à propos d’une expérience aléatoire répétée un certain nombre de fois. Il est venu avec son petit pot de peinture blanche et son petit pinceau et il a peint à la peinture blanche sur un tableau, sur une peinture à tableau. Si bien qu’effectivement, maintenant il n’y a plus beaucoup de gens qui ont de la craie dans la poche, mais pendant très très longtemps les gamins qui arrivaient au palais avaient en général de la craie dans le poche et ils écrivaient des âneries sur le tableau au milieu de la peinture d’Emile Borel. On pouvait effacer les âneries et la peinture restait. Et ce dont il parle c’est typiquement les proba, c’est-à-dire c’est quelque chose qui concerne par exemple le fait de lancer une pièce, regarder si elle tombe sur pile ou sur face. Si je la lance une fois, il est tout à fait clair que je ne sais pas dire si ça va être pile ou face. Si je la lance 10 fois, je commence à me douter que ça devrait être à peu près autant de fois pile et face, mais bon. Si je lance 1 million de fois, ça personne ne l’a jamais fait, je m’attends à ce que ce soit 500.000 piles 500.000 faces, mais pas exactement, 500.000 piles, et pas exactement 500.000 faces. Ce qu’il regarde, le formulaire dont il est question sur ce tableau qui est là ad vitam aeternam, (au moins depuis 75 ans) comment on peut s’écarter un peu de ce 500.000, que ce soit raisonnable de s’écarter de ce 500.000 et que ce soit toujours une pièce pas truquée. C’est-à-dire, si je trouve 300.000 piles et 700.000 faces, c’est clair que la pièce est truquée. Si je trouve 495.000 piles et le reste en faces je pense qu’on peut considérer que ce n’est pas truqué. Jusqu’où on peut mettre la barre, jusqu’où on peut s’éloigner de la moyenne disons, ce qui est assez surprenant pour le commun des mortels c’est que ce truc là fasse intervenir le nombre PI. Donc comme c’est dans la salle PI, voilà….

Nico  : Et ceux qui viendront samedi verront à l’entrée de la salle PI une des formules mathématiques les plus efficaces pour mettre les constantes parmi les plus importantes rassemblées.

Pierre  : Il y a un vaste débat là dessus qui consiste à dire qu’il y a deux écritures de cette formule, peu importe ce que ça veut dire : e^iPi = -1 ou e^iPi + 1 = 0. Suivant la façon dont on l’écrit on fait intervenir 0, 1 puis d’autres constantes mathématiques qui sont e, Pi et i ou bien seulement -1 qui est quand même quelque chose d’important. C’est moins bien parce qu’il n’y a pas 0 et 1 mais c’est bien parce qu’il y a -1.

Nico  : Je ne savais pas qu’il y avait débat.

Pierre  : Il y a débat chez les mathématiciens depuis longtemps, indépendamment de la salle PI. Quelle est la formule la plus riche, disons, est ce que c’est celle qui fait intervenir 0 et 1 ou celle qui fait intervenir -1.

Nico  : Alors tous les autres départements il y a des gens très connus, reconnus. Je vais peut être pas les citer tous. Il y a Jean Perrin qui s’occupe du département de physique, en chimie on a Georges Urbain qui a découvert deux éléments de la classification le lutécium et le celtium. En biologie c’est Henri Laugier. Je ne sais pas Marie si tu es capable de nous dire des choses.

Marie : Henri Laugier, non, il y a Jean Rostand et Jean Painlevé qui sont des biologistes reconnus à l’époque. Jean Rostand qui a travaillé beaucoup sur les batraciens et la parthénogenèse c’est-à-dire la reproduction de femelles qui donnent des femelles sans avoir besoin de males, et Jean Painlevé qui travaillait sur l’évolution mais qui est surtout connu pour les films scientifiques qu’il a fait à cette époque là.

Nico  : Ca c’est amusant parce qu’à l’ouverture il y avait un endroit avec des films qui était l’endroit cinéma au palais.

Franck : Quelles étaient les idées en biologie qui dominaient à l’époque ? L’évolution, on connaissait ça depuis longtemps ?

Marie : Oui quand même…

Franck : C’était l’eugénisme à l’époque

Marie  : On a dit de Jean Rostand qu’il était un peu eugéniste.

Franck : Parce qu’il y avait un peu le racisme qui apparaissait aussi.

Nico : On était en 37 accessoirement…Il y avait le petit fils de Louis Pasteur aussi qui était en microbiologie. C’est Louis Pasteur Vallery-Radot….Enfin il y avait un certain nombre de personnes assez connues scientifiquement, le dernier est peut être pas le plus connu, il travaillait surtout pour présenter les travaux de son grand père.

Robin  : On peut dire que la qualité a baissé depuis c’est ça que tu veux dire ?

Nico  : Je n’ai absolument pas dit ça, justement j’allais dire que ça a perduré. A l’époque c’était le palmarès, le casting le plus prestigieux. Mais ce qui a été gardé c’est que c’est des gens avec des formations scientifiques. C’est quelque chose qui est assez particulier au niveau des musées des sciences ou des palais des sciences, avoir des gens qui ont des formations scientifiques au palais. Il y a les permanent que vous représentez entre autres ici, qui ont des formations scientifiques, il y a aussi un certain nombre de doctorants, peut être un peu moins maintenant, qui font leur monitorat. J’ai oublié de le dire au début, il faut le préciser pour l’objectivité, j’ai fait 3 ans au palais de la découverte en monitorat de mathématiques, niveau objectivité….

Robin : D’où les deux invités de maths…

Nico : Je ne sais pas quelle part représentent les doctorants au palais ?
Pierre  : Maintenant qu’on a fusionné avec la cité des sciences et qu’on n’est plus un EPSCP, qu’on n’a plus le statut d’un grand établissement de l’université, je ne sais pas exactement. Avant, quand on était indépendants, il y avait une trentaine de moniteurs dans le palais, entre les différents départements.

Nico  : Sur combien de médiateurs ?

Pierre  : L’un dans l’autre, il y a quelque chose comme 40-45 médiateurs.

Nico  : Quasiment autant.

Pierre  : Maintenant si on regarde, sauf le respect que je te dois, le nombre d’heures que vous êtes appelés à faire, c’est de l’ordre de 60h par an, et 60h c’est quelque chose qu’on fait en moins de 2 semaines….

Nico  : En fait c’était pour dire qu’il y avait des gens avec des formations scientifiques et sur l’aspect doctorant ce que je trouve intéressant, c’est de la recherche contemporaine, moi je présentais des choses que je faisais en thèse.

Pierre  : C’est important pour les unités scientifiques, parce que maintenant c’est des unités, et plus des départements c’est assez important d’être en contact de façon assez naturelle avec la recherche actuelle. Grâce aux moniteurs.

Marie  : C’est un apport qui est vraiment important pour réactualiser nos présentations, les salles.

Pierre  : On a d’autres moyens de se tenir au courant de ce qui se fait dans la recherche, mais il faut reconnaitre que le fait d’avoir des gens qui sont dans la recherche et en même temps dans notre unité c’est quand même beaucoup plus simple.

Franck  : Mais est ce qu’ils ne s’ennuient pas un peu les doctorants qui font de la recherche ?

Nico  : Absolument pas.

Pierre  : La preuve il nous invite maintenant…

Franck  : C’est peut être un cas particulier ?

Nico : On en discutait, j’allais en parler à la fin. Il se trouve que ça c’est amusant mais le palais de la découverte, c’est un peu un nid pour des gens qui deviennent médiateur scientifique. C’est-à-dire que tous ceux qui quittent le palais, il y a des médiateurs que je connais qui continuent à en faire à droite à gauche, par un moyen ou par un autre de la médiation. Ca n’a pas du trop les embêter.

Robin : je voulais juste signaler, on en parlera peut être après mais quand je disais le niveau a baissé, c’était pour rigoler mais c’est vrai qu’actuellement de le palais de la découverte, nul part dans l’organigramme on a des gens du niveau de Jean Perrin, d’Emile Borel, qui sont dans les organisateurs.

Nico  : C’est pour ça que je disais que c’était un casting de départ de rêve.

Pierre  : Il n’y a pas de prix Nobel mais par exemple au conseil scientifique d’université on a quand même Cédric Villani. On peut dire que la participation d’Emile Borel, Jean Perrin etc c’est au niveau du conseil scientifique plutôt qu’au niveau d’être membre du personnel…
Nico  : Cédric Villani, c’est la médaille Fields, il ne faut pas dire prix Nobel des maths parce que c’est plus dur à avoir que le prix Nobel, parce qu’on a le droit que jusqu’à 40 ans. C’est tous les 4 ans.

Robin  : Il y a 4 personnes récompensées tous les 4 ans.

Pierre  : Pas toujours comme ça, mais souvent. Disons que par rapport au prix Nobel, le prix Nobel c’est les championnats du monde, la médaille Fields c’est les Jeux Olympiques. Ce n’est pas le même prestige…

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Nico  : Alors, parmi les expositions à l’ouverture, on va en reparler tout de suite mais il y avait au moins la machine électrostatique qui a marqué pas mal de monde parce que c’était une machine immense qui faisait 20m de haut, où il y avait des gens à l’intérieur qui se faisait charger à plusieurs milliers de volts. Il y avait le premier planétarium français, et un des premiers au monde, parce que ça faisait une dizaine d’années que ça existait, et l’homme de verre qui a priori a pas mal marqué.

Marie  : Qui venait d’Allemagne en fait, qui avait été conçu et construit dans un musée de Dresde en Allemagne et qui est venu en France au grand palais pour l’ouverture du palais de la découverte.

Nico  : Et donc l’homme de verre où la peau est en verre, on voit à l’intérieur, tous les organes.

Marie  : Le squelette etc… Il est resté ensuite au palais de la découverte cet homme de verre et il a été refait, remplacé en 1985.

Nico las : Ca veut dire quoi justement ? J’ai vu qu’il avait été refait mais ça a pas du trop changé à l’intérieur.

Marie  : Non on a toujours le foie au même endroit, le cœur aussi. Mais un objet ça s’use, ça devient un peu vieux…

Nico  : Et il est toujours en verre ?

Marie  : Non, sa peau est en plastique, je ne sais pas lequel. Il y a aussi eu une femme de verre.

Nico  : C’était une exposition temporaire ?

Marie  : Une exposition temporaire qui s’appelait l’homme transparent.

Nico  : Il va falloir faire la femme enceinte de verre. Et donc l’homme de verre, on pourra y passer samedi, il est encore là. C’est ce qu’on disait. Du coup cette expo a plutôt bien marché parce que le 30 octobre, 2 millions de visiteurs sont atteints. Très vite, il y a énormément de visiteurs, ce qui fait qu’on crée de nouvelles expo pour enrichir le lieu, et on décide que le lieu sera maintenu. Il est d’abord rattaché au CNRS, alors ça c’est déjà très intéressant, ou a la caisse national des sciences.

Pierre  : Le CNRS en tant que tel existe à partir de 1939. On décide qu’il (le palais de la découverte) est maintenu en 38. Il ferme fin 37 et rouvre en 38. Grâce à Jean Perrin et Jean Zay qui était ministre de l’éducation nationale à cette époque.

Nico  : Rattaché au début à la caisse nationale des sciences, ancêtre du CNRS. Assez amusant de rattacher un lieu de diffusion scientifique à la caisse nationale des sciences. Plus tard, en 1940, à l’université de paris, le palais de la découverte jusqu’à il y a peu de temps avait le même statut qu’une université, ce qui explique que des gens qui voulait une agrég, des enseignants chercheurs, des doctorants pouvaient travailler au palais de la découverte. Ca facilite aussi énormément des visites par des scolaires. Je ne sais pas si ça a changé quelque chose le fait que ce ne soit plus rattaché à l’université ?

Pierre  : Non.

Nico  : Voilà en gros, pour la création du palais.
 Pierre  : Il y avait aussi des visites scolaires à Eurodisney…

Robin  : Ce n’est pas de l’éducation nationale qu’on dépendait mais de la recherche.

Pierre  : Disons que la relation avec les universitaires, les centres de recherche, était beaucoup plus naturelle dans la mesure où on avait le même statut.

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Nico  : Je vais parler au moins des 3 choses qui ont le plus marqué à l’époque dans les visites.
La machine électrostatique. En 37, quand on entrait dans le hall d’Antin, on tombait nez à nez avec un structure immense, un générateur Van de Graaff, qui avait un filet protecteur géant de 25m pour protéger deux colonnes de 19m de haut, au sommet desquelles se trouvait des sphères de 3m de diamètre chacune chargée à 10000V. Lorsque les boules étaient suffisamment chargées il y avait un éclair géant qui se formait entre les deux qui a priori faisait 5 millions de volts, ça traversait l’air. Et le clou de l’expérience c’était une fois que ça c’était fini, des gens sortaient des boules, intacts, sans problème, pour illustrer la cage de faraday. C’est quand même un truc assez impressionnant qui n’est plus là aujourd’hui. Mais c’est plus intéressant, parce qu’à l’époque c’était des médiateurs qui se mettaient dans les boules alors qu’aujourd’hui ce sont des gens du public qui se mettent dans la cage de faraday et qui se font charger. Alors c’est là où les chiffres, je ne suis pas physicien j’ai un peu de mal, a priori les gens sont chargés à 30.000 volts alors qu’à l’époque c’était 10.000 volts.

Franck  : Petits joueurs…

Nico  : C’est quelqu’un du public qui se trouve enfermé dans la cage, alors je ne sais pas si ce sera un auditeur samedi parce qu’il faut que ce soit une fille avec les cheveux longs, et en plus je crois que la cage n’est pas en super état en ce moment, mais c’est un autre problème.
Dans les autres trucs marquants, il y a la planétarium, ce qui est intéressant c’est que c’est un des premiers planétarium français, qui était dans le hall. Il a été démonté à la clôture de l’expo puis refabriqué en 52, et depuis 79, il est dans un coin à l’étage du palais de la découvert. C’es pareil, c’était la première fois que les gens voyaient un planétarium, voyaient des étoiles etc c’est assez intéressant d’en parler et l’homme de verre on en a déjà parlé.
Dans les choses marquantes, mais ils ont oublié de préciser, c’est là que je ne suis pas du tout objectif il y avait la salle PI, on va pouvoir vous parler de la salle PI. C’est une salle qui parle de PI, ce qui est marrant c’est qu’elle est cylindrique en bas, et demi sphérique au niveau du toit. Il y a les décimales de PI. J’en avais parlé dans le dossier sur PI, c’est des décimales de Shanks, qui étaient calculées à l’époque, il y en a 707. Ce qui était marrant, c’est que c’était des décimales qu’on avait calculées à l’époque et c’est là où c’est la science en train de se tromper et qui n’étaient pas vérifiées à l’époque et il se trouve que quand on a pu vérifier, c’était pas par ordinateur qu’on a vérifié.

Robin : Si.

Nico  : Il y a un humain qui a vérifié avant.

Robin  : Non a priori, non. Shanks avait calculé 707 décimales à la main en 1870 et des bananes.

Pierre  : 1873.

Robin  : Il a mis quand même du temps et c’est clair que se dire je vais vérifier son résultat ben c’est nul parce que t’as pas ton nombre dans le livre des records parce que tu fais que vérifier.

Nico  : Sauf si tu trouves qu’il a faux

Pierre  : Il a mis 20 ans à faire les calculs, si en 1873 il commence à vérifier il publie son résultat en 1893 dans le meilleur des cas. Les gens étaient un peu impatients quand même, il y avait 707 décimales qui étaient calculées il voulait les voir.

Robin  : Personne n’a eu le courage de vérifier avant les ordinateurs en fait.

Nico  : Avec la millionième décimale, publication exceptionnelle que possède le palais de la découverte.

Robin  : Ca c’est bien après

Pierre  : C’est en 1973.

Robin  : Le premier calcul par ordinateur c’était 808 décimales.

Pierre  : 2032.

Robin  : Bon d’accord OK. J’aimais bien 808, je trouvais ça amarrant 707, 808…

Nico  : Pierre connait le nombre de décimales de PI par année.

Robin  : En 49 , il y a quelqu’un qui a battu le record de shanks avec un ordinateur et qui s’est rendu compte que c’était pas 707 décimales qu’il avait calculé mais 527, puisqu’à partir de la 528ème et toutes les suivantes étaient fausses.

Nico  : À l’époque, ce n’est pas un mythe, on s’est dit que l’ordinateur s’était trompé.

Pierre  : Dans la philosophie de l’époque, c’était clair, si l’ordinateur trouvait pas la même chose que Qhanks, ça voulait dire que l’ordinateur c’était une machine du diable, qui n’avait pas d’avenir puisqu’elle n’était pas foutu de refaire les calculs qu’on savait faire à la main.

Alan  : Très pratique ça c’est encore très souvent la faute de l’ordinateur aujourd’hui.

Pierre  : Disons que bon « ça a pas d’avenir », les gens qui disaient ça à ce moment là se sont un peu trompés quand même.

Nico  : Un peu.

Robin  : Ca veut quand même dire que pendant une dizaine d’années les décimales étaient fausses mais évidemment personne ne s’en est rendu compte.
Nico  : C’est ça qui est intéressant, c’est que c’était quand même la science du moment, et la découverte du moment.

Pierre  : En temps réel ça a été modifié.

Nico  : Et il n’y a quasiment pas eu besoin de fabriquer de nouveaux chiffres.

Pierre  : Si. Malheureusement oui, parce que dans les décimales de Shanks on espérait qu’il y ait 70 « 0 », 70 « 1 » etc et en fait il y avait 53 « 7 » et à l’heure actuelle il y en a 65 c’est-à-dire qu’avec les bonnes décimales on retrouve quelque chose qui est raisonnable par rapport à ce qu’on espérait. Ca veut dire qu’on est passés de 53 à 65 pour les 7 donc il a fallu retailler des 7, pas simplement permuter des chiffres pour les mettre à la bonne place, c’était aussi en créer de nouveaux qui n’étaient pas la.

Nico  : D’autres choses à nous raconter sur la salle PI ?

Pierre  : Disons qu’à un moment donné on s’est quand même rendu compte que sur les 707 décimale il en manquait 3 qui étaient tombés…Il y a une petite corniche et c’était tombé derrière, le temps qu’on se rende compte que les décimales étaient tombées, qu’on se renseigne sur comment il fallait faire, qu’on trouve le moyen de prévenir qu’il fallait recoller les chiffres, quand le gars est arrivé pour recoller les chiffres ils n’ étaient plus là. Donc il y a quelqu’un qui a braboté les 3 décimales, aujourd’hui il n’y en a que 704. On s’en fout un peu parce qu’on en a calculé beaucoup plus, parce que si en 1950 on en était à 2000.EN 2012 c’est un peu mieux.

Nico  : 10.000 milliards.

Robin  : Ce n’est pas homologué encore.

Pierre  : Ce qui est homologué c’est 2700 Milliards.

Nico  : Je ne sais plus si on est dès la création, j’ai eu un peu de mal à savoir, c’est la loterie de l’hérédité.

Marie  : Elle n’y était pas à la création.

Nico  : Qui est assez intéressante, peut être tu peux nous décrire ce que c’est.

Marie  : C’est une très grande maquette aussi. Elle doit faire 5m de haut, on a deux axes verticaux qui soutiennent des tiges avec des paires de chromosomes. On mélange en faisant tourner les chromosomes sur leur tige, on mélange tout et on prend au hasard dans cette forme de loterie des chromosomes chez le père, chez la mère pour simuler un enfant.

Nico  :Et on voit le visage de l’enfant simulé.

Marie  : Aujourd’hui on voit le visage de l’enfant. A l’époque on ne voyait pas le visage. La loterie a été installé au palais de la découverte au début des années 50, entre 50 et 55, elle avait été conçue par Jean Rostand, c’est un principe pour expliquer les bases de la génétique de Mendel c’est-à-dire la transmission des caractères héréditaires des parents aux enfants. C’est un principe qui est vraiment super clair.

Nico  : Ce qu’on voit très bien c’est par exemple les caractères récessifs.
Marie  : Oui voilà, dominant, récessif, ça explique très bien. Ca fait un petit moment que je circule dans le milieu et j’ai vu beaucoup de choses pour essayer de faire comprendre ces lois qui sont pas évidentes pour le grand public, je n’ai jamais vu aussi bien. Effectivement à la création, au moment où on l’a installé, il y avait sur cette maquette, 48 chromosomes pour chacun des individus, alors qu’en fait l’homme ne possède que 46 chromosomes, mais ça on l’a su en 59. Là aussi c’était la science en train de se tromper.
On connaissait les chromosomes depuis la fin du 19eme siècle mais on avait des difficultés techniques d’observation qui ne permettaient pas de savoir exactement.

Nico  : J’avais lu, j’ai du me tromper en recopiant, qu’on en avait mis 46 au début quand en réalité il y en avait 48. Mais en fait c’était dans l’autre sens, on en voyait deux de trop.
Marie  : Oui il y avait une erreur dans ce que tu as lu. Ils se sont trompés.

Robin  : Ce n’est pas Mendel qui a découvert les chromosomes, il a fait ses lois sans connaitre l’existence des chromosomes.

Marie  : Absolument, oui. Il ne connaissait pas du tout les chromosomes. Lui il parlait d’entités qui portaient les caractères.

Robin  : mais il ne savait pas ce que c’était.
 Alan  : Et l’ADN a été en découvert en 52-53 ?

Marie  : 53.

Alan  : Donc ca coïncidait.

Marie  : Oui tout avançait un peu parallèlement. Les connaissances là dessus. Il y avait des biologistes, pas mal de physiciens qui travaillaient sur l’ADN, sur l’observation, sur la structure de l’ADN.

Nico  : Dans les choses très intéressantes aussi, parce que là même plus que la science en train de se tromper c’est quasiment le reflet d’une époque intellectuelle c’est qu’il y avait un gène de l’intelligence dans la loterie.

Marie  : A l’époque on pensait que parmi les caractères héréditaires, il y avait l’intelligence.

Nico  : Qui a été retiré de la loterie depuis.

Marie  : C’est toujours controversé d’ailleurs

Franck  : mais il y a un peu de ça quand même.

Nico  : a priori c’est un ensemble de gènes.

Franck  : Il y a un caractère héréditaire quand même je pense.

Marie  : Actuellement tous les chercheurs sérieux pensent qu’il y a une part héréditaire, et une part de l’environnement c’est-à-dire l’éducation, le milieu dans lequel on vit, qui est prépondérante, qui peut moduler beaucoup l’expression de ces gènes qu’on ne connait pas de toute façon.

Robin  : Donc ce n’était pas si faux que ça de faire un gène de l’intelligence, après l’intelligence c’est difficile à définir.

Marie  : Oui déjà il faudrait savoir comment on définit l’intelligence.

Nico  : Et sur le fonctionnement de la loterie de l’hérédité, une fois qu’on a fait le tirage au sort, ce qui est intéressant pour voir le fonctionnement des gènes récessifs ou non c’est de la modifier localement. Quand t’as un gène de l’intelligence ça devient un peu plus gênant que quand tu modifies le gène du menton.

Marie  : « ah ben celui là il est crétin, dommage. »

Nico  : Il n’avait pas de tète à l’époque.

Marie  : Il y avait quand même des caractères morphologiques, couleur des yeux des cheveux, des cheveux, formes des sourcils, du nez. etc…

Nico  : Le fait de réussir à faire des nœuds avec sa langue ?

Marie  : Oui, la gouttière linguale.

Nico  : C’est génétique. Voilà pour la loterie de l’hérédité.
Dans les choses plus récentes, on a un peu quitté la création, il y a les récréations mathématiques, ça vaudrait le coup d’en parler un peu quand même. Les récréations mathématiques c’est la salle la plus sélective du palais de la découverte.

Robin  : Oui les autres il n’y a pas de sélection du tout donc…

Nico  : Pas à la création mais, aujourd’hui c’est la salle la plus sélective puisque il y a un test d’entrée que vous ferez tous.

Pierre  : Ca ne plaisante pas… Mais c’est un test que tout le monde réussit quand même

Robin  : En plus ou moins de temps.

Pierre  : Réussir à mettre la langue en U c’est à peu près 90% de la population qui arrive à le faire, en tout cas une grande majorité. Là c’est la totalité des gens qui réussissent à le faire. Le test c’est juste pour rigoler. L’idée c’est de montrer qu’on peut prendre un certain plaisir à faire des maths, par exemple en réussissant ces test. En général quand les gens réussissent, ça se voit plutôt dans leurs yeux ou ça s’entend parce qu’ils poussent des cris. Avant de regarder ce qu’ils ont fait vraiment dans leur main. On peut dire que c’est essayer de montrer aux gens qu’on peut arriver à prendre du plaisir à faire des maths.

Robin  : Si on le fait pas il y a quand même un certain nombre de personne qui arrive pour accompagner leur famille, leurs enfants, qui disent « Nonon ce n’est pas pour moi je ne vais pas participer » et là le truc qu’on leur propose a l’air tellement simple qu’ils ne savent pas dire non et une fois qu’ils ont trouvé ils sont tellement content qu’ils ont envie de faire la suite. C’est une espèce de façon d’accrocher les gens.

Nico  : C’est un espèce de casse-tête qui a ce coté, ce qui est toujours la première question des gens, c’est un casse-tête à deux pièces identiques, quand on dit « il faut faire un tétraèdre » la première question c’est « c’est tout ? ».

Robin  : Oui ou « c’est possible avec deux pièces ? vraiment ? » C’est toujours ça qu’on entend.

Nico  : La salle de récréation c’est plein de petits casse-têtes comme ça et accessible de 9 à 99 ans.

Pierre  : Oui on va peut-être changer la formule parce qu’après tout, s’il y a quelqu’un qui a plus de 99 ans…On ne va pas le jeter en lui disant qu’il est trop vieux. On va peut être dire tout simplement que c’est à partir de 9 ans. C’était pour aussi singer un peu la formule de 7 à 77 ans, ça démarre plutôt à 9 qu’à 7. L’idée vient d’un directeur du palais de la découverte qui s’appelle Jean Rose. Jean Rose avait demandé à ce que dans le département on fasse des activités pour des gamins du primaire, pas seulement des ados et donc dans les choses qui ont été pensées, ça devait être autour de 85-88. Dans les choses qui ont été faites, à l’époque celui qui s’occupait des maths c’était Jean Brette, il avait cogité un certain nombre de manips qu’on pouvait faire de façon assez approfondie avec les gamins du primaire. Il a testé d’ailleurs, y compris en situation, en se déplaçant lui-même dans des écoles pour mener une activité autour de ces manips. L’idée c’était de faire quelque chose qui soit accessible aux gamins qui nécessitent pas un prérequis sur la lecture extraordinaire pour essayer de comprendre la situation et pouvoir essayer de faire quelque chose et qui soit abordable où on puisse avancer dans une durée relativement courte. Donc que ce soit signifiant, qu’il y ait quelque chose qui soit vraiment fait de type maths au cours de cette activité. Etant entendu que l’activité devait être très courte du style 1H30, 2h max. Ca c’est quand même énormément réduit, c’est 1h tout compris max.

Nico : Il y a des gens qui restent plus longtemps.

Pierre : Quand on est avec des classes non. Et finalement ça c’est pas mal diversifié. Il avait proposé une certain nombre de situations puis finalement à force, on a réussi à en rajouter une ou une autre, le tétraèdre par exemple c’est quelque chose qui a été rajouté après. Mais c’est toujours dans le même esprit, c’est à dire avoir une situation dans laquelle les gens, et en particulier les gamins, peuvent entrer assez rapidement dans la situation. S’approprient le sujet, puis trouver dans un temps raisonnable des choses un peu conséquentes sur l’action en situation et être assez réceptif pour les explications, s’il y a besoin d’en donner. Il y a des fois où il n’y a pas besoin d’en donner et il y a des fois où il y a besoin d’en donner, ça permet d’avoir aussi un discours sur les méthodes qui permettent de faire des maths. C’est-à-dire qu’est ce qu’une condition nécessaire, une condition suffisante, qu’est-ce qu’un raisonnement, une démonstration, une définition même, on a un casse-tête avec une seule pièce qui permet de poser la question de la définition.

Nico : Il a un nom très classe.

Robin : Les trous du cube.

Pierre : Il faut faire attention à la façon dont on le dit. Ca permet de poser la question de la définition et de voir à quoi peut servir une définition en maths.

Nico : La question est très simple. Combien de trous a le cube du casse-tête.

Robin : Qui est un simple cube qui est percé de part en part.

Nico : Sur toutes les faces les trous se rejoignent au centre.

Robin : On ne va pas entamer la discussion maintenant….

Pierre : Si les trous se rejoignent au centre ça veut dire qu’on a une définition particulière de ce qu’est un trou. On va supposer qu’en fait la question qui est posée par le casse-tête, et qu’est ce qu’un trou d’un point de vue maths (je parle pas d’autre chose), il y a moyen d’aller très très loin dans les différentes acceptions du terme et est-ce que c’est quelque chose qui est utile après en maths. Est-ce que le fait qu’on ait une définition va permettre de faire des maths ou c’est une espèce d’impasse parce qu’on a une définition tellement précise, qu’elle marche juste pour ce cube. C’est pas très utile à ce moment là…

Robin : Selon ce qu’on va appeler être un trou on va pouvoir compter différents trous dans le cube.

Pierre : Eventuellement après on va pouvoir classer un certain nombre d’objets selon le nombre de trous qu’ils ont, des choses comme ça.

Robin : Il y a un exemple simple pour comprendre le type de problème qu’on peut rencontrer, c’est un tuyau, il y a combien de trous ? Certaines personnes seront d’accord pour dire qu’il y a un trou, et dartres disent il y en a 2. Sauf qu’un tuyau court, au bout d’un moment on est embêtés parce que ça ressemble à une bague. Une bague on n’a pas envie de dire qu’il y a deux trous donc il va falloir se mettre d’accord.

Franck : Une bague je dirais qu’il n’y a pas de trou.

Nico : Et c’est là où il y a un coté proche de la réalité avec ce casse-tête parce qu’à la fin, tu sais mettre un tableau au mur sans faire de trou.
Là on va revenir vers Marie parce qu’il y a un truc qui devrait être assez intéressant. En 1989, si je ne me plante pas, tu étais déjà au palais, il y a l’école des rats qui est arrivée. Peut être tu peux nous raconter ? Il y avait des trucs marrants avant, quelle était le but ?

Marie : Avant on avait des pigeons, ça s’appelait pas comme ça mais c’était une école des pigeons, et on avait de pigeons qui étaient conditionnés.

Nico : Et les pigeons savent apprendre.

Marie : Oui, après tous les animaux savent apprendre.

Robin :J’ai même entendu que les vers de terre ça apprend.

Marie : A partir de du moment où ils ont un petit morceau de système nerveux, ils peuvent apprendre.

Robin : Pas grand chose…

Marie : Un ver de terre ça n’apprend pas grand chose effectivement.

Pierre : Il y aussi des gens qui ne peuvent pas apprendre grand chose.

Marie : Oui ceux qui n’ont pas le gène de l’intelligence par exemple.

Pierre : Je pensais à des hommes politiques

Marie : Je crois me souvenir que c’était pas le gène de l’intelligence mais le gène de l’imbécilité. A l’époque en médecine, le terme quand on disait de quelqu’un qu’il était imbécile, c’était un terme médical.

Franck : C’était le crétinisme ?

Marie : Peut être pas.

Franck : Parce que le crétinisme c’est une maladie. Les personnes en manque d’iode. De l’expression crétin des alpes.

Marie : Oui c’est ça le crétinisme. C’est une maladie provoquée par un dysfonctionnement physiologique. L’imbécilité je pense que c’était inné.

Robin : c’était récessif rassure moi.

Marie : Oui sûrement.

Nico : S’il y avait des pigeons avant, c’était pas les premières introductions d’animaux, il y avait déjà beaucoup d’animaux.

Marie : En 37, il y avait déjà des animaux, Il y avait entre autres les poissons électriques. Qu’on a toujours aujourd’hui.

Nico : Il y avait pas le poulpe.

Marie : Le poulpe est parmi les dernières arrivées au palais. Et c’est aussi une école du poulpe, c’est un poulpe qu’on dresse.

Nico : Un peu de d’émotion car il est un peu en fin de vie.

Marie : Non, il n’est pas en fin de vie.

Nico : Il n’est pas en train de se laisser mourir ?

Marie : Non, en fait c’est pas un poulpe, c’est une poulpe, et elle a pondu des oeufs, et donc ça la rend patraque…Il faut qu’elle se remette.

Alan : En conditions naturelles elle protège ses oeufs, elle ne s’alimente plus, elle finit par mourir, avant la naissance. Là au palais c’est peut être différent du coup.

Marie : Au palais on ne sait pas parce qu’elle n’est pas dans des conditions naturelles justement. A partir du moment où un animal comme un poulpe est dans la mer, il est affaibli il est beaucoup plus vulnérable, c’es plus facilement une proie pour ses prédateurs. Là, le notre n’a pas de prédateur, à part les enfants… Des fois ou les invités…

Nico : Le poulpe a parfois un sale caractère aussi.

Pierre : Surtout quand on lui donne du champagne à boire.

Marie : Voilà, là il aime pas.

Nico : Du coup avant l’école des rats, il y avait déjà une école des pigeons, ce qui est intéressant c’est ce qu’ils disent dans un bouquin sur l’histoire du palais de la découverte, j’en parlerai à la fin. Dans ce bouquin, il disent que le but était d’introduire des animaux mais pas comme dans un zoo. Le but était que ce soit des animaux pour la science et pour représenter des phénomènes scientifiques.

Marie : Tout à fait, c’est à dire que le palais, c’est pas un zoo où on présente des animaux juste pour présenter des animaux. Le spectacle des animaux, c’est quelque chose qui intéresse toujours les gens, ils sont un peu fascinés, ils regardent, les enfants en particulier, cette salle où on a des tas d’animaux est la salle la plus visitée par les petits. Par les enfants, les primaires etc… En plus elle est en entrant à droite et ceci dit, on n’est pas un zoo, pas un endroit où on expose des animaux pour montrer comment ils sont fait. Mais comme dans le reste du palais, on montre de la science, et on montre des expériences. On a des animaux, à partir du moment où on peut faire avec eux, pas sur eux, des expériences et montrer des phénomènes naturels au public. Des comportements, des réactions diverses, etc…

Robin : C’est ça la spécificité de la démarche du palais, c’est la science en train de se faire, c’est pas un musée où on montre, on étale, c’est vraiment la pratique de la science.

Marie : Quand on montre un apprentissage de rat, c’est pas vraiment la science en train de se faire aujourd’hui. C’est des choses qui sont connues depuis longtemps. Mais on montre les expériences réelles qui ont été faites.

Pierre : Les gens assistent à la manip, à l’expérience, c’est le sens que donnait Jean Perrin à la science en train de se faire, la science en train de se faire devant les gens. L’expérience scientifique se fait devant les gens.

Nico : Sur certains phénomènes animaux, on voit vraiment des phénomènes sur la communication animale.

Marie : Oui sur les comportements, la communication.

Nico : Comment ils se nourrissent.

Marie : C’est une expérience sur le comportement alimentaire, c’est-à-dire qu’une grenouille, qu’est ce que ça mange ? Quand on pose cette question au public, les réponses sont vraiment très variées, diverses. Et une fois que le public a trouvé que c’est carnivore une grenouille, comment elle fait pour détecter ses proies. Quelles sont celles qu’elle utilise etc… C’est à dire que non seulement on va montrer avec cette présentation là en particulier, un comportement, des phénomènes, des caractéristiques biologiques d’un animal mais en plus on met en oeuvre la démarche scientifique c’est-à-dire qu’on met le visiteur en position du chercheur qui est face à un phénomène et qui se pose des questions, comment ça marche etc.

Robin : Oui, quelles expériences on peut refaire.

Marie : Et comment je vais faire pour avoir la réponse à ma question. On pose des questions au public, et en plus de ça, on lui dit qu’est ce qu’on pourrait faire avec nos grenouilles…

Nico : C’est intéressant qu’on y vienne parce que c’est quelque chose dont j’ai oublié de parler. Au niveau de cette médiation humaine ….. c’est qu’il y a vraiment cette approche de faire trouver le public. Quel que soit l’exposé.

Marie : Le faire participer en tout cas.

Nico : Faire participer et souvent aider, mais le but est que le public donne la réponse.

Robin : Quand on dit la science en train de se faire, c’est plus dans la tête du public.

Nico : Oui voilà, et ça c’est une volonté qui est partagée dans tous les exposés.

Robin : Les récréations mathématiques c’est vraiment typiquement ça, on essaie de les transformer en mathématiciens, le temps d’un atelier.

Nico : Les gens se prennent au jeu.

Robin : En principe oui, la plupart du temps.

Pierre : Il y a quand même quelque chose que tu as dit sur lequel je vais revenir, c’est la façon dont tu présentes les choses, on a l’impression qu’on est censés apporter des réponses. C’est vrai qu’on apporte des réponses mais c’est vrai que la science, c’est pas que des réponses, c’est aussi des questions. L’idée c’est aussi de temps en temps de faire en sorte que les gens repartent aussi avec des questions. Pas que des certitudes. La science et le dogme ,ça va pas bien ensemble. Ok, on a besoin d’avoir un certain nombre de réponses pour avancer, mais une fois qu’on a les réponses, on peut se poser des questions. Et on peut se poser des questions un petit peu au delà grâce à ces réponses qu’on a.

Robin : Ca fait partie des plaisirs permanents qu’on peut avoir, notamment en maths, de dire bravo par exemple dans les récréations mathématiques, on passe notre temps à dire aux gens « bravo vous avez trouvé », mais maintenant on peut vraiment se poser la vrai question c’est-à-dire que globalement quand on a trouvé une solution, c’est qu’en fait on est qu’au tout début pour la plupart des activités qu’on propose.

Nico : Ca c’est une des qualités à ce qu’on disait toute à l’heure. Avoir des vrais scientifiques en face, c’est pouvoir poser des questions. et pas forcément avoir les réponses.

Robin : Frustrer le visiteur, c’est pas mal. On a toujours des questions à poser en fin d’exposé auxquelles on ne répondra pas. J’essaie d’en trouver au moins une par exposé que je pose délibérément à la fin en disant « vous en pensez quoi ? ».

Nico : « On n’a plus le temps » .

Robin : Ouais, on n’a plus le temps c’est la bonne excuse.

Nico : Sur les expositions, celles que j’avais retenues, on peut parler de plein d’autres choses. Je sais pas en maths, là il faudrait parler des exposés en particulier ou alors d’exposition temporaire, en bio il y a plein d’autres choses par contre, je sais pas s’il y en a d’autres.

Marie : Parmi les expo permanentes ?

Nico : Parmi les permanentes il y a des choses que t’aimerais aborder qui sont intéressantes ? marquantes ?

Marie : Il y a une autre façon de faire de la médiation et d’intéresser le public, ce sont des ateliers. Ca se rapproche un peu des récréations mathématiques. C’est-à-dire que dans vos récréations mathématiques chaque visiteur participe, manipule, fait quelque chose. Ce qui n’est pas le cas dans la plupart des autres présentations du palais, que ce soit n’importe quelle discipline où le public est quand même plus spectateur, même si on essaie d’interagir beaucoup. Il y a plein de gens, un médiateur qui fait une expérience ou plusieurs et qui dialoguent. Il y a aussi des ateliers, comme en biologie les ateliers du génomes, qui sont des ateliers sur l’ADN où chaque visiteur manipule, fait une extraction d’ADN, fait une électrophorèse.

Robin : En fait la raison c’est que ce serait pas éthique de faire manipuler les visiteurs sur des animaux par exemple.

Nico : Ils manipulent sur eux mêmes quand même l’extraction d’ADN.

Robin : Oui sur eux mêmes mais sur les animaux, si on laissait les gens toucher des animaux ce serait peut être trop compliqué.

Marie : C’est pas éthique, ça dépend comment ils les manipulent. On ne peut pas traumatiser les animaux en les tripotant, en les manipulant. Le public n’est pas habitué, ils pourraient leur faire mal.

Pierre : C’est aussi pour la sécurité du public lui-même.

Marie : C’est plus pour la sécurité des animaux parce que nos animaux ne sont pas dangereux.
Les rats peuvent mordre, mais justement si on les manipule bien ils ne sont pas méchants. Ils n’ont pas de maladie, les rats qui sont connus pour être porteur de maladie, les nôtres non. Et de toute façon même les rats sauvages ont nos maladies puisqu’ils vivent dans nos déchets, dans nos poubelles, ce sont nos maladies qu’ils portent.

Nico : Les rats ont un retraite. Ils sont bien traités.

Pierre : Les rats du palais .

Robin : Ceux des égouts non. C’est vrai que quand on voit les manips qui se passent en bio, je vois les trucs avec les araignées, carrément il y en a qui les prennent dans les mains, on ne peut pas mettre l’araignée dans la main du visiteur, en disant regarde le fil. Il faut une certaine habitude.

Nico : Après il faudrait voir ce que ça peut apporter aussi.

Marie : Ca arrive, ça va être une personne dans le public qu’on va prendre, pour montrer qu’un animal y compris une araignée c’est pas quelque chose d’horrible.

Franck : Par exemple l’expérience qu’on fait tous à l’école de disséquer une cuisse de grenouille c’est pas du tout dans le genre de ce que vous faites.

Marie : Non on fait pas. Ca s’est fait. Pendant longtemps il y a eu des dissections au palais.

Nico : Par les visiteurs non.

Marie : Non, par les médiateurs devant les visiteurs. Ca se fait plus du tout parce que la sensibilité du public a pas mal changée.

Nico : Le public se laisse électrocuter mais peut pas voir une dissection.

Marie : Possible.

Franck : Les gens sont dérangés à l’idée d’assister à une dissection.

Marie : Oui si on leur dissèque un coeur de mouton, un oeil de boeuf…

Robin : En classe je me souviens avoir fait des dissections, en avoir vu faire. C’est peut être pour ça aussi que c’est moins intéressant

Marie : Non mais ils le faisaient déjà à l’époque. Ils sont devenus sensibles les gens. Puis c’est des exposés qui ne marchaient plus, il n’y avait personne. Ca ne les intéressait plus. C’est une époque où les images animées ont explosées. C’était pas encore une époque où voir les choses en vrai était le plus important. C’était vraiment une période à mon avis où l’arrivée des documentaires animaliers, des émissions scientifiques a explosé et les gens étaient plus attirés par ça.

Franck : D’ailleurs, c’est intéressant de voir ça. Ce qui intéresse les gens dans la science en voyant les attractions, activités plutôt, qui marchent et celles qui marchent pas,vous devez avoir une idée très pointue des questions de science qui intéressent la société.

Nico : C’est marrant que tu dises attractions parce que j’ai lu, je sais plus si c’est dans un petit bouquin ou dans d’autres documents que j’ai récupérés, que ce côté attractions, ils disaient que justement c’était le contraire, c’était que grâce à l’explication scientifiques les gens se disaient « ah mais c’est juste ça ce phénomène que je vois, cette table qui lévite ». C’est imagé, c’est romancé mais c’est un peu la philosophie derrière.

Robin : il y a quand même un certain nombre d’exposés où il y a une partie revendiquée grand spectacle. L’électrostatique ils l’assument, l’air liquide, il y a quand même un truc de magie, tu en as pas parlé mais je pense que ça fait partie des exposés phares du palais.

Franck : Donc c’est le côté spectaculaire qui joue.

Robin : Il y a une partie, qui n’est pas forcément évidente à gérer parce que justement le public peut prendre ça comme une attraction, se marrer, rigoler, vouloir juste voir une expérience.

Franck : Vous, vous essayez d’éviter ça au maximum.

Robin : Nous on est assez tranquille en maths. C’est vrai qu’on a peu de trucs qui font boom. Mais c’est vrai que c’est un truc qui est pas si évident que ça. Nous généralement quand c’est un boom, c’est un boom intellectuel donc je veux dire, il faut avoir suivi pour que ça marche. On a quand même des manip, mais c’est pas du même ordre. Ne serait ce que le bruit en électrostatique, quand ils font les éclairs, il y a un grand bruit, tout le monde qui rigole, récupérer la parole derrière, b Alan cer une explication c’est quelque chose qui est pas évident.

Nico : Il y a du spectacle qui aide à la compréhension. Je trouve en électrostatique où quand on voit un éclair immense arriver sur la cage, et que la personne sent rien, on comprend le principe de faraday.

Robin : C’est des images marquantes mais c’est vrai qu’il y a une part attraction, de spectacle, du coup c’est difficile de naviguer entre les deux. Problème que nous on a beaucoup moins.

Marie : Pour compléter ce que j’ai dit toute à l’heure, on me demandait pourquoi on a arrêté de faire des dissections, pour une part c’était parce que la façon dont le public recevait ça a changée. Il y a aussi que faire des dissections c’était quelque chose qui s’était fait depuis très très longtemps, des siècles et il apparaissait des recherches et des résultats de recherche nouveaux qu’on voulait présenter et on n’a pas des espaces qui agrandissent donc il fallait bien, c’est des contraintes purement matériels, remplacer les vieilles présentations par des nouvelles. Et en particulier, c’est à peu près à ce moment là qu’on a commencé à cogiter sur la salle actuelle de biologie animale qui est dédiée au comportement et à la communication. Parce que c’était la pleine période de l’éthologie.

Franck : Mais ça c’est concrètement des thèmes de société, c’est qu’aujourd’hui l’anatomie en elle même n’intéresse plus personne alors que par contre les comportements, tous ces thèmes là, sont beaucoup plus au centre de l’intérêt des gens. Et donc vous, vous êtes obligés de suivre ça.

Nico : C’est encore la science en train de se faire.

Franck : C’est non seulement la science en train de se faire mais c’est aussi les goûts. Qu’est ce que la société demande à a la science.

Pierre : Probablement, après nous en maths on est quand même payés pour savoir que les goûts du public sont pas extraordinaires et qu’on peut pas s’en tenir au goût du public. De temps en temps il faut leur donner des idées, commencer à leur parler de choses auxquelles ils avaient pas pensé, c’est aussi ça poser des questions d’une certaine façon. On va leur parler d’un truc qui ne leur serait pas venu à l’idée, qu’on pouvait parler de ça, que ça pouvait exister et puis finalement on en cause. Et puis ils découvrent quelque chose à cette occasion. C’est pas seulement la science en train de se faire, c’est aussi le palais de la « découverte ».

Nico : Tous les messages commerciaux sont passés.

Pierre : Non c’est pas vraiment commercial parce que le commerce, maintenant on fait partie d’Universcience, on fait partie d’un établissement public, industriel et commercial, donc ce serait plutôt cet aspect là qui devrait être commercial. Là c’est de la pub peut être, mais c’est pas du commercial.

Nico : Sur les expositions temporaires, tu as l’air d’avoir pensé à des choses Robin .

Robin : On n’a pas parlé encore du département de géosciences. Je veux pas les vexer ils sont pas là mais je crois pas qu’il y ait une salle connue comme la salle de l’électrostatique, comme la salle PI, comme le planétarium, comme l’air liquide, les gens viennent pour voir ça. Clairement, ils l’ont vu quand ils étaient petits, ils reviennent voir, faire voir ça à leurs enfants. J’ai pas l’impression qu’il y ait le même genre de phénomène (pour la géoscience). Par contre il y a un truc qui attire vraiment toujours beaucoup de monde, vous m’arrêtez si je dis des bêtises, qui a énormément de succès, c’est les expo temporaires sur les dinosaures. Là c’est clairement un truc qui attire les foules.

Pierre : Y compris quand il n’y en a pas. C’est-à-dire que quand on n’est pas avec une expo temporaire sur les dinosaures les gens viennent quand même au palais de la découverte pour voir les dinosaures. Ils savent qu’il y a une exposition sur les dinosaures au palais de la découverte.

Robin : D’ailleurs, pendant longtemps il y a eu une tête de dinosaure à l’extérieur du palais de la découverte pour accueillir le public.

Nico : Qui était assez impressionnante. C’est marrant sur cette exposition des dinosaures, sur une des premières qui était très grosse (je sais pas si c’est encore le cas) c’était fabriqué maison les dinosaures.

Robin : Ca je crois pas.

Nico : J’avais lu qu’ils avaient fabriqué ça.

Pierre : Je crois qu’il y a deux fabricants en Angleterre et au Japon. Par contre l’installation peut-être faite maison ou ça peut arriver tout clé en mains.

Nico : La transition sur l’atelier de menuiserie est ratée…

Robin : Ce qui est très clair, c’est qu’il y a toujours un énorme pic de fréquentation à chaque expo sur les dinosaures.

Marie : A chaque fois la scénographie, donc les décors ça a été fait au palais. C’est les grosses bêtes qui arrivaient toutes faites.

Pierre : Les grosses bêtes animées et rugissantes. Que ça fasse du bruit, que ça fasse peur. Autrement ta transition vers l’atelier de menuiserie, tu l’as réussie quand même…Il n’y a pas que des choses justes dans ce qu’on lit. C’est pas parce que c’est écrit que c’est vrai.

Nico : Moi ce qui m’a marqué dans le passage, c’est l’atelier menuiserie, qui n’est pas que menuiserie. C’est un atelier qui fabrique beaucoup des pièces qui sont dans les expositions, exposés etc…Entre autres les tétraèdres, même toutes les récréations mathématiques.

Pierre : Ils sortent des ateliers du palais. Tantôt plasturgie, tantôt menuiserie, tantôt mécanique (métal etc). Effectivement on a des ateliers, il y a un atelier graphisme aussi qui fait énormément de choses.

Robin : Notamment les panneaux d’exposition.

Pierre : Pour présenter les objets qui ont été faits par ailleurs.

Nico : Ce qui permet entre autres d’avoir une certaine dynamique.

Robin : Par exemple, le record du nombre de décimale de PI a été battu, on peut mettre un truc en salle immédiatement. C’est le graphisme qui va se charger de nous faire une affiche rapidement.

Nico : Les trous du cube c’est arrivé finalement assez vite.

Pierre : C’est le menuisier qui nous l’a fait et ce qui est assez sympa c’est qu’ils sont sur place, et donc ils ont fait ce qu’on leur a dit de faire mais quand même ça les a intrigué. Il faut le reconnaitre. Donc ils ont fait des cubes, ils les ont troués, ils nous les ont donnés, et puis le lendemain, on a vu débarqué une équipe de menuisier dans la salle de maths parce qu’ils voulaient quand même savoir pourquoi on leur avait fait faire ça.

Robin : Même en dehors des ateliers, il y a les gens de l’accueil, entre nous entre médiateurs, d’être dans le cadre du palais de la découverte, c’est quand même vachement bien. Avant d’arriver au palais de la découverte j’étais quand même grandement fâché avec la physique et la chimie par exemple. Et c’est vrai qu’être sur place, je croise des gens qui sont passionnés et qui aime expliquer ça, donc c’est bien on se réconcilie…

Marie : Je voulais ajouter qu’on a aussi des ingénieurs qui imaginent les manips, c’est à dire qu’ils trouvent les solutions techniques qui vont réaliser les manips. Tous les dispositifs interactifs.

Robin : il y a aussi des gens pour s’occuper des animaux.

Pierre : Il y a deux endroits qui sont importants comme dans n’importe quelle entreprise c’est la cafétéria, et la machine à café. C’est le genre d’endroit où on discute un peu à bâtons rompus avec les collègues, par exemple les menuisiers, le plasturgiste. On a une vague idée d’un truc qu’on voudrait et on discute avec eux si c’est faisable ou pas, s’ils voient une solution, si on a l’air complètement malade de penser qu’on peut faire ça chez eux. Et c’est très très utile, ça permet de gagner énormément de temps par rapport à « je fais un dossier, cahier des charges, que je b Alan ce n’importe comment ».

Robin : Ca fait non seulement médiateur mais ça donne des idées. Effectivement régulièrement ils trouvent des solutions auxquelles on n’aurait jamais pensé.

Marie : Au départ on imagine une manip ou un dispositif, on va les voir on leur dit voilà je voudrais un truc qui fait ça et j’ai pensé qu’on pourrait faire comme ça et eux ils te disent oui mais ils améliorent ton système ou ils te disent ça marchera jamais ton truc voilà ce que je te propose. C’est un travail en commun qui est super. Très intéressant.

Nico : Et il y a aussi une sorte, tant qu’on parle de l’arrière boutique, je sais pas si le mot va être bon, mais une animalerie, il y a tous les gens qui élèvent, qui dressent, qui gardent certains animaux qui sont plus exposés. ll n’y a pas des araignées ou des trucs comme ça qui trainent.

Marie : Il y a tout un service qui s’occupe des animaux. On a des araignées partout ! On a des animaleries effectivement et des gens qui s’occupent non seulement d’entretenir les aliments de les nourrir de nettoyer leurs cages etc mais aussi de mettre au point les élevages et de mettre au point les expériences qu’on veut faire avec. Comme dans tous les départements, unités, quand on veut présenter de nouveaux sujets, un nouveau thème, on va voir d’abord dans les laboratoires qui traitent de ce sujet et en général on trouve des expériences, justement, qu’ils font, qu’il faut qu’on adapte et en ce qui concerne le vivant dans les laboratoires les gens font une expérience. Ils prennent des bestioles, mettons des araignées, ils font leur expérience pendant une semaine, deux semaines, trois semaines et puis après ils remettent les animaux dans la nature. Mais ils arrêtent. Tandis que nous quand on fait ça, quand on crée un nouvel exposé avec par exemple des araignées, les araignées il faut qu’on en ait toute l’année. Donc il faut avoir un élevage pérenne, et d’autre part il faut que l’expérience qu’on fait elle soit reproductible tous le jours et là c’est pas du tout la même chose que dans les laboratoires.

Nico : C’est un sorte d’industrialisation.

Marie : J’aime pas bien le mot, mais c’est un peu ça.

Franck : Il y a des sociétés qui sont spécialisées dans la production d’animaux.

Marie : Il y a des animaux qu’on réutilise tous les jours. C’est un service tout entier qui fait ça.

Nico : Alors c’est ce qu’on n imagine pas, il y a toute une arrière boutique immense.

Robin : Dans l’arrière boutique t’as oublié quand même tout ce qui est multimédia. On a aussi des gens qui font des vidéos, des gens qui s’occupent du site internet etc.

Nico : Entre autres on a ici une célébrité des vidéos du palais, c’est Pierre qui est dans la salle PI, quand il n’y a personne dans la salle PI….

Robin : Pour le coup c’est un mauvais exemple, parce que la vidéo a pas du tout été faite par les équipes du palais.

Nico : J’ai quand même oublié de parler dans les expositions que les gens viennent voir, il y a quand même l’électromagnétisme. Je sais qu’il y a une salle d’électromagnétisme depuis 37 mais je sais pas depuis quand il y a des bobines. Je crois savoir qu’il y a la la plaque à induction qui date d’un salon des arts ménagers, qui a été ramenée, c’était la première plaque à induction présentée. J’ai pas plus préparé mais faut les citer parce que c’est une salle assez impressionnante.

Pierre : Et il y a le manège.

Nico : Les bobines, ce sont deux grandes bobines de Helmoltz qui crée un champ magnétique assez puissant. En gros on a une barre de métal milieu, on n’arrive pas à la bouger parce qu’il y a un champ magnétique et le manège, c’est comme son nom l’indique un truc qui tourne et donc ça nous attire vers les extrémités du manège et donc on peut voir la force de Coriolis.

Pierre : Il y a des phénomènes de mécanique relativement bête qui peuvent se faire dans le manège qui est en train de tourner à une certaine vitesse et par exemple si c’est un groupe scolaire, il y a la moitié qui est à l’intérieur, et la moitié à l’extérieur. Les gens qui sont à l’intérieur et ceux qui sont à l’extérieur peuvent discuter de leur perception, de ce qui se passe.

Nico : Ils ne voient pas la même chose.

Pierre : On ne voit pas du tout la même chose quand on est à l’extérieur et quand on est dedans. On ressent pas du tout les choses de la même manière.

Nico : Très bonne façon de voir la notion de référentiel.

Pierre : Tout à fait.

Robin : Dans les autres trucs qui peuvent aussi marquer. J’ai dit ça sur les géosciences je me rattrape, ils ont tout un tour d’escaliers immense dans lequel on peut voir l’histoire de la terre depuis le début de la terre jusqu’à l’apparition de l’homme ou en échelle de distance. Le temps est vu sous forme de distance donc on se rend bien compte que l’homme c’est le dernier pas qu’on fait, voir le dernier demi pas qu’on fait. L’apparition de la vie déjà c’est très court, et par contre on a quand même tout le tour de la cage d’escaliers qui est immense…

Nico : Alors ça c’est vrai que dans les salles, j’ai pas beaucoup parlé de ça, il y a aussi la salle de l’astrophysique qui est assez amusante avec le système solaire à l’échelle.

Pierre Il y a deux échelles, une échelle pour la distance et une échelle pour la taille. Qui est à peu près 1000 fois plus grande.

Nico : Et donc c’est amusant parce que c’est c’est une salle assez longue où on voit, l’échelle des distances.
Comme l’heure avance, on va en venir au palais aujourd’hui.

Alan Je voulais juste qu’on dise un petit mot de la notion de médiation, parce qu’on a tout un débat qu’on a en ce moment dans la chatroom. Vous vous présentez comme des médiateurs scientifiques, c’est le terme que vous utilisez.

Robin : Sachant que ça veut pas dire grand chose, sorti du lieu où on exerce cette profession, parce qu’il y a des formations à la médiation scientifique qui ressemble pas du tout à ce qu’on fait nous. Il y a des musées ailleurs ou des centres de science ailleurs dans lesquels on parle de médiateurs scientifiques mais c’est vrai que c’est pas notre boulot non plus. J’en ai parlé récemment avec un espagnol dans un centre de sciences et avec un italien (suisse-italien) qui bosse aussi beaucoup dans la vulgarisation des sciences, et ils ne comprennent absolument pas. Mais les français qui bossent ailleurs qu’au palais comprennent pas non plus. Le truc vraiment spécifique au palais, c’est que les médiateurs sont à la fois, face au public et à la fois dans la conception d’exposition, et j’ai l’impression que c’est à peu près le seul endroit au monde où ça se passe comme ça. Par exemple à la cité des sciences, il y a des gens qui conçoivent les expositions et des gens qui animent. Et normalement, c’est presque vu comme une hiérarchie. Quand on monte en grade, on a la droit de plus voir le public. Alors que nous c’est pas comme ça. On continue à voir le public, et c’est vrai que c’est un des avantages du boulot sous cette forme là, c’est que pour écrire des panneaux c’est pas mal de tester des explications à l’oral, en direct, de voir la tête des gens quand on leur dit un truc, voir si ils comprennent ou pas. De tester des manips, de tester des trucs comme ça. De voir si le gens s’en sortent ou pas.

Nico : Et puis ça crée une interactivité aussi. Moi je me souviens toujours de Pierre où des fois je lui demandais « qu’est ce que tu fais aujourd’hui » « je sais pas je vais demander au public de parler… »…

Robin : c’est un truc qu’on peut imaginer même avec des animateurs, qui feraient pas d’exposition.

Nico : si il y a quelqu’un d’autre qui a travaillé une exposition c’est plus compliqué.

Robin : C’est vrai que typiquement, même des associations, des petits débrouillards, il y a des gens qui conçoivent des animations, et qui forment des animateurs. Nous la différence c’est qu’on conçoit des trucs qu’on va faire nous même.

Alan : Et sur le terme de médiation, à proprement parler. on a dans la chatroom Jorj Mckie qui s’interroge. Il parle du médiateur qui pourrait régler les comptes entre voisins par exemple, dans un problème de voisinage, comme si la médiation supposait qu’il y a deux univers a priori incompatibles.

Pierre : Nous on règle un confit qui est le conflit entre le grand public et la science.

Alan : C’est comme ça que vous le voyez carrément.

Pierre : Je trouve que c’est un aspect assez négatif du terme. Disons qu’au début il y avait des démonstrateurs, après c’était des chargés d’expérience chargés d’exposer, maintenant ça s’appelle médiateurs scientifiques. Il y a une évolution au niveau du langage. Au niveau du vocabulaire qui a été utilisé. C’est vrai que d’une certaine façon un chargé d’exposé c’est essentiellement quelqu’un qui fait des exposés et donc qui a un boulot très réduit par rapport à ce qu’on peut faire nous en médiation scientifique. Mais le terme me plait pas du tout parce que médiateur c’est en général quelqu’un qui règle un conflit, oui. Donc c’est quelque chose que j’aime pas. Une médiateur familial, un médiateur de la république sur la chaine de télémachin. C’est des gens qui s’occupent des conflits et ça veut dire que d’une certaine façon on officialise le fait qu’il y ait un conflit entre le public et la science, ce qui est pas très malin dans le principe. Ce qui est pas malin mais ce qui est pas faux. Il y a effectivement d’une certaine façon quand même un conflit c’est-à-dire que la science c’est quand même pas quelque chose qui fait partie de la culture commune standard du citoyen moyen. Il y a des choses où il est de bon ton de dire qu’on y connait rien etc… ll y a, y compris sur les média, sur les hommes politiques, se vanter de ne rien connaitre à ceci ou à cela, de n’avoir eu aucun diplôme, c’est quand même quelque chose qui est de bon ton et donc il y a effectivement un conflit entre, en particulier la science et le grand public.

Robin : C’est-à-dire que moi le premier je trouvais que de donner ce nom là ça l’entérine aussi.Il y a des gens qui auraient peut être pas l’idée d’être fâchés avec la science mais on leur présente tellement ça comme un monde où il faut faire un effort, vous inquiétez pas on va tout vous expliquer gentiment, vous inquiétez pas ça mord, qu’ils finissent par avoir peur.

Pierre : Si le conflit existe ça justifie notre paye.

Marie : Je voudrais intervenir parce que je suis pas tout à fait d’accord avec ce que disent mes collègues, pour moi, le terme de médiateur se rapporte plus au terme de média de moyen de diffuser, de faire passer, une information.

Robin : C’est une dérive sémantique.

Franck : Ca voudrait dire que c’est sous plusieurs formes, sous quelque forme que ce soit, faire passer….

Pierre : Ca c’est gentil mais faut reconnaitre qu’en général ce qu’on appelle un médiateur, médiateur conjugal, etc… c’est quand même quelqu’un qui règle un conflit…

Nico : Enfin ce serait quand même plus amusant qu’un médiateur conjugal utilise plein de média pour faire son travail.

Alan : Pierre vous choisiriez quel terme ?

Pierre : Je sais pas trop, mais ça m’a été imposé donc… Vulgarisateur, j’aime pas trop, je préfère popularisation que vulgarisation.

Alan : Popularisation à l’anglo-saxonne.

Pierre : Disons qu’a priori dans vulgarisation il y a vulgaire et dans popularisation il y a peuple. Je préfère peuple à vulgaire. Mais c’est personnel.

Robin : C’est vrai que dans le nom il y a des choses importantes. Souvent on parle d’animateurs, il y a des gens qui nous disent qu’on est animateurs, c’est vrai qu’animateur, c’est assez restrictif, ça rabaisse un peu. Il y a le mot facilitateur, quelqu’un qui est dans la salle, qui juste entretient le truc, accueille les gens. Au palais de la découverte, je sais pas si au début il n’y avait pas un peu des gens comme ça et des chercheurs, des genre vrais, grands.

Pierre : C’est vrai que ce qu’on voit beaucoup c’est médiateur dans médiateur scientifique, et moi ce que je vois plus c’est scientifique.

Nico  : Il y a des gens pour inventer des termes, c’est pas les gens du palais qui les inventent. Moi à l’époque j’étais moniteur et maintenant c’est doctorant contractuel. Dans le genre « terme sympathique » pour se présenter. Parce que contractuel ça fait penser à beaucoup de choses.

Robin  : Dans la médiation, pour reprendre, c’est quand même assez juste. Il y a des formations à la médiation scientifique où la formation c’est pas du tout pour faire ce qu’on fait nous, c’est pour organiser des événements, des débats, des rencontres entre chercheurs et le public, pour parler des débats de société notamment, que pose la science et ça pour le coup on sent vraiment plus un conflit, ça va être le nucléaire, l’OGM, on a des méchants d’un côté les gentils de l’autre. J’exagère un peu mais il y a un aspect un peu comme ça. On sent pour que certains il y a cet aspect là très clairement qui est un peu en décalage par rapport à ce qu’on fait nous où a priori, je ne vois pas pourquoi les gens seraient fâchés avec le contenu des maths. A la limite ils peuvent être fâchés avec ce qu’ils en ont vu à l’école ou le fait de ne pas comprendre.

Pierre  : Il nous arrive de faire des évènements, des expositions, des trucs avec le public… Un certain nombre de choses dans la palette et on se réduit pas à une de ces choses là.

Marie  : Ecrire des articles aussi. Les termes de démonstrateur, de chargé d’exposé,s ils étaient vraiment restrictifs par rapport à la palette d’exposés.

Nico  : D’autant qu’au niveau écriture d’articles il y a une revue au palais de la découverte, il n’y a pas beaucoup de monde qui doit être au courant, qui s’appelle « découvertes ».Il y en aura peut être des exemplaires à gagner, voire offerts à la sortie du palais samedi. Très probablement. C’est même sûr parce que je les ai chez moi…
On va en venir au palais un peu hier et aujourd’hui, en parlant de choses un peu douloureuses à savoir la fusion. C’est important d’en parler. Je vais essayer de faire un bref résumé des choses et puis vous allez de toute façon intervenir.
Il y a eu la révision générale des politiques publiques où il a été décidé de fusionner la cité des sciences et le palais de la découverte. Déjà, au niveau nombre de personnes, les deux lieues n’ont pas du tout la même taille. Si je ne me trompe pas il y a 5 fois plus de personnes à la cité des sciences et c’est surtout au niveau du statut où ça a fait un gros changement puisque ça fait que le palais de la découverte devient un établissement public industriel et commercial (EPIC). Le gros changement c’est que c’est plus une université, c’est plus possible d’avoir des fonctionnaires, on peut beaucoup moins facilement avoir des doctorants. Les anciennement chercheurs etc… C’est plus possible, les relations avec les chercheurs, c’est plus compliqué.

Pierre  : C’est pas parfaitement exact. On a une loi spéciale, pour nous, il y a un article spécial de la loi de mobilité, sur la mobilité des fonctionnaires. L’article 42 de la loi en question qui dit que le personnel du palais de la découverte est affecté dans un EPIC qui fusionne la cité des sciences et le palais de la découverte. A priori dans un EPIC il ne peut pas y avoir de fonctionnaires affectés, il peut y avoir des fonctionnaires détachés, des fonctionnaires en disponibilité mais pas des fonctionnaires qui restent fonctionnaires et qui travaillent dans un EPIC. Donc ils nous ont fait un article spécial de loi pour qu’effectivement il puisse y avoir des fonctionnaires dans cet EPIC. Pas très malin d’ailleurs parce que tant qu’à faire ils auraient pu ouvrir une brèche Ils l’ont pas fait donc s’ils veulent recommencer la chose avec un autre EPIC, ils sont obligés de refaire un article de loi ou une loi parce que c’est marqué explicitement que les fonctionnaires du palais de la découverte sont affectés à un EPIC.

Robin  : Il y a plusieurs choses, c’est vrai qu’à l’oreille Etablissement public scientifique et culturel ou EPIC, on n’a pas l’impression d’être exactement au même endroit, et c’est vrai surtout qu’on n’avait pas du tout les mêmes modes de fonctionnement, les mêmes types d’organigrammes, tout ce qu’on a raconté sur la place du médiateur, sur le fait de fabriquer sur place, sur le fait que le médiateur conçoit les exposition en même temps qu’il est face au public. Tout ça c’est des choses qui sont en opposition totale avec ce qui se passe à la cité des sciences où on a la direction des expositions, la direction de la médiation, et c’est pas les mêmes personnes et globalement on peut dire que quand on a été un bon moment à la médiation on peut espérer une promotion en passant à l’exposition. C’est pas mal comme ça que ça se passe. C’est un choc des cultures et comme ils étaient 1000 et nous 200 et qu’ils avaient le statut qu’a maintenant le nouvel établissement, tout se fait vraiment plus façon cité des sciences maintenant dans le nouvel établissement fusionné.

Pierre  : Ils sont 1000 et 400 sous traitants sur place.

Nico  : Sachant que dans les 200 tout le monde compte, il n’y a pas que les médiateurs.

Pierre  : Les médiateurs sont 40 à 45.

Franck  : Quelle est la raison fondamentale à ce changement ?

Pierre  : C’est une bonne question.

Nico  : Moi j’ai jamais trouvé à qui ça profitait.

Pierre  : Ca devrait être financier mais pour le moment on s’attend par exemple à ce que 1000+200 ça fasse 800 et en fait il y a toujours 1 fonctionnaire sur 2 ou un salarié sur 2 qui part à la retraite et qui n’est pas remplacé, mais ça n’a pas fait une variation dans l’immédiat importante.

Franck  : Peut être qu’il y a moins de frais de gestion ?

Pierre  : Pas vraiment, on peut dire que quand même le denier public est un peu gaspillé dans certaines situations. Et quand on utilise les fonctionnaires, ou quand on utilise des sociétés sous traitantes, des fois ça coûte beaucoup plus cher les sociétés sous traitantes que les fonctionnaires. Mais il y a un espèce de crédo dans le pouvoir actuel, à moins que ça change vraiment maintenant, jusqu’à présent, avant le changement de maintenant, le crédo c’est il faut absolument baisser la masse salariale. On est un bon gestionnaire si on arrive à baisser la masse salariale. Et baisser la masse salariale ça peut se faire en réduisant les frais de personnel et ça peut se faire en transférant les frais de personnel. Le jour où on arrête d’employer des gens et on fait appel à un marché avec des sociétés sous-traitantes qui elles emploient des gens, ça apparait plus dans la même ligne, donc on a l’impression qu’on a fait des économies, qu’on a fait progresser les choses, et en fait, globalement ça coute beaucoup plus cher.

Robin  : Dans la révision générale des politiques publiques c’était ça l’objectif.

Pierre  : Pour le moment on n’a pas vu les économies se produire. Mais bon on peut supposer aussi que dans un premier temps on calme le personnel etc… On attend 5 ans et à partir de là ça va commencer à cogner disons… Mais ça ne se présente pas comme ça.

Robin  : Dans les textes d’origine il y avait clairement dit, le but c’est de faire mieux avec moins. On va faire des synergies, des trucs comme ça. Le truc qu’ils avaient pas compris clairement, quand on en a discuté avec des gens du ministère c’était vraiment très clair, c’est la différence qu’il y avait entre les 2 établissements, profondes, il y a le mode de fonctionnement, il y a aussi le propos. Nous on est vraiment accès sur les sciences fondamentales, encore une fois avec lesquelles les gens ont peu de raisons d’êtres fâchés, on n’est pas sur des créneaux style débat public, OGM, nucléaire etc… On peut en parler bien sur mais ça va être pour expliquer comment ça fonctionne.

Marie  : Pour donner aux gens les bases scientifiques qui leur permettent de se faire une opinion par rapport à des sujets, dont ils entendent beaucoup auxquels ils ne comprennent pas grand chose parce qu’on leur explique pas vraiment les choses.

Robin  : Mais ce n’est pas le lieu du débat.

Marie  : Ca aboutit forcément à des débats.

Robin  : Plus chez toi que chez nous.

Pierre  : Disons que ça peut aboutir à des débats mais ce n’est pas l’objectif numéro 1 parce que l’objectif numéro 1, c’est d’expliquer comment ça fonctionne, qu’est ce qu’il y a dessous. Je vais prendre un mauvais exemple, si on regarde le téléphone portable, à la cité des sciences on va nous expliquer que le téléphone portable c’est quelque chose qui a pris à telle vitesse, qui s’est développé avec telle et telle possibilités avec tell et tel développement technique, bientôt il va pouvoir faire le café. On en est pas encore là mais c’est pas loin, mais au palais on va plutôt expliquer comment ça se fait par exemple que dans une bagnole on est obligés de mettre une antenne pour recevoir la radio et on peut téléphoner avec son portable. On est obligés de mettre une antenne à l’extérieur parce que la voiture c’est une cage de faraday pour les ondes radio mais pour les ondes téléphones, non pas du tout. On a affaire à quelque chose d’autre. On va expliquer ce que c’est qu’une onde, on va expliquer qu’elles n’ont pas la même nature mais le fait que l’on puisse faire le café avec le téléphone portable on s’en fout un peu. C’est un problème industriel, technique.

Nico  : C’est indiqué dans le nom, c’est la cité des sciences et de l’industrie, c’est ça aussi une des différences.

Pierre  : Oui et non, parce qu’en fait ça fait quand même assez longtemps que les gens de la cité des sciences et de l’industrie l’appellent cité des sciences et on n’insiste pas sur industrie. Il y a quand même eu une évolution très nette entre les débuts de la cité des sciences et de l’industrie et l’actuelle cité des sciences. Il y a quand même une évolution et il y a quand même des médiateurs scientifiques accès science. il n’y a pas que des trucs automatiques avec des écrans, des ordis etc….

Robin  : Disons qu’il y a à peu près le même nombre voire un peu moins alors que c’est 5 fois plus grand. Ca a moins d’importance. Si on rentre au palais de la découverte et qu’on voit pas d’exposés, on est très doué d’une part mais on a tout raté d’autre part, c’est-à-dire que ça repose vraiment là dessus. La cité des sciences c’est quand même plus faire une visite sans voir personne.

Nico  : C’est pour moi ce qui a permis au palais de garder cet intérêt. Ce centre de médiation avec toutes les rénovations qui n’ont jamais été faites, qui ont repris tout. C’est grâce à cette médiation qui elle se mettait à jour.

Robin  : C’est ce que disait un de nos collègues qui l’a dit très bien dans un texte où il décrit une machine hyper sophistiquée qui se met à jour, qui s’adapte au public qu’elle a en face, réagit en temps réel, c’est une machine hyper sophistiquée on est à la pointe du progrès. C’est ce qu’on fait de mieux. Ca m’arrive de le dire en début d’exposé, je dis aux gamins qui sont pas forcément habitués à ce genre de rapport, le but du jeu c’est que vous posiez des questions, profitez du fait de pas avoir une vidéo mais un vrai quelqu’un. Justement on est là pour éviter toute passivité.

Alan  : On a deux questions qui viennent de la chatroom, dans deux registres un peu différents. On a Simon qui nous dit : « l’industrie c’est les sponsors  ».

Robin  : On n’y échappe pas complètement.

Nico  : Ce n’est pas une question.

Alan  : Ca vous fait juste sourire. Vous avez une remarque.

Pierre  : Non les sponsors c’st pas forcément l’industrie et à l’heure actuelle le contenu des financements publics dune façon ou d’une autre on est un peu obligés d’en passer par les sponsors quoiqu’il arrive même si ça nous plait pas, même si éthiquement on est très au dessus de ça. Quand même malgré tout, il y a un moment où il faut tenir compte un peu des réalités et constater que si on rajoute un sponsor on aura un peu plus de facilités pour faire les choses.

Robin  : Et puis objectivement on peut avoir des sponsors intéressants.

Pierre  : Et puis ce n’est pas forcément industriel.

Alan  : Je pense qu’il posait la question en réaction toute à l’heure au nom entier de la cité des sciences et donc rien à voir. La cité des sciences n’est pas financée par l’industrie.

Pierre  : Non pas spécialement, je pense qu’il y a quand même une très grosse partie qui est du financement de l’argent public.

Nico  : Et au palais tu as aussi des expositions typiquement en ce moment.

Pierre  : La cité des sciences et maintenant universciences qui fusionne les deux, c’est quelque chose qui est un EPIC mais qui a au moins 80% de son budget qui est donné par l’état. Si ça devait être équilibré avec les ressources propres, c’est foutu. Ca ferait longtemps que ça existerait plus.

Alan : OK et puis la deuxième question, là c’est vraiment une question, je sens qu’on va ouvrir une parenthèse avant de reprendre le fil de

Nico , c’est Jorj Mckie qui nous demande comment vous vous positionnez par rapport à la « science citoyenne », est ce que ça vous inspire ?

Robin  : Faut lui demander ce qu’il entend par là.

Alan  : Alors Jorj t’as entendu la question, on y reviendra.

Robin  : Effectivement, les histoires de débat de choses comme ça et c’est vrai que moi j’ai l’impression qu’on est à côté de ça. Qu’on n’est pas dans ce monde là. C’est un truc qui est très en vogue, il y a beaucoup d’endroits où ça se fait, où on dit qu’il faut le faire, et je ne dis pas que je suis contre mais c’est vrai que j’ai l’impression qu’on n’y est pas. Il y a un coté décalage pour tenter d’expliquer aux gens du ministère de la culture notamment, pourquoi ça nous paraissait absurde de mélanger deux établissements aussi différents que la cité des sciences et le palais de la découverte. On disait régulièrement ça vous viendrait pas à l’idée de mélanger le Louvre et Beaubourg. C’est deux musées de sciences pourtant et ils rigolaient et ils ne comprenaient pas, mais c’est vrai que j’ai l’impression qu’il y a une différence profonde. Oui on se préoccupe de science citoyenne dans le sens où on fait des citoyens plus éclairés qui sont plus à même de réfléchir sur des sujets parce qu’ils ont plus d’outils intellectuels.

Pierre  : …. citoyen il faut avoir un avis sur la science éventuellement.

Marie  : Pour moi il y a quand même des domaines où tu échappes pas aux débats de société. Les ateliers du génome, quand on parle d’évolution, on a le créationnisme, c’est que des questions que les citoyens se posent.

Pierre  : Ok mais le créationnisme, c’est pas de la science, alors que l’évolution c’est de la science. Si on donne des clés à propos de l’évolution aux citoyens, ça correspond à science et citoyens d’une certaine façon. Mais simplement on donne des clés, on ne rentre pas dans le débat est ce que cette science là..

Marie  : On a un devoir de neutralité.

Alan  : Il n’a pas encore précisé.

Nico  : J’en étais à peu près à la fin, on va juste parler de deux choses, comme on a un scoop on va en parler quand même sur l’actualité du palais d’aujourd’hui, qui me raconte ça ? C’est l’actualité chaude. On est avant minuit heureusement. Pierre , tu vas bien le raconter…

Pierre  : Je vais raconter que depuis quelques années…ça fait 11 ans qu’on n’avait pas le droit de le dire. Il faut reconnaitre que le palais de la découvert qui a été fait en 1900 et depuis 1900 les règlements de sécurité ont évolué et on peut dire, ça a beaucoup évolué, ça n’arrête pas d’évoluer, c’est comme dans les voitures à un moment donné il a fallu mettre les ceintures de sécurité, après avoir un petit gilet jaune quand on veut sortir de sa bagnole et après un ça suffit pas, il en faut plusieurs, etc… On va mettre un alcotest dans la voiture etc… Les règlements de sécurité évoluent sans arrêt et il y a des choses qu’un bâtiment peut suivre facilement et des choses que le bâtiment peut pas suivre facilement. Si on suit pas vraiment on a un peu du mal. Et donc depuis 2001, on était avec la commission de sécurité de la ville de Paris qui émettait un avis défavorable à l’ouverture au public parce qu’on ne respectait pas toutes les règles de sécurité qui avaient été dictées entre 1900 et maintenant.

Robin  : Et concrètement ça voulait dire qu’en fait on n’avait pas vraiment le droit d’être ouvert et qu’au moindre problème c’était le directeur qui supportait ça pénalement.

Pierre  : Et donc aujourd’hui, la commission de sécurité de la ville de Paris est passée au palais de la découverte, a fait sa petite visite et a levé son avis défavorable. Ca y est on a le droit d’être ouverts.

Nico  : Donc on vous annonce l’ouverture du palais de la découverte.

Pierre  : C’est un scoop.

Robin  : D’ailleurs je tiens juste à dire à propos des électrocutions à 300.000 volts, je sais pas si je suis le seul mais moi avant d’arriver au palais de la découverte j’avais entendu parler, une rumeur, qu’il y avait eu un accident mortel. C’est évidemment faux mais ça fait partie des rumeurs, comme le fait que les décimales de PI soient fausses, là il y a un truc qui le justifie c’est que pendant un moment effectivement elles étaient fausses mais non il n’y a pas eu d’accident, jamais. A priori il n’y a pas de raisons qu’il y en ait.

Nico  : Par contre, dans les anecdotes, moi le palais de la découverte c’est le seul endroit de ma vie où quelqu’un est venu me voir en me souriant en me disant « ah je me suis fait électrocuté ».

Pierre  : Est ce que c’est vraiment une électrocution ?

Nico  : Non c’est de l’électrostatisme.

Pierre  : C’est typiquement le genre d’endroit où on apprend la différence entre l’ampère et le volt.

Nico  : Tout à fait. De manière assez efficace.
Depuis le début on dit que c’est une électrocution mais c’est vrai que c’est faux… peut être quelques mots sur le palais de demain, parce que c’est pas vraiment le palais de la découverte, sur ce qui est en train de se faire de l’autre côté de la méditerranée.

Pierre  : Ca fait quand même assez longtemps que le palais de la découverte était un modèle qui a été utilisé pour créer l’exploratorium à San Francisco, il y’a quand même beaucoup de gens qui viennent voir ce qu’on fait et qui trouve ça intéressant et qui essaye de refaire ou ont envie de s’en inspirer. Là on peut dire que le palais de la découverte indépendant qu’on a connu pendant 70 ans, c’est plus exactement ça, on est un peu dans des situations très différentes, très compliquées par rapport à ce qui se faisait jusqu’au moment de la fusion et par contre il y a des gens dans différents pays qui trouvent que c’st intéressant ce qu’on fait parce qu’on leur montre ce qu’on fait et qui se rendent compte que c’est intéressant. Et donc la France est un pays qui est en train d’essayer de tout casser, essayer de tout démolir, tout ce qui a été installé par les générations précédentes, on est en train d’essayer de dire que ça coûte trop cher, que c’est pas bien, qu’il faut tout casser. Puis il y a des pays, par exemple de l’autre coté de la méditerranée, l’Algérie, qui fête ses 50 ans d’indépendance et qui se dit que il y a tout à faire, tout à créer, tout à construire, tout à bâtir dans ce genre de pays et donc, par exemple, il y une décision qui a été prise coté algérien de créer un établissement du même style que le palais de la découverte, qui pour le moment s’appelle le palais des sciences, qui devrait être créé à Alger dans le carde d’un réseau sur l’ensemble du territoire national avec comme objectif d’aller toucher tous les algériens et pas seulement ceux qui auraient le bon gout de pouvoir se déplacer facilement à Alger et donc en utilisant, en voyant ce qu’on est encore capable de faire au palais de la découverte, aussi bien en médiation scientifique que dans les ateliers, que dans l’organisation du travail et réussir à faire quelque chose d’humain, à la méthode algérienne malgré tout mais qui s’inspire de cette idée de Jean Perrin. Qui est quand même une idée assez neuve même si ça ne plait pas aux politiques. Même si ça coûte beaucoup d’argent, ça continue d’être assez neuf, ça continue d’être quelque chose d’assez original, qui n’a pas vraiment été fait partout. Des « science center » il y en a un peu partout maintenant, mais ce n’était pas le cas au moment de la création du palais de la découverte. Des science center qui seraient comme le palais de la découverte avec des gens à l’intérieur, avec des trucs qui ont été faits sur place, qui ont été cogités sur place, qui ont été réellement faits etc, tous ces trucs là c’est quelque chose qui se rencontre pas souvent et donc c’est ce qui tente bien les algériens à l’heure actuelle. Disons qu’on est peut-être en train de passer un relais au moment où la France est en train d’essayer de … le palais de la découverte, l’Algérie va faire renaitre un palais de l’autre coté qui sera algérien mais qui sera basé sur les mêmes principes.

Nico  : Sachant que (alors ça c’est un truc que j’ai entendu donc je sais pas à quel point c’est vrai, vu que j’ai pas de sources c’est peut être pas malin) mais c’est vrai que c’est un lieu par exemple où, je crois que c’est le seul endroit au monde où on peut voir un champ magnétique aussi fort accessible au grand public, les cages de Faraday ?

Pierre  : Faut pas le dire trop fort parce qu’après les commissions de sécurité tout ça….

Nico  : Il y a aussi dans les choses un peu marquantes amusantes, c’est quand on va voir la page Wikipedia de la cage de faraday en anglais, c’est une photo du palais de la découverte qui est illustrée. C’est qu’il doit pas y avoir beaucoup d’autres lieux aux Etats-Unis sur le Wikipedia américain où on peut voir exposé au grand public comme ça. En tout cas c’est ce coté où il y a ces phénomènes et en plus il y a des fabrications ou c’est mis a jour quand c’est possible régulièrement.

Alan  : On a encore 2 petites interventions de Jorj Mckie qui décidément est très en forme ce soir. Il y en a une c’est de la provoc’ et on va se la garder pour après l’émission. Il nous dit aussi qu’il adore l’idée du palais de la découverte et 30 ans après sa dernière visite, nos invités, donc vous, ne lui ont donné qu’une envie c’est celle d’aller le redécouvrir. Ca fait plaisir.
Nico  : Belle conclusion.

Pierre  : Ne passons pas à la provoc tout de suite.

Alan  : On se la garde pour plus tard.

Robin  : Pour finir, il y a pas mal de gens de grand nom qui ont dit que ça avait compté dans leur vocation. C’est toujours difficile de savoir à quel point ça compte. On peut dire Pierre -Gilles de Gennes par exemple, il est moins connu évidemment parce qu’il est japonais et il vit en Angleterre, Tadashi Tokieda, qu’on a vu récemment, nous a quand même dit que c’était quelque chose qui avait compté pour lui et que c’était ce qu’il avait envie de faire. Lui c’est un chercheur mais pour qui la vulgarisation est très importante. A quel point c’est vrai, à quel point c’est la seule source je sais pas mais en tout cas il a dit que ça avait compté pour lui.
Nico  : Dans ces notions d’accessibilité de médiation, je sais qu’il y a quelques lettres, même si tu m’as dit qu’il n’y en avait pas tant que ça, que les gens envoient pour des questions ou pour des démonstrations ou des choses. Il peut y en avoir en bio aussi j’imagine. Est-ce que vous savez si il y en a autant à la cité ou c’est l’aspect médiateur qui dont cette envie de dire « on va leur écrire ».

Pierre  : Disons qu’on a l’air quand même d’être quand même assez accessibles. Par exemple, quelqu’un qui a démontré la quadrature du cercle, si il essaye d’envoyer son papier à l’académie des sciences, ça fait une bonne centaine d’années que l’académie des sciences jette ça au panier sans l’ouvrir. Donc il faut trouver un autre lieu, l’université c’est pas forcément facile de trouver quelqu’un qui veuille bien lire un papier sur la quadrature du cercle, donc de temps en temps on reçoit des choses de ce genre là où le gars nous explique qu’il a démontré la quadrature puisque sachant que PI est égale à 3.14, etc… et bon c’est dommage parce qu’il nous montre ça dans la salle PI et dans la salle PI on voit que PI n’est pas égal exactement à 3.14… Mais ça n’empêche pas qu’effectivement on a des courriers comme ça parce qu’on est plus accessibles. On a des courriers qui sont quand même un peu moins tordus que la démonstration de la quadrature du cercle. Quand même si le public de cette émission doit retenir une chose, la quadrature du cercle, il y a à peu près la moitié de la population qui pense que c’est quelque chose de difficile, et l’autre moitié qui pense que c’est quelque chose d’impossible. Je rassure tout le monde, c’est impossible.

Nico  : L’expression dit que c’est difficile…..Non remarque, elle dit que c’est impossible.
C’est parce que c’est impossible mathématiquement mais physiquement on a l’impression que si. Qu’on arrive à faire des choses qui se rapprochent.

Pierre  : Heureusement que tu n’es plus moniteur. Je pense que tu aurais été viré.

Alan  : On va conclure sur cette réflexion. On a encore des bravos qui viennent de la chatroom. Vous avez des fans parmi nos auditeurs et nos animateurs qui ne sont pas tous là ce soir.

 

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