Retranscription de l’interview de Bruce de E-penser

 

Retranscription de l’interview de Bruce de la chaine youtube E-penser, réalisée dans l’épisode 205. Retranscription réalisée par Julien & Stephanie. Un immense merci à elle, c’était (encore) vraiment un énorme boulot.

A la fin de l’interview il y a une liste de toutes les chaines évoquées par Bruce.

L’interview

Présents : Nico / Robin / Irène / Julie / Johan / Bruce

Nico : Merci d’être venu parler chez nous, bienvenue à bord.

Bruce : Merci

N : J’ai un peu l’impression d’être la vieille radio qui reçoit la télé qui arrive et qui ne comprend pas trop ce qu’il se passe. Mais bon, ça a un coté sympa. Bref, ta chaine compte aujourd’hui plus de 200.000 abonnés [500.000 au moment de la mise en ligne de l’interview], comme ça on ne se mouille pas pour le nombre d’abonnés qui change tous les jours. Elle a grandi à vue d’œil, vu qu’elle comptait 1 millions de vues en décembre dernier, 2 millions en janvier et là, au 10 février, tu en es à 9 millions de vues. A ce rythme là, c’est le milliard avant la fin de l’année ?

B : Alors, pas exactement. En fait, ce qu’il se passe c’est qu’il y a eu 1 millions de vues en décembre et 2 millions de vues en janvier. Mais j’avais déjà un certain nombre de vues. Donc en gros, que je ne dise pas de bêtises : au 1er janvier, je devais être à 7 millions de vues, déjà. Donc j’ai fait 2 millions en janvier, ce qui m’amène aujourd’hui à 9 millions de vues.

N : D’accord, ça n’a pas explosé en mode…

B : Non, c’est pas en mode “d’un coup, je me suis mis à faire 7 millions de vues en février” !

N : Sait-on jamais.

B : Je veux bien…

N : Je ne suis pas certain qu’il faille te présenter en détail, tout le monde te connait. En tout cas, tout le monde connait sans doute tes vidéos. Tu réponds en gros à peu près tous les 15 jours à une question essentielle : pourquoi bailler ? est-ce que c’est contagieux ? Qu’est-ce qu’un trou noir ? Comment se forment les arc-en-ciel ? Est-ce qu’Aristote a eu raison au moins une fois de son vivant [ndlr : On dirait que oui]?

B : Aristote…

N : Pourquoi 42  ? Dr Qui ? A quoi a vraiment servi Einstein ? Le boson de Higgs ? Ou encore le lolcat de Schroedinger… Bref, tu abordes des sujets qui ne sont pas forcément faciles, et tu les abordes tous les 15 jours avec des vidéos qui sont plutôt longues et plutôt sympathiques. Alors comme on a au moins une auditrice qui nous écoute depuis son ranch de la campagne fribourgeoise, en Suisse, dont la connexion est trop pourrie pour apprécier youtube, est-ce-que tu pourrais présenter, en quelques mots, la chaine e-penser ?

B : Alors, e-penser, c’est donc une chaine youtube, dont le but est… A la base, la question c’est de faire des émissions dans lesquelles je réponds à des questions que je me pose. L’idée, c’est vraiment de pousser un maximum de gens à être curieux, autant qu’ils peuvent, et à ne pas se contenter d’être curieux : à aller chercher des réponses, qui vont apporter d’autres questions, qui vont amener d’autres réponses, etc… Le but, c’est ça. Le but, c’est de se gratter la tête.

N : Parfait. Je crois que nos auditeurs fonctionnent à peu près pareil, de pouvoir se gratter la tête. Et du coup, tu fais de la vidéo sur le web. Donc question de vieux podcast audio : c’est comme faire de la télé ou il y a des différences quand même ?

B : Je ne connais pas bien le monde de la télé, mais suffisamment pour savoir que c’est complètement différent. Déjà, à la télé, il faut qu’il y ait un feu vert pour pouvoir faire une émission. Il faut qu’il y ait, à un moment donné, quelqu’un… Parce qu’il y a des enjeux financiers, il n’y a pas autant de chaînes qu’on veut avec autant de disponibilité qu’on veut, donc il y a des vrais enjeux, ce qui fait que ça passe par une masse de contraintes qui est dingue : en terme de format, en terme de contenu, en terme de cahier des charges, et tout. Sur youtube, si dans 5 minutes tu as une idée, dans 10 minutes elle peut être sur youtube ou sur dailymotion.

N : Vraiment 10 minutes ?

B : Oui, si tu fais une vidéo qui dure 20s, si tu as une bonne connexion tu l’uploades directement, hop. Tu lui mets un titre, voilà, tu balances. Ça ne veut pas dire que tu seras bon par contre.

N : Et au niveau technique, on va sans doute y revenir. Mais la différence par rapport à la télé, c’est que tu restes dans des conditions qui restent encore très amateures.

B : Ah oui, c’est complètement artisanal, mais j’aime bien moi. Après, à un moment donné, il va falloir que je fasse un choix. Je pense que si je veux en faire mon activité principale (et je VEUX en faire mon activité principale), à un moment donné, il faudra que je m’industrialise un peu. Maintenant, s’industrialiser, ça ne veut pas non plus dire nécessairement devenir une grosse machine de prod, avec des studios, avec un cadre particulier, avec tout qui est réglé, millimétré. Ça veut simplement dire que, à un moment donné, le montage, il faudra que je le fasse avec quelqu’un, que la captation du son, il faudra que je laisse quelqu’un de plus compétent que moi la faire, et du coup ce ne sera pas difficile de trouver quelqu’un de plus compétent que moi pour faire la captation du son. Voila, à un moment donné, il faudra que je lâche un peu. Parce que pour l’instant, je fais tout, tout seul. Pas tellement parce que je suis un “control freak”, c’est surtout que je veux assumer ce que je fais à cent pour cent. Le premier truc que je me suis permis cette année, c’est une boite avec laquelle je bossais, qui m’a fait une nouvelle charte graphique. L’agence le 6, qui m’a fait un nouveau logo, qui m’a fait un habillage graphique que je trouve superbe. Eux, c’est leur métier, ils savent faire, et je trouve qu’ils ont très bien fait. Et le fond sonore maintenant, les musiques, etc… C’est une petite boite de prod qui vient de se créer, qui s’appelle “la grande table prod“. A la base, c’était un abonné qui m’a contacté, qui m’a dit : “Ecoute, j’aimerais qu’on discute de la possibilité de te mettre des ambiances musicales”. Voila, c’est la musique et l’habillage graphique. Mais pour le reste, c’est moi. Quand il y a une illustration, une incrustation, une animation, quand il y a un montage, quand il y a un cut, quand il y a une vanne, quand il y a n’importe quoi : c’est moi. Et donc je l’assume. Si je dis une connerie, c’est ma faute, et si je blesse quelqu’un, c’est moi qui dois m’excuser derrière.

N : D’accord, l’habillage graphique dont tu parles, c’est le nouveau logo avec le haut de ta tête qui est en train de penser, et le fond en bleu dégradé sur la plupart des vidéos en imagettes. [IMAGES ?]

B : C’est ça. Et dans le générique, les petits pictos qui représente l’atome, des engrenages…

N : Tout le reste, quoi. La bannière dans youtube j’imagine, des choses comme ça ?

B : C’est ça.

N : Ok. Alors justement, tu parlais des formats au niveau télé. Est-ce-que tu peux nous éclairer un peu sur tes formats ? Parce que, à ce jour, a priori tu fais des “preuves par vieux”, des FAQ, des quickies, des breaking balls…

B : Ouais. Ah, je vois qu’il y a Micmaths qui est là. Bonjour Micmaths ! Alors, ceux qui ne connaissent pas Micmaths, vous tapez Micmaths dans youtube, vous vous abonnez immédiatement. Voilà, comme ça, c’est fait.

I : Je trouve que tu es vachement bon en marketing !

R : Je suis impressionné de voir le nombre de personnes qui le connaissent. Moi, je le connais, mais en vrai.

I : C’est incroyable, ouais.

B : Je ne l’ai pas encore rencontré en vrai.

R : Moi je bosse avec lui en vrai, en fait.

B : Oui, à la fête de la science, il était au Palais [de la découverte].

N : Moi, je me demande si il est vraiment aussi petit ou si il fait, en vrai, 1m80 et il met juste une caméra au-dessus de lui.

B : Pour en revenir au format : ce qui se passe, c’est qu’à la base, je n’avais rien organisé du tout. A la base, je m’étais dit “je vais répondre à des questions”. Et puis à un moment donné, je me suis dit : “j’aimerais bien parler d’Ératosthène“. Mais, je ne vais pas juste demander comment est-ce-qu’on peut mesurer la circonférence de la Terre, parce qu’il y a plein de façon de le faire. Moi, je veux raconter SA façon à lui de le faire. Donc je dis “je vais raconter la vie d’Ératosthène“. Alors au début, ce n’était pas vraiment sa vie, c’était juste cette question là. Et c’est comme ça que sont nées les “preuves par vieux”. Je me suis dit, il faut que ce soit un format à part parce que je ne réponds pas juste à une question.

Ensuite, je me suis dit merde, maintenant mes émissions commencent à faire vingt minutes, trente minutes, quarante minutes, etc… Ce serait bien que j’ai un format plus court. Alors c’est pour deux raisons : il y a une raison qui est purement… (s’interrompant)

Ah, j’adore cette photo. Elle est dingue cette photo ! Je précise, parce que là je suis en train de voir en live une photo d’Antoine Daniel [YOUTUBE ] avec la chemise du Joueur du Grenier dans mon studio. Pour la petite histoire, quand il avait balancé cette photo sur twitter, il avait mis en commentaire “cette photo n’a aucun sens”, il ne m’avait absolument pas taggé ni rien, j’avais pris 1000 abonnés dans l’heure.

N : Je vois.

B : Ca, c’est la puissance d’Antoine Daniel. Voilà. (Reprenant la conversation) A un moment donné, je m’étais dit, il faudrait que je fasse un programme plus court, déjà parce qu’il y avait des abonnés qui me disaient “j’aimerais bien partager tes vidéos, mais ça sert à rien que je partage des vidéos de trente-cinq minutes. Je suis désolé, j’ai envie de partager ta vidéo sur la relativité, sur machin, la flèche du temps, mais les gens n’iront pas regarder”.

N : C’est marrant, parce que ce sont des gens qui ont regardé tes vidéos en entier, mais qui considèrent que c’est trop long pour le partager.

B : Je ne pense pas qu’ils considèrent que ce soit trop long pour partager. Je ne veux pas parler en leur nom, mais je pense qu’ils considèrent que ça n’intéressent pas leurs amis en fait.

N : D’accord.

B : Donc, du coup, ils disaient “est-ce-que tu n’as pas quelque chose de plus court, de plus accessible, au moins pour rentrer dans la chaine”. Et je me suis dit, dans l’absolu, ce ne serait pas débile d’avoir aussi quelque chose de plus accessible. Et c’est comme ça que sont nés les quickies.

N : D’accord.

B : Avec les quickies, qui ont cette particularité, même si ça peut évoluer parce que je ne fige strictement rien, l’idée du quicky, à la base, c’est de faire s’interroger le spectateur sur son sens critique et sur son appréhension de ce qu’on peut lui raconter. Le premier quickie, c’était “le lieu le plus dangereux de France“. C’était sur les dangers de confondre corrélation et causalité. Et je sais que ça a beaucoup interpellé les gens. D’ailleurs, je sais qu’il y a eu un très bon retour sur cette vidéo là. Les gens, au début, gueulaient en disant “Attends, ce que tu racontes n’a rien à voir avec le titre, en fait”. Et puis après coup, ils disaient “ah bah, si finalement”. C’est pile poil le sujet.

N : Ah ok, c’est marrant. Et breaking ball, niveau format ?

B : Alors breaking ball, c’est un truc tout à fait à part. Ce qui se passe, c’est qu’en décembre, début décembre, j’ai rencontré François Descraques et Slim Beroune. Slim, qui est le créateur de la série “la théorie des Balls“, et qui, avec François Descraques, le créateur du Visiteur du Futur, et Raph Descraques, sont les auteurs de la théorie des Balls. Et Slim et François me disent “Ecoute, on aime bien ton émission. On a une série qui va sortir, qui s’appelle la théorie des Balls. Dans chaque épisodes -enfin, dans les 5 premiers épisodes en tout cas-, il y a un personnage qui s’appelle Mitch, et qui développe une espèce de théorie plus ou moins fumeuse, basée sur la mécanique quantique, pour expliquer les relations entre les gens. Une espèce de PNL de savant fou.

N : Il suffit d’aller voir pour se convaincre que c’est plus ou moins fumeux.

B : Slim Beroune. Adorable, j’adore ce mec.

N : Juste pour préciser au passage : le Visiteur du Futur, pour ceux qui ne connaitraient pas, c’est une des premières web-série française, si je ne dis pas de bêtises, qui a cartonné.

B : Ouais, qui est successful de dingue.

N : Et que je vous invite à allez voir. C’est très vite vu, parce que aussi successful soient-ils, les épisodes sont très courts. Au moins les premières saisons.

B : Et je précise aussi, aujourd’hui c’est l’anniversaire de François Descraques. Donc si vous avez envie de lui hashtagger #hbd, allez-y ! Donc ils m’ont proposés… Ils cherchaient quelque chose qu’on pourrait faire ensemble. Ils avaient envie qu’on bosse ensemble, et ça tombait très bien, parce moi j’avais envie de bosser avec eux. Sauf qu’ils m’ont dit “la série commence début janvier, donc c’est peut-être un peu chaud”, parce qu’effectivement, on était autour du quinze décembre, par là. Et je leur dis “mais non, pas de problème !”

N : A l’aise. Théorie du oui.

B : Oui, complètement. Depuis plusieurs mois, je suis en mode “YES” dès qu’on me propose un truc. Et donc je leur dis “ouais, écoutez, ce que je peux faire, c’est faire une espèce de chronique qui irait expliquer les théories sur lesquelles se base Mitch dans la théorie des balls”. Voilà. Et on a fait ça avec Baptiste Poulain, et on a fait des émissions. L’idée, c’était que ce soit un programme court, puisque les épisodes théorie des balls durent sept-huit minutes. L’idée, c’est qu’on fasse moins, puisqu’on était sensé être une sorte de bonus du truc, il ne fallait pas que ça fasse vingt-cinq minutes chaque fois.

N : Donc pour faire moins, vous vous êtes mis à deux.

B : Voilà, exactement. Mais mine de rien, ça m’a permis de tester autre chose que je ne connaissais pas, qui était d’écrire, parce que les épisodes [ndlr : de la chaine e-penser], je ne les écris pas. J’écris des trames de planches, des bullets points en fait. Là, comme on était à deux, il fallait qu’on dialogue, donc il fallait écrire des scripts. Et puis on a tourné avec un autre matos, on a tourné dans un local où il y avait un vrai fond, des vraies lumières, etc…

N : Vous tourniez du coup dans un contexte un peu plus professionnel ?

B : Ouais. Je crois que c’est le local du studio où ils tournaient l’émission “Plus ou moins geek“, qui existait à la télé. En tout cas, où ils produisaient “Plus ou moins geek”. Je ne suis pas sûr qu’ils le tournaient là-bas, mais en tout cas, ils le produisaient.

N : D’accord. Alors, tu as parlé des formats un peu longs, et des auditeurs qui t’avaient fait la remarque. Enfin… je ne sais même pas comment on dit…

B : Des spectateurs.

N : Des spectateurs, des internautes qui t’avaient fait la remarque. Justement, tes formats font plus de trente minutes en général. On entend dire que des vidéos doivent être courtes pour être suivies, maximum trois minutes, sinon on ne les regarde pas. C’est une croyance non vérifiée finalement ? Tu as des chiffres, tu es sûr que les gens les regardent en entier ?ps205_VKEW4sG.png

B : En fait, l’histoire des trois minutes, c’est bien, mais tout dépend de ce qu’on veut faire. Si le but est de vendre un maximum de publicité avant les vidéos, d’optimiser le “watch time”, les possibilités de partage, tout ça, c’est effectivement les guidelines de Youtube. C’est très sérieux, c’est pas idiot, c’est des études qu’ils ont fait au niveau du comportement des gens qui utilisent Youtube. Par exemple, une vidéo qui fait onze minutes, les gens la partageront beaucoup moins que si elle fait deux minutes. Si je suis au bureau et que je prends une pause de cinq minutes, je vais sur facebook, je vois qu’on m’a partagé une vidéo, je clique : si elle fait deux minutes, je la regarde ; si elle fait vingt-deux minutes, je ne la regarde pas. Donc il y a tout ça qui rentre en compte. Mon but, ce n’était pas exactement ça. Je n’ai clairement pas choisi la voie facile. Mon but, c’était de dire “je voudrais qu’il y ait des vidéos en français, un peu comme le faisaient Fred et Jamy dans “C’est pas sorcier“, mais pas pour les enfants, et pas en mode télé, c’est-à-dire qui aille creuser le sujet un peu plus loin, qui ne se contente pas dire “et là… pffuiiit… et puis c’est monté” [Bruce imite un son récurrent de l’émission lorsqu’un phénomène agit]. Non, qui explique pourquoi ça monte et qu’est ce qui se passe. Un peu comme on peut trouver aujourd’hui en anglais depuis quelques années avec un Veritasium, MinutePhysics et compagnie. Mais effectivement, le format long, c’était un pari qui était risqué. Le fait est que, aujourd’hui, je suis très content de la façon dont ça se passe. Déjà parce que quand je fais des vidéos qui font douze ou quatorze minutes, j’ai beaucoup de commentaires disant “Tu aurais pu faire plus long, il y avait plus de choses à dire”. Turing [vidéo e-penser], on m’a dit : “Pourquoi t’as fait que 13 min ? Tu aurais du faire une demi-heure là-dessus pour parler de la biologie…”.


ps205_brucistote-49de654.jpgOh-là-là, qu’est ce que c’est que cette horreur ??

N : Bruce est en train de regarder une image où il y a un montage entre Aristote et lui.

B : Je ne sais pas qui l’a envoyé mais on ne va pas être copain. Du coup, je ne sais plus…

N : Tu disais que tu étais content, que beaucoup de gens te demandaient que ce soit plus long. C’est là où j’étais étonné que des gens te demandent du plus court, parce que nous, on fait du plus long, et on a beaucoup de gens qui nous demande encore plus long. Alors quand elles font deux-trois heures, là non, mais quand elles font qu’une heure, une heure trente, ils demandent du plus long.

B : Oui, et puis ce qui se passe, c’est que plus le temps passe, plus les gens sont habitués. Il faut quand même savoir qu’à la base, les quickies étaient sensés être le format court, un format de quatre-cinq minutes. Aujourd’hui, un quickie de moins de douze minutes, je crois que ça n’existe pas. A chaque fois, je suis complètement débordé par ces trucs là. Et justement, je suis content avec breaking balls : j’ai pu me prouver que j’étais capable de me contenir à un format. Oui, les gens sur Turing me disaient qu’il fallait plus, et quand je regarde le watch time, dans les analytics de Google… oui, parce que Youtube c’est Google… de comment les gens regardent, globalement les gens regardent à soixante-quinze ou quatre-vingt pour cent en entier. Enfin, en entier jusqu’à la fin du générique, le post-roll où les gens ont la possibilité de choisir une autre vidéo. Mais à ce moment il ne se passe plus rien dans la vidéo.

N : Tu as l’information s’ils regardent plusieurs fois ?

B : Alors, j’ai pas l’information si une personne donnée regarde plusieurs fois. Mais par exemple, je sais que si je mets une image subliminale (qui n’est pas vraiment subliminale puisqu’on la voit)…

N : Ils vont mettre pause 50 fois pour la voir…

B : Mais je vois que le watch time à cet instant là peut être de cent quarante pour cent.

N : D’accord

ps205_capture_-2012-06-26_-13_38_20.jpgB : Donc cent quarante pour cent, ça ne veut pas dire qu’il y a eu plus d’utilisateurs mais qu’ils ont rembobinés, qu’ils ont remis en ligne. Voilà. Donc pour ceux qui ne connaissent pas la technique : quand vous avez un texte qui apparait sur une image, vous avez la possibilité, dans les paramètres du player Youtube, de ralentir la vitesse de défilement des images. Ça vous fera déjà gagner pas mal de temps. Parce que je vois des fois, y’en a qui galèrent, qui disent “je l’ai fait pendant une demi-heure mais j’l’ai eu !”… Voilà, on peut ralentir le truc.

N : C’est bien, ils essaient. Je demandais ça parce qu’on s’est rendu compte que sur les épisodes, en particulier les plus compliqués -et toi, tu as abordé la relativité, des choses comme ça-, on avait des visiteurs qui écoutaient plusieurs fois l’épisode. C’est pour ça que je me demandais si tu avais aussi ce genre de comportement.

B : Oui, oui. Il y a plusieurs comportements. Tout le monde est pareil. Moi par exemple : tout à l’heure, j’avais un quart d’heure à tuer, je me suis maté un vieil épisode de Joueur du Grenier, que j’avais déjà vu 15 fois. Parce que je sais que cet épisode m’avait plu, qu’il y avait un truc sympa. Il y a des gens qui font ça, il y a des gens qui se mettent des playlists en boucle… Ces derniers temps, c’est vrai qu’il y a un épisode qui sortait quasiment tous les trois jours, entre les collab’, les machins, mais normalement c’est toutes les deux semaines. Donc il y a des gens qui trouvent le temps long au bout de dix jours, et qui se réécoutent des anciens.

N : Ok. On en a parlé un tout petit peu, mais tu as lancé cette chaine parce que tu ne trouvais pas ton bonheur dans l’offre existante actuelle, c’est ça ?

B : C’est ça. Sachant que j’avais mal cherché, parce qu’il existait déjà des choses. Quand je me suis lancé, j’avais le sentiment qu’il n’existait rien. A l’époque, il existait déjà, depuis quelques mois, Axolot, qui même si il ne fait pas de la science à proprement parler, est sur des sujets assez connexes, des sujets culturels et éducatifs.En terme de science, il y avait déjà Experiment Boy, qui avait déjà quelques années et de la bouteille. Il y avait Dr Nozman aussi, sur un autre registre. Donc voilà, il y avait déjà des choses. Mais c’est vrai qu’à ce moment là, je ne connaissais vraiment que le Joueur du Grenier sur Youtube. Je savais qu’il y avait des vidéos, mais je ne regardais pas des chaines. La seule chaine que je connaissais, c’était Joueur du Grenier.

N : Tu n’étais pas abonné à une chaine que tu regardais.

B : Je n’étais pas abonné, je n’avais pas de connexion, pas de compte Gmail ni rien. Et je parle de ça, c’était l’été 2013.

N : T’étais même pas connecté, tu découvrais ce monde là ?

B : Non, j’étais connecté, mais je n’avais pas de compte connecté Youtube. J’étais en anonyme sur Youtube.

N : Je vois très bien. Jusqu’à ce que Google décide que non, tu n’étais pas anonyme.

B : Non, parce que je n’avais pas de compte Gmail.

N : Oui d’accord.

B : Et donc, en été 2013, je découvre coup sur coup VSauce, Veritasium, SmaterEveryday, MinutePhysics et CGP Grey. Donc là c’est bon, je me suis retrouvé d’un coup à avoir quelque chose comme l’équivalent de quatre cents vidéos à regarder. Quatre cents vidéos de retard, et avec mon frère, on a passé deux nuits blanches, sûr, et une bonne partie de la journée entre les deux. Et lui en plus, il les avait déjà toutes vues. Et la première vidéo qu’il m’a montré (je m’en rappellerai toujours, c’est génial), c’est la vidéo d’un SmarterEveryday où il explique que les poulets ont une tête gyroscopique. C’est-à-dire que quand on prend un poulet par le corps, et qu’on le déplace un petit peu, la tête, dans l’espace, reste exactement au même endroit. C’est une steadycam en fait. Il y a le cou qui fait les déplacements nécessaires pour pouvoir compenser le déplacement du corps, et la tête reste au même endroit. Et j’avais halluciné, je m’étais dit “qu’est ce que c’est que cette connerie ??”. Dans un épisode après, il lui a quand même branché une caméra sur la tête pour essayer de l’utiliser comme steadycam. C’était assez… Enfin, ça ne marchait pas du tout mais voilà !

N : C’était pas une mauvaise idée !

B : L’idée était là.

N : D’accord, amusant. Et pourquoi le format vidéo du coup, parce que tu aurais pu faire de l’audio, tu aurais pu faire un blog, tu aurais pu faire… j’en sais rien, pleins d’autres choses. Tu aurais pu te lancer dans des associations de diffusion scientifique, dans des lieux de sciences.

B : Alors, l’écrit, je pense que ça ne serait pas passé. Rétrospectivement, je pense que ça serait passé quand même, mais l’idée que je m’en faisais, c’était que je n’arriverai pas à expliquer les choses par écrit, parce que j’aime bien expliquer les choses comme je parle. A un moment donné, j’aime bien dire “bah voilà, cette théorie, c’était de la merde”. J’aime pas dire : (avec un ton docte) “oui, en fait, on a pu infirmer cette théorie par le fait qu’on a apporté un certain nombre de contre-exemples…”. Mais c’est pareil : au début, je ne pensais pas du tout à mettre des sources. Au début les gens gueulaient en disant “c’est quoi tes sources ?”. On s’en fout, pourquoi la lune ne tombe pas sur la Terre, c’est bon… Mettez dans Google “pourquoi la lune ne tombe pas sur la Terre”, vous trouverez. Tout le monde est d’accord, je n’ai pas besoin de sources.

N : Ouais enfin ils peuvent mettre dans Google “pourquoi la Terre est plate ?” et ils trouveront aussi…

B : Exactement, mais moi j’y pensais pas du tout. Du coup, à un moment donné, je me suis dit je vais quand même mettre des sources. Et ce que j’essaye de faire maintenant, je mets un minimum de sources pour essayer de valider ce que je raconte, et un maximum de sources pour aller plus loin dans la réflexion, pour aller plus loin dans les sujets. Je pense que c’est plus intéressant.

N : Tu mets ça dans les notes de la vidéo, c’est ça ?

B : Oui, dans la description. Dans le Doobly Doo comme disent les américains. Il faudrait qu’on fasse un mot comme ça en français.

N : Bon et du coup, depuis que tu as lancé ta chaine, s’est créé un portail vidéo sciences, quelque chose qui est hébergé par le fameux café des sciences et initié par le fameux Pierre Kerner [de Strange Stuff and Funky Things, chaine youtube] qui n’est pas là ce soir, qui agrège plein de chaines Youtube de sciences, dont tu fais partie et donc quasiment tous les français dont tu as parlé font partie, c’est un peu ça, ce genre de communauté, dont tu avais envie lorsque tu t’es lancé ?

B : Alors, oui et non. Plus précisément, je vais répondre autrement : oui mais pas que. Parce que ce qui se passe, c’est qu’une communauté de gens qui aiment la science, on a toujours eu. Moi, ce que je vise, c’est une communauté de gens qui aiment la science et qui partagent avec des gens qui ne savent pas qu’ils aiment la science, ou des gens qui pensent qu’ils détestent la science mais qui sont très curieux et qui aimeraient bien avoir des réponses à des questions. C’est vraiment ça. Et pour le coup, je trouve que vidéo sciences fait ça très bien. Effectivement, il faut qu’à un moment donné, les gens sachent de quoi ils parlent. Même si, encore une fois, il n’y a pas besoin d’être expert dans quelque domaine : moi, je n’ai aucune légitimité universitaire à faire ce que je fais.

ps205_B9glwsqIAAAfKED.jpg
Dessin de Puyo

N : Oui, on va en parler tout à l’heure.

B : Je n’ai aucune légitimité universitaire et d’ailleurs, ça m’arrive aussi de dire des conneries. Et quand je dis une connerie, il ne faut pas cinq minutes après la diffusion de la vidéo pour que quelqu’un dise “non mais attends, tu as dit une énorme connerie”.

N : Ça, c’est les joies d’internet.

B : Mais c’est très bien, j’adore ça. La plus grosse connerie que j’ai dite, c’était sur la vidéo “pourquoi le soleil nous réchauffe“.  A un moment donné, je me suis enflammé et je dis “ouais, l’électron qui tourne autour du noyau de l’atome à la vitesse de la lumière”. Et là, je me suis fait allumer. Mais c’est logique.

N : C’est ça qui est bien, qui est riche…

B : Pour l’info, pour ceux qui ne savent pas, un électron, ça tourne autour du noyau d’un atome à à peu près un pour cent de la vitesse de la lumière.

N : Et même, est ce que ce n’est pas un peu abusif de dire que ça tourne autour ?

B : Ouais ok, d’accord. Disons que ça oscille, ça vibre… Ça fait quelque chose…

N : Ça fait un truc autour…

B : Ça fait quelque chose autour d’un truc qu’on pourrait appeler un noyau, même si… Voilà. En tout cas, cette vitesse là, ça représenterait à peu près un pour cent de la vitesse de la lumière.

Voilà, ça c’est la plus grosse connerie que j’ai sorti mais j’en ai sorti d’autres.

N : Tu n’as pas encore eu un droit de réponse d’Aristote ?

B : Non.

N : D’accord, tout va bien.

B : Ceci dit, j’ai halluciné de voir qu’il y a de vrais fan clubs d’Aristote qui me tombent dessus des fois. Je me suis expliqué plusieurs fois là-dessus : Aristote, je le respecte énormément en tant que philosophe. En tant que scientifique, on a quelques désaccords. Mais il y a aussi quelques points que je lui laisse. Notamment, c’est hallucinant de voir qu’à chaque fois que je me pose une question dans mes recherches, je tombe sur Aristote. Le mec s’est posé toutes les questions possibles, c’est ingérable !

N : Ouais, il s’est vraiment posé les bonnes questions, il n’avait pas toujours… En même temps, il y a eu suffisamment de siècles pour répondre aux questions, pour qu’il ait le droit d’avoir eu de mauvaises idées. Justement, on en parlait tout de suite, est-ce que tu peux nous dire deux mots de ton background ? Si j’ai bien compris, la journée, tu es informaticien, c’est ça ?

B : Oui, sauf qu’il n’y a plus vraiment de notion de journée. Disons que je partage mon moment entre l’architecture logicielle… J’ai ma propre entreprise, donc j’ai la chance de pouvoir disposer de mon temps comme je veux, c’est ça la chance que j’ai.

N : D’accord, tu as une boite de service, dans laquelle tu travailles en informatique.

B : Voilà. Le fait d’avoir sa propre boite, c’est compliqué on va dire. Du coup, je peux organiser mon temps comme je veux. En gros, mes clients sont cools avec moi dès lors que je fais mon boulot en temps et en heure. Du coup je m’arrange, je m’arrange comme je peux.

N : Et niveau background, tu as fait une école d’informatique ?

B : En fait à la base, j’ai fait Maths Sup / Maths Spé, parce que je souhaitais devenir pilote de ligne, ce qui n’est pas possible parce que je suis myope. Je ne suis pas très myope, je suis un tout petit peu myope, mais je suis myope. Moi, en plein ciel, lire une plaque d’immatriculation qui serait à 500m, je suis incapable. Et donc, du coup, je n’ai pas pu. Et comme j’avais bossé pour préparer l’ENAC, je n’avais absolument pas bossé pour préparer les autres écoles d’ingé. Donc j’y suis allé les mains dans les poches, ce qui est une énorme connerie quand on fait une prépa Maths Sup / Maths Spé : il ne faut pas se pointer les mains dans les poches à un exam, parce que c’est un concours. Il y en a d’autres à coté de vous…

N : Il y en a d’autres qui ont envie d’avoir des choses.

B : Voila. Et eux, si ils passent devant, c’est fini, c’est mort. Du coup, j’ai fait une équivalence en fac, pour rentrer en licence mathématiques / informatique, donc j’ai fait une licence de maths, une licence d’informatique. Comme les examens tombaient en même temps, j’ai passé la licence d’informatique. Et l’année d’après, j’ai passé une maitrise d’informatique et licence de maths. Mais après la Math Spé, je n’ai pas fait de physique, je n’ai pas fait de chimie.

N : Mais tu as quand même continuer à faire des maths jusqu’à bac plus cinq. Ok, du coup, tu as continué à faire des maths, dans un domaine informatique, mais pas le reste. Tu parles très peu de maths pour l’instant, tu parles surtout de physique dans tes vidéos.

B : La difficulté que je vais avoir avec les maths… Les maths, c’est quelque chose que j’adore, c’est quelque chose que beaucoup de gens détestent, et en général, beaucoup de gens détestent parce qu’en général ils ne savent pas qu’en vrai, ils aiment. Et à coté de ça, on a effectivement Micmaths qui fait ça très bien. Vraiment très très bien. Donc moi, pour l’instant, je veux me soucier un minimum des maths. Un des thèmes d’e-penser, c’est de dire qu’on peut expliquer la relativité, qu’on peut expliquer la mécanique quantique, sans se préoccuper des équations. C’est toute la difficulté. Donc j’essaye vraiment d’utiliser le minimum possible les maths pour dire “on n’a pas besoin de maths”.

R : Cela dit, on peut expliquer les maths sans équation aussi. Je veux dire, les équations dans les maths, c’est une toute petite partie.

B : Oui, je suis d’accord. Je crois que sur l’ensemble des épisodes, les maths se sont limité à parler des angles alternes/internes dans la vidéo sur Erathostène. Je crois que c’est à peu près tout.

N : Après, quand tu parles d’espace courbe dans la théorie de la relativité, c’est là où on fait des ponts.

B : Oui.

J : Tu introduis les tenseurs aussi dans l’épisode sur la relativité.

B : Oui mais en vrai, j’en parle très peu. Je dis “voila, il y a un truc, c’est un tenseur, pour faire très simple on va que dire c’est une généralisation d’une composition de vecteurs, bref c’est très compliqué mais on s’en fout”.

N : C’est ça. Au passage, on dit bonjour à Johan qui vient d’arriver. Donc Johan, depuis Baltimore.

J : C’est ça, bonsoir.

B : Bonjour. On se demandait, Baltimore, c’est Maryland ?

J : Oui, exactement, bravo !

B : Ah, je le savais.

N : Parce que je n’ai aucune notion de géographie. Du coup, là où je voulais en venir sur l’histoire des maths : d’où vient toute cette culture scientifique ?

B : Alors, il y a toute une partie qui vient du fait que je suis curieux depuis une paire d’années, quand même. Et puis il y a toute une partie, je ne vais pas dire que c’est du flan, parce que c’est pas du flan, mais il y a des fois, ça m’arrive de dire que j’aimerais bien répondre à telle question dans un épisode d’e-penser, sauf que la réponse, je ne l’ai pas. Bah donc du coup, je cherche.

N : Ça, c’est depuis que tu as créé la chaine. On connait ce biais ici, ouais…

B : Mais ce réflexe, je l’ai depuis un certain nombre d’années. Je me rappelle d’une époque où je devais faire ça, il n’y avait pas internet. Je dis ça, je ne dis rien.

N : Il n’y avait pas Google.

B : Aujourd’hui c’est facile. Aujourd’hui quand on cherche une réponse, c’est vraiment facile. Le problème, aujourd’hui, c’est de déterminer si la réponse qu’on trouve est valide.

N : Et justement, tu te sers plutôt de quoi ? Tu te sers d’internet uniquement ? Ou de livres aussi ? D’un peu de tout, de magazines ?

B : Alors, aujourd’hui, j’ai pas mal de bouquins, j’ai aussi pas mal de documentaires, de vidéos et de choses dont je me sers comme références. Après il y a beaucoup d’internet aussi. Mais vraiment internet comme un moyen. Donc il y a de la publication sur internet, il y a de la vidéo sur internet, toutes ces choses là.

N : Oui, d’accord. J’irai même plus loin, je me suis vraiment posé des questions, en particulier sur l’épisode sur la relativité. On a l’impression, quand tu expliques certains trucs, que tu as même été faire les calculs pour voir comment ça fonctionne. Alors est-ce que ce n’est qu’une impression, ou pas ? Est-ce que le week-end, pour te faire un petit plaisir, tu te fais un tenseur relativiste juste pour voir vraiment comment ça fonctionne ?

B : Non, je ne fais pas ça de mes week-ends. Pour cet exemple de la relativité : les tenseurs, j’en avais fait en prépa. Mais à l’époque, c’était un outil mathématique que j’utilisais, je ne posais pas du tout la question de savoir ce que c’était, à quoi ça servait. Donc j’ai du prendre un peu de temps, à réfléchir, à voir plein de vidéos. Parce que pour le coup, il y avait beaucoup de vidéos en anglais qui expliquent très bien ce que sont les tenseurs.

N : Mais plus en mode cours que vulgarisation.

B : Oui, cours au sens conférence, cours universitaire. Mais ce sont des vidéos qui sont longues, et il faut prendre le temps de les regarder depuis le début, parce qu’ils partent de la base. Très souvent, avec ce genre de vidéos, elles durent deux heures. Au début, il dit “vous imaginez que vous avez un point ; si vous tirez, ça fait un trait…” Donc on se dit, c’est bon, on va avancer, et puis on avance de cinq minutes et on est d’un coup dans des trucs incompréhensibles. Donc il faut vraiment prendre le temps de les regarder dans l’ordre, parce que c’est des trucs qui sont très bien faits. Ça ne permet pas de comprendre ce qu’est un tenseur (je ne prétend pas expliquer ce qu’est un tenseur), mais ça permet d’avoir une appréhension de ce que c’est.

N : D’accord, donc ça reste quand même de la vulgarisation. Ce n’est pas des choses qui te permettent après de te lancer dans des calculs relativistes, etc…

Dessin de Randall Flag
Dessin de Randall Flag

B : Non. Dans ces cours, ils donnent des outils mathématiques. Mais à un moment donné, et c’est ça la difficulté… C’est ça que je vise ; mon objectif, il est là. Et comme il est absolument inatteignable, je suis très content, parce que du coup ça me laisse de la marge de progression… C’est que, à un moment donné, on ne peut pas couper au fait de passer par des outils mathématiques, des équations, si on veut appliquer les choses. A un moment donné, on a expliqué la gravitation, ok. Si on veut savoir où se trouvera la Lune dans quatre jours, à quelle vitesse elle se déplace, il faut des équations. Et dans un cours, il faut passer par ces équations. Et à un moment donné, il y a une bascule qui se fait entre ce qu’on comprend et un moment à partir duquel on ne cherche plus à comprendre. On cherche simplement à appliquer les règles, les calculs, etc… Et ce que j’essaye de faire, c’est de repousser au maximum les limites de ce qu’on peut comprendre. Ce que je disais tout à l’heure “C’est pas sorcier c’est pour les enfants” : c’est faux, parce que ce n’est pas que pour les enfants.

N : Je connais un nombre d’adultes qui regardent ce truc…

B : J’ai le coffret DVD en camion, la remorque et tout…

N : Tu veux que je brise tes rêves sur le camion de C’est pas sorcier ou pas ?

B : C’est un studio, c’est ça ? C’est pas un vrai camion ?

N : Il n’existe pas. Celui que tu vois dans le générique n’existe pas.

B : Il est en images de synthèse ?

N : En fait, ils l’ont tourné une fois, et ils l’ont fait arriver sur un fond bleu pour le mettre dans toutes les émissions. C’était juste pour casser le rêve à nos trois cents personnes sur la chat room. Moi, ça m’a déprimé en apprenant ça.

B : Moi je parle du coffret DVD qu’ils avaient fait en forme du camion, avec la remorque. Je les ai, je les regarde, et j’aime. Mais ils ne grattent pas le fond du sujet. Moi, j’essaye d’aller plus loin sur certains sujets, avec plus ou moins de succès. Je sais qu’il y en a d’autres. Quand on prend le temps de suivre les conférences d’Etienne Klein, on va encore plus loin sur les sujets, et on reste dans la compréhension. C’est ça qu’il faut faire : rester dans la compréhension de ce qu’on fait.

R : Ce que je trouve intéressant, c’est que l’aspect technique est une étape dans la compréhension, mais je ne sais pas si c’est pour aller le plus loin possible. Quand on en arrive à des grands spécialistes d’un sujet, les équations ne sont pas forcément le plus adapté pour parler de leur sujet. Il y a un moment où on dépasse la technique, quand on est très longtemps dans la recherche très lointaine. Je ne sais pas si je suis clair ?

B : Je suis d’accord et pas d’accord. Effectivement, je pense qu’il y a les vraies grosses pointures de certains sujets précis. Clairement, ils voient des choses qu’on ne voit pas, donc pour eux c’est naturel, c’est comme expliquer le chemin à quelqu’un pour lui dire “c’est la deuxième à gauche puis au feu à droite”. Pour eux, c’est aussi con que ça. Mais, l’expérience que j’ai eu à la fac, c’est qu’il y avait des profs qui pataugent. Ils étaient tous compétents, la plupart prenaient vraiment le temps de bien expliquer les choses, mais il y en qui avaient l’impression que ce qu’ils nous disaient était clair. Je me rappelle, c’était en algèbre, on était sur des corps, de trucs vectoriels, de corps abéliens, d’anneaux, de j’sais-pas-quoi.

N : Tous ces mots, qui sont de très jolis mots…

B : Et qui prennent sens quand on prend le temps d’y penser. Mais à un moment donné, il nous parle d’un truc, et puis il y a un type qui lève la main dans l’amphi et qui fait “excusez moi, vous pouvez nous donner un exemple, parce que là c’est rude ?”. Et il réfléchit et il dit “vous voyez la table devant moi ? Bah voilà, c’est un exemple”. Et pour lui, c’était très clair.

N : Merci monsieur.

R : Oui. Ce que je voulais dire… Par exemple, quand tu parles de l’entropie. C’est un exemple qui me parle, parce qu’on a réussi à mettre en équation une notion qu’on voulait avoir. Et donc, d’une certaine manière, je ne sais pas si tu va plus loin avec l’équation. Tu fais quelque chose de précis, ça te permet de tester ton truc dans différentes situations, mais finalement, ce qui est essentiel, c’était aussi de voir que cette notion, on en avait besoin, et ce qu’elle représente exactement. Il y a un travail intellectuel pur qui n’est pas purement technique.

B : Oui, je suis d’accord. Mais ce qu’il se passe, c’est que moi, je vois vraiment de la beauté dans ces équations. J’adore ça. Mais même celles que je ne comprends pas. La première fois que j’ai vu une équation de tenseur énergie-machin, j’ai vu ça, je me suis dit “mon Dieu…” et je trouvais ça beau.Mais effectivement je pense que, a priori, si on n’a pas besoin de sortir une réponse, si on ne nous demande pas de dire que la réponse c’est vingt-quatre ou seize virgule deux, on devrait pouvoir expliquer absolument tout et n’importe quoi sans avoir besoin d’équations.

R : Et ça serait beau.

B : Et c’est pour ça que je dis que c’est un objectif qui est absolument inatteignable, donc je suis très content, parce que ça nous laisse énormément de marge.

N : Une bonne marge. Pour en finir avec cette histoire de genèse : c’était quoi le déclencheur qui fait qu’à un moment, ça y est, tu as lancé la chaine.

R : C’était parce que je suis un pur français franchouillard.

N : C’était pour râler, donc.

B : Et quand, en cherchant pas bien sur Youtube, j’ai vu qu’il n’y avait pas de chaine scientifique qui faisait du Vsauce en français, je me suis dit “putain…”. Et en plus, j’ai anticipé, je me suis dit “je vais regarder si c’est en français”. Cons comme on est, je suis sûr qu’il y en a un qui a fait ça en WAP. Donc je râlais, je gueulais, et au final…

ps205_shot_bruce2.jpg
Le personnage de e-penser dans le jeu

Je fais une parenthèse : ça, c’est un screenshot d’un jeu qui est sorti sur Ipad ou sur mobile, je ne sais plus. C’est un jeu d’enquête, dans lequel il y a un personnage inspiré par moi. Je suis assez fier.

Donc je termine. C’était pour râler, j’en discute avec mon frère et il me dit “ok, sinon tu peux aussi te sortir les doigts, tu as aussi le droit de mettre une caméra et d’y aller ! Au lieu de râler, hein ?”. Et je me dit que c’est pas con en fait,

N : D’accord. Comme quoi, râler, ça sert. La bise à Alan, ça lui parlera. Bon, du coup, on va aborder maintenant les coulisses d’e-penser. Tu nous as déjà dit pas mal de choses, mais est ce que tu peux nous raconter comment se passe la préparation d’un épisode d’e-penser ? Genre, le prochain.

B : Alors, le prochain-prochain, il sort jeudi, il est déjà tourné, il est en plein montage, c’est le dernier Breaking balls,

N : D’accord.

B : Voilà, mais le prochain d’après c’est celui qui sortira vendredi prochain, donc là on est mardi, donc c’est dans douze jours, non dix jours. Je suis complètement décalqué, donc il sortira dans dix jours, la chance que j’ai, parce que c’est assez rare, c’est que j’ai déjà le sujet.

N : Ah ! Dix jours avant, d’habitude des fois t’as pas le sujet ?

B : Alors j’ai toujours plus ou moins le sujet mais j’hésite toujours entre trois-quatre sujets.

N : D’accord, tu veux dire entre les cinquante sujets que tu as promis et le sujet nouveau que tu as envie de faire plus que les autres.

B : Après ce qu’il se passe c’est qu’il y a des sujets qui ont des dépendances, c’est-à-dire qu’il y a des sujets dont je ne peux pas parler avant d’avoir parlé d’autres sujets avant d’avoir parlé d’autres sujets. Il y a toujours déjà cette première question c’est est-ce que je fais un quickie, un la preuve par vieux, un classique, qu’est-ce que je fais ? Donc là ça va être un quickie vraisemblablement, c’est-à-dire que je décide si c’est un quickie en fonction de ce que j’arrive à raconter dessus derrière, si j’en fais trente-cinq minutes c’est pas un quickie, voilà point. Donc j’ai déjà le sujet, là c’est un sujet sur lequel je m’interroge depuis un certain temps, donc j’ai déjà fait pas mal de recherches dessus, ce qui fait que je pense que j’ai déjà quatre-vingt-dix à quatre-vingt-quinze pour cent de ce que je vais en dire.

N : D’accord. Mais t’as rien écrit encore.

B : Et j’écrirai pas grand chose, j’en suis maintenant à l’étape où je me pose la question de “comment est-ce que je vais en parler ?”. Moi la première question que je me pose sur un sujet c’est quelle est la difficulté de compréhension et quelle analogie est-ce que je peux trouver pour expliquer, ou bien par quel biais est-ce que je peux dire “ce truc là qui semble être très compliqué ou qui semble être un truc super abstrait, en fait on l’utilise tous les jours parce que…”.

N : Mais il n’y aura pas de deuxième prise !

B : J’en suis là, à partir de là, je dirais que l’écriture à proprement parler, c’est-à-dire écrire le plan détaillé de l’épisode, ça va me prendre entre une à quatre heures s’il y a de vraies complexités et que je me dis il faudrait peut-être que je sorte ce passage là pour le mettre dans un autre épisode, c’est entre une à quatre heures pour écrire vraiment le pilote, le round down ?

N : D’accord, c’est une à quatre heures, hors recherche, et après tu as du temps de recherche éventuellement ?

B : C’est en amont que j’ai du temps de recherche, une fois que tout ça c’est clair dans ma tête, je sais que ok, l’introduction va se faire par cet angle-là, je vais dérouler, sachant que maintenant j’essaie de plus en plus de faire en sorte de partir d’une petite question et d’élargir le sujet au maximum. Commencer par dire “Mais est-ce que vous savez pourquoi …” je vais dire n’importe quoi, un truc, quand on plie les doigts il se passe ça… c’est typiquement ce que j’avais fait sur le bâillement, pourquoi est-ce que le bâillement est contagieux, mais en fait si le bâillement n’était pas contagieux, en quelque sorte ça voudrait dire que les civilisations n’auraient pas pu naître. Bon là j’ai fait une vraie confusion entre corrélation et causalité mais voilà mais l’idée c’est que je pars du bâillement et qu’à la fin je termine sur le fait que sans les neurones miroirs…

N : Tu choisis en gros le chemin que tu vas parcourir.

B : C’est ça, et j’essaie vraiment de partir de la petite histoire qui va raconter la grande histoire, c’est ce que j’essaie de faire de plus en plus. C’est-à-dire que de plus en plus je me structure, au début c’était n’importe quoi, au début je lançais la caméra et puis je racontais ma vie. Le tout premier épisode quand je repense au premier épisode, j’ai quand même fait quatre minutes de micro-trottoir.

N : Oui c’est que j’allais dire !

B : C’est-à-dire qu’il y a des mecs sur youtube qui disent “il faut faire des vidéos de trois minutes, trois minutes trente”, moi j’ai quatre minutes de micro-trottoir, j’avais même pas introduit le sujet, donc voilà vraiment j’étais en freestyle, mais c’est ça le web aussi !

N : Ouais, ouais complètement !

B : Et donc à partir de là, j’attaque le tournage, le tournage en général est très rapide, ça veut dire que pour un petit sujet c’est quarante minutes, pour un gros sujet c’est une heure et demie.

N : Ah d’accord, donc quarante minutes, pour genre vingt minutes d’émission ça veut dire que tu tournes quasiment 1:1.

B : Ah mais ce que je fais, c’est qu’en fait, je déroule mon texte, je fais tout, juste quand je me plante, quand je me foire sur un mot, je ne coupe pas mais je reprends la phrase, parce que je sais qu’après je couperai au montage, et voilà, j’enchaîne absolument tout ce que je veux dire.

N : D’accord.

B : Une fois que c’est tourné, alors après en vrai le tournage c’est un petit peu plus parce qu’il me faut vingt minutes pour mettre mon set-up, pour brancher mes lumières, pour poser ma caméra tout ça, mais ça on s’en fout, ça c’est vraiment de la cuisine, ensuite…

N : C’est dans la cuisine justement ou pas ?

B : En fait c’est dans mon bureau !

N : Ah c’est ton bureau ?

B : C’est dans mon bureau, donc mon bureau c’est un studio, et donc c’est dans ce studio là.

N : Ok.

B : D’ailleurs, les gens ils exhument des trucs de twitter, logiquement il doit y avoir une photo qui était passée sur twitter, où on voit un panoramique du bureau, j’étais à une réunion et puis on voit qu’il y a tout le monde.

N : D’accord, donc là t’as tourné.

B : Là j’ai tourné, ce que je fais en général, ça dépend à quelle heure je fais ça, parce que moi il peut m’arriver de faire ça à trois heures du matin par exemple.

N : Les voisins qui se font réveiller par une démonstration sur la relativité.

B : Non non c’est la chance que j’ai…

N : Ah oui c’est dans le bureau.

B : C’est dans un immeuble d’habitations mais la chance que j’ai c’est que c’est assez bien insonorisé.

N : D’accord.

B : Donc du coup il y a vraiment, pour peu que les fenêtres soient bien fermées, il n’y a aucun problème, après il n’est pas question non plus que je gueule et que je branche des guitares, ou je ne sais pas quoi.

N : Oui t’es pas le joueur du grenier quoi.

B : Ca m’arrive de gueuler aussi quand même dans les vidéos. Et donc s’il est pas tard, ce que je fais c’est que je dérushe immédiatement.

N : D’accord.

B : Alors quand je dis dérusher, de toute façon je dérushe immédiatement mais il y a dérusher et dérusher. Il y a dérusher c’est le fait de prendre les fichiers vidéos qui sont dans la caméra, de les mettre sur son disque dur, donc ça je le fais immédiatement quoi qu’il arrive. Mais s’il est pas tard, ce que je fais c’est que ces fichiers vidéos, je les mets dans Final Cut et je découpe toutes les parties qui sont ratées, les parties où je sors du cadre parce que je dois rebrancher mon micro…

N : Tu prémâches le travail quoi.

B: Les parties où j’ai loupé un mot etc.. Ce qui fait que j’ai un pré-montage, qui n’est pas du tout rythmé, qui ne ressemble à rien, mais c’est-à-dire que je suis déjà passé d’une vidéo qui faisait cinquante-cinq minutes, à une vidéo qui fait dix-neuf minutes.

N: Et où tu n’as que l’utile quoi.

B: Voila. Et à partir de là je sais que je vais pouvoir couper à l’image près pour avoir le rythme que je veux, et commencer à me dire “ok, qu’est ce que je vais mettre comme illustration, à quel moment, quand est ce que je met une animation, …” voila toutes ces choses là. Et donc après la post production pour le coup c’est vraiment la partie la plus longue.

N: Je sais pas si c’est de la post production, mais dans tes vidéos, il y a souvent un moment où tu commentes ce que tu viens de dire, où tu t’adresses à une autre personne ou quoi. Ça c’est fait au moment du tournage, où tu le rajoutes après.

B: Non, non, tout est fait au moment du tournage.

N: D’accord. Donc tu as déjà pré-écrit des sortes de petits trucs comme ça.

B: Il y en a qui sont écrits, il y en a qui viennent sur le coup, je me dis “ça il faudrait peut être que je l’explique un peu mieux” ou “ça il faudrait peut être que j’explique qu’en fait c’était une connerie”. Au début, ce que je faisais c’est que je parlais à un personnage imaginaire qui était hors champ.

N: Ah, c’était bien à un mur que tu parlais.

B: Oui, oui, je parlais à mon fauteuil qui était vide. L’idée, c’était vraiment d’essayer de prendre de la distance et c’est marrant parce qu’il y a vraiment des spectateurs qui le prenaient super mal… “J’ai l’impression que tu te moques de nous”. Moi je dis “mais pas du tout, quoi, c’est juste prendre de la distance par rapport à ce que je dis”. Et en vrai, c’est aussi quelque chose où je sais que ça fait cinq minutes que je parle sans interruption, d’un sujet qui est compliqué, il faut une respiration. Ahhhhhh. On va essayer de détendre avec une vanne, même si elle est pas drôle, c’est pas grave, ça permet de souffler. [en changeant complètement de sujet] Oui effectivement, j’ai complètement oublié, il y avait LinksTheSun qui était là bien sur en place avant que je commence. Même si LinksTheSun ne fait pas spécialement de la science.

N: Oui, c’est un peu différent. C’est de la culture.

B: Oui, et il avait fait quelques émissions qui était sur la science, il y avait des choses. Toujours est il que quand j’ai commencé, j’étais pas en mode “je sais que LinksTheSun existe mais c’est pas ce que je veux faire” c’est que je ne savais pas qu’il existait. Je connaissais rien

N: C’était en mode, les français sont trop cons

B: J’étais incapable de trouver, j’avais cherché science, j’avais rien trouvé sur la page 1, je m’étais dit, “bon bah ya rien c’est de la merde”.

N: Donc tu as monté et la post prod tu disais c’est le plus long ?

B: Ouais, euh ce que je disais c’est qu’avant je parlais à quelqu’un hors champ et puis ça c’est quelque chose qui est en train d’évoluer, tout naturellement vers en fait d’autres personnages. Ce qui apparait comme des fois sur la vidéo je suis plutôt à gauche, dans une teinte qui est assez saturée, ou plutôt à droite, dans une teinte qui est presque noir et blanc.

3bruce
Les 3 bruces des vidéos

Et en fait voilà ce sont deux personnages, et alors c’est marrant parce que les gens comprennent ces personnages assez différemment. Moi ces personnages, je les imagine comme étant pour celui de gauche quelqu’un qui est assez pompeux genre qui a très bien compris de quoi il s’agit et qui en a marre qu’on perde des heures à tout expliquer “oui bon voila ça c’est le tenseur énergie… voila, c’est bon quoi” et pour celui qui est complètement à droite de l’écran qui est vraiment en délavé, en noir et blanc, qui lui fait des vannes, ré-explique les choses, qui lui prend le temps. Et j’aime bien être assez partagé entre ses deux visions là. Mais il y en a qui les voient de manière complètement différemment. Et ça continuera d’évoluer. Par exemple, là aujourd’hui j’ai acheté un nouvel objectif, ça va peut être donner un nouvel angle sur le truc, je sais pas… je continue d’expérimenter de toute façon.

N: Tu continues à t’amuser.

B: Ah ouais mais complètement. La chaine si elle existe toujours dans deux ans —j’espère qu’elle existera toujours— je pense qu’elle ne ressemblera pas beaucoup à ce que c’est aujourd’hui.

N: Et du coup après la post prod, ça te prend beaucoup de temps tu disais.

B: Oui. On va dire… Si je prend par exemple l’épisode Turing

N: La post prod, c’est quoi ? Juste pour situer.

B: La post prod, c’est j’ai les fichiers vidéos, j’ai les fichiers audios, maintenant il faut que j’en fasse une vidéo complète avec le générique, avec le mixage, l’étalonnage, les animations, les incrustations, tout ça… le produit qu’on met sur youtube.

N: D’accord, donc on passe du brut à Youtube.

B: Oui. L’épisode sur Turing donc, qui est un assez bon exemple car c’est une vidéo qui n’est pas trop longue, sur laquelle il y a un peu d’animation mais pas trop

N: Plus que d’habitude quand même non ?

B: Ouaaaaiiis, mais pas nécessairement beaucoup plus compliqué. Bon et pour l’intégralité, au début je pensais que ça prendrait vingt-trente heures, et au final, c’était pas loin de quarante heures.

N: Ouais, d’accord. Donc il y a quand même un sacré boulot.

B: [Re-changeant complètement de sujet] Kriss – Minute Papillon aussi. Mais pour le coup Kriss, il est vraiment plus sur la culture et sur le débat société, c’est pas tellement sur la science. J’adore Kriss – Minute Papillon.

N: Et du coup, ouais. Une quarantaine d’heure. Du coup tu arrives à avoir une vie en dehors du boulot de e-penser.

B: C’est compliqué… mais je me force à avoir une vie en dehors de e-penser. Mais ce qui est clair c’est que ma vie a radicalement changé depuis quinze mois. Je passe du temps parfois avec des gens, qu’il y a deux ans je ne connaissais pas, qu’il y a un an et demi j’estimais comme des géants du web, et qui aujourd’hui sont des potes. C’est complètement fou… Je suis très très reconnaissant à tout le monde pour ça.

N: Oui parce que ta chaîne n’a toujours pas sa première année.

B: Non, elle n’a pas encore sa deuxième année.

N: Elle n’a pas encore sa deuxième année.

B: Ça date du 16 septembre 2013.

N: Ça reste une chaîne hyper jeune quoi

B: Ouais, mais complètement.

N: Et question subsidiaire, je connais déjà la réponse, c’est pour ça que je la pose. Tu dors combien d’heures la nuit ?

B: Bah je vais prendre un exemple très simple. Dans la nuit de samedi à dimanche [ndlr : l’interview est un mardi soir], j’ai fini d’écrire… avec Baptiste, on écrivait Breaking Balls, il restait encore des trucs à écrire, donc j’ai fini d’écrire Breaking Balls. Je me suis pas couché. Dimanche j’ai bossé toute la journée pour faire Breaking Balls. Dans la nuit de dimanche à lundi, je me suis couché à cinq heures du matin je me suis réveillé à sept heures trente à peu près. Et la nuit dernière, je me suis couché beaucoup plus tôt, je me suis couché à trois heures et je me suis réveillé à… sept heures ou sept heures trente .

N: Tu va faire un épisode sur le sommeil ? Parce que tu sais que c’est pas bon, hein !

B: Bah c’est pas que c’est pas bon. Il y aura vraisemblablement un épisode sur le sommeil. C’est pas que c’est pas bon en fait c’est une question de chacun, c’est une question de métabolisme. Maintenant ce qui se passe c’est que j’avais discuté avec un grand spécialiste français du sommeil qui m’a dit “Ah, mais t’as pas besoin de dormir c’est vachement bien. Bon on mourra plus jeune, mais c’est pas grave.”. Je dis “Ah ouaiiiis. OK !”

N: Le début est cool !

B: L’idée, indépendement de la fin qui était autant une vanne que pas vraiment en fait, c’est de dire que si on a pas besoin de dormir… Imaginons que demain je ne mette pas de réveil ni rien, je me couche disons à cinq heures du matin, je te garanti qu’à huit heures je suis debout…

N: Ouais bon après tu es habitué.

B: Oui, bah c’est comme ça… et frais et dispo, quoi !

N: De temps en temps, en général une fois toutes les six semaines, sept semaines, là ça commence à venir, parce que là depuis le premier janvier mine de rien, ça tabasse le boulot… J’ai besoin d’une vrai grosse nuit de sommeil. Genre sept ou huit heures. Mais après je repars.

N: Ok. Très bien. Avant d’avoir les questions d’auditeurs qui vont pas tarder à arriver… Quelles sont tes sources d’inspiration ? Est ce que tu as des sources à nous donner ? des scientifiques ? des auteurs ?

B : Alors les sources d’inspiration, je pense que là, juste quand les gens ont entendu ta question là, ils ont commencé à écrire déjà la réponse, donc je pense qu’elle va arriver dans deux trois secondes parce que je pense que c’est une évidence pour tout le monde, ma première source d’inspiration.

N : Ouais je sais tout le monde te la demande déjà.

NDLR: Image de Bruce et d’Alexandre Astier trouvée sur le facebook de E-penser début septembre 2015, mais qui n’existait pas au moment de l’interview.

B : Non mais, j’attends de voir si ça va arriver ou pas, parce que je sais qu’il… Voiiiilà ! Alexandre Astier [une image d’Astier est arrivée dans la chatroom]! [rires]

N : D’accord !

B : Oui alors Alexandre Astier c’est une vraie source d’inspiration, sur tout ce qui est là façon de présenter les choses, la façon d’expliquer les choses, et de plus en plus la façon d’écrire.

N : D’accord.

B: Pour moi Alexandre Astier c’est avant tout un mec qui sait écrire, et écrire c’est pas seulement trouver les bons mots, et trouver les mots justes, mais dans la façon de structurer sa pensée, dans la façon d’organiser ce qu’il raconte, et donc voilà c’est une vraie inspiration pour moi. Ensuite d’un point de vue plus scientifique mais vraiment lié à la vulgarisation, pour moi il y a deux noms qui surgissent tout le temps sur e-penser.

N : Un certain Feynman… [On a fait un épisode de podcastScience dessus]

B : C’est Etienne Klein et Richard Feynman, bien sûr à chaque fois que je dis ça, on me dit “Ouais et Sagan ?”, je dis oui Sagan aussi ! “Ouais et Tyson ?”, oui Tyson aussi ! Brian Greene aussi. Tous ces mecs là aussi bien sûr ! Mais, j’ai un truc particulier avec Feynman et avec Etienne Klein.

N : D’accord. Et pour redescendre sur la terre des humains, au niveau vidéastes, youtubeurs, podcasteurs,… ?

B : Alors au niveau vidéastes/youtubeurs comme inspiration pour moi il y a Vsauce et Veritasium, en première ligne.

N : D’accord, qui sont des chaînes américaines.

B : Qui sont des chaînes alors heu… Non pas américaines en fait, Veritasium je crois…

N : Non en anglais excuse moi, anglophones je voulais dire.

B : Veritasium je crois que c’est un australien qui est d’origine canadienne, il me semble, après je dis peut-être des conneries.

N : Je sais pas en fait, je voulais dire anglophone, j’ai dit une bêtise.

B : Vsauce, donc Michael Stevens, je sais qu’il vit ou il a vécu à Londres, maintenant je ne sais pas s’il est anglais ou s’il est américain mais je crois qu’il est anglais, vraiment [ndlr : il est né dans le Missouri et vit à Londres]. Mais en tout cas on est d’accord que c’est anglophone. Ce sont des chaînes qui sont anglophones, et alors Vsauce justement, lui ce que j’adore, c’est sa capacité à digresser très naturellement pour partir d’une question, qui semble être une question con ou une question qui est absurde ou pas très importante et arriver sur un gros sujet. Et les titres de ses épisodes sont super révélateurs, il y en avait un c’était “où se trouve cette vidéo ?”, voilà vous regardez une vidéo mais la vidéo physiquement elle est où ?

N : Non mais c’est impossible surtout sur youtube, faut pas poser la question.

B : Un autre sujet c’était “c’est quoi la vitesse de l’obscurité ?”, on connaît la vitesse de la lumière, maintenant les photons vous “coupez”, à quelle vitesse se propage l’obscurité ? Il se demande “Quelle est la couleur d’un miroir ?”, et il part de ces questions là et il aboutit sur des trucs qui sont beaucoup plus larges que la question de base. Veritasium lui il part sur autre chose, son idée c’est d’aller chatouiller les gens sur leurs préjugés, il dit par exemple :

ps205_10556921_700654136649042_3759799920469203290_o.jpg
Veritasium et Vsauce

“Je vous présente deux objets que j’ai dans la main, ([s’interrompt en voyant une image dans la chatroom] on les voit là les deux, c’est leur vidéo sur le hasard ?) si je vous présente un disque dur et un livre, avant de les toucher, à votre avis, lequel est le plus froid ?”

“Ben c’est le disque dur. “

“Pourquoi ?”

“Parce qu’il est en métal”

Il touche et donc effectivement ben le disque dur il est plus froid. Il dit :

“Maintenant on va prendre un thermomètre, un truc infrarouge pour mesurer la température, alors qu’est-ce que vous voyez ?”

“Ah ben ils ont la même température.”

“Et comment vous l’expliquez ?”.

Et ça part toujours de choses comme ça.

N : Hmmhmm, des constats en fait assez quotidiens.

B : Voilà, et surtout de se dire, aller chercher les gens sur quelque chose qui est acquis pour eux et qui s’avère être faux. A un moment donné il dit “ouais il parait qu’on maigrit en dormant, pourquoi ?” Et il fait l’expérience, il montre, il va se peser tous les jours etc. Ouais il perd en moyenne 120-130 grammes par nuit. Pourquoi ? Et il déroule tout le truc jusqu’à expliquer qu’en fait ce qu’il se passe c’est qu’en respirant il absorbe de l’oxygène et il recrache du dioxyde de carbone. Et donc en fait la masse de dioxyde de carbone et de vapeur d’eau qu’il va exhaler plus la transpiration plus tout ça, ben ça fait 120 grammes.

N : Incroyable, super, parfait comme sources. En gros on essaiera de mettre des liens vers les chaînes, je vais pas demander que tu nous en cites d’autres, tu passes ton temps à en citer donc c’est très bien. Justement là dessus, sur en particulier tout ce qui est youtubeurs, podcasteurs, etc.  il se trouve que sur la scène française pour l’instant chacun a un peu sa couleur très particulière, Dirty Biology ne va pas tellement aborder tes sujets, un Micmaths va pas tellement aborder tes sujets donc vous ne vous marchez pas trop sur les plates-bandes, mais vous imaginez comment les choses entre vous en fait ? Tu voudrais demain faire un sujet de math tu vas en parler à Micmaths ? Lui demander l’autorisation ?

B : Non, une autorisation non, et, s’il parle de physique il ne me demandera pas non plus mon autorisation.

N : Tu t’interdis de parler de sujets dont ils ont déjà parlés ?

B : Non alors, ce qui se passe, c’est que d’une manière générale je ne m’interdis rien, ce que j’essaie de ne pas faire, c’est si je suis en train de préparer un sujet et qu’il y a un épisode chez quelqu’un d’autre qui sort sur le même sujet et où je me dis que je n’ai rien de plus à raconter, c’est-à-dire que si au final je vais raconter la même chose, peut-être en utilisant plus de mots mais je vais raconter la même chose, bah je me dis que ça a peut-être pas un grand intérêt. En général ce que je fais c’est que je ne mets pas le sujet à la poubelle…

N : Tu le réorientes ?

B : Ou alors je le mets dans un tiroir et je me dis, peut-être que dans un an j’aurai plus de choses à dire. Si demain je voulais faire une vidéo sur les maths, je dirais à Micmaths bon est-ce que ça te dirait qu’on fasse une vidéo ensemble sur ce sujet là ? Est-ce que ça t’intéresse ?

N : Plus un partenaire qu’un concurrent ou…

B : Ah mais complètement, c’est l’avantage, on essaie souvent d’expliquer qu’il y a de la concurrence sur youtube, y’a pas de concurrence sur youtube, c’est pas possible, parce qu’en fait youtube c’est pas comme la télévision, où si tu regardes la une à dix-neuf heures, tu regardes pas la deux à dix-neuf heures.

N : Bien sûr.

B : Youtube, tu regardes ce que tu veux quand tu veux, et de plus en plus la télé va se rendre compte de ça, parce que de plus en plus à la télévision les gens regardent le replay. Le replay ils n’ont qu’une semaine pour regarder pour l’instant, mais le fait est que s’ils veulent regarder l’émission qui est passée sur TF1 et celle qui est passée sur la deux en même temps, ben ils regardent l’une après l’autre et puis voilà point barre. Donc il n’y a pas de rivalité, au contraire, plus on est de fous plus on rit, en ce moment il y a un groupe qui s’est créé il y a quelques mois, je trouve ça très très bien, voilà je ne suis pas officiellement affilié à ce groupe pour plein de raisons notamment parce que je suis un peu un petit con qui aime bien son indépendance, mais j’ai le même genre d’indépendance que je peux avoir par rapport également à “vidéo sciences“, c’est-à-dire que mes vidéos sont dessus, je connais les gens, mais je ne suis pas impliqué dedans, et donc ce groupe c’est la vidéothèque d’Alexandrie. Où là pour le coup ça regroupe vraiment, alors ce que je vais dire il faut vraiment le prendre au premier degré, c’est tous les petits et jeunes youtubeurs qui parlent de sciences, d’éducation ou de culture, alors dedans, le fait est qu’on prend Nota Bene et Dirty Biology, ils sont plus si petits que ça.

N : Oui et même au niveau technique ils sont plus si petits.

B : Voilà, et puis ils ont eu le coup de pouce d’Antoine Daniel, le même que celui que j’ai eu aussi en mon temps, le même qu’Axolot a eu en son temps, le même que le fossoyeur de films a eu en son temps,… Je pense qu’un mec comme Antoine Daniel, dans quelques années quand il regardera avec du recul toutes ces années là, il aura de quoi être fier ! Et donc voilà, la vidéothèque d’Alexandrie c’est vachement bien, le concept, après il faut encore que ça s’organise, il faut encore que ça trouve sa place mais c’est vachement bien de se regrouper parce que ça permets aux uns de vivre avec les autres, en fait ils sont plus ou moins en train de monter ce qu’en son temps le Nesblog avait monté avec les chaînes de jeux vidéos.

N : Tu peux rappeler juste en deux mots ce que fait la vidéothèque d’Alexandrie ? C’est juste un groupe ?  

B : Un groupe de vidéastes youtube, sachant qu’ils se regroupent autour de cette notion là, que pour faire partie de la vidéothèque d’Alexandrie il faut présenter un contenu qui est soit éducatif soit culturel, ça peut être scientifique, ça peut même être sur des sujets qui peuvent être jugés complètement à la con, c’est-à-dire qu’on peut très bien avoir une chaîne qui parle de jeux vidéos mais si on apprend des choses sur les jeux vidéos, sur l’histoire des jeux vidéos, sur l’économie des jeux vidéos, ou sur la psychologie du gamedesign, ça peut avoir sa place dans la vidéothèque d’Alexandrie. Ca permet, il y a des gens qui vont connaître admettons Code Mu, Code Mu qui parle beaucoup de français, qui explique l’origine de mots méconnus, ou bien l’origine d’expressions un peu curieuses,… comme pourquoi est-ce qu’on dit “au temps pour moi”, pourquoi est-ce que ça s’écrit comme ça…

ps205_Dianna-Cowern-1.jpg

[Une photo de PhysicGirl apparait dans la chatroom] Oh PhysicGirl !… PhysicGirl c’est ma chouchou, bref…

 

Les gens connaissent Code Mu ou ils connaissent Nota Bene ou ils connaissent Dirty Biology, ils vont arriver par là et d’un coup ils vont connaître Revues du monde, ils vont connaître Scilabus, Pilote, qu’ils auraient peut-être aussi connus par ailleurs d’eux mêmes. Il faut qu’ils fassent attention justement dans cette vidéothèque d’Alexandrie à ne pas trop se disperser, c’est qu’ils ont tout ce qu’il faut en main pour que leur logo vidéothèque d’Alexandrie soit quelque part un gage de qualité. Que les gens disent voilà, s’il y a un truc qui est tamponné vidéothèque d’Alexandrie, s’il n’y avait pas le tampon ça pourrait être très bon mais s’il y a le tampon ça veut dire que ça a été validé par des gens que vous aimez, que vous regardez et donc ça va vous plaire normalement. Donc c’est un truc d’aide et ça marche assez bien, je suis assez content.

N : Ok. Bon pour en finir un peu avec les inspirations, tu lis des blogs ? Il y a des journalistes qui t’inspirent aussi un peu ? Ou l’écrit ? Moins ?

B : Je suis moins dans l’écrit en fait, j’ai plus le temps, en fait quand je suis dans l’écrit, je suis dans les livres.

N : D’accord, j’allais y venir aussi, et la science fiction dans tout ça ? T’es Tardis ou DeLorean ?

B : Ah moi je suis plutôt Tardis, parce que moi je ne suis pas de la génération DeLorean, en fait c’est ça, c’est-à-dire que moi j’étais déjà grand quand il y a eu le premier… enfin je dis ça j’étais déjà grand, non le premier c’est quand ? C’est quatre-vingt-cinq/quatre-vingt-six ?

N : Ouais ça doit être à peu près dans ces eaux là…

B : Quatre-vingt-cinq j’étais pas si grand que ça, j’avais huit ans. Mais attention moi j’ai beaucoup aimé Retour vers le futur, mais je sais qu’il y a toute une génération pour qui Retour vers le futur c’est LE film, ah non moi c’est pas LE film. Moi j’ai été à cheval entre le Retour du Jedi, que j’ai vu au cinéma, c’est le seul de la vraie trilogie que j’ai pu voir au cinéma, et Matrix, je suis quelque part entre ces deux trucs. Même si pour moi la science fiction, pour le coup la “‘vraie” science fiction aujourd’hui, c’est 2001 point barre.

ps205_69197311_af.jpg

N : Point barre, d’accord, les choses sont claires [rires].

B : Après on peut discuter d’Interstellar, on peut discuter aussi de quelques autres films.

N : On s’est fait un énorme épisode sur interstellar justement [Lien vers l’episode de podcast Science #195 sur Interstellar].

B : On peut discuter de quelques autres films, mais…

N : Non mais c’est marrant que tu dises que la science-fiction c’est 2001 point barre parce que là je dirais c’est de la science où on met de la fiction autour, mais t’as typiquement ce que fait Douglas Adams, alors c’est pas du cinéma mais où on est un peu loin de la science fiction mais je trouve qu’il y a toute la démarche scientifique et la curiosité qui est là.

B : Ah mais attention, moi Douglas Adams j’adore, j’adore ! J’avais fait tout un épisode avec la serviette autour du cou pour prévenir le towel day [ndlr : c’était dans l’épisode 16 “Les élections européennes et les institutions européennes”], donc Douglas Adams j’ADORE, et je le revendique, et à chaque fois que je présente des bouquins, il y a toujours un bouquin de Douglas Adams qui passe au milieu en disant “hey n’oubliez pas H2G2“.

N : Donc c’est plus la SF au cinéma que tu disais peut-être.

B : Oui c’est ça. Mais c’est vrai qu’en SF papier pour le coup il n’y a pas que 2001. Il y a Arthur Clarke, il y a aussi Asimov, Philip K. Dick, après on va mélanger plein de choses parce qu’il va y avoir l’anticipation, il va y avoir du SF qui va mélanger avec du fantasy à la Douglas Adams, voilà. Mais il y a Douglas Adams comme il y a Terry Pratchett aussi, moi c’est des mecs qui me font halluciner. J’essaie de comprendre les mécanismes de pensées de ces gens là, un mec comme Douglas Adams, comprendre comment est-ce qu’il arrive à s’imaginer… [Se rappelle de quelque chose] Ah oui j’avais oublié il y a Contact ! Oula, oui Contact c’est de la vraie pure science-fiction aussi pardon. Je m’excuse. Pour le coup Contact,  Zemeckis qui a fait aussi Retour vers le futur…

N : Et Contact dans toutes ses versions est très bien, c’est-à-dire dans la version film, la version écrite et dans la version blog audio lue par Jodie Foster est géniale aussi.

B : Le blog audio je connais pas… je connais…

N : Blog audio, je veux dire livre audio lu par Jodie Foster.

B : Je connais le bouquin de Sagan, et je connais le film, film qui a donc été réalisé par Zemeckis qui a fait aussi Retour vers le futur, pour le coup moi entre Retour vers le futur et Contact il n’y a pas d’hésitation. Mais Contact, il y a beaucoup de choses en commun avec 2001 si on réfléchit bien, toute la partie “finale” de 2001, on la retrouve dans Contact.

N : Ouais c’est vrai, je connais pas les interprétations derrière.

B : Le côté un peu Stargate

N : Mais je vois bien le côté perché de la fin, qu’Interstellar a essayé un peu de faire aussi, tous ces films là ont envie de faire un côté perché à la fin.

B : Ce qu’il se passe c’est qu’ils sont obligés à un moment donné de représenter quelque chose, qu’on sait qu’on ne peut pas se représenter. Voilà on va représenter un univers en onze dimensions, mais comment tu veux faire ça, ben c’est simple on a qu’à faire… ben le mec il est dans sa chambre en fait… C’est pas plus absurde qu’autre chose.

N : Et il voit de tous les côtés en même temps.

B : Voilà, et c’est pas plus absurde qu’autre chose au final.

N : C’est ça [rires]. Et là parmi toutes ces sources ou d’autres, est-ce qu’il y en a une qui a complètement changé ta vision du monde à un moment donné ?

B : Alors, parmi ces inspirations…

N : Ou d’autres hein, un moment où tu as découvert quelque chose, bon lié aux sciences, qui aurait changé vraiment ta vision du monde

B : Ah lié aux sciences.

N : Ouais ou à la science-fiction éventuellement mais qui aurait peut-être déclenché un peu cette flamme ou des choses comme ça…

B : Non je pense pas vraiment. Pour moi c’est vraiment quand j’ai découvert Kubrick ouais. La façon dont j’ai découvert 2001 est assez marrante. A l’époque, autour du nouvel an, je sais plus si c’était la nuit du nouvel an ou quelques jours avant, sur France 3 qui à l’époque s’appelait FR3, ils passaient donc des films, je crois que c’était Cinéma de minuit, qui existe toujours hein d’ailleurs, qui était présenté par un type qui a une ponctuation tout à fait aléatoire, qui dit “le film de ce, soir, a été écrit en 1968, et est réalisé, par Stanley Kubrick”, il parlait comme ça, il est fascinant ce gars. Et moi ce que j’aimais c’est qu’entre les deux films, il y avait des Tex Avery.

N : D’accord.

B : Je parle de ça, j’avais dix ans, donc j’étais trop petit pour regarder… Le premier film se terminait à minuit, y’avait deux Tex Avery et ensuite il y avait le deuxième film. Et donc j’avais demandé à mes parents d’enregistrer et ils avaient programmé pour enregistrer le Tex Avery . Ensuite ils ont laissé courir la cassette. Et donc le lendemain quand je regarde ça, je mets, je regarde les Tex Avery et puis d’un coup, y’a 2001 qui était le deuxième film qui commence, et j’ai découvert 2001 comme ça [Note de Johan qui fait la retranscription : Je me marre parce que je me rappelle d’une cassette de Tex Avery aussi étant gamin qui commençait par la fin de Pierrot le fou].

N : D’accord, à cet âge là en plus !

B : Ouais dix ans.

N : A dix ans tu découvres des hommes préhistoriques, tu te dis “c’est génial”.

B : Voilà, ensuite le vaisseau, je me dis c’est dingue, c’est vachement bien fait, j’avais rien bité au film, qu’on soit clair.

N : J’imagine.

B : Mais, et c’est ça la force aussi de Kubrick qu’on retrouve parfois aussi un peu chez Lynch, c’est de se dire, j’ai rien compris mais je sens qu’il ne s’est pas foutu de ma gueule. J’ai rien compris mais je sens bien qu’il y avait des choses à comprendre et que c’est moi qui n’ai pas compris. Et je pense que ça vient de là, à un moment donné.

N : Je vois très bien ce que tu veux dire.

J : J’aime vraiment bien quand tu dis “j’ai rien compris mais j’ai l’impression qu’il ne se fout pas de ma gueule et qu’il n’y a pas rien à comprendre” parce que c’est vrai que c’est un peu énervant dans certains films de science-fiction ça.

N : C’est vrai que c’est une sorte de contrat avec le film quoi, que quand tu comprends qu’il se fout de ta gueule tu te dis bon ok là il se fout de ma gueule.

R : C’est clair que le problème c’est quand tu te demandes “pourquoi ?”. Quand tu ne te demandes pas pourquoi, que tu ne comprends rien, mais que tu ne te demandes pas pourquoi il se passe tout ça, c’est bon, ça marche, enfin d’une certaine manière c’est un bon test. Quand tu te demandes pourquoi c’est que quelque part c’est quelqu’un qui a juste voulu faire un truc un peu obscur…

B : C’est en fait ce que je disais dans ma vidéo sur le voyage dans le temps, où je disais voilà on va essayer de parler sérieusement de voyage dans le temps, on ne va pas le faire comme dans les films où ils disent “bah c’est simple il n’y a qu’à inverser la polarité et puis c’est bon”. Ca, ça m’intéresse pas, moi ce qui m’intéresse ce sont ceux qui écrivent de façon intelligente et qui essaient vraiment de répondre aux questions.

N : Arc-boutez les archemuses ou je ne sais plus ce que c’était.

B : Voilà, non c’est ah… “Souquez les artimuses !”

N : Voilà ! Souquez les artimuses !

B : Ca veut rien dire souquez les artimuses… Bon quand on cite du Chabat ça va aussi.

J : On passe en vitesse lumière Chewy ! [quelqu’un (Bruce ?) parle Shyriiwook]

N : Je te demandais tes inspirations etc et moi j’ai vu ta dernière vidéo sur Turing et j’ai découvert qu’a priori tu as quand même une très grosse passion pour Turing.

B : Ouais.

N : C’est quoi cette histoire là ?

B : En fait, la plupart des gens qui suivent l’émission, même ceux qui la suivent que de très loin, savent que j’ai une vraie passion pour Tesla.

N : Ouais.

B : Alors après Tesla, il y a Turing.

N : Ne serait-ce qu’en regardant l’endroit où tu filmes.

B : Oui c’est ça, mais après Tesla, il y a Turing, c’est-à-dire que moi j’ai quelques personnages… Et ce qui est marrant c’est qu’après Turing c’est Rachmaninov. Donc rien à voir.

N : D’accord.

B : Mais j’adore l’histoire de Rachmaninov. En fait moi Turing quand j’étais gamin, je me disais : un jour je serai réalisateur de films et je ferai des films, d’ailleurs j’ai pas complètement abandonné cette idée.

N : Non pas trop.

B : Mais comme beaucoup de vidéastes sur youtube, on a tous en tête cette idée de la fiction, quelque part à un moment donné. Du court, du long, du web, de la série, on sait pas. Et quand j’étais gamin je me disais, je ferai un film sur la vie de Turing.

N : Et Turing, tu l’as découvert comment ? Comment tu t’es trouvé une passion pour Turing ?

B : Là pour le coup ce qu’il ce passe c’est que moi, je pense que c’est aussi lié à ma génération, c’est-à-dire que mon premier ordinateur je l’ai eu, j’avais six ans, j’avais cinq ou six ans, c’était un TO 7-70, qu’on branchait directement sur sa télé, avec une prise péritel, j’avais les cartouches de 16 Ko de ram. 16 Ko je précise hein, donc c’est pas des giga, c’est pas des méga, c’est des kilo, 16 Ko de ram qui faisaient genre six cents grammes.

N : Et qui faisaient cinq centimètres sur cinq centimètres.

B : Mais c’est ça, c’était un toner d’imprimante le truc ! Avec un crayon optique, et j’ai fait mes premiers programmes en BASIC. 10 print machin, 20 input, 30 go to this,… voilà ce genre de conneries.

N : Qui ressemblait pour le coup beaucoup plus à une machine de Turing que les langages actuels.

Le Commodore 64

B : Exactement. Il y a eu ce côté là et puis j’ai suivi l’évolution des ordinateurs en fait, j’ai eu le TO 7, après j’ai eu un Commodore 64, après j’ai eu un PC [on va récupérer les jeunes là], j’étais le seul type que je connaissais qui avait un PC avec un disque dur ! [Nico se marre] J’avais un disque dur de 20 Mo, j’avais tanné mes parents en leur expliquant que c’était nécessaire pour pouvoir faire des programmes et tout alors qu’en vrai c’était juste nécessaire pour installer Flight Simulator 3. J’avais Word 1 ! Qui tournait en DOS ! [Bruce et Nico se marrent] J’avais donc des disquettes 5.25 pouces et 3.5 pouces, je me rappelle de l’arrivée de la souris ! Et une fois que c’est devenu naturel la souris on se demandait comment on avait fait avant ! Mais donc de fait moi je pense que je fais partie de cette génération, tous ceux qui comme moi ont eu un ordinateur jeune, dans les années quatre-vingt, savent bidouiller un ordinateur, ils savent faire de la programmation. Ce ne sont pas nécessairement des tueurs, ils ne savent pas nécessairement faire de l’assembleur tout ça, et ce qu’il se passe c’est que dès qu’on se pose la question du BASIC ou de l’assembleur un petit peu en profondeur, on tombe sur Turing, et on se dit, mais ce mec là c’était quand ? Mais à l’époque il n’y avait pas d’ordinateur ! C’était juste abstrait.

N : Oui c’était juste une vue de l’esprit, et pire encore c’est les booléens qui sont encore plus vieux !

B : Mais oui ! Quand j’ai découvert qu’en fait on pouvait avec des portes faire des mémoires à 4 bits, des mémoires à 16 bits, j’en ai fait.

N : Alors ce qui est bien c’est qu’il y a des jeunes aujourd’hui qui sont en train de redécouvrir ça avec Minecraft.

B : Mais exactement, tu me retires les mots de la bouche, moi j’adore voir le fait qu’aujourd’hui, il y a des gamins de quinze ans qui fabriquent des imprimantes 3D et des PC dans Minecraft, je trouve ça génial !

N : Avec des portes logiques etc.

B : Je trouve ça excellent.

N : Ok. On va faire cinq minutes d’auto-promo parce que je pense que c’est intéressant de poser la question, est-ce que tu connaissais Podcast Science ? Et plus généralement parce que ce n’est pas que pour parler de nous, est-ce que tu écoutes et que tu connaissais des podcasts audio ?

B : Alors je précise, je ne connaissais pas Podcast Science avant de commencer e-penser, mais je connais Podcast Science depuis quelques mois déjà. Je ne suis pas très podcast audio, il y a eu une époque il y a quelques années où j’étais très podcast audio parce que je marchais beaucoup, parce qu’en fait je bossais assez loin de chez moi et que j’y allais à pieds, maintenant je bosse toujours au même endroit, je bosse dans mon studio donc. Mais avant je marchais. Et donc ce qu’il se passe c’est que je les chargeais sur mon smartphone, enfin c’est comme ça qu’on appelle les iPhone je crois.

N : Oui

B : Et donc en fait je me les écoutais sur le chemin. Mais c’est un truc qui revient aussi, je vois qu’il y a CGP Grey avec Brady Haran qui est un journaliste, qui chapeaute les chaînes Numberphile, Computerphile, Periodic tables, Sixty Symbols etc. Ils ont un podcast audio qui s’appelle Hello Internet, qu’ils font quand ils peuvent, je ne suis pas sûr que ce soit ultra régulier, où ils parlent de plein de sujets, et donc c’est quelque chose qui est en train de revenir, y compris sur les chaînes anglophones. Ce qui n’est pas mal ! Moi j’aime bien la diversité de médias en fait.

N : Moi aussi, mais en fait je te pose la question parce qu’un truc qui m’intrigue beaucoup, et je voulais avoir ton avis, c’est que concrètement, dans notre vie quand on fait plein de choses à côté, on a beaucoup plus de temps pour écouter des choses que pour en regarder, et pourtant les choses sont beaucoup plus regardées qu’elles ne sont écoutées, voilà, je ne comprends pas. Je ne sais pas si tu as un avis là dessus.

B : Alors ça moi j’ai peut-être un début d’explication, et ça je pense que c’est lié à un truc dont je parlais dans ma dernière FAQ je crois, sur le fait qu’aujourd’hui, les gens ne savent pas s’ennuyer, on ne sait plus s’ennuyer aujourd’hui, on a plus le droit de s’ennuyer. Ce qu’il se passe c’est que le premier de nos sens, celui qui est le plus utilisé c’est la vue, et que donc ne pas s’ennuyer c’est stimuler sa vue. Je pense que c’est ça.

N : Oui d’accord…

B : Et c’est pour ça qu’il peut y avoir masse de vraies conneries à la télé…

N : Ouais bien sûr et qu’on laisse la télé allumée…

B : Mais des fois complètement assumées ! Sur NRJ12 il y a des émissions, je regrette, elles sont complètement assumées pour n’être rien d’autre que de l’occupation des yeux.

N : Mais par exemple si on reprend, parce que bon, les podcasts et les vidéos youtube c’est assez récent, mais on passe plus de temps à écouter la télé qu’on passe de temps à écouter la radio.

B : Bien sûr.

N : Et sans la regarder même, c’est ça qui est bizarre.

B : Oui bien sûr…

R : Avec le gros problème, moi personnellement, quand il y a une image ça m’empêche de me concentrer aussi bien que quand il n’y en a pas, mais après ça je pense qu’on est pas tous foutus pareils non plus.

B : Non mais si, c’est tout à fait logique ! Justement, quand il y a une image, ça nous stimule, si on regarde cette image on se concentre de fait sur cette image et on se déconcentre d’autre chose !

I : Ah oui ça, ça fait partie de la nature des animaux où notre cerveau il est vraiment programmé pour justement être capable de, comment dire, être attrapé par des images.

R : Et le fait est que pour te répondre aussi Nico quand même, imagine tu es sur internet, tu surfes comme ça, sans être abonné à quoi que ce soit, sans avoir tes habitudes déjà etc. Tu tombes sur une vidéo, tu la regardes. Tu tombes sur un truc audio, tu vas ouvrir un  onglet tu vas lire un texte et finalement tu ne vas jamais écouter l’émission jusqu’au bout.

N : Mais je m’en rends compte, mais je trouve qu’il y a des échelles entre les deux qui sont assez incroyables.

B : Je ne sais pas si vous vous rappelez mais jusqu’il n’y a pas si longtemps, les ordinateurs n’avaient pas nécessairement d’enceintes.

N : Oui, c’est vrai aussi.

B : Les ordinateurs ont toujours eu un écran, ils n’avaient pas nécessairement de sortie audio.

N : Oui oui.

B : Les sites internet aujourd’hui passent rarement de la musique ou des choses comme ça. Moi le premier truc que je fais quand je suis sur un site et qu’il y a du son, je le coupe !

N : Ben c’était dans les années quatre-vingt-dix qu’on s’éclatait, on mettait de la musique et tout, mais on a vite arrêté quoi ! [se marre]

B : Mais pourquoi ? A un moment donné pourquoi ? A priori il n’y a pas de raison particulière… Mais c’est vrai que dès que je vais sur un site où il y a de la musique, le premier truc que je fais c’est “où est le player ?” et si je ne coupe pas dans les trois secondes, je jarte le site.

N : Alors qu’on a des gif animés.

B : Et ça, ça ne me pose aucun problème, j’aime bien.

N : Sur e-penser, on en a rapidement parlé, ta chaîne existe depuis bientôt deux ans, ce que tu disais, elle a eu un succès complètement délirant, tu t’attendais un peu à ça ?

B : Pour être tout à fait honnête je m’attendais à ce que ça marche, je ne m’attendais pas à ce que ça marche aussi bien, c’est-à-dire que j’étais sûr et certain que ça intéresserait un public, mais je ne pensais pas que ça intéresserait autant de monde, je ne pensais pas que ça plairait autant, je vois, il y a des réactions où je me dis, je serais à leur place, je n’aimerais pas ça autant qu’eux. Non mais c’est dingue. Moi je l’ai dit, je n’arrête pas de le dire en ce moment, moi je m’étais fixé comme objectif d’atteindre cinquante mille abonnés en deux ans avant de me poser la question de savoir si je continuais ou si j’arrêtais. Donc moi j’étais parti pour faire ça pendant deux ans en me disant si j’ai cinquante mille au bout de deux ans, ça vaudra vraiment le coup de se poser la question de continuer. Et ben voilà, là ça fait quoi, ça fait quinze mois, non ça fait un peu plus que ça maintenant, ça fait on va dire dix-huit mois pour faire simple, ça fait dix-huit mois et je suis à je sais pas, deux cent seize, deux cent dix-sept mille abonnés. C’est dingue !

N : Objectif rempli.

B : C’est l’équivalent de la ville de Rennes.

N : C’est Rennes. On passe le bonjour à la ville de Rennes qui nous écoute !

B : Aujourd’hui il y a dix villes en France qui ont plus de deux cent mille habitants !

N : Oui oui !

B : Je veux dire c’est dingue. Je ne veux même pas imaginer, du coup c’est vrai, comme Antoine Daniel qui frise les deux millions, ou un Cyprien qui en a plus de six millions [nldr : sept maintenant] ! Et je ne parle même pas d’un Pew Die Pie qui a plus de trente-quatre millions [ndlr : trente-huit], Pew Die Pie a plus d’abonnés sur youtube que youtube !

N : Est-ce que tu as un épisode préféré de tes épisodes ?

B : Sur ma chaîne ?

N : Ouais.

B : Heu, j’aime beaucoup, pas un préféré, j’aime beaucoup mon introduction à la relativité restreinte, j’aime beaucoup mon la preuve par vieux sur Mendeleïev, et j’aime beaucoup mon épisode sur le cerveau. Mais j’aime les autres aussi ! Mais pareil, il y a des épisodes je ne peux plus les voir.

N : Mendeleïev c’est un de mes préférés aussi. C’est celui là où tu dis qu’il est badass je crois [ndlr : équivalent de swag] ?

B : Oui c’est c’est ça, c’est que c’est une rock star badass de scientifique barbu russe, voilà, à un moment donné, comment expliquer Mendeleïev ce que ça a pu être pour l’époque ? Parce qu’évidemment le mec c’était pas ZZ Top non plus mais expliquer que le mec il détonnait complètement là dedans et que voilà, badass quoi !

N : Avant donc de poser les questions d’auditeurs, je vous assure ça arrive, juste parler des sous un peu.

B : Aaaaah !

N : C’est important de parler de sous, parce que bon on se pose tous ces questions là, est-ce que tu voudrais générer des revenus ? Alors je sais qu’on va parler de Tipeee hein mais, éventuellement est-ce que tu voudrais vivre de cette activité, parce qu’actuellement si je ne me trompe pas, il n’y a pas de pub sur youtube, sur ta chaîne.

B : Ah si si !

N : Ah bon, parce qu’on a pas réussi, c’est Alan qui n’a pas réussi à en voir !

B : C’est Adblock, c’est parce que tu as Adblock c’est ça !

N : D’accord, donc tu as bien une monétisation sur youtube et Tipeee en plus.

B : Oui c’est ça.

N : Et tu as pour objectif d’en vivre, c’est ce que tu disais ?

B : Ah moi ce que je souhaiterais aujourd’hui c’est que ça devienne mon activité principale, voilà.

N : D’accord.

B : Donc mon activité principale ça veut dire qu’il faut que ce soit l’essentiel de ce qui me fait vivre.

N : D’accord.

B : Pour que je puisse justement lever un peu le pied au niveau de l’architecture logiciel.

N : Et en imaginant que c’est youtube, en devenant youtubeur ou en imaginant une activité un peu plus variée que juste du youtube ?

B : Alors là pour le coup je vais rejoindre un peu ce que disent la plupart des youtubeurs et donc des vidéastes à qui on pose cette question c’est que moi je ne suis pas particulièrement attaché à youtube, c’est là que ça se passe, si demain ça se passe sur dailymotion, ce sera sur dailymotion.

N : Et sur Twitch ?

B : Si ça se passe sur Twitch, ce sera sur Twitch, si ça se passe sur Wat, ce sera sur wat. Je veux dire, je ne suis pas attaché à une plateforme en particulier. Il se trouve que c’est la plateforme qui a le plus de succès, et elle a toutes les fonctionnalités qui vont bien, il en manque, il y en a qui ne servent à rien etc., mais on voit arriver maintenant Facebook vidéo, Twitter vidéo etc. On ne sait pas comment ça va évoluer, et moi ce qui est sûr c’est que je n’aurais aucun souci idéologique ou philosophique à changer de plateforme, ça posera des problèmes techniques parce qu’on va perdre des abonnés en route parce qu’ils n’auront pas eu l’info, ça c’est compliqué, mais je ne suis pas particulièrement attaché à youtube.

N : D’accord, et au niveau du Tipeee, donc pour rappel, c’est un concept hybride entre plein de trucs, mais grosso modo c’est du pourboire virtuel ?

B : Voilà c’est ça.

N : Je sais que tu n’aimes pas le terme…

B : Non mais voilà, moi le terme de pourboire me gène un petit peu mais en fait c’est du financement participatif, c’est un peu le même principe que le crowdfunding sauf qu’au lieu de financer un projet qui n’existe pas, on aide à post-financer un projet qui existe déjà.

N : C’est des dons un peu, on met des mots moderne mais en fait c’est du don quoi.

B : C’est ça. C’est du don, mais en étant clair sur le fait que don ou pas, l’émission existera tant qu’elle pourra exister. Elle existe déjà, voilà elle est là.

N : Et du coup les coordonnées c’est facile à trouver, il suffit de chercher e-penser sur Tipeee et on trouve  ?

B : Ouais alors, Tipeee, je ne sais pas pourquoi, c’est T-i-p et il y a trois e !

N : Ah il y a trois e, d’accord, je croyais que c’était que deux.

B : C’est Tipiiiiiiiiii, non non il y en a trois, je ne sais pas pourquoi ils ont fait ça mais voilà.

N : Ok, alors bon, alors je ne sais pas si ça vaut le coup de poser des questions sur les projets, tu nous as déjà parlé de plein de trucs, tu as des nouveaux projets, tu as des choses à dire ou pas ?

B : Alors 2015 il y a énormément de projets, non mais 2015 je déconne pas, il y a énormément de trucs en préparation.

N : C’est rassurant on est en février.

B : Ah ouais non, mais il n’y a qu’à voir, depuis le premier janvier, là on est le dix février, depuis le premier janvier je suis à sept épisodes déjà !

N : Ouais ! C’est bon, bon score.

B : Sept épisodes en comptant celui qui sort après demain, je précise, voilà. Mais non il y a beaucoup de choses qui sont en préparation.

N : Dont tu ne peux rien dire.

B : Dont je ne peux pas parler, voilà, il y a plein de collaborations…

N : Et donc du coup, tant pis, on va aller plus loin, comme ça tu pourras peut-être en parler, la question d’entretien d’embauche dépassée : tu vois le projet comment dans dix ans, dans cinq ans, c’est dur hein ?

B : C’est super compliqué de répondre à une question comme ça ! Je pense que si ça continue, dans dix ans je ne sais pas, dans cinq ans, je pense qu’e-penser existera encore, j’espère, mais clairement je pense que ce sera complètement industrialisé. Donc ça aura probablement perdu un petit peu de son charme.

N : T’auras perdu les premiers arrivants, c’est souvent comme ça que ça se passe.

B : Mais j’ai déjà perdu des premiers arrivés.

N : D’accord.

B : C’est triste mais je sais qu’il y a quelques noms, des avatars, parce que justement à l’époque je pouvais discuter avec eux, il y en a beaucoup qui sont partis, peut-être qu’ils reviendront, peut-être pas, je sais pas. A un moment donné…

N : Tu te dis que l’industrialisation va être forcée à un moment, surtout si tu veux en vivre.

B : A un moment donné je vais être obligé, c’est-à-dire qu’à un moment donné je vais être obligé d’avoir quelqu’un qui m’aide à faire le montage, quelqu’un qui m’aide à faire le son, quelqu’un qui m’aide à faire tout ça. Et de fait ça va faire évoluer la chose, moi je resterai aux manettes pour tout ce qui est écriture, pour tout ce qui est tournage, et encore je dis ça maintenant, j’en sais rien, si ça se trouve ce ne sera pas du tout le cas, si ça se trouve dans cinq ans ce sera encore plus artisanal qu’aujourd’hui ! Voilà, il y a des contre-exemples, je prends LinksTheSun, ça fait quand même un certain nombre d’années qu’il est là.

N : Oui et où c’est resté tout aussi…

B : Il garde sa patte, ça reste LinksTheSun, à aucun moment on se dit…

N : J’sais pas s’il a envie par contre.

B : Je ne sais pas, j’espère, mais voilà, LinksTheSun ça reste LinksTheSun et pourtant il fait évoluer les concepts hein, il fait évoluer, enfin je veux dire la qualité évolue, tout évolue, mais ça reste LinksTheSun, à aucun moment je me dis “bon ben il y a une équipe de quinze personnes maintenant derrière”.

N : Alors que si ça se trouve il y en a une mais tu ne le vois pas.

B : Mais si ça se trouve il y en a une ! Mais en tout cas elle est invisible. Et c’est là où par exemple aux Etats-Unis, tu prends la chaîne SciShow, mais ça c’est américain, en France ça passe pas, la chaîne SciShow, si tu regardes le générique, mais il y a quarante personnes qui bossent sur les épisodes ! Pourtant c’est un type qui est devant un fond bleu, seul, et qui parle et il y a des illustrations. Je veux dire, il y a moins de choses complexes à mettre en place que pour un épisode d’e-penser, mais il y a quarante personnes derrière ! C’est les américains.

N : Oui, c’est à l’américaine.

B : Mais parce qu’eux n’ont pas peur de dire voilà on est une équipe, ils n’ont pas peur de dire que ça coûte du blé, pas peur de dire qu’il faut qu’on vende des produits pour que ça rapporte.

N : Ok, bon je voulais qu’on parle juste vite fait de communication scientifique parce qu’on a parlé beaucoup de ta chaîne et on a pas peut-être abordé l’essentiel, pourquoi c’est important de comprendre la science ?

B : Heu, il y a plein de façon de répondre à cette question, une des façons c’est de répondre en amenant la quote que j’ai préparée, maintenant je ne sais pas, c’est peut-être pas le moment.

N : Ah merde, c’est pas le moment non !

B : Alors du coup je ne vais pas y aller par ce biais là. En fait ce n’est pas que c’est important de comprendre la science, ce qui est important c’est de comprendre que le processus de pensée dans un cadre scientifique, n’est pas le même que dans les autres cadres. Il y a deux ans je discutais avec des gens sur internet, qui quand on leur disait “la gravitation”, ils me répondaient “c’est ton opinion”.

N : Oui !

B : Non c’est pas mon opinion, non il y a plein de choses et dans les sciences, notamment dans les sciences humaines, il y a des sujets pour lesquels on peut dire “c’est ton opinion, parce qu’on a pas pu prouver, parce qu’on a pas validé, etc.” mais même dans les sciences dures il y a des sujets pour lesquels on ne sait pas trop, il y a des hypothèses mais…

N : Mais il y a des sujets on sait quoi.

B : Mais il y a des sujets où ce qu’il se passe c’est que si on est d’accord sur les axiomes, ce qui en découle naturellement c’est pas une opinion. Il y a des gens qui disent “toi tu décides de penser ça, moi je décide de penser autre chose”. Là j’ai découvert récemment, je crois que c’était par une vidéo de Vsauce [Oui en effet, elle est ici], le, comment ça s’appelle, alors c’est pas vraiment une religion, mais c’est un courant de pensée, c’est plus une doctrine en fait, ça s’appelle le “last thursdayism“, c’est un courant de pensées qui consiste à dire que l’univers a été créé jeudi dernier. Mais c’est un truc très sérieux !

N : [rit] Et jeudi dernier, tous les jeudis derniers ?

B : Jeudi dernier.

N : D’accord.

B : Voilà, et ce qu’il se passe c’est que si tu te poses la question dans une semaine, tu diras “mais je m’étais déjà posé la question la semaine dernière”. Tu diras “non, parce que quand l’univers a été créé jeudi dernier, il t’a créé avec déjà le souvenir de cette question.

N : D’accord je vois.

B : Et l’intérêt de ce truc là, donc des “jeudi dernierisme”, je ne sais pas comment ça s’appelle en français, c’est que ça fait partie de ces hypothèses qui sont indémontrables.

N : Ouais, et du coup l’opposé aussi.

B : On ne peut pas démontrer que c’est faux puisque quel que soit l’argument qu’on apporte, on pourra toujours nous répondre oui mais évidemment, puisque ça a été créé avec cet argument déjà en tête. C’est comme quand je discutais avec un créationniste, qui m’expliquait qu’en fait, dieu en créant la terre avait déjà créé des fossiles de dinosaures. Ok dans ce cas c’est bon, la discussion est close. Je lui ai répondu ça, moi ce que je pense, c’est qu’en fait je suis le seul à exister, tout l’univers n’existe que dans ma tête. Prouve moi que c’est faux.

N : Oui c’est ça.

B : “Mais moi je sais que j’existe”, “non tu penses que tu sais que tu existes mais en fait c’est dans ma tête”. C’est exactement la même chose. Et c’est pour ça que moi il y a aussi un truc qui m’intéresse énormément et je prends le temps de préparer ça parce que je sais qu’on va m’attendre au tournant là dessus, même si on me le demande, on me le réclame. Je vais me faire la pensée complotiste.

N : Ah oui !

B : Je vais me l’emplâtrer.

N : Si tu as envie d’inspiration, alors c’est une émission assez longue [épisode 146 de podcast science], on a reçu Alexandre Moatti qui a écrit un bouquin qui s’appelle Alterscience, sur tout ce qui est ce que lui appelle les “alterscientifiques” c’est-à-dire, c’est pas que les complots, c’est surtout toutes ses théories alternatives qui ne sont absolument pas des théories scientifiques.

B : Toutes ces alternatives qu’on trouve sur le web.

N : Mais pas que sous forme complot, tu as des choses qui sont plus sur la durée, ou des gens…

B : En fait je l’ai mal dit, je dis complotiste parce que ça résume tout pour moi, mais c’est ça aussi, c’est toutes les théories alternatives et fumeuses qu’on peut trouver sur le web.

N : Ouais. Voir même certaines fois les politiques y ont cru, on avait parlé des avions sniffeurs ou je ne sais plus quoi à l’époque ou des choses comme ça.

R : Les avions renifleurs.

N : Oui voilà. Qui était une grande fumisterie, plein de choses comme ça.

J : Il y a un député [Joel Giraud, député des Hautes Alpes] qui a posé une question à l’assemblée sur les chemtrails.

N : Aaah les chemtrails, c’est ça.

B : Moi il ne se passe pas une semaine sans qu’on me parle, et c’est pour ça qu’à un moment j’ai craqué j’en ai parlé, donc il ne se passe pas une semaine sans qu’on me balance le lien de la révélation des pyramides pour me dire “faudrait que tu en parles parce que le monde devrait savoir”. [Note de Johan-qui-met-les-liens : J’avoue que ça me fait un peu mal de mettre le lien vers ce documentaire fanchement complotiste et scientifiquement très con, donc on va dire que si vraiment vous voulez le voir tapez “révélation des pyramides” sur google et gardez à l’esprit que c’est du gros pipeau.]

N : Moi quand je l’ai vu, je l’ai trouvé bien ce documentaire, c’est après que…

B : Il est bien ce documentaire, mais c’est une énorme manipulation !

N : Ben oui c’est ce que j’ai compris après !

B : La structure de ce documentaire en fait reprend la structure du mythe unique de Joseph Campbell, qui est en fait la structure qu’on retrouve dans Star Wars, qui est la structure qu’on trouve dans toutes les grandes histoires, dans Avatar, tu vois c’est la structure vraiment du mythe unique. Si tu réfléchis bien, ce documentaire en fait c’est une personne qui est sensée être la narratrice mais en vrai cette personne est une comédienne, parce qu’on nous présente ça comme un documentaire, c’est pas du tout un documentaire.

N : Oui.

B : Cette comédienne, qui se retrouve devant les pyramides et là elle se rend compte de quelque chose, et il y a l’appel à l’aventure, c’est l’étape deux, elle va avoir besoin d’un mentor, c’est l’homme mystère qui lui dit “Allez voir les gens, montrez leur ces chiffres, etc.” alors qu’en fait, l’homme mystère en question c’est le mec qui réalise le documentaire. Je veux dire, tout est monté pour pour qu’on s’identifie complètement à ce personnage et qu’on la suive dans ces trucs là. Mais avec une masse d’absurdités, de trucs qu’on nous présente comme des coïncidences, je ne crois pas ! Tout ça n’a aucun sens. Et à un moment donné, je me rappelle…

N : Et aussi, cette tendance à dire “Ils ne nous laissent pas faire l’expérience qui prouvera tout”.

B : Mais oui. Mais moi j’adore, à un moment donné j’en avais marre, je discutais sur je ne sais plus quel truc j’étais, où je discutais avec des gens qui étaient vraiment des purs complotistes et compagnie. J’ai dit : maintenant mettez-vous un truc en tête, quand vous voyez une vidéo sur youtube qui fait trois millions de vues et dont les premières images sont “Voici la vidéo que tous les gouvernements du monde entier souhaitent cacher”, non. Si une vidéo est sur youtube c’est très facile de l’enlever quand on est un gouvernement, c’est très facile.

N : Voir même si on n’est pas un gouvernement.

B : Je veux dire, c’est pas wikileaks youtube, c’est google ! Google c’est Patriot Act, il suffit d’appeler en disant en vous me virez ça tout de suite. Et je suis sûr que ça a déjà été fait, sans doute.

N : Oui.

B : Mais je veux dire, cette vidéo là, une vidéo qui fait trois millions de vues et qui vous dit voilà la vidéo que tout le monde veut vous cacher. Faut arrêter de croire que vous allez être un privilégié qui sait la vérité. Non. Et moi j’ai décidé qu’à un moment j’allais me poser la question et ce sera vraisemblablement dans un quickie, d’essayer d’expliquer ce que c’est que la logique complotiste. Comment est-ce qu’on peut discuter avec quelqu’un qui est dans ces idées là. c’est-à-dire que quand on avance un argument, quelque soit l’argument, c’est un argument qui va dans son sens. Et c’est assez déstabilisant de discuter dans ces conditions.

N : Alexandre [Moatti] justement, qui était venu nous parler, qui lui a fait une grosse étude et compagnie, il est allé à des “conventions” sur ces sujets là. Pour vraiment les voir parler, les voir argumenter, parler avec eux et c’est vrai que ce sont des choses qui ne sont pas simples du tout. Mais aussi, à la tête de ces gens là, enfin je ne vais pas refaire l’émission, il y a des gens qui sciemment savent qu’ils disent n’importe quoi et sont malhonnêtes, il n’y a pas que des gens qui y croient sincèrement.

B : Ah non il y a des doux dingues, il y a des gens malhonnêtes mais de toutes façons entre le moment où il y a un type qui a une hypothèse sur les pyramides et le moment où le pseudo-documentaire sort, il y a nécessairement quelqu’un de malhonnête dans la ligne.

N : Oui.

B : Pas tous, nécessairement pas tous, il y en a beaucoup qui y croient. La preuve c’est qu’il y a beaucoup de gens qui regardent qui y croient. Ils disent “Tu ne te rends pas compte, il y a des pyramides partout sur la même ligne !”. Je leur dis “T’as essayé de la tracer cette ligne sur un planisphère ? Ca fait pas du tout une ligne hein !” “Ouais mais bon, tu t’rends pas compte”. Et moi il y a un truc qui m’avait fasciné c’était quand le gars explique qu’on retrouve Pi et le nombre d’or partout dans les dimensions de la pyramide.

N : Ah mais alors ça… Non mais de manière générale.

J : Moi ce que j’ai bien aimé c’est quand il retrouve la vitesse de la lumière en mètre par seconde alors que les pyramides ont été construites avant qu’on sache ce que c’est que le mètre ou les secondes.

B : Ouais et en coudées et en machin, mais il le justifie hein.

N : Sur le nombre d’or, on ne citera jamais assez un de tes collègues youtubeur aussi, ElJj [chaine de Eljj] qui a un blog, et qui a fait un article de blog où il t’explique toutes les propriétés du nombre d’or pour terminer en disant qu’en fait il parlait de racine de deux. En mettant des beaux dessins, avec des ratios etc.

Fausse campagne pour se moquer des “anti-produits chimiques” : Le dihydrogène de monoxide est en fait de l’eau

B : Mais oui ! Il y a un truc qui était génial, c’était aux Etats-Unis, une pétition qu’il y avait eue sur internet il y a quelques années, sur le fait, vraiment, de réduire au maximum l’utilisation de dihydrure d’oxygène [ndlr : monoxyde de dihydrogène], parce qu’on le trouvait dans les cellules cancéreuses, on le trouvait dans les ruisseaux, les fleuves, on le trouvait jusque dans nos plomberies, on en trouvait en grandes quantités dans les êtres humains et que c’était une catastrophe voilà, on en trouve partout et que dans toutes les maladies on en trouve… et en fait ce truc  le dihydrure d’oxygène c’était H2O, c’est de l’eau. Et il y a eu je crois, trois cent cinquante mille signatures, des gens qui ont fait des manifs dans la rue pour dire qu’il faut supprimer ça, des personnalités publiques, genre des élus là-bas, des élus locaux qui disent oui mais on adresse le problème, je vais aller au congrès, je vais leur dire qu’il faut faire quelque chose ! [Nico se marre] Voilà. Ca me rappelle cette histoire, je ne sais plus à quel congressman un journaliste avait posé cette question : qu’est-ce que vous pensez du dossier Freedonia, et il dit : ne vous inquiétez pas on est sur le dossier, on s’en occupe. Et Freedonia c’était un pays imaginaire dans un film des Marx Brothers quoi. [Nico se marre] Mais voilà, à un moment donné il y a aussi ce problème-là.

N : Ouais ne pas savoir dire “je ne sais pas” en fait.

B : On n’a plus le droit d’être ignorant, ça c’est un vrai problème.

N : Alors là dessus, sur toutes ces histoires justement d’ignorance et de communication, tu penses quoi de la qualité de la communication scientifique en général et puis éventuellement en France en particulier ?

B : Alors c’est difficile parce que…

N : Là je parle plus de la communication, éventuellement institutionnelle, que tout ce qui se fait au niveau amateur.

B : Oui c’est ça, le vrai gros truc, les publications, les découvertes, etc.

N : Ouais, même au niveau, communication, c’est-à-dire ce qui se fait à la télé, à la radio, dans les magazines, enfin, tout ce qui n’est pas fait par des amateurs comme toi, comme nous, depuis leurs chambres.

B : A la télé j’accroche pas tellement, à la télé on s’occupe pas de science, à la télé on part du principe que le spectateur est idiot et qu’il ne comprendra pas, donc à la télé on supporte un Michel Chevalet, on supporte un Jérôme Bonaldi mais en gros ça s’arrête là. Sinon c’est des émissions pour enfants, c’est des “On n’est pas que des cobayes“, mais surtout, faut surtout pas qu’on explique trop, faut qu’on montre des explosions, faut qu’on montre qu’on fait de la mousse, faut qu’on montre qu’on fait des choses. Voilà, donc moi ça, ça me gonfle un peu, mais c’est pas pour taper sur la télé, parce que je regarde aussi la télé. Mais il y a ce problème là, après je trouve que la communauté scientifique, même si ça change, ça évolue beaucoup depuis quelques années, la communauté scientifique ne s’est pas tellement souciée de communiquer avec le reste du monde pendant pas mal de décennies.

N : Alors ça, c’est pour ça qu’on précisait en France, est-ce que ce n’est pas justement très français ? Parce que dans les pays anglophones t’as beaucoup de bouquins de vulgarisation faits par des très grands scientifiques, et plus qu’en France justement.

B : Tout à fait, c’est sans doute très français. Moi je vois ça vraiment avec l’œilleton du mec français qui voit juste ce qu’il se passe… comment moi je l’ai vécu aussi. Mais parce que c’était ça quoi, c’était vraiment : on ne va pas commencer à perdre notre temps à expliquer, ne vous inquiétez pas, on gère. Il y avait un peu ce côté là, on fait nos trucs, on fait nos recherches, on gère, en plus c’est probablement lié à plein d’histoires politiques, sur l’indépendance des universités avec l’industrie, sur la recherche qui est financée par le public ou par le privé, il y a tout un tas de merdiers là dedans.

N : Sur les applications qui peuvent choquer ou des choses comme ça oui.

B : A un moment donné il y avait une vraie fierté en France de dire, on a fait des découvertes, on ne les brevète pas, et on ne gagnera pas d’argent avec, parce qu’on est comme ça !

N : C’est toujours un peu le cas.

B : Non mais voilà, à un moment donné, j’étais fasciné par cette histoire du gars, Moreno, ou Mareno, celui qui a inventé la carte à puce, donc là pour le coup c’est pas ultra scientifique, c’est plus une invention. Il a inventé la carte à puce, c’était génial, personne ne l’a utilisé en dehors de la France, tous les autres pays ont attendu que ça tombe dans le domaine public.

N : Oui.

B : Parce qu’on ne sait pas vendre en France, ces trucs là, on a des vrais problèmes. Le Rafale, aujourd’hui je ne sais pas ce que ça vaut le Rafale, mais quand le Rafale est sorti, c’était un engin révolutionnaire. C’était un appareil de fou furieux, on est pas foutu d’en vendre. On a un vrai problème, qui est sans doute politique autour de ça. Je ne sais pas, pour le coup je n’ai pas le début du commencement d’une réponse à ce sujet là. Mais je sais qu’à côté de ça on a des esprits qui sont brillants en France. On a notamment des mathématiciens qui sont des pointures mondiales, évidemment il y a le célèbre et très médiatique Cédric Villani.

J : Je peux t’interrompre ? On a une question justement [dans la chatroom], est-ce que tu l’as rencontré ? Tant qu’à faire.

B : Non.

J : Très bien, première question répondue.

B : Non, pour l’instant j’ai pas eu cette occasion/chance.

N : Il est très très sympa.

R : Il est très, oui ça va, il te tutoie en deux secondes et tu sens qu’il te reconnaîtra la prochaine fois. Enfin il est normal à peu près, dans son rapport humain.

B : Oui c’est ça, c’est un peu ce que je voulais dire, ce qu’il se passe c’est qu’il y a un truc qui me gonfle c’est qu’à la télé on nous le présente toujours comme le gars qui a le brushing, les chemises à jabots et une broche araignée.

N : Ben il le cherche un peu.

B : Oui.

R : Ca il le veut ! Ca il le recherche.

B : Non mais parce qu’il n’est pas débile, bien sûr que oui, mais ce qu’il se passe c’est que c’est autre chose que ça. C’est comme moi je veux dire, pardon, et j’espère que je ne vais choquer personne, mais Stephen Hawking, Stephen Hawking c’est un mec qui est brillant, mais c’est un mec, qui, si aujourd’hui il marchait sur ses deux jambes, on le trouverait nettement moins brillant, il y a beaucoup de ça aussi. Attention, je ne veux rien enlever à ses travaux, je parle juste de la perception que le grand public se fait de lui, et moi je trouve ça dommage. J’aimerais que les gens aient justement suffisamment de contexte pour pouvoir apprécier ce qu’il fait, indépendamment du personnage qu’il pense qu’il est. Parce que voilà, parce que Stephen Hawking c’est quelqu’un quoi, c’est pas juste un type qui maintenant a parlé dans les Simpsons et a une voix de robot et a compris l’univers. C’est un type qui a aussi dit des conneries, c’est un type qui a un moment donné dit le voyage dans le temps c’est pas possible parce que si c’était possible on aurait croisé des voyageurs du temps.

N : C’est pas mal comme argument.

B : Mais ça ne suffit pas.

N : Oui, non, ça ne suffit pas.

B : Ca ne suffit pas, moi j’ai plein de contre-arguments, qu’est-ce qu’il se passe si on invente une machine à voyager dans le temps dans 200 ans et qu’il se trouve qu’on ne peut voyager qu’à partir du moment où cette machine existe ?

N : Oui oui…

B : Ben voilà. Ben du coup il n’y aura pas de voyage dans le temps avant. Et pourtant on pourra voyager dans le temps. Et qu’est-ce qu’il se passe si dans soixante mille ans on invente la machine à voyager dans le temps ? Peut-être que les gens n’en auront rien à foutre du XXIe siècle. Parce que probablement que ce ne sera pas un truc de touristes ou des milliards de gens pourront se balader, probablement qu’il y aura très peu de gens qui voyageront. Même si à côté de ça je suis le premier à dire que vraisemblablement voyager dans le passé c’est impossible.

N : C’est assez mal barré.

B : Je me rappelle j’avais vu un documentaire de Stephen Hawking, présenté par Stephen Hawking, donc je ne sais pas s’il l’a écrit ou pas mais le fait est qu’il cautionnait le truc, où à la fin il dit “et puisqu’il n’y a pas de raison particulière pour que ça arrive [qu’en gros, j’sais plus trop de quoi il parlait, il disait que tout ça c’était le hasard], c’est bien la preuve que dieu n’existe pas”. Mais mec mais de quoi tu parles ?

N : De toute façon quand un scientifique commence à mettre dieu dans une phrase souvent c’est mal barré.

B : Voilà, et ça m’embête, parce qu’on a voulu médiatiser le truc, et je pense que c’est devenu un personnage, et j’aimerais qu’on se rappelle de ce qu’il a fait quoi, de ses travaux. Parce que ses travaux ne sont pas du tout inintéressants !

N : Et alors, tu as idées de ce qu’on pourrait faire pour changer ça justement ?

B : Il y a plein de choses, il y a plein d’idées qu’on peut avoir et des idées qui sont utopiques, d’autres qui sont dingues, moi il y a un truc déjà, une petite idée qui serait pas grand chose, maintenant ce serait probablement très compliqué à mettre en place. C’est déjà, je pense qu’il faut enseigner l’histoire des sciences. Je pense qu’on comprend beaucoup mieux la relativité quand on suit la pensée des mecs qui se sont succédés, qu’on voit les questions qu’ils se sont posées et comment ils y ont répondu. Moi je vais le dire tout à fait honnêtement, je n’avais pas vraiment compris la relativité restreinte avant de faire l’épisode sur l’introduction à la relativité restreinte. En le faisant je me suis rendu compte que je pensais que je le savais mais en fait ah non, okay, waw. Et c’est expliquer, contextualiser, les choses ne tombent pas de nulle part.

N : Ouais de justement éviter l’effet Rain man dont tu parlais dans un épisode sur… sur…

B : C’est ça, sur Turing.

N : Oui sur Turing.

B : Ou effectivement dans Imitation Game on a tendance un peu à le présenter comme, enfin voilà comme tous les génies, dans les films maintenant on les présente comme Rain man quoi. Je veux dire, non, les mecs, ça ne tombe pas de nulle part. Mais comme quand on va faire un film sur Mozart ou sur je ne sais pas quel artiste, genre le mec c’est inné chez lui, on le met devant un instrument et ça y est le mec sait jouer. Nan c’est des années de boulot.

N : Pour finir sur ces histoires de communication scientifique, donc là tu as une chaîne qui mine de rien fait aimer les sciences à beaucoup de gens qui comme tu disais ne savaient pas forcément qu’ils les aimeraient etc., moi je vois en effet des vidéos partagées, tu n’imaginerais pas forcément qu’ils allaient partager un truc sur la relativité restreinte.

B : Deux cent trente mille vues sur la flèche du temps !

N : Je pense que, pour moi, c’est encore plus marquant sur la relativité en fait, que la flèche du temps. La flèche du temps, le temps ça intéresse les gens, la relativité, de base c’est un peu comme les maths, ils se disent que c’est compliqué, mais c’est un avis personnel. Et du coup, est-ce que tu ne penses pas que ce boulot là que tu fais, c’est pas le boulot que devrait faire les organisations scientifiques ?

B : Je ne sais pas si c’est leur rôle, je pense que ce serait bien qu’il y ait des gens, mais ce que fait Etienne Klein, je pense que ce serait bien effectivement qu’il y ait des pointures scientifiques qui, ce que fait Hubert Reeves, alors il le fait en français même s’il n’est pas français, mais bon il le fait en français. J’aimerais bien effectivement qu’il y ait des pointures qui savent de quoi ils parlent, et où il n’y a pas de contre-argument, il n’y a pas de “mais attends montre moi tes diplômes avant de parler parce que qui tu es ?”. Parce que ça je sais que moi ce que je fais, j’ai toute légitimité pour le faire sur youtube, mais j’aurais aucune légitimité à le faire à la télé. A la télé je serais un présentateur, j’ai aucune légitimité scientifique là dessus. Donc d’avoir des gens qui ont vraiment, pour qui c’est leur vie, je veux dire, les gens ils ont passé trente ans dedans, ils savent ce que c’est. Et qui à côté de ça, mais c’est la difficulté, c’est qu’il faut trouver des gens qui sont suffisamment pointus dans le domaine et suffisamment “communiquants” pour être capables de faire aimer ça, c’est vraiment, des Carl Sagan il n’y en a pas mille.

N : En français aussi, je pense à quelqu’un, qu’on va peut-être interviewer en plus [ndlr : ça s’est fait dans l’épisode 211], c’est Jean-Pierre Luminet qui je trouve communique très très bien. Je ne sais pas s’il le fait beaucoup à l’oral, mais en tout cas dans ses bouquins il le fait très très bien.

J : Oui c’est vrai que le problème en France c’est que, contrairement aux Etats-Unis, c’est difficilement attendu de toi en fait quand tu es chercheur que tu fasses ça, c’est pas… Et c’est que tous les gens que tu as cité, Etienne Klein etc., ils le font en plus de leurs recherches, mais c’est pas quelque chose qui est attendu d’eux, c’est pas sur ça qu’ils ont été recrutés par exemple.

R : C’est pire que c’est pas attendu, pour la plupart ce qu’ils disent c’est que c’est plutôt mal vu, on a tendance à penser qu’à partir du moment où ils font ça, ils ne bossent pas, ils sont moins sérieux, etc.

J : Bon ne le dites pas, mais là je suis sensé être au boulot moi mais… je suis au boulot d’ailleurs. [rit]

N : Oui parce que donc tu es à Baltimore et qu’il est autour de minuit, il est une heure là ? Une heure et demi ?

J : Il est quatre heure et demi là, de l’après-midi.

N : Enfin il est quatre heure et quart en fait parce qu’il n’y a pas de raison qu’il y ait un quart d’heure de décalage.

J : C’est ça.

N : C’est en général des heures piles. Ok. Juste avant les questions d’auditeurs, est-ce que tu as un conseil à donner à des jeunes youtubeurs qui voudraient se lancer, des trucs à éviter, des choses à faire, des choses que tu aurais fait autrement toi si tu te lançais aujourd’hui.

B : Heu ouais moi les conseils…

N : A part la lumière et le son c’est un enfer.

B : Le son, non la lumière on s’en fout, mais très sincèrement si tu regardes les premiers épisodes de What the cut, la chaîne d’Antoine Daniel, aujourd’hui en moins de trois ans il est quasiment à deux millions d’abonnés, les premiers épisodes sont tournés dans le noir !

N : Ah oui d’accord.

B : Non c’est le son, il faut qu’on puisse comprendre ce qu’il se dit. Le son c’est très important, une fois qu’il y a ça, au moins au début, il faut être constant. Vous faites une vidéo puis vous faites une autre vidéo, puis vous faites une autre vidéo,… etc.

N : Et tiens tu aurais un petit conseil matériel du coup en son ?

B : Pfff, franchement on s’en fout, ce qui marchera ça marchera, il y a des gens avec un iphone, s’ils sont dans une pièce suffisamment silencieuse, ça marche très bien. Il y en a d’autres il leur faut un micro canon cardioide etc. qui doit être à 4 cm de leur bouche parce que c’est tellement le bordel autour… Voilà ça dépend ! Mais ce qu’il faut c’est vraiment que ce soit audible, que ce soit compréhensible, moi re-regarder mon premier épisode, passé le micro-trottoir, j’enregistre avec le micro direct de la caméra c’est dégueulasse, mais bon on m’entend, on arrive à suivre donc ça va.

N : Oui c’est ça, on arrive à suivre.

B : Et voilà, soyez constants, la première vidéo elle fera trois vues, la deuxième elle fera quatorze vues, la troisième elle fera quatorze vues aussi, et à partir d’un moment vous allez vous rendre compte qu’il y a des gens qui regardent et que vous ne connaissez pas. Et c’est à partir de ce moment-là qu’il ne faut rien lâcher.

N : Et puis un truc que tu disais sur tes vidéos, que tu disais je crois quand une FAQ, et qui est important aussi, c’est de ne pas oublier, surtout en science, qu’on a un vrai effet long trend ou des vidéos faites à un temps T peuvent être réécoutées beaucoup plus tard.

B : Oui.

N : Et du coup ouais c’est jamais perdu, même si vous avez dix vues la première semaine ça peut durer, durer, durer.

B : Bien sûr, moi toutes mes vidéos continuent de monter. Celles qui montent moins ce sont les vidéos sur les élections européennes et municipales parce que c’est pas du tout le sujet, et parce que déjà dans l’absolu c’est chiant.

N : Et puis parce que dans l’absolu c’est temporel pour le coup.

B : Oui et je suis à peu près sûr qu’aux prochaines élections européennes ou aux prochaines élections municipales, elles vont reprendre un petit peu, mais à côté de ça, en plus ce sont des sujets qui sont chiants. C’est-à-dire que dans l’absolu, on peut considérer par exemple que la relativité c’est chiant et découvrir que finalement c’est intéressant. Bon ben les élections européennes c’est chiant et ça reste chiant. Ca touche à plein de sujets qui sont passionnants sur comment fonctionnent les institutions européennes, mais se poser cette question de comment ça fonctionne, c’est chiant, moi pour cet épisode je me suis quand même payé le traité de Rome, précisément le traité consolidé de l’Union Européenne. Je veux dire, c’est une tannée.

N : C’est le genre de document qui est un plaisir à lire entre trois heures et cinq heures du matin.

B : Mais c’est une catastrophe, mais c’est horrible. Moi je ne déconne pas quand à la fin je me sors une aspirine. C’est parce que j’en ai pris de l’aspirine pendant que je préparais celui-là. Celui-là pour le coup il y a eu des heures de recherche quoi. Et surtout donc le conseil, faites “votre client type”, c’est-à-dire que votre cible c’est vous même. Faites la vidéo que vous vous voulez voir.

N : Ok.

B : Après voilà bon si vous voulez être le nième mec à faire des vidéos de Minecraft sans rien apporter de particulier, sans apporter un ton particulier… Non parce qu’on peut tout à fait être le prochain Squeezie, j’ai aucun problème avec ça. Squeezie est très très bon à ce qu’il fait, moi je ne suis pas fana de ce genre là, mais dans ce genre il est très bon.

N : Squeezie il arrive à trouver des jeux, tu ne savais même pas que ça pouvait exister, donc à partir de là…

B : J’ai vu une vidéo de lui récemment qui est une vidéo qui n’est pas très récente d’ailleurs je crois, c’est un jeu où il traverse des pièces, mais il traverse genre dix mille pièces. Voilà, il a réussi à me tenir, au début je me suis dit qu’est-ce c’est que cette connerie, parce que la vidéo c’était lancée automatiquement après une autre, et je me suis dit qu’est-ce c’est que cette connerie, et je l’ai regardée jusqu’au bout. Le mec il fait de la radio, c’est intéressant. Je veux dire après, le gamin c’est pas ma came, mais il y a beaucoup de gens dont c’est la came, c’est tout à fait respectable, mais, si c’est juste pour dire [prend une petite voix] “hé regardez là je suis en train de construire une maison, j’utilise de la pierre de j’sais pas quoi avec du diamant de bidule” [petite voix off]. Je veux dire, non, faut que ce soit intéressant, faut que vous racontiez quelque chose, il faut qu’il se passe quelque chose. Mais donc si vous le faites, faites le bien.

N : Bon on va passer enfin aux questions d’auditeurs. Alors on en a une pelletée.

R : J’ai le droit de passer en priorité ? Vu que je ne suis pas un auditeur lambda tout ça, genre.

B : Juste une toute petite parenthèse sur les conseils, si vous voulez faire des vidéos youtube pour gagner masse d’argent, trouvez autre chose, voilà. Passez votre chemin. Faut faire des vidéos youtube parce que vous avez envie de faire des vidéos youtube,  parce que vous avez envie de partager des choses. Parce que la pluie de billets franchement c’est un phantasme.

N : Ou alors appelez votre vidéo “comment gagner beaucoup d’argent en peu de temps” voilà.

R : Ouais, et mettez une image de femme nue d’ailleurs aussi, c’est important.

B : Après la vidéo sera strikée… [rires]

R : Quand tu dis “faites ce que vous avez envie de voir” je pense que ça va nous parler à nous parce que j’ai l’impression que podcast science c’est un peu “on fait la radio qu’on a envie d’entendre” et puis je pense qu’il y a un truc qui fait que ça marche a priori mieux que les choses qui passent à la télé ou à la radio officielle, c’est qu’on prend le temps qu’on veut et donc le temps qu’on juge nous nécessaire, et ça c’est un luxe énorme. Et je voulais juste revenir sur ce que tu disais sur l’histoire des sciences, je trouve que ça peut être très intéressant, je trouve que c’est un peu trop souvent dans le discours, le truc où les gens disent “c’est comme ça qu’il faut faire” et je suis persuadé qu’il y a plein de sujets où c’est pas du tout adapté. Et il y a plein de sujets où c’est adapté mais il y a plein de sujets où c’est pas du tout adapté. Je pense qu’il faut faire gaffe de ne pas voir ça comme une obligation disons. Mais a priori j’ai vu des vidéos où tu ne parles pas du tout d’histoire de science pour introduire un truc donc je pense que tu vas être d’accord mais c’est juste…

B : Oui oui, on est tout à fait d’accord. Et perso je pense que les programmes scolaires, mais après c’est pas du tout mon métier donc là on est loin de mes compétences, mais je pense que les programmes scolaires devraient avoir une certaine souplesse que probablement ils ont déjà d’ailleurs, pour que les enseignants puissent adapter, au moins en partie parce qu’il  faut quand même qu’il y ait un tronc commun, qu’ils puissent adapter le programme aux élèves qu’ils ont en face.

R : Et à leurs propres goûts d’ailleurs.

B :  Et à leurs propres… mais à leurs propres goûts peut-être un peu moins mais également aussi, sans doute, mais ça je pense que ça se fait de fait. Je pense qu’un prof d’histoire qui est passionné par Napoléon et qui n’en a rien à faire de la révolution française je pense que ça se sent quand il en parle.

N : Ouais. Et inversement celui qui n’aime que la révolution française. Bon donc je disais, on a une pelletée de questions d’auditeurs, je vais tâcher, on va tâcher de faire assez vite.

B : Je fais des réponses Twitter ?

N : Ouais, à peu près, sauf si tu as un truc qui te tient vraiment beaucoup à cœur.

B : Ouais.

N : Je vais faire le tri aussi au passage parce qu’il y en a ou tu as soit déjà répondu dans des FAQ  donc ça invitera les gens à aller voir [FAQ 1FAQ 2FAQ3 (sortie depuis cette interview)] soit parce que c’est pas vraiment des questions en fait. Alors on a une question, ça j’avoue ne pas comprendre : est-ce que tu peux rendre les anciennes musiques de tes vidéos disponibles ?

B : Alors non je ne peux pas, en fait il y a eu trois étapes musicales sur e-penser, il y a eu la toute première étape où c’étaient les musiques de Stéphane Palcossian, mais ça c’est vraiment les premiers épisodes on va dire jusqu’au vingt/vingt-et-unième, et jusqu’à très récemment, jusqu’aux deux derniers avec la musique du générique de fin c’était Stéphane Palcossian, et là moi pour le coup je ne les mettrai pas à disposition sans m’être mis d’accord avec lui là dessus, et en plus, c’est pas spécialement l’objet, je ne suis pas tellement de cette génération-là qui a besoin que tout soit absolument disponible dans le cloud.

N : Partout.

B : Ensuite, il y a eu la deuxième étape, c’est les musiques que moi je mettais en attendant justement que les musiques  de Grande table prod soient prêtes. Donc ça pour la plupart c’étaient des boucles Apple que j’ai retouchées ou pas, par exemple le générique  des quickies c’est moi qui l’ait fait avec un synthé, voilà. Donc ça pareil ça n’a pas vocation à se retrouver en ligne. Mais parce que ce ne sont pas des produits finis en fait, ce sont des choses qui sont faites un peu comme ça. Qui ne peuvent pas exister autrement que dans les vidéos.

N : Ouais, c’est des boucles, c’est voilà quoi…

B : Et c’est fait pour les vidéos, ça n’a pas été pensé pour exister de façon autonome, c’est pas suffisamment travaillé pour ça.

N : C’est quelqu’un qui veut mettre en sonnerie de portable ta musique, c’est pour ça [rit].

B : Mais très bien, et s’il peut se débrouiller autrement et que je ne le sais pas c’est très bien aussi. Maintenant, c’est vrai que la musique qu’il y a maintenant, ça a été fait avec une jeune boîte de prod’, où eux ils veulent que les musiques, ils sont ok pour que les musiques soient sur un soundcloud, ils font partie de cette génération, ils comprennent que les gens vont avoir envie de les écouter ou peut-être de les télécharger, voilà il n’y a pas de problème. Mais les anciennes ne le seront pas.

N : D’accord. Dans la catégorie Bruce rock star est-ce que tu as déjà envisagé de bosser avec Matthew Inman, The Oatmeal, sur Tesla notamment. [ndlr rapport à son admiration pour Tesla et sa levée de fond pour sauver son labo et en faire un musée]. En mode, est-ce que tu as imaginé de bosser avec un des plus grands, un des américains le plus connu pour faire des webcomics ?

B : C’est-à-dire que je ne sais pas qui est Matthew Inman.

N : C’est celui qui fait le blog The Oatmeal, qui en fait est une sorte de webcomic avec plein de dessins, moi je ne suis pas hyper fan, et qui est ultra connu, un truc qui va te parler, il a lancé un kickstarter sur un jeu de cartes avec des chatons [ndlr : exploding kittens] qui a explosé tous les records de kickstarters là, t’as dû entendre parler de ce truc là.

B : Est-ce qu’il a explosé les records de la salade de pomme de terre ?

N : Non mais c’est un vrai truc là, il a explosé le nombre de contributeurs sur kickstater, je crois que c’est le plus grand jamais eu sur kickstarter et au niveau fric je crois qu’il a demandé dix mille et il a dû avoir cent mille ou un million hyper rapidement. Donc non t’avais pas imaginé vu que tu ne le connaissais pas.

B : Ben fait ce n’est pas que je ne le connais pas, maintenant ce qu’il se passe, pour essayer de répondre à cette question, c’est que moi, je ne m’interdis aucune collaboration, moi j’aime bien bosser avec plein de gens, j’aime bien bosser avec plein de gens différents, j’aime rencontrer et discuter avec plein de gens.  Je donne un exemple tout con, il y a une semaine, j’ai passé un déjeuner à discuter avec Swagg Man.

N : Je connais pas Swagg Man.

B : Swagg Man c’est un rappeur, c’est une star du web, chaque fois qu’il éternue ça buzz, c’est un type qui est tatoué de la tête aux pieds, c’est un type dont on ne s’attendrait pas du tout à nous voir discuter ensemble, pourtant on a discuté, c’était très sympa. Moi j’aime bien rencontrer des gens qui sont vraiment différents,  j’aime bien rencontrer des gens aussi qui sont similaires, moi j’aime bien tout ça. En ce qui concerne maintenant des collab’, tu sais, moi je peux faire des collab’ avec n’importe qui dès lors que ça se justifie.

N : D’accord.

Question : est-ce que tu vas faire un épisode sur le saut à l’élastique ?

B : Sur le saut à l’élastique, heu, c’est pas prévu, en revanche il y a un sujet qui touche là, c’est notamment les oscillateurs, la résonance, on peut toucher à ce genre de chose. Mais du saut à l’élastique à proprement parler non c’est pas prévu, surtout que c’est pas du tout mon genre d’ambiance en plus. J’ai le vertige moi… Quand j’avais quatorze ans je faisais de l’acrobatie aérienne, aucun problème, mais par contre debout sur une table je flippe. Ah ouais c’est comme ça.

N : Chacun ses trucs.

Question très pertinente : est-il plus simple de se gratter la tête quand elle est rasée ? T’es pas obligé de répondre hein.

B : C’est ni plus simple ni plus compliqué, c’est autre chose. Mais en revanche il y a un truc qui est marrant quand on se rase la tête pour la première fois, c’est qu’on a des contacts justement avec la peau du crâne qu’on avait jamais eu avant. Ou en tout cas qu’on a oublié, c’est-à-dire que par exemple quand on prend une douche, il y a des gouttes qui tombent directement sur la peau du crâne, c’est bizarre, voilà, ce genre de choses.

N : D’accord. Est-ce qu’un jour on te verra expérimenter pour étayer ton propos ?

B : Oui ! Mais ce sera sans doute pour du hors-série, de l’épisode spécial, ce genre de choses. Parce que moi dans mon studio, j’ai pas franchement matière à expérimenter. D’autant que pour le coup, en français, je rappelle que Experiment Boy fait ça très très très bien.

N : Voir même trop bien, il fait n’importe quoi mais c’est très drôle.

B : Non mais il ne fait pas toujours n’importe quoi, moi ce que j’adore, je me dis, à son âge comme à mon âge aujourd’hui, j’aurais pas le début des ressources mentales qu’il faut pour dire : tiens je vais fabriquer maintenant avec des puces arduinos, des relais, des machins,  je vais fabriquer un boîtier, en plus je vais me faire chier à le décorer, à mettre des lettres, des trucs, qui va me servir de détonateur pour quand je vais faire exploser des machins pour montrer… c’est-à-dire que la complexité de ce qu’il fait c’est hallucinant, genre la vidéo qu’il a fait sur le jet laminaire c’est juste dingue.

N : Lui dans dix ans il va faire flipper.

Une question, je ne sais pas si tu vas pouvoir être court : tu penses quoi des Bogdanoff ?

B : Alors, juste qu’on soit clair et net, je ne pense rien d’eux physiquement, non mais c’est un truc qui me gave à chaque fois qu’on les invite à la télé, on parle de leurs mentons, moi je ne pense rien d’eux physiquement, je m’en fous voilà. Maintenant les Bogdanoff c’est un truc particulier qui est nostalgique chez moi, c’est-à-dire que quand j’étais gamin il y avait Temps X qui passait à la télé, ils m’ont fait aimer les sciences, ils m’ont fait aimer la science-fiction, c’est par eux que j’ai découvert la Quatrième Dimension, en tout cas dans mon souvenir, si ça se trouve c’était pas du tout la même émission, mais le sentiment que j’en ai c’est que c’était ça. Et ils m’ont fait aimer tout ça. A côté de ça, je trouve qu’ils sont bons pour expliquer des choses qui ont été validées depuis longtemps, donc ils expliquent relativement bien ces choses, ils trouvent toujours la bonne analogie, eux pour le coup ça passe très bien quand ils vont à la télé et ils disent “voilà vous regardez dans ce verre d’eau il y a autant d’atomes qu’il y a de gouttes d’eau dans tous les océans de la terre”. Voilà c’est quelque chose qui peut parler aux gens même si à mon sens ça ne suffit pas mais bon voilà. Je pense qu’ils vulgarisent très bien, je ne suis pas fana de leurs théories.

N : D’accord.

B : Mais de la même manière que je pourrais dire par exemple que Jean-Pierre Petit, c’est quelqu’un qui est brillant en ce qui concerne la mécanique des fluides, mais il y a certains autres sujets sur lesquels il ne faut pas trop discuter avec lui, là je sens que ça va troller… Dès qu’on parle de JPP ça trolle.

Screen Shot 2015-09-07 at 11.00.21 PM

N : Du coup une autre question, là c’est plutôt moi qui vais répondre : dans le prochain épisode, est-ce que tu auras un t-shirt de podcast science ? A priori non vu que tu n’en as pas, mais je vais peut-être t’en faire envoyer un pour que tu le mettes.

B : Avec plaisir ! [Et depuis, il l’a fait]

 

N : Surtout qu’en t-shirt je dois avouer que je me suis acheté le “Sodium Batman” en voyant ta vidéo.

Le Tshirt Sodium Batman

B : Alors est-ce que tu l’as compris ? Parce qu’il y a plein de gens qui ne comprennent pas.

N : Ah mais oui ! En fait, mon père avait des cassettes, parce que bien sûr elle est pas passée quand j’étais jeune, c’était plus vieux que ça.

B : Soixante-six.

N : Et c’est quand même cette grande époque du meilleur costume de Batman ou on le voit bedonnant.

B : [chantonne] Nananananananana Batman !

[Générique de Batman dont ils parlent https://www.youtube.com/watch?v=EtoMN_xi-AM]

N : Et avec un Batman bedonnant ! Mais en effet j’en ai eu qui n’ont pas compris, et j’ai eu aussi l’inverse, j’ai eu un théoricien de physique qui me disait “non mais là ça colle pas le numéro atomique et puis le machin, c’est pas possible”, sur l’année et le numéro, parce que donc sur le Batman il y a le numéro de l’action comics où est apparu Batman et l’année où est apparu Batman. Bref… donc on va tâcher de lui en envoyer un !

B : Et on reconnait le vrai t-shirt Sodium Batman au fait qu’il y a seize Na.

N : Pourquoi il y en a plusieurs ?

B : Plein, il y a des copies où il y en a neuf, y’en a douze, y’en a quatorze,…

N : Faut que je vérifie mais quand je l’ai chanté ça collait normalement.

B : Il y en a seize ! C’est [chantonne] Nananananananana Nananananananana Batman !

N : Donc série où ils avaient des costumes pas du tout en plastoc comme on fait maintenant, mais vraiment du tissu et il était un peu bedonnant, et à chaque fois qu’il donnait un coup il y avait tout l’écran où il y avait marqué un “POW” comme en bande dessinée ou des choses comme ça.

B : Série qui est intégralement et pour la première fois, sortie il y a quelques mois en DVD dans un collector avec la batmobile en hotweels ! [NDLR pour ceux que ça interesse, elle est plus que deux fois moins cher sur amazon US]

N : Oh yeah !

B : Et ça moi je mets de côté, je vais me la prendre.

N : Et avec des effets spéciaux d’un cheap mais vous n’imaginez même pas.

B : Avec un des meilleurs Joker de l’histoire, ben d’ailleurs Links The Sun en avait parlé dans son point culture sur les Jokers donc il y aura beaucoup d’infos que vous pourrez aller voir là dessus.

N : Alors après dans les requêtes, est-ce que tu comptes faire une preuve par vieux sur Pierre-Simon de Laplace ?

B : Franchement je ne sais pas quoi répondre, parce que ce qu’il se passe c’est qu’en pratique on peut faire des preuve par vieux sur quasiment n’importe quel scientifique. A un moment donné il faut vraiment faire des choix, c’est-à-dire que là, moi j’aimerais bien, typiquement ça fait six mois que je me dis que j’aimerais bien faire un la preuve par vieux sur une femme, j’aimerais bien commencer à parler un peu des femmes. Et spontanément le premier nom qui vient c’est Marie Curie mais j’aimerais bien commencer par quelqu’un d’autre que Marie Curie. Donc il y a Florence Nightingale il y a un certain nombre de noms qui me viennent, donc je réfléchis mais, voilà, la chaîne ça fait un an et demi qu’elle existe, des preuves par vieux en tout il y en a cinq pour l’instant, donc c’est pas un format qui est ultra récurrent, donc je ne peux pas me permettre d’en faire quatre cent cinquante donc voilà, de Laplace, peut-être qu’il y aura de Laplace.

N : On a des demandes pour des épisodes plus longs, ça confirme.

Quelqu’un parle du jeu d’énigmes Dr Clayton où il y a un Bruce scientifique dedans, c’est ce jeu là dont tu parlais j’imagine ?

B : Mais c’est pas un Dr Clayton-Clayton, c’est un Dr Clayton-like, en tout cas moi celui dont on m’avait parlé c’est pas… Ah oui pardon, c’est peut-être Dr Clayton, c’est pas un Dr Layton.

N : Non Clayton, oui, Clayton.

B : Voilà, ça c’est possible oui.

N : C’est pas le Dr Layton non.

B : C’est un genre de parodie oui, en mode effectivement il y a des mini-jeux et des énigmes etc.

N : Ouais ça doit être ça. Alors je fais en improvisation parce que je n’ai pas eu le temps de la lire en entier, une question de Nico…

R : Pardon, du coup juste, j’ai pas eu la réponse à la question, est-ce qu’il y a un lien avec toi dans ce Bruce là ?

N : Oui oui il y a un lien, c’est l’image qu’on avait mise dans la chat room tout à l’heure.

R : Ah d’accord, pardon.

B : Le développeur m’avait contacté en me disant qu’il s’était autorisé à s’inspirer de moi pour faire ce personnage, qui est un personnage qui propose des énigmes, il y a plusieurs   personnages qui proposent des énigmes et c’est un des personnages qui propose des énigmes. Qui ressemble un peu à moi, qui a un t-shirt bleu, un bouc, le crâne rasé, voilà.

N : Bon donc Nico depuis j’ai eu le temps de lire, c’est un SAV sur un de tes épisodes, il y a une question sur l’excitation d’un atome par uns photo : le bond d’un électron expliqué dans un de tes épisodes, pourquoi le soleil chauffe sur la peau, ne pourrait-il pas expliquer une déformation de l’espace temps ou l’apparition d’un trou de ver ? Solide ! [il rit]

B : [rit] Allez, go go, répond en mode twitter  !  

N : Non mais tu peux dire… tu peux dire que c’est pas l’endroit…

B : Non mais il faut être très très clair, dans cet épisode j’utilisais vraiment un modèle très très simple d’atome, celui qu’on voit en fait à l’école, peut-être moins aujourd’hui, celui qui ressemble en fait à un modèle planétaire, c’est-à-dire avec un noyau qui est un ensemble de petites boules au milieu et les électrons ce sont des boules qui tournent autour. La réalité est beaucoup plus complexe que ça, vu que dans la réalité on ne comprend pas ce que c’est. Les équations nous disent que la réalité ça peut être un espèce de truc flou, ou un espèce de truc qui vibre, dont on ne sait jamais précisément où il se trouve ou bien comment il se déplace. Donc du coup c’est très difficile de répondre, il y a beaucoup d’hypothèses là dessus, maintenant clairement je ne vais pas commencer à parler de trou de ver quantique sans avoir déjà tous les préambules sur la mécanique quantique.

N : Ok. Comme on est déjà à deux heures d’émission, j’annonce que je saute les demandes sur des sujets de nouvelles émissions pour Bruce, ne serait-ce que pour ne pas allonger ta to-do liste à l’infini.

J : Mais sinon on les lui passera après.

N : Ouais on pourra éventuellement te les faire suivre. Par contre d’autres questions : où c’est qu’on peut te rencontrer, physiquement ?

B : Physiquement ? De façon impromptue ?

N : Non mais dans des salons, te rencontrer ou te voir, il n’y a pas de…

B : Alors voilà, ce qu’il se passe c’est que maintenant de plus en plus je commence maintenant à être sollicité pour des conventions, des choses comme ça. En général je ne sais pas toujours à l’avance vraiment, mais je vais essayer d’organiser ça pour que ce soit un peu plus propre. Parce que par exemple la semaine dernière j’étais à Paris Manga, j’ai pu le décider la veille quoi… Donc ce sont des choses qui s’organisent de plus en plus et clairement ce que je peux vous dire, le meilleur endroit pour savoir si je vais me rendre à une convention, à une conférence ou un salon, un truc comme ça, c’est Twitter. J’essaie d’annoncer aussi sur Facebook, clairement pas sur youtube parce que youtube c’est vraiment les épisodes, mais sur Facebook un petit peu, sur Twitter vraiment, c’est là où je peux annoncer “au fait demain je suis à tel endroit, au fait après demain je vais aller à Geekopolis ou à machin ou à bidule ou à Montreux pour Polymanga, ou à la Japan Expo ou ce genre de choses. Mais sinon on peut me croiser… heu ouais, sinon c’est compliqué parce que pour l’instant il n’y a pas vraiment d’autres… pour les youtubeurs il n’y a pas vraiment d’autres lieux de rencontre. Et puis aujourd’hui c’est devenu trop gros pour que je puisse dire, venez on se donne rendez-vous dans tel bar.

N : Allez !

B : Je peux le faire en province éventuellement…

N : Si, tu peux t’amuser à le faire dans un bar qui est complètement vide, où il n’y a plus personne, pour leur faire leur crise cardiaque de leur vie.

B : Mais à Paris, parce que sinon je peux le faire en province, je sais qu’à Strasbourg je peux le faire, et ça ne va pas rameuter quatre mille personnes. Mais à Paris je ne prendrais pas le risque d’aller dans le troquet en bas de chez moi et de dire voilà on se retrouve là les gars, non. Ca ne donnerait peut-être rien, mais pour peu qu’il y ait quarante personnes qui débarquent, je veux dire c’est ingérable quoi.

N : Une question, au vu de ce que tu nous racontais sur ton public, qui je pense va te tenir un peu à cœur, de Captain Jerem, qui dit : le niveau de physique théorique et des mathématiques impliquées n’est-il vraiment accessible qu’à un petit nombre de personnes ou un étudiant motivé peut-il devenir chercheur dans ce domaine ?

B : Alors je ne sais pas si un étudiant motivé peut devenir chercheur, c’est-à-dire un chercheur qui a vraiment le titre de chercheur, qui intègre une équipe de chercheurs, qui peut toucher des subventions au titre de la recherche, ça je ne sais pas. Maintenant, n’importe qui de suffisamment motivé, peut aller creuser n’importe quelle question, ce qu’il faut c’est ne pas brûler les étapes, c’est tout. Aujourd’hui, même si vous avez un parcours littéraire, philo etc, et que vous vous dites ‘tain j’ai envie de m’intéresser aux maths, il n’y a strictement rien qui vous empêche de reprendre les bases et de creuser et d’arriver à un niveau de fou.

N : Et en particulier tu conseillais dans une vidéo les cours de Feynman.

B : Ouais !

N : Qui là pour se mettre justement dans le gras sont très bien.

B : Mais par contre il faut vraiment le faire dans l’ordre, c’est-à-dire qu’il faut faire d’abord mécanique, ensuite électromagnétisme, ensuite mécanique quantique. Faut pas se dire “je vais commencer par mécanique quantique parce que c’est ça qui m’intéresse”. Et il faut accepter le fait que ces bouquins ce sont des vrais cours, c’est-à-dire que ça commence ras des pâquerettes, c’est vachement bien parce que tout est clair, mais à un moment donné ça devient invivable, c’est-à-dire que, à un moment donné c’est pas un bouquin que vous pouvez lire aux toilettes ou que vous pouvez lire dans votre plumard, c’est un bouquin que vous lisez à un bureau avec des feuilles à côté quoi. Pour prendre des notes et vérifier ce que vous comprenez.

N : Ok, alors là j’ai une question, je ne suis pas sûr de la comprendre, mais ça va être intéressant…

B : Vas y vas y.

N : Pourquoi à chaque fois qu’on parle d’une théorie pour unir gravitation et quantique tu oublies systématiquement la gravitation quantique à boucles ?

B : Mais parce que… Ouais. C’est pas systématiquement ! En fait ce qu’il se passe c’est qu’il y a eu l’épisode sur le voyage dans le temps où je n’en ai pas parlé, et donc depuis ce qu’il se passe c’est que régulièrement il y a des gens qui découvrent cette vidéo, et qui me parlent de cette théorie là, donc, la gravitation quantique à boucles, en fait, très sincèrement, c’est une théorie que je ne connais pas bien du tout. Voilà, donc il va falloir que je creuse ce sujet là, puisque visiblement, il y a beaucoup de gens qui sont très très…

N : Ou alors c’est toujours le même qui redemande à chaque fois…

B : Non non, il y en a plein !

N : D’accord.

B : Il y en a certains que je connais ! Et qui sont très émus par le fait que je ne parle pas de la gravitation quantique à boucles et qui me disent “mais attends ça pourrait expliquer le voyage dans le temps et tout ça !”. Je veux dire, peut-être, alors ok, faudra que je fasse un update.

N : “Ok je vais voir”

B : Je ne connais pas suffisamment ce sujet là, voilà.

N : On rappelle que Bruce pour l’instant fait ça sur son temps libre. [il rit]

B : C’est pas grave, moi j’aime, j’aime quand on me challenge comme ça !

N : Sinon on a une question d’ElJj à laquelle tu n’es pas obligé de répondre. “Que penses-tu de ce jeune youtubeur de math qu’est ElJi ? Je le trouve très prometteur. ”

B : Nan moi je le trouve à chier [rit].

N : Une question de Thomas Patrice…

B : Hey t’es gentil si jamais tu remontes tu ne couperas pas le rire pour qu’on comprenne bien que c’était une blague !

N : Je verrai, ça dépend… [rit]. Tu as déjà participé à un spectacle avec une troupe d’impro, aspires-tu à plus d’art dans ton travail dans le futur ?

B : Il y’en a qui sont allés creuser quand même hein [sourire dans la voix]. En fait ce qu’il se passe c’est que j’avais un pote qui est médecin et qui faisait de l’improvisation et qui à un moment donné il m’avait, enfin pas lui, c’était une membre de la troupe qui m’avait proposé de venir en guest pour faire de l’improvisation musicale avec eux. Et donc c’était assez rigolo parce qu’on se retrouvait à faire des trucs où on demandait au public un thème, donc là en l’occurence celle qu’on peut trouver sur youtube c’était la trahison de Melun, donc voilà le thème c’était un sentiment et une ville, c’était la trahison de Melun, et il fallait improviser une chanson avec le clip. Donc il a fallu que moi j’improvise une musique, qu’il y ait un des membres de la troupe qui improvise une mélodie et des paroles qui riment sur cette musique qu’il ne connaissait pas puisque je l’improvisais. Pendant ce temps-là, le reste de la troupe improvisait le clip en fonction de ce qu’il racontait, que lui inventait au fur et à mesure sur la musique que donc moi j’improvisais au fur et à mesure. Donc c’était un bordel sans nom, mais le fait est que ça rendait bien ! Moi je kiffe faire ce genre de choses, voilà donc pour répondre à la question,  je kiffe faire ce genre de choses.

N : Donc pourquoi pas si ça se présente.

B : On peut me proposer. Alors moi il y a des trucs… Je ne vais pas dire que je suis ouvert à tout parce que là d’un coup ça va troller dans tous les sens. Mais, typiquement quand il y avait Hardisk qui m’avait proposé de faire un petit rôle dans son court-métrage “The Stanley Parable“, j’ai dit oui bien sûr avec plaisir et tout c’est cool. Quand on m’a demandé ensuite de jouer un médecin dans “C’est grave ?“, c’est Fujixguru qui réalisait, donc le papa de l’internet, j’ai dit mais putain mais avec plaisir ! Super Crayon, Matthieu Sommet, pareil. Moi j’aime bien faire tous ces trucs là, ça ne veut pas dire que je veux en faire mon métier et que je veux devenir acteur, mais voilà, j’aime bien.

N : Ok ! Bon je fais vraiment le filtre dans les questions parce que ça commence à être assez long. Est-ce que tu as eu des retours de chercheurs sur tes vidéos ?

B : Heu oui quelques uns, maintenant ce qu’il se passe, là où c’est compliqué, c’est que ce sont des mails que j’ai reçu directement, je ne sais pas dans quelle mesure ils voudraient que j’en parle, et s’ils sont publics ou pas.

N : Peut-être sans citer les noms ? C’est plus, la tendance, est-ce que tu avais des choses positives, négatives, les deux ?

B : C’est plutôt positif globalement, en gros on m’encourage dans ma voie, on peut m’expliquer que ce que je fais ce n’est pas toujours nickel, que des fois c’est un petit peu trop approximatif, que je dis des trucs qui ne sont pas toujours super clairs. Mais on m’encourage toujours sur cette voie. Après là où moi je suis satisfait c’est que je sais qu’il y en a un qui suite à la vidéo sur la flèche du temps m’a dit que c’était épatant ce que je faisais et qu’il fallait que je continue dans cette voie. Ce type là, on va dire que c’est un sujet qu’il maîtrise.

N : On ne voit pas de qui tu parles. [Il voit très bien de qui il parle]

B : Donc moi j’étais très content !

N : D’accord donc tu as eu quand même des beaux retours…

B : Oui oui !

N : Une question, bon je pense qu’on aurait pu la poser à n’importe qui mais ça vaut le coup d’en parler : est-ce que faire de la science est forcément synonyme de faire de l’anglais ?

B : Heuuu… Non.

N : Ah ouais ?

B : Non, c’est pas du tout synonyme, c’est-à-dire qu’on peut tout à fait… Il y a avait cet exemple là du gars indien qui avait découvert un livre de math de CP et qui en avait déduit derrière toute la géométrie euclidienne etc.

N : Robin ! Le nom ? Je vais pas réussir à le retrouver.

J : Ramanujan !

N : Voilà, Ramanujan.

B : Voilà.

R : Ouais a priori c’est pas vraiment ça l’histoire, mais pourquoi pas…

B : Non mais évidemment après c’est devenu une légende urbaine ce truc, mais ce que je veux dire par là c’est qu’il n’y a pas besoin de parler anglais pour faire de la science. A un moment donné il y a besoin de parler anglais pour pouvoir communiquer avec avec un maximum de gens qui font de la science. Il y a aussi ça, ce qu’il se passe c’est qu’il y a aussi une notion de… c’est un sujet dont on ne parle pas souvent d’ailleurs, il faudra peut-être un jour que je fasse un truc là dessus, c’est sur le fait que les scientifiques avancent ensemble. On parle souvent du génie qui fait sa découverte seul, mais on oublie très souvent les équipes qui font que… non seulement les équipes où il y a plusieurs personnes qui bossent dans une équipe mais l’équipe de Dublin qui bosse avec l’équipe de Berlin, qui bosse avec l’équipe de New York,  qui bosse avec l’équipe de Boston, et ensemble, mis bout à bout, ça permet d’aboutir à quelque chose. Il ne faut pas oublier qu’internet a été créé à l’époque pour les militaires et les scientifiques, et les universitaires, pas que les scientifiques, les universitaires, pour les chercheurs universitaires. C’est pour qu’ils puissent communiquer entre eux.

N : Dans les questions qu’on doit toujours te poser, mais bon, il se trouve que c’est une question d’auditeur, de Dexter : Bruce est-ce qu’on va te retrouver à la télé bientôt ou est-ce que tu resteras fidèle au web ?

B : Alors, en tout état de cause, moi pour l’instant on ne m’a jamais rien proposé à la télé, donc pour l’instant la question ne se pose pas. Ce qui est sûr et certain c’est que si un jour on me propose quelque chose à la télé, ce sera un deal breaker. Si on me dit qu’à un moment donné, dès lors que je fais de la télé, je ne fais plus de web, là pour le coup ce sera toujours de toute façon non ! Je n’accepterai pas de faire de la télé si ça veut dire changer quoi que ce soir à e-penser. E-penser ça restera e-penser. Le jour où j’arrêterai e-penser ce sera parce que ça s’arrêtera, il y aura certainement une raison qui justifiera mais en tout cas ce ne sera pas parce qu’on m’aura proposé de faire autre chose. Maintenant ceci dit, qu’on soit clair, je n’ai rien contre la télé. Si on me propose une émission à la télé, sur France 4, sur France 5, sur Arte, j’en sais rien, mais un truc où j’ai la liberté éditoriale pour faire du e-penser à la télé, ou pour faire du programme court à 20h35 sur France 2, ce genre de choses, mais moi ce sera avec plaisir ! Je ne rejette pas nécessairement la télé.

N : Ok. Bon je continue, tu me dis si tu en as marre, au pire…

B : Non mais vas y continue, attends mais moi je ne dors pas, on peut y aller, on peut partir pour cinq heures.

N : Parfait. Alors que je retrouve où j’en étais du coup, ah oui. Une question intéressante quand même. Est-ce que les gens te reconnaissent dans la rue ?

B : Ca commence.

N : Aaaah !

B : Ca commence, pour l’instant c’est à l’étape où c’est agréable.

N : D’accord.

B : Mais c’est bien parce que je sais que la marge avant que ça devienne désagréable…

N : Ils te reconnaissent, ils te font des petites vannes genre ils te disent [murmure] Aristote.

B : Non, mais alors, la plupart en fait ils n’osent pas.

N : D’accord.

B : Ils osent pas m’approcher…

N : Mais c’est vrai que moi je ne m’attendais pas à ce que tu sois aussi grand dans la vraie vie en fait.

B : [rit] Non mais ce qui est dingue, l’autre jour j’étais quand même à Paris Manga, donc j’étais quand même dans une convention, je suis à côté du coin des youtubeurs, et il y a quelqu’un qui m’envoie un tweet après pour me dire “je t’ai croisé à Paris Manga mais j’ai pas osé venir te dire bonjour”. Putain si à Paris Manga t’oses pas, je veux dire, il faut oser !

N : Ouais ouais.

B : Je ne suis pas méchant moi je le dis, je ne suis pas méchant, mais après je pense que c’est le cas pour tout le monde. C’était ce que m’expliquait Antoine [Daniel], il me disait “je préfère que les gens viennent me voir, discuter, on discute c’est cool, plutôt que rester de loin à regarder fixement” et après ce qu’il se passe c’est que si ça tombe à un mauvais moment, ben je le dirai, “pardon je suis désolé mais c’est vraiment pas le bon moment” et voilà il ne faudra pas mal le prendre.

N : Et fin de l’histoire.

B : Mais, voilà, ça commence à arriver et ce que je disais, pour l’instant je suis à l’étape où c’est agréable, et l’étape à laquelle ça devient désagréable elle est très très loin pour quelqu’un comme moi, c’est genre un million et demi, deux millions, je veux dire c’est…

N : Tu iras dans un autre pays…

B : Non mais je veux dire, j’atteindrai probablement jamais ces chiffres.

N : Hmhm. Une autre question, ils sont marrants tes auditeurs…

B : Ils sont très très bons, ils sont très très bons.

N : Je dis auditeurs je suis trop habitué… “Bruce tu viens au Hellfest ?”

B : [rit] [grosse voix de métalleux] OUAIIIIS ! [voix sérieuse] Non, je vais pas pouvoir.

N : Que fais-tu en premier, sur quels sites vas-tu quand tu ouvres ton navigateur ?

B : ‘Tain j’ai eu peur ! [rit]

N : Non… [rit]

B : Heu, alors, aujourd’hui, le premier truc que je fais quand j’ouvre mon navigateur internet, parce que c’est ça la question ? C’est mon navigateur internet ?

N : Oui, ton navigateur internet je pense.

B : Aujourd’hui c’est soit Facebook soit Twitter. C’est le premier des deux que je tape voilà. Mais ça c’est aujourd’hui. Ce qu’il se passe c’est que maintenant j’essaie de continuer de répondre à un maximum de messages, donc le premier truc que je fais c’est que je regarde où ça en est. Genre combien j’en ai en retard. Donc c’est soit Facebook/Twitter/Youtube, soit Twitter/Facebook/Youtube, mais je commence par Facebook ou Twitter. Je pense que je commence d’ailleurs en général par Twitter parce que c’est celui où tu peux rattraper le retard le plus rapidement possible, et parce que de toute façon si tu ne le rattrapes pas immédiatement il s’accumule.

N : [pouffe] C’est ça ! Il y avait une question sur le fait que tu étais architecte logiciel et qu’il y a une vidéo où tu disais que c’était important d’acheter des licences, quand on pouvait. C’est quoi ta position sur le logiciel libre, il demandait.

B : Non mais j’adore ! Moi je trouve ça vachement bien le logiciel libre, la plupart des architectures logicielles que je conçois utilisent MySQL comme base de données, utilisent PHP comme langage et tournent sous Linux , je veux dire, moi j’adore le logiciel libre. Et c’est très bien que le logiciel libre existe, et c’est très bien qu’il y ait justement la possibilité d’avoir des logiciels qui soient gratuits. Mais, qu’on soit clair, un logiciel libre c’est un logiciel qui a été décidé pour être gratuit. C’est-à-dire, il a été conçu en tant que tel, et le en tant que tel, j’espère qu’il va faire biper un petit peu dans le chat, et voilà. Pour le coup les licences, alors je sais que c’est très compliqué, et je sais que c’est aussi une question générationnelle voilà. Je comprends la logique qui consiste à dire “moi j’ai pas les moyens de me payer 3D Studio, 3DS, donc qu’est-ce que je fais ?”. Donc moi c’est pour ça, c’est que je disais dans la FAQ, faites au mieux quoi. Mais en tout état de cause, si un jour vous devenez des professionnels de 3DS ou des professionnels de Photoshop ou des professionnels d’Illustrator, payez votre licence ! Voilà c’est la base, tant que vous faites ça en perso tout ça, voilà, bon, c’est pas bien, mais bon il y a d’autres choses qui ne sont pas bien. Le jour où c’est votre boulot, que vous gagnez de l’argent avec, déconnez pas quoi.

N : Question amusante, est-ce que tu as eu des gens paniqués qui t’ont contacté suite à ta vidéo du premier avril [2014] ?

B : Non, non parce que les gens ont regardé, peut-être pas jusqu’au bout, ça je ne sais pas, mais au moins jusqu’à ce que je balance le fait que c’est un poisson d’avril. Par contre c’est la vidéo où je me suis fait insulter.

N : Ah ouais ?

B : Ah ouais, “espèce de connard”, ahaha.

N : Je vois.

B : Et d’ailleurs, il y a le prochain premier avril qui arrive là bientôt !

N : Oui ! Oh yeah !

B : Et ceux qui se sont fait avoir l’année dernière…

N : Ah ‘tain c’est vrai que c’est bientôt parce que nous on a déjà choisi ce qu’on allait faire !

B : Mais attends, mais moi aussi j’ai choisi ce que j’allais faire [ndlr : voici la vidéo du poisson d’avril 2015 ] ! Et ceux qui se sont fait avoir l’année dernière m’attendent au tournant grave quoi ! [Nico rit] Mais c’est pas grave.

N : On parlait de Sagan, que penses-tu de la série Cosmos avec Neil deGrasse Tyson ?

B : J’a-dore. Il y a juste un truc qui me fait chier c’est qu’il m’a coupé l’herbe sous le pied pour un la preuve par vieux que je voulais faire sur Clair Patterson, que je ne vais du coup pas pouvoir faire, parce qu’il en parle. Mais j’adore cette série ! Et justement, j’aimerais retrouver la version de Carl Sagan.

N : La vieille ?

B : Ouais, la vieille, celle des années quatre-vingt. Parce que c’était la même ambiance, c’était le même genre de truc. Evidemment c’était pas le même effet visuel, c’est les années quatre-vingt quoi. C’était le début en plus des années quatre-vingt ! Mais c’était le même genre d’ambiance. Et ouais non j’adore !

N : Sinon on a FindMuck, j’aime beaucoup ce pseudo, qui dit que Bruce c’est comme Hawking, s’il n’était pas chauve on le trouverait moins brillant.

B : Ah mais il dit ça parce qu’il a gagné un t-shirt aujourd’hui FindMuck.

N : Ah ouais ?

B : Ouais.

N : D’accord. Il y a une question de Pulamoul, je savais qu’il ne fallait pas que je le prononce, [Bruce se marre], qui demande : Bruce, est-ce que tu crois en dieu ?

B : Alors…

N : T’es pas obligé de répondre, parce que c’est de la question perso, mais je trouve qu’elle est intéressante.

B : Ah mais non… Est-ce que je crois en dieu ? A la limite, spontanément j’avais envie de dire “je ne vais pas répondre à cette question”, mais en fait c’est pas inintéressant. En fait tout dépend de ce qu’on appelle dieu, si on imagine un vieux barbu qui de loin dit “je vais faire ci, je vais faire ça”, non pas du tout. Ca je ne crois pas du tout à ça. Heu, personnellement je ne crois pas que tout ce qui existe soit le résultat d’une pure coïncidence, voilà. Et même si on se place dans un multivers où en fait toutes les possibilités existent et donc il finit par exister notre univers, ce multivers il n’existe pas non plus par pure coïncidence, donc moi je crois qu’il y a quelque chose, je crois qu’en fait, il restera toujours quelque chose d’incompréhensible, je crois qu’en fait il y a un moment donné un espèce de mur de Planck de la compréhension du pourquoi. Il y a un mur de Planck qu’on ne dépassera pas, voilà. On peut l’appeler dieu si on veut.

N : Ok. D’après ce que tu dis, tu dors peu, c’est du sommeil polyphasique ? Je ne sais pas ce que c’est le sommeil polyphasique, j’avoue.

B : Alors moi non plus mais j’imagine que sommeil polyphasique, la question c’est de savoir est-ce que je fais et du sommeil paradoxal et du sommeil profond ? Je pense que c’est ça la question.

N : D’accord.

B : Je ne sais pas en fait.

N : Ok.

B : Mais si ça se trouve je fais des apnées du sommeil…

N : Il va falloir qu’on fasse des tests sur ton sommeil.

B : J’en sais rien, moi ce que je sais c’est que, je peux tout à fait, quand j’ai pas de réveil, je me réveille frais et dispos. Signe que je suis reposé, signe qu’a priori j’ai fait des vrais cycles de sommeil. Maintenant est-ce que j’en ai fait quatre, est-ce que j’en ai fait un, est-ce que je me suis à moitié étouffé au milieu du truc ? Je sais pas.

N : Ok. On en a parlé, mais c’est vrai que finalement tu n’en as pas donné de réponse quand je t’ai demandé tout à l’heure, est-ce que tu as des conseils de bouquins ? Tu en avais déjà pas mal parlé dans une FAQ.

B : Première FAQ, allez voir la première FAQ, je ne sais plus, c’est à peu près au milieu [NDLR, c’est à 23’23”].

B : Je ne sais plus c’est à peu près au milieu, là parce que pour le coup des bouquins j’en présente je sais pas, quarante ou cinquante quoi bon…

N : Ouais t’en présentes un paquet.

B : Allez-y faites vous plaisir

N : Est-ce que tu t’intéresses à la médecine ?

B : Heu, je m’intéresse, oui à tout, maintenant la médecine, je ne m’intéresse pas particulièrement à la médecine, mais je m’intéresse aussi à la médecine. Moi en fait je m’intéresse au fonctionnement des organes, je trouve ça génial. La différenciation des cellules, ce genre de truc, j’adore ça.

N : Ok.

B : Et on aura l’occasion d’en parler parce que bientôt hein, je veux pas trop spoiler, mais bientôt on aura l’occasion de parler de biochimie. Voilà.

N : Parfait ! Ben du coup là, une dernière question ou remarque d’une personne qui était là et ça nous fera parfaitement enchaîner sur la suite qui dit “Salut Bruce, j’aime beaucoup ta chaîne et je voudrais savoir, j’ai vingt-deux ans, en étant étudiant en troisième année de cinéma d’animation 3D et 2D, je serait enchanté de pouvoir t’aider si tu as besoin de soutien en réalisation et conception d’animations et de design, ce serait un rêve pour moi d’allier 2 passions et d’en discuter avec toi. Comment pourrais-je te contacter ?” Ca me fait enchaîner parce qu’en fait si t’as envie, t’as besoin d’un coup de main pour des choses ou quoi, on a une communauté formidable, faut savoir qu’on a plein de gens qui nous ont retranscrit des interviews qu’on a faites, pour avoir la version écrite[Note de Johan qui fait juste les liens : Un enorme merci à tous les gens qui font les retranscriptions et Stéphanie en particuliers qui s’est tapé la retranscription de cette interview ET de celle de Luminet…].

B : C’est cool !

N : Parce qu’il y a une vraie demande de versions écrites en plus, et donc, ben là c’est un exemple, je pense que vous pourrez le contacter via Podcast Science, comme ça on va te faire un filtre, ça va être affreux mais on va te faire un filtre.

B : [rit] Tu prends des risques hein.

N : Et mais si t’as des idées d’aide, ou quoi que ce soit…

B : Moi il y a un truc sur lequel je suis en ce moment, et où je sais que ça va être compliqué, je sais que je n’y arriverai pas tout seul. Je voudrais avoir des sous-titres en fait sur mes vidéos.

N : D’accord.

B : Alors, ça évidemment je sais que…, il n’y a aucune difficulté, je sais qu’il y aura beaucoup de bonnes volontés pour me faire la version en espagnol, en portugais, en russe, en plein de langues voilà. Le problème en fait c’est que moi, aujourd’hui, comme je n’écris pas les textes, je n’ai même les sous-titres en français en fait.

N : Ouais donc il faudrait faire…

B : Moi le truc que je peux faire, c’est depuis la vidéo youtube, télécharger les sous-titres automatiques, qui sont dégueulasses [Nico rit] mais qui ont au moins un timecode qui est correct.

N : Ouais, d’accord.

B : Mine de rien c’est quand même le boulot, c’est quand même le truc chiant.

N : Oui oui bien sûr.

B : Mais à partir de là, moi je cherche des gens pour pouvoir retranscrire le français, déjà dans un premier temps, et ensuite faire des sous-titres en anglais, puis en espagnol, en allemand, en tout ce que les gens veulent…

N : Ben là tu as frappé à la bonne porte parce que les retranscriptions c’est un peu ça hein…

B : Ah ben attends, avec plaisir hein !

N : Ok ben écoutez, l’appel est lancé ! Donc vous pouvez le contacter, ou toi c’est plutôt par Twitter et Youtube du coup…

B : Ah mais là je veux dire, ah non mais là qu’on soit clair, là c’est srt [at] e-penser.com !

N : D’accord, il y a déjà une adresse mail !

B : Ah non mais attends c’est prévu ça ! C’est srt [at] e-penser.com.

[NDLR : apparemment c’est déjà en marche, je sais pas comment, mais beaucoup de vidéos ont déjà des sous titres]

N : Ok parfait ! Heu ben voilà on arrive sur la fin, est-ce qu’il y a autre chose, est-ce qu’il y a une question qu’on aurait oublié que tu aurais souhaité aborder ?

B : Une quote !

J : T’en as zappé une un peu vite sur la géologie, est-ce que…

N : Ah oui oui, j’ai oublié oui ! C’est un peu comme sur la médecine, est-ce que tu t’intéresses à la géologie ?

B : Alors oui, alors, oui, c’est parce que j’ai tapé sur la géologie en fait c’était une blague à propos de Big Bang Theory, c’était aussi le fait, c’était aussi histoire de me moquer des scientifiques qui considèrent que certaines sciences sont plus sérieuses que d’autres. Alors évidemment il y a des sciences plus sérieuses que d’autres, parce qu’il y a des gens qui considèrent que l’astrologie c’est une science, c’est aussi ça. Mais pour moi, la géologie ce n’est pas moins sérieux que la chimie, ou que l’astronomie. Et même la sociologie, l’histoire, la géographie, ce ne sont pas des sciences moins sérieuses, ce sont des sciences en fait. Au sens strict, c’est-à-dire qu’il a une méthode scientifique qui est appliquée pour décrire tous les modèles qu’on met en place.

N : Ce qui n’est pas le cas pour l’astrologie.

B : Ce qui n’est pas du tout le cas pour l’astrologie, moi j’ai discuté…

N : Et on le rappelle à tout le monde, vos signes ne sont plus d’actualité, les planètes ont bougé depuis qu’ils ont été inventés…

B : Mais ouais… Non mais c’est… Moi ça me rend fou de voir, de discuter avec des gens… Mais ça c’est pareil si tu veux, il y a des gens pour qui tous les arguments sont valables.

N : Hmmhmm !

B : Tous les arguments passent ! “Non mais si bien sûr.” [pouffe]

N : Ok, donc ouais, autre chose que tu voulais aborder ou on est bien là ?

B : Non moi je suis tranquille, moi c’est au calme je suis posay !

N : Parfait ! Du coup on peut te retrouver où sur l’internet mondial ?

B : Sur l’internet mondial on peut me retrouver sur Youtube, on peut me retrouver sur Facebook, on peut me retrouver sur Twitter. Globalement.

N : D’accord, plus t’as un site…

B : On peut aussi me retrouver sur… J’ai le site il va falloir que je le fasse, que je rajoute un peu des trucs, parce que pour l’instant c’est juste l’aggrégateur des vidéos de la chaîne. Plus j’ai un instagram que j’utilise pas, j’ai un Vine que j’utilise à peine.

N : T’as un Google+ que pareil…  

B : Ouais j’ai un google+ ! J’ai un google + ! [se marre] Voilà. Et j’ai même un snapchat [epenser42]!

N : Oh yeah !

B : Attends, j’ai un snapchat c’est la classe, j’ai pas de “daily boobs” dessus, j’ai rien, c’est propre quoi ! J’ai des messages… C’est-à-dire que moi au début quand j’ai balancé le snapchat, j’ai des potes qui m’ont dit “mais t’es malade, tu vas recevoir des trucs de dingue et tout !”. Les trucs les plus dingues que j’ai reçu ce sont des gens qui m’envoient une photo de leur visage en train de sourire, le pouce levé avec la main, en disant “j’aime beaucoup ce que tu fais mec !”. [Nico rit] Voilà.

N : Trucs de malades.

B : Ouais non, des dinguos !

N : Et sinon donc du coup t’es sur Tipeee ça on en a déjà parlé, Vidéos sciences, la bibliothèque d’Alexandrie.

B : Alors pas bibliothèque, Vidéothèque d’Alexandrie.

N : Ah oui vidéothèque, pas bibliothèque.

B : Mais j’y suis pas dans la vidéothèque d’Alexandrie.

N : Ah t’y es pas ?

B : Non, non j’y suis pas !

N : Ah je croyais, ah d’accord.

B : Non j’y suis pas ! Mais c’est tous des copains, mais ceci dit, les gens, j’y suis pas mais allez-y quand même ! C’est comme Solitudes, le site solitudes avec un “s” point fr. Voilà c’est un super site ! Mes vidéos sont partagées dessus, j’y vais de temps en temps, mais c’est un site à découvrir ! Sur lequel on peut échanger avec des vrais gens sur des sujets intéressants.

N : Ok. Super, ben merci beaucoup ! On va juste finir sur la fin est-ce qu’on a encore Irène sous la main ? Les autres ?

R : Non elle a dû retourner travailler.

J : Non elle est repartie bosser, elle.  [Les autres rient]

N : Oui puisque comme elle est aux Etats-Unis, elle a dû retourner bosser, parce que c’est Irène qui nous fait une émission la semaine prochaine, c’était pour le pitch de la semaine prochaine, donc je vais faire le pitch à sa place :

“Et on reprend là où on l’a laissée dans l’épisode 197 cette histoire parfois sulfureuse du sang en médecine.  Au cours de la deuxième guerre mondiale les techniques de transfusion de sang se sont grandement améliorées.  Mais avec les progrès de la médecine, la meilleure connaissance des maladies, les techniques opératoires qui s’améliorent et les traitements qui vont de pair, les besoins en produits sanguins ne font qu’augmenter.  L’or rouge coule à flot, et on ne peut finalement pas trop s’étonner que certains n’y voient qu’une manne d’argent à exploiter sur le dos des pauvres.  La situation mondiale devient explosive dans les années soixante-dix, et les scandales éclatent, même dans un pays comme la France, où le don de sang a toujours été considéré comme un acte de solidarité bénévole…”

Et donc voilà, on fera une deuxième partie sur le sang la semaine prochaine. T’as pas encore parlé de sang toi.

B : Heu non.

N : Ok, du coup on passe à la quote

B : Yes !

N : Donc tu nous as ramené une quote.

B : Ouais ! J’en ai ramené deux en fait, j’hésite…

N : Tu peux faire les deux !

B : J’hésite, alors, la première, mais parce que la première en fait les gens vont croire que c’est juste histoire de alors que pas du tout, c’est une vraie quote que j’ai : La science c’est passer d’un étonnement au suivant, de passer d’un étonnement à l’étonnement suivant.

La science consiste à passer d’un étonnement à un autre 

Aristote, Ethique à Nicomaque

N : C’est de qui ça ?

B : Aristote.

N : Ah c’est Aristote !

B : Comme quoi… Mais c’est pas des vannes, parce que à côté de ça, c’est un mec qui quand il réfléchit est brillant, c’est juste quand il pense qu’il démontre des choses que parfois il l’est moins.

Et l’autre, l’autre que j’aime beaucoup c’est celle de Niels Bohr, c’est la réponse de Niels Bohr à Einstein qui dit:

Ne dites pas à Dieu ce qu’il doit faire

N : D’accord.

B : Parce que c’est une question qui en soulève plein d’autres, parce qu’effectivement, Einstein partait de ce postulat, parce qu’Einstein, on va dire, ça peut être éventuellement son défaut, c’est qu’est-ce qui permet à Einstein de partir de ce postulat que l’univers devrait être élégant ? Que les lois de la physique devraient être élégantes ? Qu’est-ce qui lui permet de partir de là. Parce qu’il pense, il dit, “Dieu ne joue pas aux dés” quoi… [Nico pouffe], “Dieu il fait ça propre”, et il (Bohr) dit qui tu es pour savoir ce que dieu trouve propre ou pas quoi ?

N : C’est ça ouais.

B : C’est un non-sens ! Et c’est vrai que moi j’ai une tendresse particulière pour les mecs de cette époque là, pour tous les mecs de l’époque Solvay en fait pour faire simple. Les mecs et les femmes, c’est vrai qu’elles étaient moins nombreuses pour le coup, parce qu’elles n’avaient pour la plupart pas le droit de bosser, c’est des types quand même qui ont révolutionné la façon dont on voyait le monde. C’est-à-dire qu’à un moment donné il faut quand même avoir une sacrée paire de bollocks pour se pointer et dire “en fait, la vraie nature de la physique c’est que tout est flou, et que en gros tant qu’on prend pas la mesure on ne sait pas”.

N : Ouais c’est ça !

B : Voilà, ça valait le coup de faire des équations, en gros tant qu’on ne mesure pas on ne sait pas…

N : Pour moi pendant longtemps la mécanique quantique c’était un aveu d’échec alors qu’en fait il se trouve que les particules, ça fait ça !

B : Pas du tout ! Alors que moi la mécanique quantique je trouve ça génial !

N : Ok ben merveilleux, du coup on passe rapidement aux plugs, on a deux plugs principaux. Le premier plug c’est la semaine du cerveau à partir du 16 mars à Lausanne. L’info est remontée par notre chère amie Clara Moreau. On vous mettra les infos dans les notes de l’émission mais il y a plein de conférences intéressantes prévues, sur la thérapie génique, une médecine plus humaine grâce aux machines ? (bon je sais pas trop…), le point sur l’autisme, le cerveau malléable etc. Donc on vous mettra dans les notes de l’émission le lien, c’est à Lausanne en Suisse.

Et sinon, le 21 mars, a lieu la première édition de Lyon Science, donc une émission de podcast science mais en fait c’est pas une émission de podcast science, c’est un évènements organisés par d’autres, de chers amis du Café [des sciences] et auquel on participe et on va faire une émission. Donc il y aura Alan, moi-même, et Julie de présents, vous retrouverez aussi David Loureiro, Pierre Kerner et un tas de blogueurs. Il y aura deux heures d’interventions sur divers sujets. Pour plus d’informations vous pouvez suivre @LyonScience sur twitter, vous inscrire sur l’event FB, visiter le site et d’ici là, on vous tient au courant chaque semaine pour vous rappeler de venir ! [ndlr : A réécouter ici !]

[A Bruce] Je crois que je devais faire passer le message aussi qu’ils seraient ravis que tu viennes, même si je leur ai dit que tu n’aurais pas le temps. Mais je fais passer le message.

B : On en parle !

N : C’est le 21 mars, à Lyon, mais comme je voyais que tu avais du mal à répondre aux mails, je me suis dit que tu n’aurais sans doute pas le temps de te déplacer jusqu’à Lyon.

B : A la limite je pourrais te répondre si c’était après-demain.

N : Ouais voilà.

B : Si c’était après-demain je pourrais te répondre, mais dans un mois là c’est loin !

N : Ben donc on va conclure alors ! Bon du coup, on a eu plein de nouveaux ce soir, donc si ça vous a plu, n’hésitez pas à écouter d’autres épisodes, on a parlé depuis deux cents épisodes de plein de choses, de sciences diverses et variées, c’est pas du tout le même format que Bruce mais c’est hyper intéressant.

B : Je confirme !

N : Et la philo est la même, c’est de parler à des gens qui sont curieux, qui sont adultes mais qui ne sont pas des spécialistes.  

Et puis si ça vous a plu, inondez nous de likes, de commentaires et de petites étoiles, sur Soundcloud, Twitter, Facebook, Youtube bien sûr ou même notre bon vieux site podcastscience.fm. C’est pas tout ça mais il faut rattraper les deux cent deux mille cinq cent douze followers de Bruce, je crois que nous on est à quelques milliers. En tout cas merci beaucoup à Bruce d’être venu, à Pascal d’avoir rebooté la chatroom une vingtaine de fois pour que ça fonctionne !

B : Yep !

N : Et puis d’ici là, que servir la science soit votre joie ! [ndlr : et prenez le temps d’e-penser…]

 

 

Les chaines youtubes évoquées

Je mets les description qu’ils en font eux memes dans le “à propos” de youtube

  • Les Sciences (en francais) :
    • Axolot Curiosités, merveilles, histoires étranges, sources d’étonnement.
    • Experiment Boy Découvrez la Science de manière Expérimentale, et Fun ! Attention – Toutes les expériences réalisées sur cette chaîne sont longuement préparées en parfaite connaissance des dangers potentiels, et toutes les mesures de sécurité sont prises. Ne tentez pas de les reproduire chez vous, soyez responsables !
    • Dr Nozman Dr Nozman : Je réalise ton expérience, et répond à tes questions sans réponse.
    • Dirty Biology “Tu ne voulais pas le savoir, mais maintenant c’est trop tard !” Des vidéos de science sur des sujets mindfuck, crades, ou juste rigolos. Parfois on parle de biologie aussi.
    • Scilabus Scilabus est une chaine de vulgarisation scientifique où on se laisse guider par la curiosité. Expériences, découvertes et explications pour avoir un autre regard sur la science !
    • Baptiste Poulain [celui qui a fait les breaking balls episodes avec Bruce] Sciences, technologies, histoire, découverte, humour (souvent potache, mais pas toujours). L.F.P, ou Les Frères Poulain si tu préfères, c’est une chaîne où on regroupe nos créations et nos collaborations. Viens nous rendre visite ! Love

 

  • Les Maths :
    • Micmaths La chaîne Micmaths vous propose diverses vidéos autour des mathématiques. Vous y trouverez des cours de maths, des jeux de logique, des chroniques ou encore des manipulations autour des mathématiques.
    • Eljj Mais si ! C’est la chaîne avec des vidéos de maths ! Des fois, ça va un peu vite, du coup, j’ai pas tout bien compris.

 

  • Les sciences plus humaines :
    • Revues du monde Émission culturelle sur l’archéologie, l’Histoire, les mystères du monde, énigmes, lieux intrigants, faits étonnants.
    • Nota Bene Nota Bene est une émission de vulgarisation de l’Histoire avec un grand H. Le but est de faire découvrir de nombreux sujets en rapport avec l’histoire de façon légère et compréhensible. Compilation d’anecdotes, traitement d’un sujet de société, synthèses de mythologies…apprendre l’histoire, on peut le faire autrement qu’avec énumérations de dates ! L’émission est présenté par Bénabarbe, s’il a une telle pilosité faciale c’est forcément qu’il doit s’y connaître un peu non ?
    • Code Mu Découvertes et histoires insolites autour des mots et expressions françaises.

 

 

  • Films et séries :
    • le fossoyeur de films Bienvenue sur ma chaîne, repaire de mes deux projets principaux : LE FOSSOYEUR DE FILMS et DEAD WATTS. Le Fossoyeur de Films, c’est mon alter-ego bizarroïde qui fait des chroniques diverses et variées sur le cinéma de genre. Armé de sa fidèle pelle, il déterre des sujets à tout va. Dead Watts, c’est un terrain d’exploration musical qui me permet d’expérimenter tout en gardant en tête l’essentiel : m’amuser et vous amuser.
    • Pilote : la chronique Youtube qui vous parle de séries, garantie sans SPOILER !
    • Hardisk Tu aimes l’action et les effets spéciaux? Nouvelle vidéo chaque weekend, abonne-toi !

 

  • Le reste, en francais :
    • LinksTheSun : Bienvenue sur la chaîne de LinksTheSun, des Points Culture, des critiques de paroles de chansons, des résumés de film, des chansons, des parodies et plein d’autres trucs drôles… a priori… j’essaye en tout cas.
    • Kriss – Minute Papillon : Abonne-toi si tu veux voir des vidéos différentes des autres Youtubers !! (Attention, j’ai pas dit mieux…)
    • Antoine Daniel What The Cut !? est une émission YouTube qui analyse trois vidéos issues de YouTube et venant du monde entier [une des chaines youtube francaise les plus suivies]
    • Joueur du Grenier Test de jeux à la con !
    • Fujixguru Une chaine bien décidé à vous montrer qu’il y a eu une vie avant 1998…..et que c’était tout pareil mais différent !
    • Matthieu Sommet Depuis mars 2011 j’anime l’émission Salut les Geeks : Review de vidéo du web en compagnie de mes multiples personnalités !
    • Visiteur du Futur Une Il vient du Futur pour nous rendre visite…c’est le Visiteur du Futur ! Une coproduction Frenchnerd – Ankama Productions – France Télévisions
    • la théorie des Balls Le FrenchBall est un sport national comme chacun sait mais c’est aussi la nouvelle chaîne YouTube de FrenchNerd.

 

  • Les sciences et les maths en anglais :
    • VSauce Our World is Amazing.
    • Veritasium An element of truth – Science and engineering videos
    • SmaterEveryday I explore the world using science. That’s pretty much all there is to it. Watch 2 videos. If you learn something AWESOME, subscribe.
    • MinutePhysics Simply put: cool physics and other sweet science.
    • CGP Grey Creator of informative YouTube videos
    • PhysicGirl Physics videos for every atom and eve.
    • Numberphile Videos about numbers – it’s that simple. Videos by Brady Haran
    • Computerphile Videos all about computers and computer stuff. Sister channel of Numberphile.
    • Periodic tables Your ultimate channel for all things chemistry. A video about each element on the periodic table. And we upload new videos every week about science news, interesting molecules and other stuff from the world of chemistry.
    • Sixty Symbols Cool videos about physics and astronomy.
    • Hello Internet Podcast: Conversations between CGP Grey and Brady Haran (of Numberphile)
    • SciShow SciShow discusses science news and history and concepts.

 

 

 

 

 

 

Derniers épisodes