Les LED blanches

Interview de Nicolas Grandjean réalisée dans l’émission 157.

Alan : Nicolas Grandjean deux mots d’introduction, donc tu es prof à l’EPFL.

Nicolas Grandjean : Professeur en physique.

A : Donc l’EPFL, à Lausanne, en Suisse, tu diriges le LASPE, c’est ça ?

N. G. : Oui.

A : LASPE, donc le laboratoire en semi-conducteurs avancé pour la photonique et l’électronique.

N. G. : C’est mieux en anglais, c’est une traduction littérale.

A : D’accord, qu’est ce que ça donne en anglais ?

N. G. : La même chose… Avec l’accent…

A : Yeah ! Et puis donc, ce soir tu vas nous parler des LED, un immense merci d’avoir accepté notre invitation. Pour entrer tout de suite dans le vif du sujet, les LED, ça donne une lumière blafarde ?

N.G. : Alors, peut-être en préambule je dois dire que je n’ai aucun intérêt dans aucune compagnie, je n’ai rien à vendre, donc je suis là en tant que scientifique de base. Alors, pour revenir sur les LED, c’est vrai que les remarques générales que tu peux entendre un peu partout c’est “ah ces LED, c’est un blanc dégueulasse, un blanc blafard ». Tu prends ta lampe de poche avec une LED, tu éclaires c’est bleu au milieu, c’est jaune au bord, qu’est ce que tu veux faire avec ça ?  Alors il faut savoir que ce blanc blafard, originellement, il vient d’Asie et du Japon, les premières LED blaches ont été développées au Japon, et quand tu vas au Japon, tu te rends compte que les lampes fluorescentes sont d’un blanc blafard, c’est-à-dire que dans les restaurants en Asie, on aime ce blanc cliquant, flashy, froid, qui réveille, alors est-ce que c’est lié au climat, j’ai essayé de me renseigner, j’ai un collègue aux Etats-Unis qui est installé depuis 20 ans, un japonais, il me dit : »quand je suis arrivé aux Etats unis, c’était terrible pour moi. Je ne supportais pas l’ambiance des restaurants. Ce côté un peu de lumière diffuse, chaude, ce côté cosy est insupportable pour la plupart des collègues à qui j’ai posé la question » Donc, il y a un côté culturel qui a souvent été oublié de la part des journalistes notamment, je me souviens une fois avoir eu un débat avec un journaliste du « Temps » qui est équivalent au petit du « Monde » à Genève en Suisse et je lui dis, dans votre article vous êtes passé à côté de la dimension culturelle, donc dans la lumière on oublie souvent que, ce qui peut plaire à une communauté, peut déplaire à une autre et ça, c’est peut-être un point sur lequel on pourra revenir. Qu’est ce que c’est qu’une belle lumière ?

A : Ca démarre très fort. Je m’étais jamais posé cette question des différences culturelles. Cette lumière blafarde elle est peut-être un peu voulue, c’est ça que tu nous dis ?

N.G. : Alors, encore une fois, c’est des choses qui sont sans doute très profondément ancrée dans la culture asiatique, et je suis assez nul dans le domaine. Mais sans doute c’est lié à ce coté, on voit par exemple les maquillages des danseuses traditionnelles au Japon, il y a ce blanc qui revient, ce besoin d’avoir un blanc cru, peut-être lié à la virginité, à la pureté sans doute. Et dans le monde occidental, nous, d’ailleurs on aime bien ce coté du feu de cheminée, un éclairage au feu de bois c’est sympa, ça peut permettre, disons, une approche plus facile dans certaines situations. Je sais pas mais en tout cas, c’est des choses à considérer. Et c’est vrai qu’on le voit d’ailleurs dans le développement des LED ces dernières années, on va maintenant vers un blanc chaud parce qu’aussi il faut savoir que les sociétés qui ont dominé le marché des LED, notamment Nichia était une société japonaise, on reviendra sur Nakamura qui est le père fondateur des LED, et ils ont compris qu’il fallait aller vers un blanc chaud. Donc on va parler de température de couleur. Qu’est ce que c’est qu’un blanc chaud ? Voilà, c’est aujourd’hui, on le voit, une évolution vers des LED agréables, selon nos critères, encore une fois, culturels.

A : Ok. On t’a pas invité, en fait, pour te demander le plus beau blanc, au départ. On va être un peu sérieux, on va parler un peu de contexte déjà, pour commencer, est-ce qu’on connait un peu les chiffres de l’éclairage ?

N.G. : Alors, c’est toujours très difficile, parce que c’est des chiffres qui viennent de cabinets de consultants, de gens qui ont fait beaucoup d’études, qui ont étudié des dossiers compliqués. Donc ça, c’est des chiffres que je reprends, encore une fois je garantis absolument pas la valeur de ces chiffres mais on peut typiquement considérer aujourd’hui qu’il y a 20% de la production d’électricité qui est utilisée pour l’éclairage, ce qui est relativement considérable. 1/5 de la production mondiale d’électricité pour l’éclairage, donc l’éclairage industriel, éclairage domestique, éclairage des routes, Là encore, peut-être, il faudra revenir sur l’utilisation modérée des LED, c’est-à-dire qu’à partir du moment où on peut avoir une source d’éclairage qui est bon marché et qui a une excellente efficacité, on va avoir tendance à en mettre un peu partout.

A : Ouais, et aujourd’hui, on parle de 30 milliards de lampes qui éclairent chaque jour.

N.G. : Typiquement oui, c’est les chiffres qu’on peut trouver dans les présentations des éclairagistes des grandes compagnies comme OSRAM ou PHILIPS. Donc on est autour de 16 milliards de lampes chaque année, ce qui correspond à peu près à 300 centrales nucléaires 24/24, 7/7. C’est un gros marché, c’est un poste important de consommation d’énergie donc c’est pour ça qu’il y a un effort important aujourd’hui pour réduire la consommation d’électricité et être eco-friendly.

A : Ouais, parce qu’on a un sérieux problème avec les ampoules traditionnelles.

N.G. : Alors, les ampoules traditionnelles comme j’ai l’habitude de le dire pour les étudiants, c’est souvent de bons radiateurs. Il suffit de démonter une lampe qui est restée allumée pour avoir les doigts collés dessus, pour se rendre compte que c’est plus un radiateur qu’une lampe. Si on regarde en termes de répartition entre la partie lumière utilisée et la partie lumière perdue, qui est de la chaleur infrarouge, on est typiquement à 5% de lumière utile, qui va servir à éclairer, et 95% d’énergie perdue sous forme de chaleur, de rayonnement infrarouge.

A : Et puis les alternatives ?

N.G. : Alors les alternatives, peut-être qu’on peut revenir sur l’historiques de l’éclairage. Donc, comme chacun sait, si on veut créer de la lumière, il faut simplement chauffer. Très tôt, à partir du moment où on a commencé à maitriser le feu on a pu avoir des lampes, il y a eu les lampes à huile, il y a eu les torches, et puis ce qui est intéressant c’est qu’Edison, et un peu avant ses prédécesseurs (Edison n’a fait que perfectionner, comme souvent c’est toujours difficile d’attribuer un chercheur, un savant qui a été le premier, c’est souvent des coïncidences et des collaborations plus ou moins directes ou indirectes), et donc, Edison a perfectionné la lampe à incandescence qui n’est autre finalement, que la maîtrise du feu, toujours basée sur le même principe, je chauffe pour éclairer, alors on peut peut-être aller un peu plus loin, savoir pourquoi il faut chauffer pour éclairer.

A : On va parler un petit peu de physique, histoire d’entrer dans le vif du sujet, et puis de comprendre ce que sont ces LED. Bon, on a vu ce que c’est que la chaleur, ce que c’est que le feu, qu’est ce que c’est que la lumière ?

N.G. : Alors justement, je voudrais revenir sur cette notion de chaleur, ou plutôt de température, soyons précis. Parlons de température et non pas de chaleur. La chaleur est liée à la température, elle est la capacité d’un corps d’emmagasiner les propriétés de la matière. Donc, on va partir de température, on va parler du corps noir, et il faut savoir que n’importe quel matériau porté à une certaine température, va émettre de la lumière. Donc ça c’est Planck qui le premier s’est intéressé à ce phénomène et a décrit de façon théorique l’émission du corps noir. Donc vous prenez n’importe quel objet, vous le portez à une certaine température et il va émettre, un rayonnement de la lumière au sens large (on reviendra sur la définition de la lumière). Si je prends le soleil, plus le corps va être chaud, plus il va émettre de la lumière à courtes longueurs d’ondes, et donc on va pouvoir attribuer température et spectre d’émission et c’est à partir de cette base-là que toutes les sources de lumière ont été développées jusqu’au 20ème siècle.

A : Mais donc la lumière ?

N.G. : Tu vois que je me suis retrouvé un peu bloqué parce que j’ai parlé de lumière et de rayonnement, et en fait j’ai eu du mal à dire ce que c’était que cette lumière ou ce rayonnement. Donc, on va revenir un peu en arrière et définir ce qu’est la lumière. Donc la lumière est une onde, c’est une onde encore une fois au sens large, qui va des ondes radio, des ondes visibles, des ondes infrarouges, des ondes ultraviolettes et même jusqu’aux ondes qui sont utilisées, par exemple, la diffraction X, pour aller regarder la matière et le coeur de la matière. Et d’ailleurs, au passage, il faut savoir que lorsque tu veux regarder un objet, il faut utiliser la longueur d’onde qui correspond à l’objet. En gros, par exemple, si je prends des ondes radio, j’aurai du mal à te voir, elles sont trop grandes, si je prends des ondes lumineuses, visibles, typiquement on va parler en microns entre 0,4 micron pour la limite violette et 0,7-0,8 micron pour le rouge, ce qui fait en nanomètres, c’est pas très parlant, entre 400nm et 800nm. Mais je crois que c’est bien, à la limite les auditeurs peuvent noter ça quelque part, donc le spectre visible, 400nm-700 à 800 nm donc du violet au rouge, ou, encore une fois, en microns 0,4 micron à 0,7-0,8 micron pour le rouge. Et si je veux regarder, par exemple un objet, regarder des atomes, il faudra que je prenne une longueur d’onde de l’ordre de la dimension de l’atome c’est-à-dire de quelques Angström (noté Å). D’où la diffraction X, et ça c’est universel, quand je veux regarder un objet je dois choisir une lumière dont la longueur d’onde est de l’ordre de la taille de l’objet sinon je le vois pas.Alors, on a bien compris que cette lumière était une onde avec une longueur d’onde associée, et le visible, en fait, est une toute petite partie du spectre solaire par exemple. Donc, si je prends le soleil qui est typiquement à 5000° Celsius, il va avoir une émission, donc un rayonnement sur un ensemble de longueurs d’ondes qui va de l’infrarouge, ça c’est ce que l’on sent quand on s’expose au soleil, on sent cette chaleur, tous les infrarouges qui n’ont pas été arrêtés par l’atmosphère. Ensuite il y a toute une petite partie qui est celle que tu vois, qui permet de voir les objets, et puis comme on le sait il y a la partie ultraviolette qui n’est malheureusement pas suffisamment arrêtée par l’atmosphère et qui va vous brûler la peau, au ski ou sur la plage.

A : Donc les couleurs tu m’arrêtes si je dis une bêtise, les couleurs c’est une certaine longueur d’onde dans ce spectre visible.

N.G. : Alors, le spectre visible est une petite fraction de l’ensemble des longueurs d’ondes possibles qui vont de l’Angström, donc 10^-9 mètre, à plusieurs kilomètres pour les ondes acoustiques. On est vraiment sur quelque chose qui est très très vaste. et le spectre visible, donc l’oeil y est sensible, on a des petits bâtonnets au fond des yeux, qui sont sensibles en fait à une toute petite fraction du spectre de longueurs d’ondes. Et il se trouve que nous avons au fond des yeux, 3 types de bâtonnets qui vont être sensibles à différentes…

A : C’est les cônes.

N.G. : Pardon ces cônes. Donc, on va être sensibles à ces différentes couleurs principales, alors c’est pas tout à fait rouge-vert-bleu mais typiquement c’est assez compliqué, on a plusieurs lobes. Mais pour simplifier on va être sensible au rouge, vert et bleu, c’est comme ça que le cerveau va effectivement reconstituer ensuite l’ensemble des couleurs visibles.

Donc une couleur, ce qui est compliqué parce qu’on a les couleurs primaires qui correspondent à une longueur d’onde, mais on peut avoir, on en reparlera, une couleur, par exemple notamment le blanc qui correspond aux stimuli de deux longueurs d’ondes.

Peut-être si on termine sur le spectre visible, l’oeil ensuite va avoir une certaine réponse, donc il va avoir une réponse qui est nulle en dehors de ces 0,4 pour simplifier 0,4 micron-0,8 micron, donc c’est tout ce qui est ultraviolet et infrarouge. Donc l’oeil a une réponse nulle, il ne voit rien. En revanche, sa réponse va commencer à augmenter à partir du bleu, avec un maximum autour du jaune-vert, qui est autour de 560nm c’est un peu différent d’ailleurs de jour et de nuit et puis ça va redescendre quand on va aller vers le rouge. Ce qui est intéressant, parce que souvent on se dit, une LED, par exemple verte elle est très puissante, très brillante, c’est simplement parce que l’oeil a une sensibilité dans le vert qui est 10 à 20 fois la sensibilité dans le bleu. Donc l’oeil en fait est incapable de juger quelle est la puissance de la lumière qui lui arrive dessus.

NicoTupe : A ce titre, juste pour compléter je pense que tu le sais déjà mais justement les appareils photos, pour mimer un peu ce que fait l’oeil, ont deux fois plus de capteurs verts que de capteurs des autres couleurs. Voilà c’est pour l’anecdote, pour les histoires des couleurs différentes.

A : C’est fou ce qu’on apprend ce soir, j’en savais rien du tout, c’est merveilleux !

N.G. : Juste aussi, d’ailleurs c’est très intéressant parce que, quand on veut indiquer un danger, on va mettre du rouge, et là encore on voit le facteur culturel sur la lumière. Or, l’oeil n’est pas sensible au rouge. Il est sensible au jaune, vert, donc si on veut faire quelque chose qui soit très visible on devrait le faire jaune/vert. Et pourtant on met du rouge parce que le rouge c’est sans doute associé, culturellement, historiquement, à quelque chose qui est le feu, le danger voilà donc c’est…

N.T. : Voilà Alan, t’as une explication à pourquoi les voitures françaises avaient des phares jaunes.

A : Aha, ben je sais pas ça a un lien, un rapport ? J’ai jamais compris cette histoire de phares jaunes. Enfin, sur le reste de la planète, on n’a jamais compris. C’est pas ce soir qu’on va le savoir.

N.G. : Pour revenir sur cette histoire de corps noir, maintenant, on comprend que si on veut réaliser une lampe à partir d’un corps chaud, il va falloir chauffer suffisamment pour avoir des longueurs d’ondes qui soient dans le visible. Alors, prenez par exemple un feu de cheminée, ou par exemple, on vient de sortir, non pas de l’été on est un peu loin, mais en Suisse les barbecues l’été c’est vraiment le gros truc, donc vous prenez une braise, quand vous commencez à la voir, quand tu commences à la voir orange sombre, c’est typiquement 600°, c’est-à-dire que si tu regardes la lumière qui est émise par cette braise, alors si elle était complètement noir tu peux encore te brûler, ça veut dire qu’elle est en dessous de 600°, typiquement à 500°, tu ne verras rien, tu la verras noir, pourtant elle est en train d’émettre de la lumière. Elle émet des infrarouges, elle est à 500°, donc tu vas te brûler mais tu ne vois rien. Tu augmentes la température et la limite c’est typiquement 600°. A partir de 600° elle commence à devenir légèrement orange sombre. Puis plus tu vas chauffer, typiquement 900°, à 900° c’est de l’orange clair. Plus tu vas chauffer encore tu vas avoir du jaune et puis si tu continues à chauffer tu augmentes la proportion de longueurs d’ondes dans le bleuet. C’est pour ça qu’on dit chauffer à blanc, chauffer à blanc c’est quand tu commences en fait à produire suffisamment de lumière dans le bleu pour, par addition avec la lumière qui est dans le jaune et dans le rouge, avoir cette lumière blanche. Donc on comprend maintenant que pour produire de la lumière blanche à partir d’un corps chaud, il suffit de le chauffer suffisamment pour qu’une partie de l’émission du rayonnement soit dans le spectre visible et qu’il y ait une composante dans le bleu qui soit suffisamment forte pour pouvoir avoir cette lumière blanche par addition de couleurs.

A : D’accord. Bon moi j’ai que des ampoules LED chez moi, quand je les touche elles sont froides, pourtant de ce que je comprends de ce que tu es en train de dire, on peut pas tellement dissocier chaleur et lumière. C’est un miracle alors ces ampoules ?

N.G. : C’est parce que justement, la technologie et la rupture technologique est intervenue. En fait, non pas avec les LED mais avec les lampes fluorescentes. Si tu prends une lampe fluo, tu peux la démonter après plusieurs heures de fonctionnement, tu pourras remarquer que c’est tiède, c’est pas brûlant.

A : C’est vrai.

N.G. : Il y a une certaine chaleur. On pourra se poser la question, d’où vient cette chaleur ? Et la rupture technologique c’est vraiment en fait la lampe fluorescente. Donc tu changes complètement de paradigme. Donc jusqu’à présent, la lampe à incandescence c’est chauffer, toujours pareil, un filament, typiquement à 2500, 3000°, sauf que tu sais que si tu chauffes, généralement qu’est ce qui se passe ? Ca brûle.

A : Ouais.

N.G : Tu fais du feu. Donc l’idée d’Edison et de ses coéquipiers on va dire, c’était de dire je vais chauffer et pour éviter la combustion, je vais priver mon système d’oxygène. On sait que si on veut brûler quoique ce soit, il faut de l’oxygène. Donc tu mets une ampoule, un gaz inerte, tu chauffes, tu t’affranchis de la combustion mais tu gardes la température et tu génères donc de la lumière à partir d’un objet qui est chaud. Principe de base et tu veux pas qu’il brûle, tu le protèges. Au cours du 20ème siècle, et c’est pourtant relativement vieux parce que dès le début du 19ème, on avait remarqué, (les expériences en fait c’est début de tout ce qui est électricité, décharges), on remarque qu’une décharge électrique dans un gaz peut produire aussi de la lumière. Ah ça c’est nouveau, tu peux produire de la lumière sans avoir à chauffer quelque chose. Tu regardes un éclair lors d’un orage, tu crées de la lumière, il n’y a rien qui chauffe. Donc tu changes complètement d’approche, tu vas maintenant créer de la lumière en faisant autre chose. C’est de la mécanique quantique c’es-à-dire que tu vas exciter des atomes. Sous l’effet de la décharge électrique, les atomes vont se retrouver avec des électrons projetés dans des orbitales, dans des niveaux électroniques de haute énergie, et généralement au bout d’un certain temps ils retombent dans leur état de base, comme toi et moi généralement on retombe tous, de toute façon, dans un état de base, c’est plus ou moins un canapé avec une bière. Mais c’est typiquement ça et dans cette relaxation il perd de l’énergie, donc l’énergie qu’ils avaient acquis sous l’effet de cette décharge électrique, cet éclair, ils vont la perdre et ils la perdent sous forme de lumière. Et ça c’est nouveau, tu crées de la lumière sans avoir à chauffer.

A : D’accord et ça c’est ce qu’on trouvait dans les tubes néons.

N.G. : Ouais premier tube néon, tu prends un gaz que tu excites sous l’effet d’une décharge, les atomes se trouvent excités et ré-émettent, par exemple, les lampes à sodium, ces lampes orange  que tu as un peu partout sur les parkings, sur les routes, c’est des lampes à vapeur de sodium, tu crées une décharge électrique entre deux électrodes et tu vas avoir ensuite des excitations de tes électrons sur les couches excitées, vers les états fondamentaux. Et c’est par ce moyen que tu vas créer de la lumière et c’est pour ça que c’est toujours de la même couleur, parce que c’est des transitions fixées dans les atomes de sodium.

A : Et puis donc la LED, c’est une évolution ? Ou est ce qu’on a une nouvelle rupture ?

N.G. : Alors, peut-être, pour finir parce qu’on a parlé des lampes, si tu trouves que je suis trop bavard, généralement je suis assez bavard.

A : Il n’y a pas de souci chez nous, après faut juste que tu aies le temps !

N.G. : Donc parce que le sodium c’est orange, c’est pas terrible comme lumière blanche, c’est le moins qu’on puisse dire. Donc si tu veux avoir une lampe fluorescente, avant de passer à la LED essayons de comprendre. Parce que j’ai besoin si tu veux que l’on comprenne bien le fonctionnement de la lampe fluorescente  pour savoir pourquoi la LED est meilleure.

A : Alors allons-y !

N.G. : Donc j’en suis à la décharge, je crée ma lumière à partir de mes atomes excités. Je prends du sodium c’est orange, ça va, d’ailleurs c’est pas mal parce que si tu mets par exemple un filtre, si on était éclairés partout en orange, tu mets tes lunettes et tu verrais le ciel, parce que tu pourrais mettre un filtre interférentiel qui bloquerait que la longueur d’émission du sodium et tu mettrais un ciel noir et nos enfants pourraient voir les étoiles, ce qui est un problème avec la lumière blanche au passage, et la pollution lumineuse des villes. Revenons donc à ces lampes fluorescentes. Donc, tu veux créer de la lumière. On a dit, pour avoir de la lumière blanche il faut avoir du bleu, du jaune, du vert, du rouge, donc il faut que j’ai de la lumière et des transitions qui soient dans cette zone là du spectre, or ça, je ne sais pas faire. On ne sait pas faire. On ne connait pas d’atomes qui vont émettre exactement dans toutes les couleurs du spectre visible pour avoir cette lumière blanche. Du coup on a trouvé un atome qui est le mercure. Donc c’est pour ça que tu as du mercure dans les lampes fluorescentes. Tu mets un atome de mercure, en fait tu as des vapeurs de mercure, que tu vas exciter et ce mercure va émettre de la lumière dans l’UV. Cette lumière dans l’UV va ensuite exciter des phosphores qu’on appelle des luminophores en français, qui recouvrent les parois de ton tube. Donc cette lampe fluorescente est blanche parce qu’en fait ce sont ces luminophores qui ensuite, sous l’excitation de la lumière UV produite dans la lampe vont ré-émettre dans le visible. Et maintenant tu vois où je veux en venir, c’est que tes parties de lumière UV qui a une certaine énergie, on parle en électronvolts (eV), pas en méga-électronvolts (MeV) ou en giga-électronvolts (GeV), nous c’est l’eV. L’énergie de la lumière des photons donc associés à notre onde, varie entre 2eV pour le rouge, à 3eV pour le bleu. Ces chiffres sont importants parce qu’on va comprendre d’où vient l’économie et d’où vient la performance des LED. Donc tu pars d’un photon de 5eV, pour donner des photons entre 2 et 3eV, donc tu as perdu plus de 2eV c’est-à-dire 50% de l’énergie est perdue par conversion. Et la chaleur dont je te parlais quand tu touches une lampe fluorescente, c’est typiquement cette perte d’énergie. On parle de perte d’énergie par cascade, du fait que tes passé d’un photon UV, la lumière UV à de la lumière visible.

A : Ok. Je m’étais jamais douté qu’il y avait autant de technologie dans un bête tube néon. Avoir autant de science c’est assez invraisemblable. Et puis donc la LED alors ? Rupture ou pas par rapport à ces technologies là ?

N.G. : Alors justement ça, ça nous amène peut-être à la définition, mais qu’est ce qu’une lampe idéale ?

A : Hum..

N.G. : Une lampe idéale va être une lampe qui émet justement de la lumière, uniquement dans le spectre visible. Pas au dessus, pas en dessous, ça c’est clair, ça sert à rien, mais uniquement dans le spectre visible. Et la LED est justement un système qui te permet à partir d’une énergie que tu vas lui communiquer, on verra comment on communique cette énergie à la LED, elle va la transformer directement à la bonne longueur d’onde, à la bonne énergie, sans perte. Quand je dis sans perte, j’exagère un peu, mais disons quasiment sans perte d’énergie. Donc il n’y a plus cette perte par cascade. Par exemple, on va avancer un peu sur le plan de la physique, on va parler de photon, c’est plus simple pour moi. Je vous rappelle que la lumière est faite de grains qu’on appelle des photons, ces photons ont une longueur d’onde et, associée à la longueur d’onde par une relation relativement simple, on a l’énergie qui est égale hC/λ, C qui est la vitesse de la lumière.

A : Attention, pas de gros mots, on évite les formules…

N.G. : Bref, il faut savoir que tu as une énergie qui correspond à une longueur d’onde, et si je prends un photon bleu, qui a une longueur d’onde typiquement 0,45micron, ou 450nm, tu as une énergie qui correspond à 2,8 eV. Bien, une LED, je vais pouvoir appliquer une tension et là on voit tout de suite cette énergie eV maintenant va vous sauter aux yeux. Quand je prends une LED et que j’applique par exemple 3V, 2,8V, j’ai un électron qui va la traverser, et cet électron a une énergie de 2,8 eV, et si je travaille bien, cet électron va se transformer en photon d’énergie 2,8eV.

A : Et donc, on verra apparaitre la lumière bleue.

N.G. : Donc on aura de la lumière bleue avec l’énergie que l’on aura communiquée initialement. Sur le papier, on a une perte nulle d’énergie. Donc on a un rendement parfait de conversion d’énergie électrique en énergie lumineuse, en lumière.

A : Je commence à voir l’avantage là. C’est impressionnant, et du coup on a un rapport 1/1, en tout cas théoriquement, entre ce qu’on fait entrer, ce qui sort ?

N.G. : Alors là, on commence à être dans le coeur de ce qui se passe au coeur de la LED. Tu injectes du courant, des électrons, ces électrons vont ensuite se convertir en lumière, on verra comment ils se convertissent en lumière. En fait chaque électron va donner 1 photon. Quand je dis chaque électron va donner un photon c’est pas tout à fait vrai. Pour ça, il faut faire un certain nombre de travaux à la fois sur les matériaux, sur la structure même de la LED. Aujourd’hui, on arrive quasiment à ce que, si je parle de rendement, si j’injecte 100 électrons dans la LED, j’en ai 95 qui vont donner de la lumière. C’est-à-dire que 100 électrons vont me donner 95 photons. Ca, c’est ce qu’on appelle le rendement de conversion quantique électron/photon. Maintenant ce que j’ai dit c’est que non seulement je veux avoir un rendement quantique le plus proche possible de 100, que chaque électron donne un photon, mais ensuite il faut que le photon ait la bonne énergie, donc je veux en plus choisir le matériau qui me donne un photon qui a la bonne énergie. Et l’énergie que j’ai communiquée à l’électron. Et tout ça c’est de l’ingénierie. il faut savoir que ces matériaux sont des semi-conducteurs et ces semi-conducteurs sont finalement peu connus. Ce qui est assez étonnant, je pense que tu connais le semi-conducteur star qui est le silicium. Malheureusement le silicium, il est très bien dans les tablettes dans les smartphones, dans les ordinateurs mais il n’émet pas de lumière. Ca commence, on commence à arriver à faire des lasers un peu particuliers en recherche. Mais en gros pour faire simple le silicium n’émet pas de lumière. Il faut aller vers d’autres matériaux. Souvent, ce sont des gros mots ces autres matériaux; parce que c’est par exemple l’arséniure de gallium, dans l’Arséniure de gallium t’as de l’arsenic, alors c’est pour ça qu’on en parle pas trop, parce qu’en fait dans ton téléphone tu as de l’arsenic. En fait, on a tous de l’arsenic sur nous. Parce que tous les composants radiofréquence de com’ pour les télécoms sont à base d’arsenic. Dans le cas des LED blanches, il n’y a pas l’arsenic, c’est très simple, c’est de l’azote qu’on a partout mélangé à un métal. Alors on connait l’aluminium, très proche de l’aluminium, il y a le gallium qui est vraiment très très proche et ce gallium en fait mélangé à l’azote à haute température donne un cristal, comme le quartz, qui a des propriétés de semi-conducteur, c’est un semi-conducteur qui a des propriétés donc d’émission de lumière.

A : Je crois que je commence à me faire une vague de l’aspect théorique mais après, comment est -ce qu’on concrétise ça ?

N.G. : Alors tu vas comprendre, si on connait tous le cuivre, si tu prends un fil électrique en cuivre, tu peux toujours lui faire passer du courant, tu verras qu’il émet de la lumière que si tu fais passer plusieurs ampères et à nouveau, il va chauffer à haute température et encore une fois émettre type corps noir, classique, on oublie, c’est du vieux truc au rebut, on oublie. Tu auras jamais de la lumière comme ce, donc la question c’est que se passe t-il dans certains matériaux pour qu’au lieu d’avoir simplement des électrons qui se baladent dans ton matériau, comment tu fais et qu’est ce qu’il se passe au coeur de ce matériau pour que tu aies de la lumière, on appelle ça de la luminescence. Alors c’est très vieux, ça a été observé au début du 20ème siècle je crois en 1906, par un russe, qui avait vu qu’effectivement, en faisant passer du courant dans certains matériaux, il voyait de la lumière qui n’avait rien à voir si tu veux avec cette émission du corps noir. Alors, c’est quoi un semi-conducteur. Si tu prends le terme littéral tu as semi, tu as conducteur, ça veut rien dire je pense que pour le commun des mortels, et je dois dire moi-même avant d’arriver à la fin de mes études, j’ai commencé à peine à comprendre ce que c’était qu’un semi-conducteur. J’ai souvent cette image aussi un conducteur en gros tu imagines, tu dois traverser la baie de San Fransisco tu as des ponts à 1 étage et puis tu as des ponts où tu peux avoir 2 étages, donc tu peux imaginer un système où les électrons vont traverser, se balader sur un seul niveau et puis dans les semi-conducteurs il va y avoir deux niveaux. Tu vas pouvoir décrire ton semi-conducteur comme un système où je peux me promener sur deux passerelles. Et évidemment, ces deux passerelles sont séparées par une certaine hauteur dans notre monde humain, dans le monde des électrons cette hauteur ça va être finalement l’énergie, on va appeler ça une énergie à nouveau, et le but du jeu sera de faire passer un électron de la passerelle supérieure à la passerelle inférieure, de façon à ce qu’il perde de l’énergie. Or, toi quand tu sautes quand t’arrives au sol, tu ressens l’énergie, c’est l’énergie cinétique et tu vois que plus tu sautes de haut, plus tu vas sentir cette énergie cinétique de façon assez brutale. Un électron, plus il va sauter de haut, plus il va perdre de l’énergie, et lui, en perdant de l’énergie il va pas avoir d’énergie cinétique mais il va émettre un photon. Donc il va libérer son énergie qu’il avait initialement, sous la forme de lumière.

A : D’accord, et puis donc concrètement c’est le semi conducteur qui va s’éclairer, il va devenir lumineux. C’est ça ?

N.G. : Ah c’est vraiment le matériau, là c’est difficile de le faire en radio, moi je fais des démos à des jeunes lycéens qui viennent visiter la labo, on leur montre, tu prends un bout mais comme ça de cristal qui est transparent, tu prends une pile, t’as même pas besoin de faire de technologies complexes, tu prends une pile tu appuies comme ça et tu fais passer du courant et tu vois la lumière bleue qui sort.

A : Je crois que je commence à comprendre un tout petit mieux. Enfin ce que j’ai compris c’est comment on obtient de la lumière bleue avec une LED. Enfin, avec cette technologie là, après comment est ce qu’on fait pour obtenir les autres couleurs.

N.G. : Comme je t’ai dit chaque matériau va avoir, c’est un terme un peu technique, une borne interdite, c’est-à-dire avoir une séparation entre les 2 niveaux plus ou moins grande. Si tu prends l’arséniure de gallium, il a une séparation qui est dans l’infrarouge. Alors ces matériaux sont utilisés par exemple pour les lasers télécoms, En ce moment on utilise des lasers. Comment tu fais passer ton émission ? Ben tu as des fibres optiques et tu as de la lumière. Cette lumière est typiquement à 1,3 microns, à partir de lasers qui mettent en jeu des matériaux type arséniure de gallium, tu es dans l’infrarouge.C’est parfait parce qu’en plus les fibres optiques sont transparentes dans ce domaine de longueur d’onde. Ensuite, tu peux changer de matériau, aller par exemple vers ce qu’on appelle du phosphure de gallium, tu remplaces l’arsenic par du phosphore, et ça c’est les petites LED vertes que tu as devant qui clignotent. Donc ça c’est gallium et phosphore. Et puis, si tu changes encore le phosphore par de l’azote, tu as du bleu, violet en fait, tu as du violet typiquement à 3eV. Donc tu vois c’est très très simple, tu vas jouer, c’est comme des legos, tu vas jouer avec ces éléments de ta classification périodique et tu vas les assembler comme des legos et tu vas jouer avec cette séparation entre les différents niveaux d’énergie.

A : D’accord, cette séparation elle porte un nom ?

N.G. : Le gap, on appelle ça tout simplement le band gap, la borne interdite en français.

A : Gap ça sonne bien, c’est plus péchu. D’accord. Alors là je commence à comprendre les LED de mon enfance, enfin un peu comme celle que j’ai sur la table de mixage que j’ai sous les yeux c’est-à-dire il y a des petites pastilles qui sont vertes quand on parle et puis quand il y a trop de pastilles qui s’allument un moment il y a une pastille rouge qui s’allume. Mais la pastille change jamais de couleur.

N.G. : Alors tu peux voir effectivement qu’on est assez limité, on est sur du vert, vert-jaune comme je te disais, on est sur du rouge…

A : Il faudrait qu’on crie je pense pour qu’on passe dans le rouge, mais on va éviter.

N.G. : Donc en fait, dès les années 70 notamment aux Etats-Unis, les chercheurs se sont dits « mais je peux peut-être faire mieux », c’est-à-dire que là tout ce que je t’ai dit tu te dis « c’est assez limité ». On a une palette de couleurs qui est liée aux matériaux. Est-ce que je peux aller plus loin ? Et c’est ce qu’on appelle aujourd’hui l’ingénierie quantique. La physique quantique c’est pas quelque chose juste pour faire joujou sur les bancs des étudiants et souvent les planter à l’examen. C’est quelque chose qui marche excessivement bien dans tout ce qui est dispositif type LED et lasers. Imagine une toute petite couche, quand je dis une toute petite couche c’est typiquement quelques Angströms, donc quelques plans atomiques. Tu prends un matériau et tu vas prendre quelques couches atomiques de ce matériau là. Et puis tu vas le mettre en sandwich, tu peux prendre un ticket de métro pour imaginer, tu vois la bande noir ça va être juste ce matériau qui va avoir une bande interdite, un gap qui est tout petit, il va être en sandwich avec un autre matériau qui lui a un plus grand gap, tu peux voir ça comme un puits. On appelle ça d’ailleurs un puits quantique. Comme c’est tout petit, tu vas mettre ton électron là-dedans et là on revient à nouveau à des concepts de base qui est la dualité onde-corpuscule de De Broglie en 1928. Je suis onde ou je suis corpuscule, et si tu mets un électron dans une toute petite couche, il se trouve que son onde associée est de l’ordre de grandeur de ce puits quantique, et donc tu vas le confiner, comme une corde si tu veux d’un instrument de musique, tu vas commencer à avoir des modes qui vont apparaitre c’est ce qu’on appelle des énergies de confinement quantique et tu vas pouvoir ajuster, du coup, l’énergie en jouant avec la largeur du puits quantique. Tu vas plus ou moins, comme un instrument de musique, tu prends une corde tu vas passer sur ton violon, tu vas avoir un son plus ou moins aigu, plus ou moins grave et là c’est pareil. Tu joues avec la largeur de ton puits, et tu vas pouvoir jouer finement avec ta longueur d’onde. Donc ça c’est un degré supplémentaire. Et pour te donner une idée aujourd’hui sur les LED, entre les LED bleues et les vraies LED vertes (pas celle que tu as là, parce que là c’est catastrophique, c’est une technologie d’il y a 50 ans…) mais les vraies LED vertes que tu as, par exemple, dans les feux tricolores aujourd’hui, tu vois ce beau vert, bien vert quoi, pas ce vert-jaune, eh bien la différence d’épaisseur du puits quantique tu passes de 30Å – 25Å à 35Å c’est 10Å, donc ils font contrôler quand tu fais ta LED, il faut que tu puisses contrôler les épaisseurs de tes matériaux à l’Å près, et la couche atomique et on sait faire aujourd’hui.

A : Un Å donc pour ceux qui ne le pratiquent pas tous les jours ?

N.G. : Un Å c’est 10^−10m, donc c’est un dixième de milliardième de mètre, et typiquement un atome, il faut visualiser les atomes, moi je comprends pas qu’on explique pas aux enfants dès le plus jeune âge ce qu’est un atome. Un atome c’est, en gros une boule de pétanque qui fait 3Å de diamètre. A la louche.

A : D’accord, ça donne un ordre de grandeur.

N.G. : Moi je dis souvent, si vous voulez sentir les atomes vous baladez votre main, nous on parle d’air ou de courant d’air, c’est ce que vous sentez c’est les molécules qui viennent frapper votre main. Petite anecdote comme ça, je racontais à mes étudiants, un jour j’expliquais à mon fils qui avait 4 ans que ce qu’il sentait c’est les molécules qui tapaient sur son visage. Et puis un jour, il tombe de vélo puis je lui dis qu’est ce que t’as fait et il me dit “papa c’est les molécules qui m’ont fait tomber ».

N.T. : Question très bête, pourquoi de pétanque.

N.G. : Ça c’est parce que j’ai passé 10 ans dans le sud de la France …

N.T. : Je croyais que c’était parce qu’il y avait une autre raison, donc je me tais.

A : Bon alors maintenant je commence à mieux faire le lien c’est-à-dire que sur mon téléphone, là en ce moment, j’ai une petite LED qui clignote, elle est bleue aujourd’hui parce que, je sais pas, j’ai reçu un truc, un mail, suivant ce que je reçois elle est parfois bleue, parfois verte, parfois jaune. Je crois que j’ai compris comment elle peut changer de couleur. Mais il y a un truc qui m’échappe encore c’est comment est-ce qu’on arrive à produire de la lumière blanche enfin une couleur à la fois je comprends, mais de la lumière blanche, comment c’est possible ?

N.G. : Tu pourrais dire dans ce cas-là très simplement, je vais prendre un ensemble de LED, je vais finalement recomposer l’arc-en-ciel à partir de mes LED, la lumière blanche on la voit quand tu as un arc en ciel ou à travers des fois une vitre qui va décomposer ta lumière. Tu vas avoir donc l’ensemble de ce spectre qu’on connait très bien, et tu pourrais dire je vais prendre des LED violettes, bleues, vertes, jaunes, rouges orange etc..Et puis je vais mélanger l’ensemble des spectres d’émission des LED pour avoir cette lumière blanche. Ca ça marche très bien mais, 1°) c’est très compliqué et du coup ça coute très cher. Donc en fait on va plutôt mystifier, il faut savoir que si tu prends du bleu et du jaune en peinture c’est une synthèse soustractive des couleurs et tu vas avoir du vert, par contre si tu fais du bleu et du jaune, synthèse additive et c’est ce qui se passe au fond de notre oeil, tu vas avoir du blanc, donc le moyen le plus simple pour générer de la lumière blanche c’est de prendre du bleu et du jaune. Là encore, tu peux te dire je vais prendre une LED bleu et une LED jaune, il se trouve qu’aujourd’hui, on ne sait pas faire de LED jaune efficace, on sait faire des LED jaunes/vertes mais une vraie LED jaune qui est très performante c’est-à-dire qui convertit de façon efficace la lumière en jaune on ne sait pas faire, du coup on contourne le problème en prenant une LED bleue et on va l’encapsuler d’un luminophore jaune.

A : Un luminophore ?

N.G. : Un luminophore, c’est un matériau qui va avoir des propriétés de transformer la couleur.

A : Un filtre ?

N.G. : C’est pas un filtre. Si tu veux, des alliages qui mettent en jeu des terres rares, des matériaux assez complexes, des composés assez complexes, qui lorsque tu les éclaires (c’est les vieux tubes cathodiques) tu peux les éclairer avec de la lumière ou avec un faisceau d’électrons, tu tapes dessus, tu leur apportes de l’énergie et ils vont ré-émettre à une certaine longueur d’onde. Un luminophore par exemple, si tu tapes de la lumière bleue ou même avec un faisceau d’électron, c’est ce que tu as derrière ces écrans, les vieux écrans tubes cathodiques, tu tapes avec ta lumière sur ce matériau-là et cette lumière va être absorbée et ensuite convertie en jaune ou en rouge ou en vert ça dépend des matériaux. Et tu t’arranges pour avoir une partie de la lumière bleue qui passe à travers, et une partie qui va être absorbée et transformée en jaune. Et tu vas ajuster l’épaisseur de ton luminophore qui couvre ta LED bleue de façon à ajuster les intensités. Et en fait le blanc, tu peux tirer une droite, entre ton bleu et ton jaune et on appelle ça le diagramme de chromaticité ou t’as l’ensemble des couleurs. Donc tu imagines une carte X et Y, ça c’est ce qu’on appelle des coordonnées, c’est comme ça d’ailleurs qu’on définit une couleur parce que si tu me dis “comment tu définis une couleur ?” chacun voit une couleur de façon très personnelle et qui dépend des physiologies de chacun. Donc pour éviter ce problème, la commission internationale de l’éclairage a défini un diagramme de chromaticité et tu peux donc associer des coordonnées X,Y à chaque couleur. Pour le blanc c’est typiquement 0,33, 0,33 donc si je reviens sur la synthèse de ce blanc, tu vas avoir le bleu d’un côté le jaune de l’autre, tu tires une droite et tu as des coefficients, tu vas ajuster les intensités respectives du bleu et du jaune pour trouver le blanc et arriver au blanc. Et c’est pour ça que tu prends une LED éteinte tu verras toujours que c’est jaune ou orange. C’est-à-dire que si c’est bien jaune tu auras une lumière blafarde, un blanc froid, si c’est jaune orange, tu auras une LED chaude, parce que ça veut dire que le luminophore a une composante rouge dans son spectre.

A : Excellent ! Bon là on parle des ampoules qu’on a à la maison. Un écran de téléphone portable par exemple les technologies OLED, AMOLED c’est aussi des LED ?

N.G : C’est le même principe, ce qui change c’est le matériau. Dans une OLED, pour organique, on va avoir des matériaux qui ne sont pas des matériaux inorganiques, comme le sont donc les LED bleues. Et je dirais que toutes les lampes pour l’éclairage aujourd’hui sont à base de matériaux inorganiques, de semi-conducteurs inorganiques, donc on va avoir des chaines carbones-hydrogène-oxygène.

A : Organique c’est ça que ça veut dire bêtement, ça veut pas dire bio ou quoique ce soit, ça veut pas dire issu du vivant.

N.G. : C’est des chaînes carbonées hydrogène-oxygène. Alors, ça marche très bien, ça a juste un petit inconvénient c’est que ça ne supporte pas très bien le passage du courant. C’est-à-dire que dès que tu fais passer du courant, tu vas avoir une dégradation de ces matériaux, donc ça passe très bien pour l’affichage, parce que tu n’as pas besoin de beaucoup de lumière, par contre pour l’éclairage, il faudrait faire passer trop de courant dans le matériau et il ne supporterait pas. Du coup, les lampes OLED sont plutôt sous la forme de grands panneaux. On commence  à voir ça en architecture, c’est utilisé principalement pour des choses assez pointues et, encore une fois, design, ça coute très très cher. Tu es obligé de multiplier la surface pour avoir une quantité de lumière suffisante par unité de surface. Alors tu pourrais me poser la question, mais finalement, je me la pose à moi-même, pourquoi finalement ça vieillit plus mal qu’une LED inorganique ? Là encore, c’est qu’il faut aller au coeur de la matière. Tu as des énergies de liaison et quand tu prends des chaînes organiques, ces énergie de liaison sont faibles. Comme elles sont faibles, c’est fragile. Alors ça c’est très bien pour l’évolution du monde qu’on connait, le nôtre, le monde du vivant. C’est grâce justement à ces énergies de liaison faible qui permettent la création de défaut et une évolution, et au contraire, à l’opposé du monde minéral comme le sont les LED inorganiques qui ne bougent pas, parce que les énergies de liaison sont très importantes et donc, rien ne se passe.

A : On a abordé tellement de fois la question de l’évolution sur Podcast Science mais jamais sous l’angle des énergies de liaison, c’est une grande première.

N.T. : Et là dessus, juste, la durée de vie d’une LED inorganique, c’est quoi ? Parce que je sais que c’est increvable, mais il y a bien une durée de vie non ?

N.G. : C’est un très gros problème aujourd’hui, les durées de vie sont telles, on parle de 25000-50000 heures que quand tu regardes le vieillissement d’une LED, attention quand je dis LED moi je parle que des produits de bonne qualité, je parle pas des LED qui ont 10 à 15 ans de retard par rapport à ce qui se fait aujourd’hui en R&D et dans les meilleures boites.

N.T. : Pas des LED de la table de mixage d’Alan.

N.G. : Oui, mais même les LED banches, tu as des LED blanches que tu trouves pas chères, on pourra reparler de la qualité des LED, prenons les LED à l’état de l’art, quand tu les regardes sur des bancs de mesure tu n’arrives même plus à voir le vieillissement c’est-à-dire que tu peux rester 3 ans. Il y a pas très longtemps j’ai discuté avec un collègue d’une grosse boite, Philips, pour la nommer, lumileds, ils ne voient pas le vieillissement de la LED sur des échelles de temps de 3-4 ans, donc comment tu fais pour donner, même les valeurs qu’on te donne elles sont extrapolées, à partir de modèles qui ne sont plus valables parce qu’on fait des tests en faisant des vieillissements accélérés en montant la température. Ce qu’on faisait traditionnellement sur les compostants type lasers, d’il y a quelques années. Aujourd’hui on n’en voit pas vieillir donc il faut essayer de trouver des protocoles et que les compagnies se mettent d’accord sur des protocoles de mesure qui permettent effectivement d’avoir une idée disons de la durée de vie d’une LED. Alors, ça n’empêche pas que tu peux toujours avoir un défaut type catastrophique, c’est-à-dire, un jour ça lâche et ça tu sais pas pourquoi. Enfin, si généralement ils savent mais tu peux pas prédire.

 A : Moi j’ai juste une dernière question, sur les ampoules LED à proprement parler, est-ce qu’elles sont sensibles au start/stop, enfin à ces trucs qui font vieillir les ampoules traditionnelles ?

N.G. : Alors sur le principe du fonctionnement physique, il y a aucune raison que les LED soient sensibles au procédure d’allumage. En revanche, tu peux avoir quand même un stress, tu peux avoir une contrainte qui, à la longue crée effectivement un défaut majeur de fonctionnement et ça ça arrive, sur certains composants, encore une fois, c’est pour ça que c’est très cher. La fabrication aujourd’hui d’une LED blanche pour qu’elle soit très performante est très complexe. Et elle met en jeu des matériaux qui paradoxalement sont plein de défauts. Ils sont bourrés de défauts. D’ailleurs, il y a eu pendant 10 ans des batailles pour comprendre pourquoi ça marchait, parce que quand tu regardes les matériaux, c’est terrible, et pourtant ça marche ! Il faut peut-être juste avoir une idée de la taille d’une LED, c’est à peu près 1mm x 1mm, les plus grosses font 3mmx 3mm. Et l’épaisseur de la couche c’est en gros 1 micron. Je sais pas si tu vois, et un micron, pour juste encore une fois avoir une idée, le diamètre d’un cheveu c’est 50 microns.  Donc c’est 1/50ème le diamètre d’un cheveu, donc c’est excessivement fin. Et la lumière va être produite dans une couche qui est encore plus fine, qui va faire typiquement 30Å, c’est-à-dire 10 plans d’atomes. Donc toute la lumière, quand tu cours, ou sur ton vélo, c’est produit dans une couche qui fait 10 plans atomiques. Donc cette couche-là, qui est très fine elle est très fragile, donc il peut arriver qu’elle se casse, quelle se brise en deux et là du coup ça marche plus. Ca peut arriver.

N.T. : Quelques remarques là sur la chatroom, d’abord sur l’effet start/stop, je crois que c’est Yves qui dit que ben non, c’est pas sensible  à l’effet start/stop sinon on les ferait pas dans les guirlandes. C’est pour l’explication non-technique. Sinon une autre remarque qui est assez intéressante, qui est revenue plusieurs fois, je crois que c’est aussi Yves,, il dit que finalement, avec toutes les qualités des LED, le gros défaut des LED c’est ce foutu circuit électrique qu’on est obligés de mettre autour qui, lui, vieillit, lui, a des problèmes, lui, perd en rendement etc…

N.G. : Alors là encore, tout dépend de la qualité du circuit électrique, du driver pour être plus court, que l’on met derrière. Et c’est là qu’on va avoir une différence de prix dans les LED, elle va se jouer sur la qualité du circuit électrique du driver et du luminophore, du matériau qu’on lui met dessus. Il y a énormément de  brevets de protection. On trouve aujourd’hui des LED, des lampes à LED qui sont très peu chères, d’autres qui sont 10 fois plus chères, on peut se poser la question est-ce que c’est du marketing comme les produits de luxe ou est-ce qu’il y a une forte valeur ajoutée… Et il se trouve qu’il y a derrière des différences importantes de qualité. A la fois sur le driver et à la fois, ne serait-ce que le rendement de conversion du driver et sur la stabilité en fait du luminophore. Il faut savoir que certains matériaux sont sensibles à l’humidité et vont vieillir avec le temps. et la couleur de la LED risque d’évoluer avec le temps.

N.T. : Yves dit aussi qu’une LED peut vieillir parce qu’elle est trop chaude si son globe est mal ventilé, alors j’étais en train de lui poser la question, j’étais un peu étonné qu’il dise que ça chauffe parce que si j’ai bien compris, ou alors j’ai mal écouté parce que je lisais la chatroom, ça chauffe pas une LED ?

N.G. : Alors je me suis arrêté à la théorie, maintenant on va passer à des chiffres qui concernent effectivement le monde réel. Quand je parle de rendement de conversion, c’est le rendement de conversion d’un électron en photon et ça, il est de typiquement 95%. Allez 90%. Ce qui est quand même déjà pas mal. Le problème c’est que le photon que j’ai créé il est dans mon matériau, il est bien au chaud, il a pas envie de sortir. Ca c’est lié aux indices de réfraction. Il se trouve que l’air a un indice de réfraction de 1, et ces matériau , pour les connaisseurs ont un indice de réfraction de 2,2. Et ça c’est la loi de Snell-Descartes, quand vous avez une interface entre deux milieux, c’est l’eau, la réflexion de la lumière sur l’eau, eh bien vous allez avoir les photons, la lumière qui va être réfléchie c’est-à-dire qu’il faut savoir que si je ne fais rien, il y a très peu de lumière qui sort de mon semi-conducteur. Typiquement 20%. Donc je pars de 90% qui est le rendement électrons/photons, mais ensuite mes photons j’en ai que 20% qui vont sortir… Donc j’en suis à 18% de rendement, ce qui est très faible. 5% j’ai dit pour une lampe à incandescence et là finalement, je suis à 18%, c’est pas terrible, on va dire un facteur 3-4, c’est pas terrible… Donc je dois travailler sur l’extraction de la lumière. Et là il y a eu plein de travaux qui ont été faits dans les labo de recherche et on sait faire aujourd’hui des architectures qui permettent d’extraire la lumière en fait du matériau. Et pour donner un chiffre, on est aujourd’hui à 90% d’extraction. Donc on est à 90% de rendement internent, 90% d’extraction, ce qui fait 80% de la lumière en dehors de la LED. Mais c’est pas fini, parce que là je parle de rendement quantique, or le rendement énergétique, c’est pas tout à fait la même chose, parce que quand je vais injecter les électrons, le courant dans la LED, il faut une certaine tension, et il faut que cette tension soit la plus proche possible de l’énergie des électrons qui vont sortir, enfin disons l’énergie des électrons correspondant donc à électron * la tension. Maintenant la question c’est, comment j’injecte mes électrons et ça c’est un autre problème technologique que je dois adresser. Je dois pouvoir faire passer d’un fil électrique, d’un métal, des électrons dans un matériau qui n’est pas un conducteur, qui est un semi-conducteur. Et ça, c’est pas simple. Il faut que je trouve, j’ai une interface hétérogène de différents matériaux et je vais avoir des barrières énergétiques que je dois franchir. Il faut que je trouve des moyens d’éviter ces barrières sinon je perds de l’énergie. Et même, si j’ai bien travaillé je vais quand même perdre un peu d’énergie. Et donc cette énergie, elle va se traduire par de la dissipation sous forme de chaleur, et au final, le vrai rendement alors on le trouve sur les lampes, on parle de lumen/watt c’est-à-dire de lumière utile pour l’oeil par rapport à la puissance électrique qui est injectée, (il faut savoir qu’on va parler aussi de rendement à la prise, de wall plug efficiency, WPE qu’on trouve des fois sur certains emballages et on parle aujourd’hui de rendement énergétique, c’est plus simple de parler de rendement énergétique), on est aujourd’hui à 50% – 60% au maximum. Et c’est le mieux qu’on sache faire, c’est quand même déjà pas mal.

A : Là t’es en train de nous parler de ce que vous arrivez à obtenir en laboratoire ou de ce que j’ai dans ma lampe, mon ampoule que j’achète chez Ikea.

N.G. : Alors, c’est encore plus compliqué à savoir que si j’ai un redonnent maximum qui est aujourd’hui donc 60%, de rendement de conversion énergétique, pour ça il faut que je travaille à des courants relativement faibles. Or, si je veux vendre un composant pas trop cher il faut que j’ai beaucoup de lumière, pour un minimum de matière. parce que ça coûte très cher, le matériau coûte très cher, donc je vais faire passer un maximum de courant dans une surface dans un volume tout petit. Du coup, on va parler de densité de courant. Je vais avoir beaucoup d’électrons au coeur de la LED. Et quand je mets beaucoup d’électrons au coeur de la LED, eh bien je vois le rendement qui s’écroule, c’est-à-dire que le rendement va passer par un maximum qui est 50-60% puis après, il va chuter jusqu’à 20%. Et donc il y a un compromis entre ce maximum, disons le point de fonctionnement, qui te donne le maximum de rendement et puis les contraintes économiques qui est que je veux un maximum de lumière pour un minimum de matière. Et alors là, on va dans des considérations compliquées d’effet Auger. Il y a aujourd’hui un processus physique qui limite le rendement à fort courant, et ça c’est vraiment le gros, je dirais ce sur quoi la recherche aujourd’hui travaille activement c’est d’essayer de contourner cet effet physique qui fait que le rendement s’écroule. D’ailleurs, pour les connaisseurs, si vous prenez une courbe de rendement, vous verrez qu’on fonctionne toujours autour de 350mA, qui est le compromis entre le rendement et l’économie que l’on peut faire en faisant passer un maximum de courant.

A : Cet effet physique il porte un nom ?

N.G. : Il porte le nom d’un français.

A : On peut le dire quand même !

N.G. : L’effet Auger.

A : Auger ? D’accord.

N.G. : J’ose pas critiquer la France en ce moment donc…

A : Faut pas trop leur taper dessus. Donc ça c’est les axes de progression sur lesquels les chercheurs bossent actuellement. Evidemment si on savait ce que donnerait la recherche, il n’y aurait pas besoin de rechercher, mais on a des stratégies pour y arriver ? Il y a différentes stratégies j’imagine ?

N.G. : Alors encore une fois, c’est une effet intrinsèque, donc a priori, on peut se dire qu’il n’y a rien à faire. Mais évidemment, le chercheur va essayer de contourner, on sait que ça dépend de la densité, donc on va essayer de réduire la densité. Pour ça, par exemple, au lieu d’avoir, j’ai parlé d’un puits quantique, on a plusieurs puits quantiques donc on va répartir les électrons dans différentes couches, comme ça en réduisant le nombre d’électrons par couche on réduit cet effet. On va essayer peut-être de recycler les électrons qui sont perdus par cet effet. Les gens cherchent, alors là c’est relativement secret, il faut savoir que les enjeux, on n’a pas parlé de chiffres en termes de LED, mais le marché des LED c’est déjà aujourd’hui 10 milliards d’euros, et typiquement en 2020 on prévoit des marchés de 20 milliards d’euros donc c’est vraiment des marchés importants, c’est dominé par des grosses boites qui généralement communiquent peu sur ce qu’elles font. Et là on peut dire quand même que la recherche universitaire est relativement loin par rapport à ce qui se fait dans ces boites. Je crois que c’est un tournant depuis les années 70 où on avait des grands centres de recherche ou le privé investissait pour avoir une recherche fondamentale. Aujourd’hui c’est tellement stratégique que la plupart du temps, la recherche dans les compagnies type Philips, Osram ou autres est plus en avance que la recherche universitaire. On n’arrive pas à suivre, Parce qu’on n’a pas les moyens.

A : Ah ouais c’est incroyable c’est la première fois que j’entends ça. D’accord.

N.G. : parce qu’on est sur de la recherche appliquée donc c’est justement très intéressant de voir qu’à un moment donné même si moi je travaille sur le sujet depuis 20 ans, alors bien sûr je travaille pas d’ailleurs sur les LED, je développe pas sur les LED parce que je sais que je ne peux pas concurrencer ces boites, ou alors peut-être justement sur l’effet Auger, sur des choses très fondamentales. Donc on a eu des collaborations avec certaines compagnies mais sur des aspects très amont. Si je veux lutter par exemple et essayer de dire je vais sortir une LED qui sera plus performante que celle qui vient d’Osram Philips ou Nichia je sais que c’est perdu d’avance…

A : Du coup il y a des collaborations entre le monde de l’industrie et le monde académique ? Ou bien est-ce que c’est complètement cloisonné, comment ça se passe ?

N.G. : Sur ce domaine, les boites sont relativement frileuses car elles ont peur en fait que leur savoir faire fuie à travers des collaborations universitaires, donc elles vont collaborer sur des aspects très amont par exemple, aujourd’hui, on va dire que un des axes important de la recherche ça va être les LED ultraviolettes, donc pour la purification. On peut imaginer, c’est pas on peut imaginer, il y a déjà des boites qui commencent à produire (des startups) des LED UV, pour par exemple purifier l’eau en ligne. Imagine une petite turbine sur un tuyau en Afrique qui alimente une LED UV. Il faut être typiquement à 280nm, en dessous de 280nm tu vas pouvoir utiliser ta LED pour tuer les bactéries donc tu pourrais imaginer avoir une purification en ligne de ton robinet de l’eau, à la source de ton robinet. Don ça c’est aussi un nouveau domaine, et là typiquement Osram en Allemagne a des collaborations avec des collègues universitaires. Par contre sur purement la lumière blanche aujourd’hui, les collaborations sont très limitées, car sujet trop sensible, trop stratégique, et je dirais trop abouti d’un point de vue recherche académique.

 A : Sur les domaines, justement les applications, c’est vrai que ça m’avait pas effleuré un instant qu’il puisse y avoir un lien entre les LED et la purification de l’eau. Il y en a d’autres comme ça qui seraient un peu inattendues de la part du grand public ?

N.G. : Alors c’est notamment le chou.

A : Le chou… attention…

N.G. : Ça c’est la question bonus, quel est le lien le chou et la LED? Je suis très sérieux. Tu as des effets, le chou a des vertus extraordinaires. Le chou protège du cancer, on a découvert que manger beaucoup de chou protégeait d’un certain nombre de cancers et on a remarqué aussi qu’on pouvait accélérer les croissances des choux en les éclairant à la bonne longueur d’onde.

A : OK…

N.T. : Donc on commence à utiliser des LED a certaines longueurs d’ondes, donc j’ai un collègue à Berlin qui étudie l’influence de LED à des longueurs très spécifiques sur les choux pour augmenter la croissance et avoir des choux qui poussent plus vite !

A : Les choux uniquement. J’imagine que c’est juste pour le plaisir de l’exemple.

N.G. : Non, ça peut être des fleurs ça peut être un certain nombre de légumes. Alors là encore, j’avais dit en préambule que les LES c’était génial, c’était super, si on en met partout et typiquement pour ça je suis pas sûr que ce soit très très intéressant d’un point de vue énergétique.

A : Ah oui la recherche académique du coup donc de ce que je comprends elle est très marginale par rapport à l’ensemble de la recherche sur le domaine. Mais vous êtes plusieurs labo à travers le monde à travailler là-dessus, est ce que vous avez des domaines de spécialité ? Vous êtes en concurrence vous collaborez ? Ca se passe comment ?

N.G. : Typiquement tu peux dire que la communauté dans le domaine se situe à plusieurs milliers de chercheurs. Une conférence dans le domaine aujourd’hui c’est mille personnes. On est donc plusieurs milliers, là encore, c’est assez étonnant. Alors on pourrait refaire une émission sur « où en est la recherche aujourd’hui”, mais niveau communication, tu vas avoir des travaux publiés qui sont, pour connaitre un certain nombre de connaissances et de relations dans des boites, on te dit mais c’est hallucinant de voir, la piètre qualité des travaux qui sont publiés aujourd’hui. C’est-à-dire que tu vas avoir des gens qui publient des recherches sur des LES avec 10 ans de retard ou des choses qui sont complètement fausses, qui sont bidon avec des matériaux pourris, et pourtant c’est publié. Donc il y a une déconnexion entre ce qui peut se faire dans certains labo académiques et le monde de la recherche industriel. C’est très étonnant.

A : Là je suis pas sur d’avoir bien compris, qui c’est qui publie les papiers pourris, c’est le monde académique ?

N.G. : Le monde académique, oui. Parce que si tu veux, les agences de financement vont se dire ah c’est super, les LED blanches, je vais pouvoir économiser de l’énergie, donc tu vas pouvoir avoir un projet où tu vas travailler etc mais t’es tellement loin de ce qui se fait, de l’état de l’art que finalement les performances de ton dispositif ne te permettent pas de mettre en évidence que ce que tu as fait est vraiment intéressant pour l’industrie.

N.T. : En même temps, l’état de l’art non académique est inaccessible, c’est ce que tu expliquais juste avant.

N.G. : Exactement, parce qu’on est en fait, sur les LED, on est dans une physique qui est très bien connue, on n’a pas révolutionné la physique des semi-conducteurs, la physique des semi-conducteurs a 60 ans, donc si tu veux, tu n’inventes rien, et en fait la différence se fait sur l’ingénierie, sur la recherche appliquée, et la recherche appliquée c’est l’amélioration des matériaux c’est le design des structures. Et le design des structures c’est faire des structures, c’est faire des composants, faire varier les épaisseurs faire varier la composition des matériaux et ça c’est simplement du temps, des moyens et finalement, je devrais peut-être pas dire ça, faudra peut-être couper au montage, mais ah il n’y a pas de montage… mais le monde académique est loin derrière… Très très loin derrière.

A : Mais c’est fou cette histoire !

N.T. : c’est d’autant plus amusant que tu nous dises ça parce que toi tu es dans le monde académique ?

N.G. : Alors je suis dans le monde académique et comme je l’ai dit, moi je ne travaille pas  directement sur les LED, je travaille sur ces matériaux-là, et on essaie à partir de ces matériaux de trouver des dispositifs et de regarder ce qui se passe en amont. Par exemple, on s’intéresse à l’interaction de la lumière dans la matière et on a montré pour la première fois qu’on pouvait avoir une condensation de bose-enstein à température ambiante. On voit tout de suite que ça fait plus physique.

A : Ah ouais là…

N.G. : Donc on va mélanger les électrons avec les photons pour faire des quasi particules qui ont des bosons comme l’avait prédit Einstein et Bose en 1924, et qui ensuite, ça c’est fait en 1995 avec des atomes, on a pu montrer qu’on arrivait à avoir une nouvelle phase quantique. Donc on essaie, nous, vraiment de regarder des choses beaucoup plus amont, et bizarrement comme on travaille sur ces matériaux-là, on va dans les conférences, on est en contact avec des boites et peut-être pour dire un peu le système, comment fonctionne un labo. On est sur des matériaux encore une fois qui ont des enjeux très importants, en termes de marché, d’applications et on a ce savoir faire. Nous, on fabrique les matériaux, on sait faire des lasers, typiquement une petite boite est venue nous voir, une boite de Zurich, qui faisait des composants très particuliers, pour les gyroscopes optiques, par exemple. Et puis, pour l’imagerie médicale, et elle nous a dit “ah vous travaillez sur ces matériaux-là on voudrait un composant qui soit dans le bleu-vert avec telles particularités ». On a dit « ben écoutez on fait un projet ». On a fait un projet grâce a la confédération suisse très appliqué ou là on a eu deux ingénieurs à la maison, au laboratoire avec deux postdocs, ils ont travaillé de concert, ils n’ont pas publié, il y a eu des brevets c’est de la recherche appliquée et en parallèle on arrive à faire de la recherche fondamentale. Donc il faut arriver à jongler avec les deux, et je dirais que c’est ce que j’apprécie aujourd’hui. Finalement dans le système universitaire suisse, c’est de pouvoir avoir un pied dans les applications avec des contrats à court termes très ciblés, ça se voit pas dans les publications, c’est pour l’égo du chercheur, des fois c’est un peu difficile parce qu’il a pas son nom sur une publication. Par contre on a eu par exemple un petit projet avec une boite en suisse allemande, un équipementier qui avait été contacté par 2 boites en Asie, qui sont très connues qui font des télévisions, pas très chères, donc on peut savoir lesquelles et grâce à notre collaboration ils ont pu vendre leur équipement parce qu’on a démontré que leur système permettait d’avoir des LED de bonne qualité. Donc nous on sait faire des LED, mais on les utilise plutôt pour aller regarder des choses plus amont. Par exemple on a aussi, avec une startup de l’EPFL, un début de collaboration pour faire les google glass, pour aller faire de l’élimination directement dans l’oeil, voilà un autre exemple, on a une collaboration avec Harvard Medical School pour faire un implant dans le cerveau. On va prendre des LED, on va modifier on appelle ça l’optogénétique qui est en train d’être un boom, c’est en train d’exploser dans le domaine aussi de tout ce qui est biologie. On va modifier avec un virus les cellules, on va mettre une protéine qui est sensible à la lumière qui est un dérivé de l’opsine et puis grâce à nos LED bleues, on va aller exciter directement le cerveau la cochlée et on va pouvoir essayer de créer un implant grâce à une stimulation non plus électrique mais optique.

A : C’est hallucinant.

N.G. : Excuse moi parce que j’étais en train de lire.

A : Donc tu lisais un commentaire d’Yves dans la chatroom.

N.T. : Alors pour replacer ce commentaire, en fait dans la chatroom ça papote, je l’ai pas encore recadré parce que je savais pas trop, ils sont en train de papoter sur le fait que les LED on arrive à fabriquer des choses très petites et ils comparent ça en fait à la taille des gravures des CPU.

N.G. : Oui alors en fait ça n’a rien à voir parce que le procédé de fabrication est complètement différent. Dans le cas d’une LED on n’a pas parlé de la fabrication. Une LED, vous prenez un substrat qui va être votre base, imaginez une pizza vous avez une pâte et dessus vous allez mettre une fine couche, et c’est les ingrédients de la LED donc typiquement pour une LED bleue, on va partir d’un substrat qui est à base de saphir, qui coûte rien, on sait faire des cristaux, des monocristaux de saphir énormes, 15cm de diamètre, sur 1m de haut, et on va découper ensuite des galettes qui vont faire typiquement 0,5mm d’épaisseur, et encore un fois on est aujourd’hui sur du 10 à 12cm de diamètre. Ce saphir donc c’est simplement de l’aluminium et de  l’oxygène Al203, on appelle ça du rubis de temps en temps si on vient mettre une impureté qui fait que c’est coloré. Ca vaut rien du tout les pierres semi-précieuses que l’on a comme ça dans les bijoux, ça vaut absolument rien donc pour vous donner une idée nous on a des substrats saphir, ça vaut 10$ à peu près le saphir parfait. Et ce saphir, on est capable de le préparer pour qu’il soit parfaitement plat. donc c’est un cristal parfait, et dessus on va déposer donc ces couches de semi-conducteurs qui sont aussi un autre cristal avec un autre arrangement et c’est là où on va avoir un peu des difficultés, parce que comme c’est pas deux matériaux identiques on va avoir des défauts qui vont apparaître. Néanmoins, on empile ces couches et c’est là où on va créer le puits  quantique c’est-à-dire qu’à un moment donné on va changer d’éléments, pour créer cette toute petite couche très fine qu’on appelle le puits quantique. Voilà, donc, c’est comme ça c’est un empilement de couches atomiques qui permet cette fabrication et ce contrôle très précis des épaisseurs vient donc d’un empilement vertical. Maintenant si on revient sur les CPU, sur les transistors et la technologie CMOS. Là on a des technologies de gravure, c’est ce qu’on appelle un processus de fabrication planaire, où on va venir ensuite définir les motifs par-dessus. Donc c’est plus dans le matériau, c’est par-dessus et ce qui explique la différence et c’est plus difficile d’aller faire 3Å on sait faire, aujourd’hui, on sait faire ce qu’on appelle avec de l’écriture électronique, on prend un faisceau d’électrons, on est capable aujourd’hui d’avoir une résolution de quelques nm, latéralement donc on est capables d’écrire grâce à ce faisceau d’électrons et on sait faire. On travaille d’ailleurs nous, on regarde des choses comme ça en faisant des tout petits objets de l’ordre de quelques nm grâce à cette écriture électronique.

A : Nico on avait autre chose dans la chatroom ?

N.T. : Euh non ça faisait un petit moment que ça parlait de ça, donc c’était bien de faire le point.

N.G. : Ben écoute je vais rebondir aussi sur une commentaire sur le rubis et sur le diamant. Là encore, on sait faire du diamant synthétique, parfait, sans défaut parfaitement transparent.

N.T. : La chatroom est complètement choquée que tu dises que tout ça vaut rien, il dise que tu as ruiné la reine d’Angleterre en 2 phrases quoi.

N.G. : J’ai du mal à cacher mon sourire.

A : Il est content.

N.G : Si on revient sur ce que l’on fait alors, par exemple, sur le diamant on a eu un projet européen où on a développé des compostants de puissance, des transistors pour fonctionner à haute température. Pour avoir par exemple de l’électronique qui puisse être embarquée directement auprès de moteurs ou par exemple dans des missions. Tu peux imaginer des missions spatiales où tu es à haute température, tu as besoin de compostants qui fonctionnent à 300-400-500°C, ce que le silicium ne sait pas faire. Et on a là encore mélangé ce semi-conducteur GN sur du diamant pour faire des transistor sur diamant. Le diamant a l’avantage d’être un très bon conducteur thermique et du coup tu peux faire fonctionner ton transistor à très haute puissance avec beaucoup de courant qui va passer dedans, tu vas pouvoir dissiper la chaleur très efficacement grâce à ce diamant. Donc ça c’était un projet européen que l’on a eu notamment avec De Beers, en fait c’est Element Six qui est une filiale de De Beers et qui fait du diamant synthétique. Alors là c’est intéressant aussi de savoir que De Beers ait une filiale Element Six qui fait des composants et des diamants synthétiques et ils contrôlent parfaitement cette fabrication parce qu’il pourraient effectivement jouer sur le prix du marché du diamant naturel.

A : Ceci dit, ce que t’as pas révélé c’est que les diamants que vous utilisez ils sont moches. C’est pas …

N.G. : Ils sont, je dirais, parfaitement purs et parfaits, on a des diamants parfaitement transparents, alors ils sont pas taillés ils sont en petites plaques, typiquement la dimension va être, le plus gros qu’on ait eu c’était, 3mmx5mm donc tu imagines un petit rectangle de 3x5mm et de 500 microns, un demi millimètre d’épaisseur  mais ça c’est parce qu’il a été taillé en tranches. Au départ tu avais quand même un diamant synthétique parfaitement transparent de plusieurs millimètres cubes.

A : D’accord, j’avais cette image des diamants utilisés en labo un peu comme un espèce de poudre jaunâtre.

N.G. : Alors ça c’est relativement facile à faire et ça vaut pas grand chose par contre Element Six a développé des processus haute pression aussi, on appelle ça en croissance en phase, on arrive aujourd’hui à avoir une qualité excellente. D’ailleurs on commence à Grenoble au LETI, et aussi au CNRS à Grenoble des gens qui commencent à arriver à contrôler la croissance du diamant en couche mince pour faire des transistors.

A : Ok et puis dans ton labo vous avez fait des percées récemment ou des choses…

N.G. : Alors on est surtout connus pour cette condensation de bose-enstein à température ambiante, donc sur des aspects très fondamentaux. Il y a deux choses dans ces phénomènes fondamentaux il y a des vortex, donc on essaie en fait de voir ce qui peut se passer dans des phases quantiques où tu as des effets de superfluidité. En plus tu pourrais transférer une information à longue distance, donc c’est pas très loin la supraconductivité. Donc il y a des choses comme ça autour de ce phénomène et puis d’un point de vue application tu pourrais imaginer un composant qui  fonctionne quasiment sans seuil avec très peu de courant, parce que tu n’as plus besoin, alors là je rentre dans le détail, mais t’as plus besoin d’avoir une inversion de population. Tu crées des phénomènes très particuliers d’émission de lumière grâce à ce couplage entre la lumière et la matière. Alors comment on arrive à faire ça. Tu vas prendre deux miroirs et ces miroirs vont emprisonner une cavité donc tu imagines deux miroirs qu’on sait faire par ailleurs avec un empilement de couches, ça s’appelle des miroirs de Bragg, et cette cavité va faire 200nm, typiquement 200nm. Et ton photon va être piégé dans cette cavité. Et quand tu pièges ce photon dans cette cavité, tu changes ses propriétés et pour peu que tu aies introduit dans cette cavité un autre élément, tu vas avoir un électron qui se ballade au milieu. Si tu travailles bien tu vas avoir cette interaction forte, on appelle ça un couplage fort entre la matière, entre ces électrons et les photons et donc tu vas créer ce qu’on appelle ces quasi-particules, les polaritons et tu as une nouvelle science autour de là qui se développe aujourd’hui. Alors te dire qu’il y aura des applications qui naitront de ces polaritons, je suis pas convaincu mais voilà ce que l’on fait aujourd’hui. On travaille avec des polaritons.

A : Le nom est péchu en tout cas moi je pense qu’il est promis à un bel avenir.

Nico ou David on avait d’autres questions dans la chatroom ou est ce qu’on prévoit gentiment de conclure.

N.T. : Non, je crois qu’on va pouvoir conclure, la chatroom est parti dans le grand n’importe quoi.

David : Ouais il y avait une discussion sur les bagues en LED mais je pense qu’on peut la passer.

N.T. : C’était de savoir du coup, vu que les pierres précieuses valent plus rien, qu’est ce qu’il faut offrir à sa copine, c’est le débat actuel de la chatroom.

A : Ouais si ils s’attendaient à ça… Ok est-ce qu’on peut retrouver le labo sur le web si on veut en savoir plus ?

N.G. : Oui vous pouvez taper LASPE ou Nicolas Grandjean, vous trouverez rapidement. C’est pas forcément décrit de façon très très clair mais n’hésitez pas à me contacter et vous pouvez trouver un article qui doit trainer dans « pour la science » que j’avais écrit et qui résume un peu ce que je viens de vous raconter. Je crois que c’était novembre 2011.

A : On essaiera de mettre la main dessus. Parfait ! ben merci beaucoup Nicolas.

N.G. : Merci.

N.T. : Ouais merci beaucoup.

 

Cette interview a été diffusée au cours de l’épisode 157 de Podcast Science.

 

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