L’histoire de la médecine – par Nota Bene

Dossier présenté lors de l’épisode 215 du 21 avril 2015


INTRODUCTION

 

Tout d’abord, l’histoire de la médecine est un thème très large, je vais donc essayer de me concentrer sur l’essentiel et de principalement centrer mon discours sur l’Europe puisque c’est là qu’on vit? pour la plupart mais aussi sur les civilisations qui ont pu influencer notre histoire de la médecine. Puisque que d’autres formes de médecines se sont développéEs de leur côté comme en Asie ou en Amérique du sud par exemple mais elles n’ont pas forcément influencé massivement notre pratique de la médecine. Voilà j’espère que vous me pardonnerez donc cette vision un peu, beaucoup, ethnocentrée…

 

Avant de s’enfoncer un peu dans la grande fresque que je vous ai préparé? il conviendrait sûrement de définir ce qu’est la médecine. Puisque la médecine c’est un peu la lutte contre la mort, la lutte contre la douleur, la prise en compte de l’autre et de ses peines, qu’elles soient physiques ou mentales d’ailleurs. Mais c’est aussi l’aide à la naissance, à la vie, et son accompagnement aussi et c’est d’ailleurs pour ça que la médecine est pendant très longtemps lié à la religion, à la spiritualité ou au chamanisme dans d’autres parties du globe. On peut également dire que la médecine c’est enfin des hommes et des femmes qui se sont battus, qui ont cherché, qui ont trouvé et qui à travers les siècle ont transmis leur savoir afin d’aider les autres.

 

Pour cette chronique? je vous détaille un peu mon plan histoire que vous ne soyez pas trop perdu. Nous irons donc faire un petit tour du côté de la période néolithique avant de nous attarder sur plusieurs époques et plusieurs régions comme la mésopotamie, l’egypte, la grèce, la rome antique avant de me concentrer sur le moyen âge, la renaissance et la médecine moderne dans notre cher pays. Et dans chaque période, chaque région je m’attacherai à développer un pan de la médecine puisqu’on va quand même rester assez général.

 

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A partir de quel moment peut-on parler de médecine, ça c’est très difficile puisque l’écriture apparaît finalement assez tard dans notre évolution, dans notre histoire et donc les traces qui permettent d’affirmer qu’un acte de soin est pratiqué à une époque antérieure à cette invention de l’écriture sont très rares tout simplement.

 

Néanmoins on ne peut pas nier qu’à un moment donné il y a eu des précurseurs qui sûrement par hasard en observant la nature et les effets des plantes sur leurs congénères en ont déduit qu’il était possible d’atténuer une douleur, de guérir d’une toux et même de sauver la vie d’un homme qui s’est blessé.

 

Si les preuves sont extrêmement minces, l’archéologie nous permet de savoir que la pratique de la trépanation, le fait de faire un trou dans le crâne pour avoir accès au cerveau, est déjà utilisée au néolithique. Bien évidemment c’est assez rudimentaire et on utilise un silex pour faire la besogne ce qui ne devait pas être très pratique ni très agréable pour le patient. Quoi qu’il en soit on peut penser que certaines personnes qui accumulent le savoir médical, la connaissance des plantes etc…transmettent oralement leur expériences à d’autres personnes et ainsi de suite pour qu’une espèce de base de la médecine soit posée dans les communautés tribales de l’époque. Aujourd’hui on peut qualifier ces personnes de guérisseurs, de chamans etc qui peuvent utiliser les plantes comme le recours spirituel d’ailleurs, pour tenter de soigner une personne.

 

Mais encore une fois, c’est de la déduction et il faut attendre l’antiquité pour être sûr que des pratiques soient mise en oeuvre.

 

Les preuves physiques, qui nous montrent qu’une certaine pratique de la médecine existe, remontent en fait à l’époque mésopotamienne car c’est dans cette région qu’a été découvert l’écriture. C’est plus particulièrement à Babylone qu’un texte de loi est retrouvé sur une stèle en 1750 avant JC, une stèle assez connue puisque qu’il s’agit du code d’Hammurabi que l’on peut qualifier de premier vrai texte juridique gravé noir sur blanc si on peut dire. Dans ce code d’Hammurabi il y a un peu moins de 300 articles qui sont cités, dont la fameuse loi du Talion que vous connaissez tous “oeil pour oeil, dent pour dent, etc…” et sur ces 300 articles, une douzaine parlent de la pratique de la médecine et plus précisément de la chirurgie. Mais aussi et surtout puisque c’est un texte juridique, des condamnations qu’encourent un médecin qui aurait fauté ou de leurs honoraires. Du coup c’est vraiment à partir de cette époque là qu’on peut dire que la médecine en tant que telle existe puisque sa pratique est reconnue et encadré juridiquement.

 

Alors attention il s’agit encore d’une pratique très sommaire de la médecine et si on arrive à poser des diagnostics les remèdes et les raisons des maladies ou des maux ne sont pas toujours adaptés à la souffrance du patient.

 

On peut noter qu’il y a déjà une certaine forme de protocole qui se met en place puisque quand un médecin reçoit un patient, avant de l’ausculter il lui pose déjà tout un tas de questions comme les médecins le font de nos jours. Le “problème” c’était que la médecine et la religion sont très liées et il y avait des questions pertinentes et beaucoup d’autres moins. Par exemple “est ce que vous avez menti récemment” ou ce genre de choses, histoire de savoir si, en gros, le patient a quelque chose à se reprocher vis à vis des dieux, et si c’est le cas et bien peut être le début d’une explication.

Heureusement ils ne s’arrêtent pas là et déjà à l’époque les médecins savent reconnaître certaines maladies, par habitude et il peuvent donc tout à fait identifier des troubles respiratoires, des troubles intestinaux, des troubles urinaires etc…D’ailleurs ils pratiquent une analyse assez rudimentaire des urines, de l’odeur de l’haleine, ils savent prendre le pouls d’un patient et sa température aussi, ce qui aide quand même pas mal quand on veut commencer à trouver le pourquoi du comment en médecine…

 

Là où ça devient intéressant c’est dans les propositions de traitement de ces maladies ou de ces blessures. Et là je rappelle encore que l’on est dans une société qui mêlent des débuts de sciences avec la religion et un peu de magie. Du coup il n’est pas rare qu’une prière soit prescrite pour guérir le mal mais ça n’empêche pas le médecin de prescrire de véritables remèdes.

Et la on a des indications très larges et très nombreuses quant aux plantes et aux procédés utilisés pour soigner les patients. Des pommades, des sirops, des mélanges de plantes, de l’alcool, des potions, des résines qu’on fait brûler pour inhaler, enfin toutes sortes de choses qui font un peu penser aux remèdes de grand mère que l’on peut utiliser de temps à autre dans notre société actuelle.
On peut tout de même citer quelques méthodes assez loufoques pour traiter certaines pathologie comme par exemple les difficultés respiratoires qui peuvent être traitées par un lavement en profondeur si j’ose un peu de potache dans cette chronique. On a aussi le cas des excréments qui peuvent être utilisés en mixture afin de soigner des maux de gorge par exemple. ça donne presque envie de replonger à cette époque…

 

Concernant les fractures, les plaies et autres il y a aussi des compétences qui sont dégagése, fatalement puisque les guerres font de nombreux blessés et il faut faire de son mieux pour les garder dans le meilleur état possible. On a donc des atèles qui peuvent être mises en place et il semble qu’un début de chirurgie existe en mésopotamie. D’ailleurs, niveau chirurgie il y a aussi des écrits qui laissent penser que la chirurgie esthétique est déjà pratiqué à Babylone notamment au niveau du nez où des implants osseux aurait pu être tentés.
Alors bien sûr tout ça a un coût et c’est là aussi qu’on se rend compte des inégalités qui perdurent pendant longtemps après cette époque. Par exemple si un homme est blessé par une lance et qu’un médecin arrive à le sauver, cet homme doit le payer 10 sicles. Alors un sicle ça ne vous dit rien mais en gros il fallait 1 sicle pour s’acheter 50kg de dattes, 2 sicles pour s’acheter un agneau ce qui n’est pas rien et le salaire annuel d’un esclave par exemple, parce que, oui ils sont payés, c’est 3 sicles par an. Donc 10 sicles c’est un peu dur à sortir pour quelqu’un qui n’a pas d’argent.

 

Enfin voilà il y avait du bon, sans aucun doute, et aussi du mauvais mais si l’on regarde notre société actuelle, c’est pas si différent que ça. C’est comme tout il y a plusieurs écoles avec des bons praticiens et des moins bons.

 

 

En parlant d’école d’ailleurs, au départ il n’y en a pas vraiment mais au 7ème siècle avant JC est créée une grande bibliothèque en Assyrie, une région au nord de la mésopotamie : la bibliothèque d’Assurbanipal. Et dans cette bibliothèque on retrouve plein de choses, des documents officiels, des textes littéraires, mais aussi des ouvrages sur les avancées scientifiques et particulièrement une bonne partie sur la médecine. C’est donc le premier lieu où les médecins peuvent venir apprendre ou se former à travers des écrits laissés par d’autres médecins. Le début de la formation médicale en somme.

 

Alors bien sur là il s’agit surtout d’une initiative à grande échelle mais pour autant il existe déjà des documents qui permettent de transmettre un savoir médical avant la construction de cette bibliothèque.

C’est le cas par exemple en Egypte où on retrouve des écrits, comme le papyrus Edwin Smith qui date de 1500 avant JC et qui parle principalement de chirurgie. Alors sur ce traité, on extrapole un peu mais a priori il sert surtout à cette époque de base médicale pouvant servir à des fins militaires. Donc on y trouve des cas de fractures, de plaies, d’écrasement etc…et la façon dont éventuellement on peut les traiter, comme les sutures, les immobilisations, les baumes, etc. Ce qui est aussi intéressant dans ce papyrus c’est qu’il fait la part des choses entre le rationnel et le scientifique d’un côté et le religieux et le magique de l’autre. Du coup on a vraiment un document qui est dénué de ce côté magique pour se concentrer sur l’aspect pratique de la gestion de ses traumatismes et autres.

Alors bien sûr il a été rédigé en 1500 av JC mais ça ne veut pas dire que ces pratiques datent de cette époque et comme je l’ai expliqué précédemment on peut être quasi sur qu’elles viennent d’une époque antérieure. D’ailleurs, on considère que le papyrus d’Edwin Smith est en fait une copie d’autres ouvrages qui ont disparu et dont l’auteur original pourrait être le médecin et architecte Imhotep pendant la IIIe dynastie soit en 3000 avant JC. ça fait beaucoup de conditionnel bien entendu mais ça permet de remonter la piste assez loin tout de même, bien avant la première structure légale qu’on a évoqué en mésopotamie.

 

 

D’ailleurs il y a de nombreux traités médicaux à cette période et la majorité d’entre eux sont considérés comme étant des copies d’originaux ce qui prouve bien qu’on peut remonter assez loin.

En Egypte, on a la trace par ces écrits de grands médecins comme Imhotep qu’on a cité mais aussi de femme médecin comme Peseshet qui aurait officié vers 2500 avant JC et qui aurait été la responsable des sages femmes, qui aurait même pu délivrer des diplômes de sages femmes dans une école créée pour former ce personnel. C’est un point important quand on sait que l’aide à l’accouchement a été presque exclusivement réservé aux femmes jusqu’au début du 16ème siècle, en France en tout cas. Quand on sait que l’accouchement est tout de même très ritualisé dans la société égyptienne antique ça a du sens puisque la femme devait accoucher hors du domicile dans un endroit prévu à cet effet puisque qu’elle était censée attirer le démon lors de l’accouchement. Du coup on la mettait un peu à part pour ne pas attirer le malheur sur la maison mais elle était tout de même entourée de ces sages femmes qui pouvait l’aider à accoucher sur les fameuses pierres rituelles que l’on nomme les meskenets.

 

Alors cette pratique de l’accouchement ritualisé elle nous rappelle encore une fois que la religion et la magie sont bien présentes dans la société et si pendant toute cette période égyptienne que l’on vient d’évoquer on sent une certaine distance qui peut se créer avec cet aspect mystique de la médecine et bien cette distance ne va pas se creuser comme on aurait pu s’y attendre mais se raccourcir et à partir de la basse époque (-750 à -332) on arrive à une médecine un peu plus spirituelle, un peu moins rationnelle qui se développe pratiquement jusqu’à la fin du 1er millénaire, vers 30 avant JC.

 

Si on a donc une grand proportion de prêtre dans les médecins ça n’exclut absolument pas la spécialisation des médecins, que l’on appelle les “sounous” en Egypte. Ces sounous, ce sont un peu les médecins généralistes mais il y a tout de même beaucoup de spécialisations avec des médecins pour les yeux, pour les dents, pour le ventre, des prothésistes (utiles pour les amputés) et même des médecins pour l’anus, l’ancêtre des proctologues, qui ont un titre assez original puisqu’on les qualifie de “berger de l’anus”.

Et parmi ces nombreux médecins on peut également observer une hiérarchie qui se met en place avec des “médecins de base”, des chefs médecin, des inspecteurs, jusqu’au grand chef des médecins, médecin du roi etc…

C’est donc un système médical complexe et complet qui est déjà mis en place en Egypte, système d’ailleurs considéré comme un service public gratuit et pour tout le monde, c’est important de le préciser.

 

Bref, parler de hiérarchie m’offre une belle transition vers le plus connu des médecins, celui dont le nom a traversé l’histoire et qui est aujourd’hui, plus de 2000 ans après sa mort, connu de tous : Hippocrate. Mais avant de détailler ce qu’il a pu apporter à la médecine, il convient d’introduire le personnage avec sa région et son époque. Et avant Hippocrate il y a eu pas mal de monde qui a travailler sur le sujet. En Grèce, il y a en effet une chose qui va bousculer un peu les habitudes de la médecine. Jusque là les autres peuples considéraient que l’organe qui dirigeait tout et d’où venait la vie était le cœur ou le foie. Avec l’apparition des philosophes et notamment les disciples de Pythagore, qui n’était pas que mathématicien, on remet en cause cette évidence et Alcméon, un médecin du 6ème siècle avant JC affirme que c’est bien le cerveau qui est le maître à bord.
C’est d’ailleurs tellement une révolution dans le milieu que la plupart de ses camarades refusent catégoriquement de reconnaître la véracité de ses propos. Jusqu’à l’arrivé d’Hippocrate qui se penche à nouveau sur la question et valide la thèse d’alcméon.

Mais on en n’est pas encore sur Hippocrate. Avant lui il y a aussi Empédocle, un médecin né en Sicile au 5ème siècle avant JC. Et lui se penche entre autre choses sur la reproduction et les fœtus. Il déduit par exemple que l’embryon est le fruit de deux semences, respectivement de l’homme et de la femme et que celui-ci grandit dans l’utérus en compagnie du placenta. Il étudie aussi les périodes optimales de reproduction dégageant l’idée de ce qui est plus tard connu sous le nom d’ovulation. Il est également à l’origine de la théorie des racines, qui consiste à croire que la santé d’un homme repose sur un équilibre entre plusieurs éléments mais je ne vais pas rentrer dans les détails. Ce qui est important de souligner c’est justement cette mise en avant de théories car il y en a de nombreuses qui vont se développer, pas toujours justes mais certaines dont la théorie des racines, inspireront grandement Hippocrate. Parmi ces théories on peut également citer la théorie des crises, soutenue par Anaxagore de Clazomènes qui prétend que les crises de types épilepsies sont d’origines naturelles et que ce ne sont pas des manifestations divines. Une fois de plus c’est important car on voit bien que la pensée de ces hommes et de faire une distinction entre la religion et le mystique d’un côté et le rationnel ou le scientifique de l’autre. Même si il faut nuancer ce que je dis bien entendu. D’ailleurs de nombreuses dissections sont pratiquées, surtout sur des animaux puisque sur des humains c’est interdit, notamment par le célèbre médecin Diogène et cela permet de grand progrès en anatomie notamment où des dessins, des croquis sont fait afin de mieux comprendre le fonctionnement du corps humain.

 

C’est en Grèce à partir du 7ème siècle avant JC qu’apparaissent vraiment les 1er médecins sédentaires dirons-nous, qui restent dans la cité pour soigner les malades, qui sont toujours des hommes libres hein puisqu’on fait bien la distinction entre les hommes libres et les esclaves.

En fonction des cités leur statut change puisque les politiques sont très différentes d’une cité à une autre et quand dans certaines les médecins sont considérés comme des fonctionnaires, payés par l’état et qui ne font pas payer les patients, dans d’autres, leur situation est très précaire.

Quoi qu’il en soit le médecin se déplace pour guérir les maux mais aussi reçoit et on peut dire qu’il y a une espèce d’apparition de l’ancêtre du cabinet médical qui est en fait la propre maison du médecin. Elle est souvent équipé de lit pour accueillir les malades mais aussi de multiples instruments pour pratiquer la chirurgie et d’appareils pour soigner un peu tout et n’importe quoi, comme par exemple des appareils pour réduire une luxation ou une fracture, ce genre de choses…

 

 

Enfin bref, il est intéressant de noter que cette pratique de la médecine est au fur et à mesure déconnecté de la religion dans un premier temps mais aussi de la philosophie dans un second temps qui joue un rôle pourtant central dans la compréhension de la médecine au début de l’époque grecque. Et ça, on le doit entre autre a Hippocrate autour duquel je tourne depuis tout à l’heure. Et justement il est peut être temps d’évoquer ce qu’il a pu nous apporter, cet Hippocrate, considéré par de nombreuses personnes comme le père de la médecine…

Donc comme on vient de le dire dans un premier temps il sépare le mystique et le religieux de la médecine. Si maladie il y a, c’est dû à d’autres facteurs comme l’alimentation, le climat, l’environnement etc…Cette approche, même si elle peut nous paraître simple, change beaucoup de choses puisque par définition, contre une maladie plus rationnelle, on peut être plus pragmatique dans le traitement. Ce traitement dans la médecine Hippocratique c’est souvent du repos, beaucoup de repos et aussi des médicaments, des plantes etc…Dans des cas de fractures par exemple l’immobilisation est souvent recommandée et du coup, l’immobilisation parfois couplée à des machines pour remettre tout ça en place, font que les résultats étaient plutôt positifs par rapport à d’autres écoles de médecines.

D’ailleurs ces autres écoles ils ne les rejettent pas complètement, loin de là, et il ira même, en tout cas la légende lui attribue le mérite même si c’est certainement faux, jusqu’à compiler toutes les informations médicales de l’époque, dénuée de mysticisme comme il le voulait, dans un énorme corpus de texte qu’on appelle le Corpus Hippocratique. On y retrouve environ 70 ouvrages, dont des manuels, des compte-rendus de conférences, des recherches, des notes ou des penses-bêtes, etc.. On voit bien l’intérêt d’un tel regroupement de document puisque ça peut aider d’autres médecins et futurs médecins à mieux comprendre la maladie et les blessures. Quand je dis que c’est une légende je précise que c’est en fait surement ces élèves et d’autres médecins de la même mouvance qui ont cumulé ces écrits sur une période d’un siècle environ. Donc on peut dire qu’il est à l’initiative de ce projet éventuellement mais pas qu’il en est l’auteur, au moins exclusif, ça semble évident.

 

Ce qu’Hippocrate apporte également à la médecine, c’est une certaine rigueur dans la manière d’analyser et de soigner le patient. Par exemple, il attache beaucoup d’importance aux conditions dans lesquelles se passe une opération : sur l’emplacement du médecin, du patient, des instruments, sur les personnes qui doivent aider autour etc…donc sur la procédure et là on peut parler d’un aspect beaucoup plus professionnel de la médecine. Il attache aussi une importance primordiale à l’éthique dans son travail et c’est ce qui donne naissance au fameux serment d’Hippocrate que l’on connait tous et que les jeunes diplômés en médecine récitent toujours à notre époque pour jurer de pratiquer leur activité dans le respect du patient et pour le patient. Il y a cependant une légère nuance à apporter sur ce texte puisque qu’en fait la version qui nous est transmise aujourd’hui et souvent une version modifié et que la paternité d’Hypprocrate sur ce serment est parfois remise en cause.

 

Il a en tout cas participé à améliorer le vocabulaire et le classement des maladies et des douleurs. Il a employé des termes comme “rechute” ou “pic” qui sont encore utilisés aujourd’hui et a classé les maladies en types : aiguës, chroniques, endémiques et épidémiques.

D’ailleurs si la médecine d’Hippocrate se fonde principalement sur le pronostic du patient, donc sur la façon dont va évoluer la maladie du patient en fonction de son état présent, il va aussi poser les bases, avec ses élèves du diagnostic : la recherche et l’enquête de l’origine du mal qui ronge le patient. Et ça, c’est aussi très bien puisque c’est d’ailleurs la base de la médecine moderne.

Pour en finir rapidement avec Hippocrate puisqu’il n’a pas l’exclusivité de l’histoire de la médecine, il faut souligner le fait qu’il y a tout de même eu des couacs. Par exemple sa médecine reposait principalement sur ce qu’il appelait la théorie des humeurs, elle-même influencée par les 4 éléments. En gros les 4 éléments, le feu, l’eau, la terre et l’air et ont leur équivalent dans notre corps : le sang, la lymphe, la bile jaune et la bile noire. Si tout ces éléments sont en équilibre dans notre corps, on est en pleine santé si la balance penche d’un côté ou de l’autre on est malade. Si la notion d’équilibre peut tout à fait être évoquée de nos jours, cette théorie n’est absolument plus appliquée pour expliquer et comprendre le mal du patient. Et le souci avec Hypprocrate c’est que le rayonnement de son action et de sa médecine a été tel que pendant pas mal de temps après sa mort il y a eu une espèce de stagnation, attention je ne dis pas qu’il n’y a pas eu de progrès hein, mais globalement une stagnation des avancées en médecine. Voir parfois des retours en arrière parce qu’on avait du mal à remettre en question le formidable travail d’Hippocrate qui avait lui aussi ses faiblesses.

Voilà, je crois qu’on peut fermer la parenthèse hippocratique avec ce gros résumé dans lequel j’ai pris mal de raccourci vous me pardonnerez et on va avancer un peu plus dans le temps !

 

Un peu hein, pas beaucoup puisque qu’on ne pas si loin vous vous en doutez, dans la continuité on fait un petit tour par Rome, qui ressemble finalement assez à la Grèce. Et c’est plutôt normal puisque l’essort de la médecine romaine est en grande partie dûe aux médecins grecs qui venaient s’y installer avant même que la Grèce ne soit contrôlée par l’empire Romain. Heureusement pour eux d’ailleurs puisque avant ça la médecine était assez mal considérée à Rome, d’ailleurs la plupart des familles qui avaient des esclaves ne voyait pas trop l’intérêt d’avoir un esclave médecin. Merci les grecs donc. Quoi qu’il en soit il y a tout un système de médecine privée qui se met en place avec des médecins qui peuvent faire payer très cher pour leur services et d’un autre côté une sorte de service publique, principalement organisé à partir du 2ème siècle de notre ère. Ce service publique, il était composé de médecins que l’on appelait les Archiatres populaires, qui formaient une sorte de guilde, de regroupement, limité en nombre de place en fonction de la taille de la ville et leur mission c’était de soigner les pauvres tout simplement.

 

Ce groupe là était public mais beaucoup de médecins se réunissaient aussi en groupe pour pratiquer la médecine et tenter de se faire connaitre puisque qu’à l’époque il n’y a pas de diplôme et que c’est sur la notoriété du médecin que naît sa légitimité. Ce qui, à un moment donné a attiré beaucoup de charlatans d’ailleurs. Enfin bref ces groupes n’étaient pas réservés qu’aux médecins puisque c’est à Rome pour la première fois que des sages femmes se réunissent en corporation pour créer une véritable entité avec des sages femmes généralistes et d’autres spécialisées afin de mieux accompagner les patientes. On a donc de véritables entités qui naissent et qui ont chacun leur spécialité, que ça soit la médecine générale, les accouchements, la chirurgie notamment pour les gladiateurs etc…

 

Mais là où la médecine se développe beaucoup à Rome c’est aussi dans les institutions militaires. Puisque Rome comprend bien l’intérêt d’avoir une armée en forme avec des médecins capables de soigner leurs combattants. On a donc des médecins de guerre qui sont formés, qui ont des titres, parfois d’officier non combattant hein et qui ont une place importante pendant la bataille et après. Pendant la bataille par exemple certains médecins sont placés derrière les premières lignes pour évacuer les blessés, ils sont quand même au cœur de l’action pour pouvoir être efficaces dans l’urgence. Et d’ailleurs quand un blessé n’est pas rasfistolable sur place, il y a des ambulances, avec des chevaux hein, qui viennent transporter le patient jusqu’à l’hopital militaire généralement situé dans le camp romain. Dans ces hôpitaux de campagnes qui sont construits avec une certaine rigueur autour de jardin où l’on peut trouver des plantes médicinales et dans ces hôpitaux chaque pièce a une fonction pour tenter d’éviter des infections et autres. On a donc d’un côté la salle d’attente, de l’autre l’auscultation, puis la morgue, la pharmacie, etc…tout ne se fait pas au même endroit. Et ça caractérise une des spécificités de la médecine romaine à savoir l’importance accordé à l’hygiène. Que ça soit l’hygiène de vie tout simplement, mais aussi la propreté de l’eau utilisée pour boire, se laver, nettoyer des plaies etc… C’est d’ailleurs intéressant de voir que la chirurgie romaine qui était très développée pour l’époque puisqu’il faudra attendre plus de 1000 ans pour avoir des méthodes et des instruments plus efficace, c’est intéressant de voir que même si les romains ignorent l’existence des bactéries, ils font bouillir les instruments chirurgicaux avant de pratiquer. Il y a donc stérilisation des instruments et donc une diminution des contaminations et des infections.

 

Pour en finir avec l’époque romaine qu’on a ouvert avec les grecques, si les grecques ont Hippocrate les romains ont eu aussi leurs grands noms de la médecine et particulièrement trois médecins. Dioscorides qui a rédigé un ouvrage en 5 tomes et qui pose les bases de la pharmacopée moderne, un des livres les plus important de l’époque. La pharmacopée c’est un ouvrage ou une encyclopédie qui recense des plantes, voir des minerais ou des produits qui peuvent servir dans un usage thérapeutique hein je le précise pour certains de nos auditeurs. On a aussi Soranos d’Ephèse qui a écrit le traité le plus complet de l’antiquité sur les maladies des femmes et la gynécologie, ce qui n’est pas rien. Et enfin on a Claude Galien qui était grec mais qui a passé une bonne partie de sa vie à Rome et qui lui à simplement posé les bases de la médecine occidentale pour plus de 1000 ans. Rien que ça. Il fera d’ailleurs une observation capitale sur l’anatomie en accord parfait avec le démarche des médecins de la renaissance : “J’affirme que le médecin doit savoir comment est chacun des os en lui-même, et comment il s’assemble avec les autres os, s’il veut soigner correctement leurs fractures et leurs luxations”. Enfin bref, on pourrait dire autant de choses sur Galien que sur Hippocrate mais on va se contenter de dire que son oeuvre est immense, sur pratiquement tous les domaines de la médecine, mais aussi des mathématiques, de la philosophie et bien d’autres et que malheureusement une grande partie de son travail disparait lors de la chute de l’empire romain d’occident. Ce travail sera en réalité préservé par l’empire romain d’orient qui traduira ses textes qui finiront pas réémerger en Europe à partir du 11ème siècle.

 

On a donc là une perte brutale d’un patrimoine qui va pousser le développement médical vers le monde arabe et l’Europe en tant que telle, stagne tout simplement pendant une période relativement longue. En effet après la chute de l’empire romain, il y a forcément eu des problèmes dans les anciennes régions de l’empire, des problèmes administratifs, politiques, culturels, religieux, il y a eu conquête et reconquête des territoires, mélanges des populations, celtes, germaniques et des langues, etc. La plupart des textes médicaux n’était donc pas traduit pour être transmis à ces populations et c’est bien ce manque d’informations couplé au fait que la médecine traditionnelle des peuples présents comme les celtes avec leur druides par exemple qui font qu’on retourne à une médecine un peu bancale et mystico religieuse. Les seuls vrais garants de l’ancienne médecine ce sont les moines qui n’ont pas beaucoup de matériel pour travailler et qui font avec les moyens du bord. D’ailleurs même si les abbayes sont souvent en concurrence les unes avec les autres, les moines arrivent à se fédérer autour de cette transmission du savoir et échangent puis copient le peu d’ouvrages qu’ils ont à leur disposition. C’est dans ces monastères que se développent des jardins médicinaux, où les moines font pousser des herbes et des plantes afin de préparer des potions, des remèdes et autre pour soigner les malades. Pour l’anecdote ces jardins permettent aussi aux frères de fabriquer des liqueurs qu’ils qualifient volontiers de liqueurs médicinales et avec ça beaucoup vont pouvoir se faire un peu, beaucoup d’argent…Enfin bref, si des initiatives existent jusqu’au Xeme et surtout XIème siècle pas beaucoup de progrès en Europe.

 

Pendant ce temps les arabes qui ont repris le flambeau de la médecine lors de la chute de l’empire romain d’occident s’appuient sur les textes d’hippocrate et de Galien pour développer leur pensée. Et le moins qu’on puisse dire c’est que pendant quelques siècles ils ne chôment pas et améliorent considérablement la médecine dans tous ses domaines, n’hésitant pas à réfuter certaines thèses des deux pères de la médecine comme la fameuse théorie des humeurs qui est écartée par exemple pour en développer de nouvelles. C’est par exemple le début de la méthode expérimentale, on analyse, on test et on restest une solution, encore et encore, jusqu’à confirmer une hypothèse. Au Xème siècle, Avicenne un médecin persan écrit deux livres de références pour la médecine qui ont une énorme influence sur la médecine arabe mais aussi occidentale quand ils seront traduits un peu plus tard bien évidemment. Ces deux livres c’est  Le Canon de la médecine écrit en 1020 et le Livre de la guérison écrit courant XIème siècle qui servent de base pour l’enseignement de la médecine en Europe jusqu’au XVIIème siècle. La méthode expérimentale, d’ailleurs Avicenne l’utilise couramment et il met en place des essais cliniques sur des patients afin de déterminer des traitements efficaces. Il a introduit énormément de choses dans la pratique de la médecine comme la mise en quarantaine pour certaines maladies, mais il a aussi décrit précisément des MST ou encore découvert l’existence des bactéries. Enfin bref il a eu un apport absolument énorme pour la médecine et il n’est pas le seul puisque pendant cette période de grandeur arabe il y a eu de nombreux médecins qui ont innové sur la chirurgie, l’ophtalmologie, même des concepts de psychologie, qui ont développé plein d’outils et d’instruments comme la seringue à injection et qui un peu plus tard mettront en évidence la présence d’un système immunitaire chez l’homme, l’existence de micro organismes qui transmettent ou déclenche des maladies, etc. Enfin si les européens stagnaient de leur côté les arabes c’était tout le contraire !

 

 

La question que l’on se pose alors est comment ce savoir arabe a été transmis jusqu’à l’occident. Et là, c’est assez simple puisque se sont des hommes qui ont dédié une grosse partie de leur vie à la traduction des ouvrages arabes en latin, principalement afin de propager cette culture médicale. On peut par exemple citer Constantin l’africain qui a traduit au XIème siècle beaucoup de petits manuels mais aussi et surtout un ouvrage du célèbre médecin Haly Abbas écrit au Xème siècle  qui s’intitule le “livre complet sur l’art médical” et qui n’est rien de moins qu’une des premières très grosses encyclopédies arabo-musulmanes dédiée à la médecine. En soi c’est formidable parce que ça permet une transmission du savoir mais il y a beaucoup de problème qui se posent dans ces traductions puisque les textes traduits sont des textes qui ont déjà été simplifiés en arabe pour constituer une encyclopédie donc on perd un peu en précision et au delà de ça, Constantin lui même simplifie la pensée pour transmettre une information. On rajoute également le fait qu’une bonne partie de la médecine arabe s’appuie sur des textes grecs donc ils ont déjà été traduit du grec à l’arabe puis de l’arabe au latin pour être accessible en Europe. Ça pose quelques soucis de compréhension et de contradiction dans certains des ouvrages de Constantin et ça dilue tout de même pas mal la portée des informations originales. Enfin, le dernier point qu’il faut soulever sur ses traductions c’est qu’elles ne se basent pas sur les plus grands textes de la tradition médicale arabe. Par exemple Avicenne qu’on a cité tout à l’heure ne fait pas parti des traductions de Constantin…ce qui est tout de même bien dommage…

 

En revanche Gérard de Crémone au XIIème siècle va lui traduire certains livres Avicenne et beaucoup d’autres, inondant littéralement l’occident de ce savoir médical. D’ailleurs il ira même jusqu’à chercher les anciens écrits grec de Galien pour les traduire directement en latin.

Avec Constantin l’africain et Gérard de Crémone entre autres traducteurs on arrive donc à apporter en Europe plus ou moins fidèlement la vieille médecine antique et quelques apports des arabes. Et pour reconstituer tout ce savoir il faudra près de 2 siècles aux traducteurs jusqu’à la fin du XIIIème siècle en gros.

 

Bien évidemment tous ces apports depuis le XIème siècle font qu’en Europe il y a une prise de conscience : quelque chose est en train de se passer et qu’il ne faut pas louper le coche. On a donc des écoles de médecine qui s’ouvrent un peu partout, la première et la plus connue étant celle de Salerne, en Italie, qui est en fait un hôpital qui avait été construit entre le VIIème et le IXème siècle on ne sait pas trop et qui progressivement s’est transformée en école aux alentours du XIème siècle surtout. Cette école a également participé à un certain nombre de traductions et sa force, c’était d’avoir une population d’élèves et de professeurs extrêmement hétéroclites, qui venait d’horizons différents et qui donc pouvaient analyser et comparer les différentes méthodes, différentes pratiques de la médecine et ainsi écrire des livres originaux résumant les nouveaux courants de pensée. D’ailleurs la légende veut que l’école ait été fondée par un maître juif, un arabe, un latin et un grec. On se croirait presque à Poudlard…

Ce qui est également important dans cette école c’est le fait que les femmes peuvent non seulement apprendre mais aussi enseigner, et ça ce n’est pas anodin.

 

Salerne c’est donc la première école mais qui va ouvrir la voie à de nombreuses autres à travers toute l’Europe. En France on aura deux grandes universités de médecine, celle de Paris et celle de Montpellier créées au XIIIème siècle. Avec toute cette effervescence, on commence à mieux comprendre les maladies, à mieux comprendre ce qui se passe, néanmoins les progrès dans les traitements ne sont pas vraiment flagrants. En revanche la chirurgie progresse plutôt bien et à partir du 14ème siècle on commence à autoriser les écoles à pratiquer la dissection sur corps humain. On en livre d’abord un puis deux par an à l’université pour faire quelques démonstrations mais il faudra attendre encore un peu avant de voir cette pratique exploser, permettant au passage de gros progrès en anatomie puisque jusqu’à présent on ne disséquait que les animaux.
Si la plupart des médecins se basent surtout sur les écrits de Galien pour pratiquer, à partir de la moitié du 14ème siècle ses principes sont remis en cause avec l’arrivé de la grande peste noire qui tue ⅓ de la population européenne, tout de même, et contre laquelle les enseignements de Galien et d’hippocrate par la même occasion, ne font pas spécialement mouche. On voit donc se développer des dispositifs d’hygiène et de prévention publique pour limiter les risques de propagation des épidémies. En gros on remet au gout du jour la quarantaine que les arabes pratiquaient déjà à l’époque.
Entre temps, il est pertinent je pense de préciser qu’à partir du XIIème siècle et de l’explosion des apprentis médecins, l’église interdit progressivement à ses moines d’exercer la médecine dans les villes pour se concentrer sur la campagne estimant que la plupart des médecins sont plus qualifiés pour la tâche. Même si dans les faits cela prendra du temps à être appliqué on voit là une séparation du religieux et du scientifique qui refait son apparition progressivement. Et donc qui permettent aux mentalités d’évoluer.

 

Pour résumer, le moyen âge ce n’est donc pas une période totalement figé pour la médecine et il y a des évolutions dans la pratique, dans les institutions avec la création d’hôpitaux etc et dans la pensée où à la fin du moyen âge on a plusieurs écoles qui s’affrontent par exemple ceux de la pensée héléniste qui défendent Hippocrate et Galien et ceux de la pensée arabisante qui défendent les progrès et les influences arabes.

 

C’est pendant la renaissance qu’on va alors assister à un renouveau de la médecine et de sa pratique.

 

 

Je vous l’ai dit tout à l’heure à partir du XIVeme siècle on a quelques timides dissections qui commencent à faire leur apparition. Il faudra attendre le XVIème siècle pour que se développe une école d’anatomie sur Paris et qu’en 1531 soit nommé le premier professeur d’anatomie, Jacques Dubois. Jacques Dubois qui va multiplier les dissections devant ses élèves et qui va découvrir pas mal de petites choses allant à l’encontre des préjugés hérités de Galien. Mais ça ne suffit pas à un de ses élèves qui va reprendre le flambeau pour aller plus loin. Cet élève c’est le célèbre André Vésale. Il va non seulement continuer les dissections en allant plus en profondeur et en exploitant chaque cadavre au maximum jusqu’à ce que la chair trop pourrie ne permettent plus de pratiquer correctement mais il va aussi développer de nouvelles techniques de chirurgie qui vont révolutionner ce petit monde et faire de cette chirurgie qui est dévalorisée depuis des siècles une discipline à part entière de la médecine. D’ailleurs on connait tous de près ou de loin le nom d’Ambroise Paré qui n’était autre que le premier grand chirurgien français qui marque vraiment son époque.

 

On peut considérer qu’à la fin du XVIème il y a eu un tel engouement pour l’anatomie qu’on sait déjà beaucoup beaucoup de choses. On a vraiment dégrossit un des piliers de la médecine.

Au XVII et XVIIIème siècle les médecins s’attèlent à une autre tâche, la physiologie ou si vous préférez l’étude de la mécanique du corps. On sait ce qu’il y a dedans mais comment ça marche, comme ça s’articule entre tous les organes, ça on ne sait pas encore…

 

Du coup de nombreuses expériences vont êtres tentées, des vivisections sur des animaux vont être pratiquées, la vivisection c’est une sorte de dissection mais sur un être toujours vivant hein mais c’est un mal pour un bien si on peut le dire comme ça, puisque ça permet de mettre en évidence le système de la circulation du sang et du rôle du cœur. Cette découverte c’est William Harvey, un médecin anglais qui l’a fait en 1628 et ça vient mettre un coup fatal à la théorie principale d’Hippocrate. Du coup il y a encore des débats et scissions au sein du corps médical mais on finit pas admettre que Harvey a raison. D’ailleurs en France Louis XIV coupe carrément court au débat puisque qu’il impose que cette théorie de la circulation du sang soit enseigné dans les écoles de médecines. D’ailleurs ça ne sera pas la seule intervention de Louis XIV dans la médecine en général puisque c’est lui qui sera à l’origine de la construction de grands hôpitaux dans chaque grande ville du pays, ce qui n’est pas rien non plus.

 

***Le XVIIème siècle c’est un siècle qui fait bouger les choses, c’est un siècle d’effervescence qui voit des progrès dans beaucoup de domaines que ça soit la physique avec Newton, l’approche philosophique avec Descartes ou l’astronomie avec Galilée. Ce Galilée c’est un des potentiels inventeurs d’un appareil qui va complètement révolutionner la compréhension de notre monde : le microscope. En effet si Galilée était plutôt habitué à scruter le ciel on raconte qu’un jour il a eu l’idée d’inverse le processus pour regarder l’infiniment petit il qu’il a été assez étonné du résultat. Et on peut le comprendre puisque dans les années suivante grâce à cet instrument on observe les microbes, on découvre les globules rouges, les cellules etc….c’est le début de la bactériologie, de la micro biologie etc..

Donc on connaît vraiment de plus en plus de choses sur le corps et sur sa manière de fonctionner mais il manque encore quelque chose pour la médecine soit vraiment efficace c’est les médicaments parce qu’on a pas encore de quoi soigner bien et en masse. Il y a donc quelques essais en chimie mais pas grand chose de concluant pour l’instant.

 

Cependant il y a toujours des épidémies et les médecins cherchent des solutions pour contrer ce mal qui fait des milliers de victimes. Au XVIIIème siècle est donc importé en Europe une ancienne technique qui peut remonter suivant les sources jusqu’au XIème siècle en chine : la variolisation. Il s’agit en fait des premiers vaccins ou pour lutter contre la variole par exemple on met en contact un patient sain qui n’est pas atteint par la maladie avec du pus d’une personne infecté. Si dans 1 ou 2% des cas ça entraînait la mort du patient sain dans la grande majorité ça lui permettait de développer une immunité à la variole ce qui est quand même formidable. Ces procédés de vaccin ils seront pas la suite amélioré par exemple par Louis Pasteur qu’on connait bien dans notre pays pour avoir inventer le vaccin contre la rage et fait le lien entre la maladie et les micro organismes.

 

Au XIX siècle on arrive à une vrai professionnalisation des médecins. Auparavant les étudiants en médecine ne pratiquait pas beaucoup il était surtout gavé de théorie, on leur montrait aussi du concret avec des démonstrations mais pas beaucoup de pratiques. En France on oblige donc les étudiants en médecine à faire une sorte de stage en hopital pour acquérir une expérience, se faire la main sur du concret avant de pouvoir prétendre au titre de médecin. D’ailleurs pour devenir médecin, il faut à partir de cette époque obligatoirement un diplôme de médecin.

 

Il y a également une certaine amélioration de la pratique de l’obstétrique qui remonte bien avant le XIX siècle mais qui sera démocratisé en France avec notamment des médecins hommes qui gèrent beaucoup plus l’accouchement qu’avant puisqu’il était principalement fait par des femmes D’ailleurs au XVIIIème c’est Angélique du Coudray une sage femme qui devient la première professeur des sages femmes et qui contribue énormément à l’amélioration des conditions d’accouchement. D’ailleurs petit moment pub hein, si vous ne suivez pas mon émission j’ai fais une gros épisode sur l’accouchement avec un copain spécialisé en biologie, Dirty Biology donc n’hésitez pas à aller faire un tour sur ma chaine !

Enfin bref, c’est au XIXème que sont construites les premières maternités et ça aussi c’est une révolution même si les femmes préfèrent encore accoucher chez eux puissent le taux de mortalité à l’hopital est assez élevé, bizarrement.

Il y a des gens qui vont se pencher dessus, comme le médecin Ignace Semmelweis et qui va s’appercevoir qu’en se lavant les mains avant d’accoucher une patiente et bien on a des résultats qui sont très bons et des taux de mortalité chez la mère qui chutent grandement. Il fait donc la promotion de sa découverte et bientôt la pratique se repend dans beaucoup d’autres domaines comme la chirurgie par exemple. Ce qui au passage doit sauver pas mal de vie couplé à l’invention de l’antiseptique.

 

Ce qui aide également c’est l’apparition d’une vraie anesthésie. Avant le XIXème siècle il existait bien entendu des méthodes pour soulager la douleur mais rien d’ultra efficace et de sur. Vers la moitié du XIXème donc, l’ether est utilisé pour endormir le patient afin de l’opérer et ça c’est aussi une énorme avancée autant pour le patient qui ne ressent pas la douleur pendant l’opération que pour le médecin qui est on va dire plus ou moins tranquille pendant qu’il fait ses affaires.

 

La fin du XIXème siècle est marqué par la découverte de la radiologie qui permet d’identifier plus facilement une fracture et ensuite on entre dans une période où on stagne un petit peu.
Il faudra attendre les années 30 et 40 avec l’invention et l’utilisation de la penicilline par le médecin Alexander Flemming pour découvrir les bénéfices du premier antiobiotique.

 

On arrive bien entendu vers la fin de cette histoire de la médecine puisque qu’à un moment donné c’est bien d’avoir un peu de recul sur la période qu’on analyse pour ne pas dire trop de bêtise mais ce qui est sûr c’est que la seconde moitié du  XXème siècle dans son ensemble on marqué pas mal d’évolution, y compris une nouvelle fois dans l’approche médicale puisqu’on utilise désormais la méthode scientifique pour appréhender un cas et le comprendre au mieux pour le soigner.

En gros on va fait plus de progrès ces 50 dernières années que depuis le début de ma chronique. On a inventé le scanner, l’IRM, l’échographie, on a fait beaucoup de progrès en pharmacologie, enfin dans plein de domaine. En chirurgie n’en parlons pas on arrive aujourd’hui à transplanter des coeurs chez des patients qui je vous le rapelle était l’élement central de l’âme et de la vie il y a quelques milliers d’années. On commence à développer des prothèses ultra performantes, des organes artificiels et j’en passe, bref, on fait des progrès assez incroyables….

 

Ce qui est sûr c’est qu’on a bien vu pendant ce résumé un peu grossier de l’histoire de la médecine qu’il y a eu des théories qui se sont développés, des pratiques qui ont été mises en oeuvres et qui ont ensuite été supplanté par d’autres théories, d’autres pratiques qui nous semblaient plus efficace. Alors même si aujourd’hui peut être tenté de dire qu’avec les progrès qu’on a fait on ne trouvera pas mieux il n’est pas impossible qu’il y ai encore des révolutions dans le milieu de la médecine qui feront que dans 1, 2, 5 siècles on se demandera comment il faisaient dans les années 2000 pour mourir d’un petit cancer de rien du tout…

 

 

 

 

Si vous voulez aller plus loin je vous conseille le livre “l’histoire de la médecine” par Roger Dachez dont je me suis assez fortement inspiré pour ce petit exposé. C’est un médecin qui enseigne justement l’histoire de la médecine à l’université Paris VII. Je me suis aussi appuyé sur les trois tomes “d’Histoire du corps” par Alain Corbain, Jean-Jacques Courtine et Georges Vigarello. Là on est plus sur une histoire culturelle de la médecine mais ça peut être très intéressant aussi pour les gens qui veulent s’y intéresser!

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