Retranscription : Le Lupus

Episode 485 : les notes d’émission

Imaginons notre système immunitaire jouer au loup garou. Qu’il pense réellement qu’il y ait un loup garou parmi les villageois et les cellules saines de notre corps et qu’il s’en prenne malheureusement à un villageois. Nous voilà là dans un cas de dérèglement du système immunitaire, une maladie auto-immune. Et aujourd’hui, justement, on va parler d’une de ces maladies aux noms de loup de lupus par le prisme de des sciences, c’est à dire comment les connaissances ont été accumulées sur cette maladie au cours de l’histoire.

Vous êtes sur Podcast Science dans l’épisode 485.
Nous sommes le mercredi 25 janvier 2023.
Bienvenue !

*intro*

C’est quoi le Lupus comme maladie ?

**************************En petite table virtuelle en cet épisode, nous avons donc aujourd’hui
Romulus et Remus dont moi Cleora et Pascal du côté de Mulhouse,
00:01:16:08
Pascal
Salut tout le monde.
00:01:18:02
Cleora
Et notre conteuse universelle Irène, qui va nous conter l’histoire du lupus de l’Antiquité à l’actualité.
00:01:23:24
Irène
Bonsoir.
00:01:25:17
Cleora
Et je te laisse tout de suite la parole pour nous conter cette histoire du lupus.
Mais d’abord, j’imagine que tu vas nous définir un peu ce que c’est.
00:01:31:21
Irène
Oui et tout à fait. Je fais un bref rappel pour pour voir un petit peu ce que c’est cette maladie. Et puis après on verra comment au cours des siècles et des âges, on s’est formé une idée de ce que c’est. Alors donc, pourquoi ? Pourquoi j’ai voulu vous parler du lupus ? C’est encore moi. C’est souvent des raisons bidons. C’est parce que je tombe sur un article fort intéressant sur l’histoire du lupus.
00:02:00:01Et du coup, j’ai voulu vous en parler. Comme disait Cleora, avant de parler de l’histoire, on va présenter un peu la maladie pour savoir ce que c’est que ce lupus. Il faut savoir qu’il y a environ environ 5 millions de personnes à travers le monde qui sont touchées par cette maladie. Et ce sont surtout les femmes jeunes.
00:02:21:24Mais on trouve aussi cette maladie chez les hommes et les enfants. Et c’est une maladie qui peut toucher toutes les régions du corps humain. Ça peut toucher la peau, les articulations, le cœur, les poumons, le rein, le cerveau. Donc ça peut toucher plusieurs organes différents et du coup, il y a un large éventail de symptômes qui est possible.
00:02:46:20Donc le diagnostic n’est pas toujours posé directement et de façon évidente. Il n’y a rien de spécifique et que ça peut, encore une fois, s’exprimer de façon fort différente. Ceci étant dit, parlons des symptômes les plus communs du lupus – j’hésite un peu à vous le dire parce que quand on dit ça après, il y a plein de gens qui s’y reconnaissent.
00:03:10:14Donc vous allez probablement être fatigué et il est possible que vous souffriez d’une anémie sévère, une diminution de votre hémoglobine, ce qui vous fatigue, ce qui vous essouffle. Il est possible que vous ayez des maux de tête, des articulations gonflées ou douloureuses, de la fièvre aussi, des œdèmes, des gonflements des tissus au niveau des pieds, des mains, de jambes. Et s’il y a une atteinte cardiaque dit ressentir comme des douleurs dans la poitrine avec essoufflements.
00:03:51:18Et puis, un des signes majeurs tout de même, c’est quand même l’éruption cutanée sur les joues et le nez. Et ça, on va en parler tout au long de l’émission. C’est ce fameux masque de loup qui, en fait, n’est pas du tout un masque de loup. D’ailleurs, on va revoir ça. Il est possible qu’on trouve d’autres signes, comme une sensibilité à la lumière, un syndrome de Raynaud.
00:04:18:03On en a d’ailleurs parlé dans l’émission sur le froid, c’est à dire quand on a les doigts très, très blancs, dès qu’on ressent un petit peu de froid. On peut avoir des ulcères. Ça aussi, c’est très fréquent. Des ulcères, des tissus qui saignent et qui n’arrivent pas à se refermer. Quand on a une plaie qui ne se referme pas au niveau de la bouche et du nez, on peut avoir des thromboses aussi, donc des troubles de la circule action sanguine qui vont boucher notre système artériel veineux et hélas, on peut aussi avoir des avortements récidivant.
00:05:00:09Et c’est une maladie qui s’exprime souvent avec des périodes de poussées. C’est à dire qu’on peut avoir des périodes de rémission ou les symptômes vont s’améliorer. Et puis tout d’un coup, on va avoir une poussée, des symptômes qui s’aggravent sous la fatigue, le stress, etc. Alors on la définit selon trois adjectifs et on va décortiquer un petit peu ces petits mots, ces mots un peu techniques.

Mots techniques de la maladie

00:05:27:16

**************************C’est une maladie inflammatoire chronique, auto-immune. Qu’est ce que ça veut dire chronique ? Ça veut dire que les symptômes ont tendance à durer. On dit que ça dure plus de six semaines et souvent plusieurs années. Ensuite, le fait que ce soit inflammation, une inflammation, ça, c’est une réaction de l’organisme, une réaction, une réponse des défenses du corps.
00:05:52:11Lorsqu’il y a une agression ou qu’on a des symptômes apparents tels que rougeur, chaleur, chaleur locale, fièvre et œdème : ça, c’est la définition de l’inflammation. Et d’un point de vue biologique, les acteurs de cette réponse immunitaire sont engagés. Donc, on va avoir notamment par exemple, la production de nos fameux anticorps qui vont jouer un rôle dans cette réponse inflammatoire.
00:06:17:11Et puis auto-immune. Alors, qu’est ce que ça veut dire ? Notre système immunitaire – donc notre système de défense – un des outils qu’il utilise énormément, c’est de produire ce qu’on appelle des anticorps qui sont vraiment des outils qui sont là pour nous défendre, pour attaquer par exemple, ou neutraliser un virus ou une bactérie qui pénètre dans notre corps. Et le fait que ce soit auto immune, eh bien, ça veut dire que ces anticorps, ils vont endommager nos propres tissus.

Facteurs prédisposants ?

00:06:46:16

**************************Donc ça, c’est la partie peut être la plus surprenante de cette maladie et de toutes les maladies auto immunes en général. C’est que notre système de défense se retourne contre nous. Alors, cette maladie, le lupus, survient en général sur un terrain génétique qui va être prédisposant. Mais on n’a pas un gène du lupus. Et en plus, ça semble être favorisé par d’autres facteurs.
00:07:15:12On sait que, par exemple, certains médicaments peuvent déclencher un lupus. Il y a par exemple quelques antibiotiques ou quelques médicaments antituberculeux, quelques traitements contre la tension artérielle aussi, par exemple, ou des épileptiques qui peuvent déclencher un lupus. On sait qu’il y a des facteurs environnementaux aussi, comme le soleil, les ultraviolets du soleil, le tabac ou le stress.
00:07:46:17Il y a certaines infections virales comme la mononucléose qui est due au virus de l’hépatite B. Un virus donc, qui peut aussi déclencher un lupus. Et puis, il y a certainement des facteurs hormonaux, surtout des hormones féminines. Peut-être les œstrogènes, parce que, et c’est assez bien établi, c’est une maladie qui touche en majorité les femmes.
00:08:16:01Il existe aussi une forme néonatale, c’est à dire qu’une forme de lupus qui se déclenche à la naissance. Et ça, c’est dû au passage des anticorps de la mère qui elle même a un lupus. Ces anticorps qui vont passer chez le nouveau né, donc, comme on l’a vu, ce n’est pas une maladie qui est liée à la modification majeure d’un gène, comme par exemple la mucoviscidose.
00:08:41:10Mais elle est vraiment liée à plusieurs petites modifications qui, probablement lorsqu’elles s’additionnent, favorisent la perturbation du système immunitaire et donc en déclencher un. Alors on a deux formes de lupus. Grosso modo, on a une forme qui est limitée au tissu conjonctif de la peau et donc on parle d’un lupus érythémateux, donc rouge, parce que en fait on voit des plaques rouges sur la peau.
00:09:12:23On verra un peu fait que pendant longtemps on a cru que c’était une maladie uniquement de la peau. Mais on s’est aperçu, et on va voir ça un peu plus loi encore une fois, que cette atteinte peut s’étendre à d’autres organes. C’est vrai dans environ 10 % des cas. Là, on parle de lupus érythémateux disséminé et là, c’est souvent quand la maladie de la maladie devient très grave.
00:09:40:10Il faut savoir que c’est une maladie ou la mortalité est quand même importante. Et notamment parce qu’il y a des troubles cardiovasculaires, donc des troubles du système des artères et des veines, et puis cardiaques. Mais on a aussi pas mal d’infections. Et puis des atteintes du rein aussi. Tout ça fait que cette maladie peut être parfois très grave.

Les premières traces historiques du Lupus

00:10:07:11

**************************Donc, une fois qu’on ait un petit peu cerné, qu’est ce que c’est comme maladie ? Voyons un petit peu son histoire au cours du temps. On sait qu’on a trouvé – sans être décrite – en Colombie une momie qui date d’environ 890 après Jésus-Christ. Et là, on est à peu près sûr que la personne avait eu un lupus.
00:10:37:11Donc c’est une des premières traces vraiment prouvées de cette pathologie. Mais l’histoire, vraiment de la maladie, c’est à dire la description de la maladie en soi, elle commence probablement au Vᵉ siècle avant Jésus-Christ, quand Hippocrate de Cos. C’est celui du serment d’Hippocrate, un médecin grec, qui est né et donc au Vᵉ siècle avant Jésus-Christ.
00:11:08:21Donc ce médecin, Hippocrate, décrit des lésions cutanées qui sont nécrosantes, c’est-à-dire destructives.
00:11:18:19Mais encore une fois, ça ne veut pas dire que la maladie était bien identifiée par ses symptômes. Pendant des siècles, on a cru qu’il ne s’agissait qu’une maladie de la peau. Je ne veux pas rentrer dans les détails, mais pendant de longs siècles, les siècles suivants on a en fait pas mal de traces écrites.

L’origine du mot “lupus”, derrière le loup

00:11:40:11

**************************Au Moyen Âge, on la décrivait très, très souvent. Elle était décrite comme une maladie de la peau et on la confondait volontiers avec la lèpre ou des cancers de la peau. Mais la description de ces lésions ulcéreuse (des ulcères, c’est une plaie qui ne cicatrise pas) ressemblaient parfois à des morsures de loup. Et c’est ce qui a donné le nom à la maladie, le lupus.
00:12:08:19Contrairement à ce qu’on peut penser, ce n’est pas du tout à cause de la forme de masque de loup que l’on évoque devant cette maladie. Mais en fait, quand on parle du lupus, donc, c’est parce que les marques sur la peau ressemblent à des morsures de loup. Mais l’éruption en elle-même ressemble à un motif en ailes de papillon.
00:12:32:10 Donc je pense que sur la chatroom, on pourra vous mettre une illustration de la forme du masque.
00:12:46:07
Cleora
Quand c’est très léger, on dirait presque du maquillage. Que c’est presque mignon.
00:12:50:04
Irène
Mais oui. Tout à fait. Tant qu’on en reste là, ça va effectivement. Alors, pendant les siècles suivants, on retrouve des descriptions assez nombreuses des symptômes de cette maladie dans divers ouvrages de dermatologie. Car encore une fois, c’était bien au niveau de la peau et surtout au niveau du visage qu’on pouvait avant tout observer les signes de cette maladie.
00:13:16:08Alors, comme dit Cleora, ça peut être très léger, ça peut être des tartres, des rougeurs, mais malheureusement, parfois, ça prend des tournures beaucoup plus graves des ulcérations au niveau des joues, du nez, des paupières, des lèvres. Parfois, ça devient une atteinte plus profonde au niveau des muscles. Et c’est là qu’on parle de morsure. Et puis, il faut attendre le XIXᵉ siècle et les observations d’un jeune médecin hongrois qui s’appelle Moritz Kaposi.
00:13:46:14Le nom est bien connu en médecine, malheureusement, parce qu’il a donné son nom a de nombreuses pathologies variées le syndrome de Kaposi, le sarcome de Kaposi, etc. Et dont des maladies en fait assez graves et donc c’est lui qui a décrit la maladie avec avec les deux formes qui commencent à être bien différenciées.

2 formes du Lupus : cutanée et diffuse

00:14:19:13

**************************La forme exclusivement cutanée et puis la forme diffuse. Et donc ce n’est qu’à partir de ses descriptions de ces observations que les médecins ont pris conscience que la maladie était systémique, c’est à dire qu’elle n’était pas localisée à un organe, mais qu’elle était généralisée. On est au XIXᵉ siècle simplement, et là on commence à comprendre.
00:14:44:17 C’est là qu’il y a enjeu. Un jeune médecin canadien qui a compris vers la moitié du XIXᵉ siècle, qu’on pouvait même avoir des manifestations systémiques généralisées, même sans lésions dermatologiques. Donc là, on s’aperçoit qu’on peut avoir un lupus et ne pas avoir de manifestations cutanées, en fait. À partir de là, les descriptions deviennent beaucoup plus précises et on comprend clairement que c’est une pathologie qui va atteindre ce qu’on appelle le tissu conjonctif.
00:15:15:16Les tissus mous dans notre organisme. Lais aussi qui va atteindre les reins, le cœur, le système cardio-vasculaire en général, les articulations, voire les poumons. Ceci étant dit, on ne sait toujours pas ce que c’est la maladie. Maintenant, elle est bien décrite. On a les symptômes, on a ce qu’on appelle un bon tableau clinique avec des symptômes bien répertoriés, mais c’est tout.
00:15:38:00On ne sait pas du tout d’où ça vient. D’autant plus que, à cette époque, on croyait volontiers qu’une maladie correspondait à un organe, c’est à dire qu’il fallait avoir un organe malade. Et c’était une maladie. Donc c’était compliqué de comprendre ce qu’était cette maladie qui était systémique, c’est à dire encore une fois généralisée. De plus, si on commençait à comprendre un petit peu les mécanismes, nos mécanismes de défense immunitaire, il y a eu quand même notamment le professeur Ehrlich, qui a eu un prix Nobel de médecine en 1908 pour sa découverte de l’immunité humorale, donc un des mécanismes de l’immunité.
00:16:22:02C’est ce professeur qui a eu un prix Nobel parce qu’il a fait des des découvertes essentielles. Lui pensait quand même… il pensait impensable. Il croyait impossible que nos propres armes de défense puissent nous attaquer. Donc à partir de là, c’était incompréhensible, en fait. Il y avait une sorte d’impasse. Heureusement, cette croyance a été ébranlée de plus en plus au cours du XIXᵉ siècle et la notion de maladie auto-immune avec atteinte généralisée commence à faire son chemin.

Coïncidence et science : sérendipités ?

00:17:00:19

**************************Pour l’anecdote, en 1906, il y a un test de dépistage de la syphilis qui est mise au point. Donc, on pourrait penser que ça n’a rien à voir. Mais en fait, les médecins se sont rendu compte que ce test était positif chez les patients atteints de cette fameuse maladie du lupus, même s’ils n’avaient pas la syphilis.
00:17:22:18Et donc ça, ça n’a pas été révolutionnaire en soi parce qu’on savait déjà identifier le mucus. Mais c’était quand même intéressant et ça a aidé un peu à comprendre ensuite comment ces anticorps agissaient. Parce que, au final, aujourd’hui, on sait très bien pourquoi ce texte test fonctionnait si bien. C’est parce que un des réactifs qu’on a utilisé pour faire ce test était un extrait de cœur de bœuf.
00:17:54:05Et on sait maintenant que celui-ci contient un type de lipide qu’on retrouve partout, qui est très ubiquitaire et qui est fréquent chez tous les animaux, y compris chez les humains. Et ce type de lipide, ce sont les fausses phospholipides. Et dans le lupus ? Eh bien, un des anticorps qui est produit par notre corps a bien pour cible ces fameux phospholipides.
00:18:16:20D’où la réaction positive de ce test. On s’en sert encore un tout petit peu parfois dans le diagnostic. C’est plutôt anecdotique, mais ça n’a pas complètement disparu. En fait. En 1948, il va y avoir une découverte majeure. Il va y avoir une équipe d’hématologues de la fameuse clinique Mayo aux États-Unis, qui va découvrir quelque chose de fascinant.
00:18:42:04Ce sont les Tart Cells et les L.E. Cells. Je pense qu’on est trop dans les détails, mais c’est intéressant. Ce sont deux types de cellules qu’on rencontre fréquemment au cours du lupus, mais pas seulement. Et ce sont des types de cellules qu’on retrouve dans la moelle osseuse des patients. Alors à l’origine de cette découverte, il y a eu une erreur de manip comme ça arrive assez régulièrement en science, pas toujours pas fréquemment, mais ça arrive.
00:19:14:09Une erreur de manip qui engendre une grande découverte. Et ce qui s’est passé, c’est qu’il y avait un médecin, le Le Dr Hargrave, qui a oublié tout, tout simplement dans sa poche, un échantillon d’une moelle osseuse qui avait été prélevée chez un jeune patient dont on n’arrive pas. On n’arrivait pas à déterminer la pathologie. Et il a oublié cet échantillon.
00:19:35:06Et puis, au bout de quelques jours, il a quand même décidé de regarder ce frottis de moelle osseuse et il a observé ces fameuses cellules. Un phénomène qui est assez éloquent. C’est caractéristique du mucus, même si encore une fois, on ne trouve pas que chez le lupus. Et alors ça a permis de donner un outil de diagnostic et en même temps, ça a permis de comprendre les mécanismes de la maladie.
00:20:00:00Ce qu’il a observé, grosso modo, on va dire, c’est une forme de cannibalisme. En fait, ce sont des cellules de la moelle osseuse du patient qui mangent d’autres cellules de la moelle osseuse. Or, je dis ça parce que j’ai fait il y a quelques années un dossier sur le cannibalisme et c’est vraiment un sujet qui j’aime bien, qui me fait bien sourire.
00:20:18:16On parle de cannibalisme, c’est assez osé, mais c’est vraiment le fait qu’il y ait des cellules dont c’est le rôle dans notre corps d’aller absorber d’autres cellules pour les détruire, pour les attaquer. Ce qu’on appelle, en simplifiant, une forme de phagocytose. Ce sont ces fameuses cellules qui vont « manger d’autres » entre guillemets. Et au passage, notons que le nom de Tart Cells se réfèrent au nom du patient, bien que l’histoire a oublié le nom complet de ce patient en fait.
00:20:54:07Donc il y a des subtilités entre le Tart Cells et les L.E. Cells. Néanmoins le mécanisme est le même. C’est ce fameux phénomène de phagocytose que l’on retrouve encore une fois très souvent au cours du lupus dans la moelle osseuse des patients. Alors, même si l’utilisation de ces cellules comme outil de diagnostic est de moins en moins utilisée parce qu’on a maintenant des outils diagnostics beaucoup plus efficaces, c’est quand même un point décisif.
00:21:27:06Vers 1900, on en est là. Et dans les années, au milieu du du XXᵉ siècle, il y a une autre découverte essentielle qui va faire avancer énormément la compréhension de cette maladie. Ce sont les recherches d’un monsieur, d’un docteur Haserick qui ont permis d’établir que c’était bien un auto anticorps qui était responsable de cette maladie.
00:21:58:08Et en 1954, on a compris que cet anticorps avait pour cible le noyau de nos propres cellules. Alors je ne vais pas détailler parce que ça ne présente pas énormément d’intérêt dans le cadre de ce podcast. Mais en gros, il suffisait de prendre le sérum de patients qui étaient malades et de les mettre en contact avec la moelle osseuse de ce même patient.
00:22:25:11Et on s’apercevait qu’il y avait des cellules qui étaient détruites, d’autres qui étaient phagocytées, etc. Donc le mécanisme, on le voyait en déclenchant la mise en contact du sérum des patients qui contenait donc l’auto anticorps et cet auto anticorps qui allait détruire les cellules cibles notamment. On a fini par comprendre que c’était pas tant les cellules cibles que le noyau de ces cellules cibles qui sont encore une fois nos propres cellules.

Technique d’immuno-fluorescence

00:22:57:09

**************************
Cleora
Donc là en 50 ans, on est passé, en gros à une sorte de consensus scientifique qui disait que c’était impossible, que le système immunitaire s’attaque à nous mêmes, à la preuve vraiment réelle et scientifique au milieu du XXᵉ siècle.
00:23:14:19
Irène
En 50 ans, ça s’est accéléré avec une vitesse faramineuse. Je pense que ça va aller de pair avec la découverte des modes de fonctionnement du système immunitaire et la découverte des maladies auto-immunes. Au cours des mêmes années, sans vraiment grand rapport avec avec la maladie, il y a une technique essentielle qui a été mise au point une technique essentielle dans la boîte à outils des techniques de diagnostic en biologie qui a vu le jour et qui a vraiment aidé aussi dans le diagnostic de la maladie.
00:23:53:13Alors, cette technique ? Le principe, c’était d’arriver à tracer, à détecter des gens, des anticorps, en leur attachant une petite molécule qui nous permet de les repérer. Donc, en l’occurrence, c’était l’idée d’aller attacher une molécule fluorescente sur un auto anticorps ou un anticorps. Et on peut voir ensuite ou sont ces anticorps. En fait, c’est ce qu’on appelle l’immuno-fluorescence.
00:24:20:07Alors aujourd’hui, il y a plein plein de techniques qui utilisent l’immuno-fluorescence. Mais l’idée, c’est ça, c’est de pouvoir repérer et détecter des anticorps en leur mettant une petite molécule fluorescent. Il y a eu des variations passées à une époque, ça se fait encore d’utiliser un marqueur radioactif au lieu d’une molécule fluorescente par exemple. Le principe en gros reste le même c’est juste le mode de détection qui est différent.
00:24:52:04Alors, l’énorme avantage et l’intérêt de cette technique, c’est que ces anticorps restent fonctionnels, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas neutralisés, qu’ils sont toujours capables d’aller se fixer sur leur cible et de la neutraliser, voire de la détruire si besoin. Donc, effectivement, c’est aussi un point crucial. Et donc, grâce à cette technique, eh bien, c’est comme ça qu’on a découvert que ces anticorps du mucus qu’on appelle les anticorps lupiques, s’attaquent bien plus précisément à l’ADN de potentiellement toutes les cellules de notre corps, d’où les atteintes multiples.
00:25:27:14Là, on a quand même bien posé les mécanismes de la maladie ou donc on a des mots clés l’anticorps lupique qui est donc un anticorps qui s’attaque à l’ADN qui ne le fait pas systématiquement mais potentiellement toutes les cellules du corps humain, donc encore une fois, le fait que parfois la maladie devienne généralisée. J’en profite pour faire une petite digression et parler de cellules que l’on cultive en laboratoire qui, parce qu’elles sont extraites de cancers, sont immortelles.

Les cellules immortelles Hela

00:26:06:00

**************************Et ces cellules, elles ont aussi permis de jouer un rôle super important dans la compréhension de la maladie du lupus. Et donc, ce sont des cellules, on en a pas mal entendu parler il y a quelques années à cause de la personne qui a permis et de commanditaires d’utiliser ces cellules. On en a parlé dans ce podcast et honnêtement, je ne me souviens pas dans quel épisode, mais je voulais revenir rapidement là dessus.
00:26:35:16Donc ce sont des cellules qu’on cultive en laboratoire. Et parce qu’encore une fois, elles sont extraites de tumeurs, elles sont immortelles. Je veux parler de la lignée des cellules Hela qui est très utilisée et qui est formée de cellules qui se cultivent relativement aisément et qui proviennent d’une seule patiente qui maintenant on a rendu César à César et donc on sait qui est cette patiente.
00:27:05:05Et elle a été un petit peu remercié par les services que bien malgré elle, elle a rendu à la science. Donc, qu’est ce qui s’est passé, Henriette Lacks. Et donc elle s’appelle Henriette. Si vous prenez les deux premières lettres de son prénom et les deux premières lettres de son nom, Henriette Lacks, eh bien ça donne la cellule Hela.
00:27:27:11Cette cette dame vivait aux États-Unis, en Virginie et fort malheureusement elle a été victime d’un virus qui s’appelle le papillomavirus, notamment la souche HPV-18 qui est une cellule qui va infecter des cellules du col utérin et qui est responsable de la grande majorité des cancers du col de l’utérus chez la femme. Alors, encore une fois, je digresse dans la digression à titre absolument personnel et ça n’engage absolument peu de questions.
00:28:01:03Je recommande très fortement la vaccination anti HPV chez vos enfants garçons et filles. Ça a vraiment fait chuter le cancer du col de l’utérus chez la femme dans les pays qui ont commencé à l’utiliser il y a quelques années. Donc personnellement je le conseille vivement. Bref, cette dame qui à l’époque ne pouvait pas bénéficier de la de la vaccination, chez elle, on a trouvé des chromosomes en surnombre, des gènes qui étaient anormalement sur exprimés et qui ont malheureusement entraîné le développement des cancers très agressifs.
00:28:38:18Qui dit cancer très agressif dit multiplication effrénée des cellules infectées et production en l’occurrence intensive d’une enzyme spécifique qu’on appelle la télomérase. En effet, normalement, une cellule ne peut se multiplier qu’un nombre limité de fois dans notre corps, mais à chaque division, les extrémités de ses chromosomes vont se raccourcir, ses extrémités qu’on appelle les télomères.
00:29:12:03Mais dans les cellules infectées, notamment celles dans l’axe et cette télomérase, elle répare continuellement les télomères détruits. Et ça permettait à ces cellules de se multiplier littéralement à l’infini. Donc, en février 1951, Henriette est conduite à l’hôpital Johns-Hopkins à Baltimore. Précisons qu’à l’époque, c’était le seul de la région qui acceptaient d’accueillir des patients noirs.
00:29:42:20Et avant de tenter de traiter la tumeur au radium, le chirurgien en a prélevé quelques échantillons, sans rien dire. Sans rien dire à la patiente. C’est pour ça que Henrietta Lacks est restée dans l’ombre pendant très longtemps. Pourquoi il a fait ça ? C’est parce que dans le même hôpital, il y avait un spécialiste des cultures de cellules tumorales, George Gey.
00:30:08:07Et celui-ci cherchait depuis des années à développer une cellule, une lignée, ce qu’on appelle une lignée de cellules humaines, donc des cellules humaines immortelles, des cellules que l’on pouvait mettre en culture dans une boîte et qui ceux qui ne mouraient jamais. Et il cherchait à faire ça depuis des années.
00:30:31:22Avec ces fameuses cellules Hela, dès qu’elles ont été mises en culture dans un milieu qui était adapté, on a bien vu qu’elles étaient capables de se développer rapidement et indéfiniment. Et ça, ça a été un matériel de travail vraiment utile aux chercheurs du monde entier. Donc, dès qu’on s’est aperçu qu’elles se multiplient, eh bien ces cellules, l’assistante de Gey a placé l’échantillon dans un milieu de culture et a noté sur le tube les premières lettres du nom de la patiente : HeLa. (https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cancer/une-vie-infinie-henrietta-lacks-star-des-labos-malgre-elle_145904)
00:31:06:08Donc, ce sont ses cellules. Elles se sont multipliées de façon spectaculaire. Il faut savoir qu’elles doublent en nombre toutes les 24 h. Et ce spécialiste a rapidement saisi l’ampleur de sa découverte. Ce qui est bien, c’est qu’il en a expédié à tous les chercheurs intéressés dans le monde entier et c’est pour ça qu’on les utilise énormément.
00:31:29:05Et aujourd’hui, vous pouvez les acheter dans les banques de données pour cellules. Moi, quand j’étais aux États-Unis, je faisais des recherches, j’en ai beaucoup et c’est vrai qu’elles font partie des cellules qui se cultivent relativement facilement. Lorsque Gey démontre que les cellules HeLa sont sensibles, par exemple, au virus de la poliomyélite, eh bien ça, c’est ce qui a servi à élaborer le vaccin.
00:31:56:16Donc, la première usine de production a pu voir le jour grâce à ces cellules Hela, par exemple. En quelques mois dans les laboratoires du monde entier, Hela devient l’outil de référence. Et c’est un stock inépuisable. Ça a permis de faire plein plein de découvertes, de tester toutes sortes de toxines, d’agents infectieux, de comprendre au fil des années le fonctionnement des hormones, des anomalies chromosomiques et les mécanismes d’expression des gènes, etc. On les a même envoyés dans l’espace en 1960 pour étudier l’impact de la pesanteur et des rayonnements sur les structures cellulaires. (https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cancer/une-vie-infinie-henrietta-lacks-star-des-labos-malgre-elle_145904)
00:32:31:24Voilà. Donc depuis la famille de Henriette Hela a demandé à ce qu’elle ne soit pas oubliée. Parce que encore une fois, bien malgré elle, la pauvre, ses cellules ont été une préciosité énorme pour les avancées de la médecine. Ceci étant dit, revenons un petit peu à notre immuno-fluorescence : cette technique de marquage des anticorps par une molécule fluorescente.

Les traitements

00:33:11:16

**************************À partir du moment ou cette technique a été mise en évidence, ça a été une explosion. Et tout un panel d’auto anticorps a été découvert. Ce qui a été bien à l’origine des découvertes et de la compréhension des maladies auto-immunes. Alors depuis, on sait que le lupus, ça s’associe parfois à ce qu’on appelle le syndrome des anticorps antiphospholipides (SAPL) . Puis donc on a parlé de ces anticorps qui s’attaquent à défaut de lipides particulier : les antiphospholipides (aPL).
00:33:43:21Et malheureusement, quand ils existent, ces auto anticorps, eh bien il va y avoir des thromboses et parfois aussi des avortements récidivant chez les patients. Même si les techniques se sont affinées et déclinées sur multiples variations, la recherche des auto anticorps, maintenant, c’est le pivot dans les critères de diagnostic du lupus. Donc on a plusieurs types de tests.
00:34:17:06On peut rechercher plusieurs types d’auto anticorps pour essayer de voir, de poser le diagnostic, sachant que la clinique est essentielle. De toute façon, c’est vraiment les signes cliniques qui vont déclencher la recherche biologique. Voilà, je voulais quand même finir quelques mots sur le traitement quand même du lupus pour avoir une note positive. Donc on est passé de traitement peut-être un peu farfelu, à base de chèvrefeuille ou d’huile de foie de morue, même d’arsenic à des substances qui étaient de plus en plus efficaces.
00:34:57:12Par exemple, vers la fin du XIXᵉ siècle, on a commencé à utiliser la quinine qui semblait agir sur les manifestations cutanées. Mais ça permettait pas vraiment de rentrer en rémission durable. Ensuite, on a utilisé des sels d’or et puis on a décidé que finalement on s’est rendu compte qu’il aggrave la maladie, comme d’autres classes de médicaments, des antibiotiques comme les sulfamides par exemple.
00:35:24:15Et puis, grande découverte encore une fois, qui n’a a priori rien à voir d’ailleurs. Non, ça n’a rien à voir avec le mucus, mais ça a été un grand tournant dans le traitement des maladies auto-immunes. C’est en 1930, le Suisse Reichstein, qui est arrivé à extraire la cortisone des glandes surrénales. Et ça, c’est le début d’une grande ou petit – je ne sais pas, j’ai envie de le dire quand même – révolution thérapeutique
00:35:50:05Parce que très vite, on s’est aperçu de l’effet anti-inflammatoire très puissant de cette molécule et de ses dérivés. Et ça a été un grand soulagement pour beaucoup de patients. On l’utilisant beaucoup pour la polio-arthrite-rhumatoïde, qui est un autre type de maladie auto-immune assez fréquente, et elle a été ensuite employée avec succès dans les lupus.
00:36:22:08Et puis, dans les années 50, on a commencé à utiliser d’autres traitements. On a continué finalement sur la piste des antipaludéens comme la chloroquine. Et dernièrement, on a mis en service une dernière arme : plutôt que de chercher à complètement abolir la réaction immunitaire, on va la moduler. Donc on utilise des minéraux, des immuno-suppresseurs, plus subtils, moins forts que les stéroïdiens. Donc on module la réponse immunitaire plutôt que de la supprimer. Et on a pour ça un nouvel arsenal de molécules.

Conclusion et Citation

00:36:55:23

**************************Alors il y a une question dans la chatroom : «On sait pourquoi est-ce-qu’il y a plus de femmes concernées ? » Eh bien, on ne sait pas très très bien pourquoi avec les maladies auto-immunes, il y en a beaucoup qui touchent plutôt les femmes.
00:37:19:13Donc on suspecte qu’il y a un facteur hormonal qui fait que les femmes sont plus sujettes aux maladies auto immunes. C’est la piste la plus la plus probable. Ceci étant dit, je pense qu’il faut peut-être pas éliminer peut être un facteur génétique aussi. Je ne sais pas du tout.
00:37:39:18
Cleora
Ouais tu as parlé de génétique, de prises de médicaments, des facteurs environnementaux, tabac, stress…
00:37:45:01
Irène
C’est ça.
00:37:45:18
Cleora
Viral…
00:37:46:09
Irène
Ouais.
00:37:47:08
Cleora
On ne sait pas. On ne sait vraiment pas. C’est le flou.
00:37:49:23
Irène
Total. Ouais, c’est ça. Finalement, on sait pas pourquoi certains vont attraper cette maladie et puis d’autres non. Bêtement. Même le Covid dont on sait pas pourquoi il y a des gens dans une famille, fratries, une famille qui vont l’attraper et d’autres non. Et les maladies auto-immunes pourquoi est ce que c’est plus souvent les femmes.
00:38:14:02Oui, c’est encore beaucoup, beaucoup de choses à prendre. Heureusement d’ailleurs. Voilà, en conclusion de ce petit dossier. En fait, au cours des siècles, le lupus s’est passé d’une pathologie dermatologique à une pathologie systémique. Et même les premiers diagnostics, du premier diagnostic biologique, furent un peu dus au hasard, comme les tests pour détecter la syphilis. Ou cette découverte fortuite des cellules Tart et L.E. qui ont permis de comprendre l’origine auto-immune de cette maladie.
00:38:50:05Mais bon, on n’arrive toujours pas à la guérir complètement. Il y a encore encore pas mal de gens qui sont gravement atteints. Et puis un petit mot sur les maladies auto immunes. Il faut savoir que ça touche environ 7 % de la population française. Parmi ces maladies, la première, c’est le diabète de type I. Puis la sclérose en plaques, les troubles de la thyroïde et puis la maladie cœliaque, la vraie allergie au gluten, et enfin la polyarthrite rhumatoïde et le psoriasis. Voilà, voilà. Donc j’espère que tout ça, ça vous aura peut être aidé un petit peu à comprendre ces maladies qui ne sont pas rares et qui peuvent se décliner sur toutes les variations entre quelque chose qui va être gênant jusqu’à malheureusement parfois des formes létales.
00:39:54:15
Cleora
Et bah très bien. C’est assez rapide puisque on n’en sait pas grand-chose, c’est ça ?
00:40:07:08
Irène
Ouais mais c’est vrai que c’est déjà pas mal de pouvoir la diagnostiquer. Ouais, c’est pas mal de pouvoir avoir un arsenal de médicaments.
00:40:17:20
Cleora
Allez pouvoir choper les anticorps pour savoir que c’est ça…
00:40:21:06
Irène
Ouais ouais, uniquement pour…
00:40:23:08
Cleora
Pour faire des médicaments pour éviter de…
00:40:25:02
Irène
Comme tu disais, et éviter que ce système immunitaire, il s’emballe. Mais c’est vrai qu’il y a des effets secondaires. On ne peut pas complètement aller inhiber, neutraliser notre système immunitaire parce que ça veut dire qu’on va attraper d’autres maladies. Donc il faut trouver un bon équilibre et c’est tout. Là, on fait du traitement.
00:40:46:11C’est-à-dire qu’on ne peut pas mettre les gens dans des bulles. On ne peut pas supprimer leur système immunitaire. Et pourtant, quand il y a des périodes de crise, il faut quand même moduler cette réponse immunitaire. Et c’est là vraiment où il faut doser. Et ça devient compliqué. C’est là où le traitement est vraiment très compliqué et ça ne marche pas toujours.
00:41:11:23
Cleora
OK, je ne pensais pas que c’était aussi flou que ça. Pour le coup, c’est un peu l’inconnu encore. Quelque chose plus en lien avec ta citation ?
00:41:21:17
Irène
Ben voilà, c’est ça. Donc la citation, c’était un petit peu inévitable que ça me fait un peu sourire. Mais bon, bref : « homo homini lupus est. » Voilà, c’est cette locution que l’on trouve chez Plaute. C’est que l’homme est un est, comme on dit en français, l’homme est un loup pour l’homme. C’est ça ce qu’on ne sait plus comment on dit.
00:41:48:15
Cleora
Celui qu’on connaît pas. En fait, c’est un loup pour l’homme.
00:41:51:00
Irène
Voilà, ce n’est pas donc cette locution, elle devient. Elle nous vient de Plaute, qui était un auteur latin qui était aux environs du IIIᵉ siècle avant Jésus-Christ. Il voulait dire effectivement que l’homme peut prendre un loup pour celui qu’il ne connaît pas, pour un autre humain qu’il ne connaît pas. Et par extension, que fait-on alors ? On a peur de ce qu’on ne connaît pas.

Question : Allergies Vs Maladies auto-immunes

00:42:16:14

**************************
Cleora
Il y a une dernière question. D’ailleurs, je ne sais pas si tu peux avoir une réponse, je n’en sais rien. Les maladies auto-immunes, est-ce que c’est plus en Europe « où il y a trop d’hygiène » entre guillemets ou on rencontre ça sur toute la planète ?
00:42:34:12
Irène
Ah oui, dans les maladies auto menaçant sur toute la planète. C’est bien distribué. Alors il y a peut-être des populations qui sont peut-être plus sujettes. Il y a peut-être des petites variations, mais non, les maladies auto-immunes, on les trouve partout.
00:42:55:19La question était ? Parce que ça m’a fait penser à autre chose. Du coup, c’était est-ce que on les retrouve chez tout le monde ?
00:43:05:08
Cleora
Les maladies auto-immunes, c’est que en Europe où il y a trop d’hygiène ?
00:43:08:22
Irène
Ah oui, trop d’hygiène.
00:43:10:15
Cleora
Alors c’est en gros, sous-entendu : s’il y a trop d’hygiène, est-ce-que ça engendre des maladies auto-immunes ?
00:43:18:00
Irène
Alors, encore une fois, ce n’est pas du tout limité aux populations européennes. La personne qui a posé ça, a certainement la notion où on s’aperçoit de plus en plus que les allergies sont dues à un excédent d’hygiène. Alors une allergie, c’est quoi ? C’est aussi un dérèglement du système immunitaire. Mais ce n’est pas auto-immune.
00:43:45:10Mais c’est quand même une réponse explosive de notre réaction immunitaire. Et on s’est aperçu qu’il y avait probablement un lien avec le fait que on ait trop d’hygiène. Et du coup trop d’hygiène, ça veut dire quoi ? Par exemple, vous avez un enfant qui vient de naître. Il y a des parents qui sont très hésitants à amener leur enfant à l’extérieur, mettre l’enfant en contact avec d’autres enfants, et qui vont tout stériliser, tout nettoyer, tout jamais, tout désinfecter.
00:44:16:17Et puis malheureusement, lorsque l’enfant rentre en contact, finalement, au cours de sa vie avec certains germes, eh bien le système immunitaire, il va exploser. Il va avoir une réaction disproportionnée par rapport à ce qu’un enfant qui aurait été mis en contact progressivement au cours de son développement la réponse que cet enfant aurait pu développer, « une réponse normale » entre guillemets.
00:44:46:09Donc ça, on s’en est aperçu que les allergies, aussi alimentaires peut-être, venaient de là aussi. On en a de plus en plus. C’est vrai que le nombre d’allergies semble augmenter au cours des âges et on pense qu’effectivement il y a un lien avec notre hygiène de vie, mais pas les maladies-auto immunes.
00:45:05:16
Cleora
Ce n’est pas auto-immune parce qu’il y n’a pas quelque chose d’extérieur qui arrive et c’est bien la chose extérieure qui est étranger.
00:45:10:17
Irène
C’est ça. Ce n’est pas des auto anticorps qui provoquent la réaction inflammatoire. Là, pour le coup, c’est vraiment des auto anticorps. Mais comme tu dis, c’est pas des auto anticorps. C’est-à-dire des anticorps qui vont avoir pour rôle ou de neutraliser un germe par exemple, et qui vont provoquer ces sensations d’inflammation, rougeur, chaleur, etc. Voilà. Mais c’est vrai qu’une maladie auto-immune, c’est problématique.
00:45:39:04Il y a beaucoup de gens quand même qu’en souffrant on en voit, on en voit beaucoup d’un milieu médical et ça peut être très invalidant. Ça peut être.
00:45:47:01
Cleora
Jusqu’à létal, comme tu dis, si c’est diffus dans tous les organes…
00:45:51:09
Irène
Tout à fait, tout à fait.
00:45:54:08
Cleora
En gros, on en connaît un peu plus, mais c’est encore une inconnue sur la cause. Donc c’est un peu la peur de l’inconnu. Comme symbolisé par le flou sur ta citation.
00:46:03:00
Irène
Oui tout à fait. Tout ça, c’est exactement ça.

Cleora [00:46:07:05] : On conclut là dessus. Allez. Donc merci à toi Irène de nous avoir éclairés sur l’inconnu loup qu’est le lupus. Merci à vous poditrices et poditeurs, de nous suivre et nous écouter en espérant qu’à la suite de cet épisode, Lupus, ne sera plus synonyme de crier au loup ! Au prochain épisode, pour toujours plus explorer les connaissances inconnues et que la science soit votre joie !

Derniers épisodes