Je suis complètement Zèbre ?

Cette chronique fait partie de l’épisode 464 sur le thème des rayures !

Le but de cette chronique est de reprendre le terme “zèbre” pour être dans la thématique des rayures. Un terme qui est, non-scientifique mais devenu populaire sur les réseaux sociaux. Mais c’est surtout un prétexte pour parler de psychologie, d’intelligence et des termes flous qui existent autour du Haut Potentiel qui, à mon sens, est la seule expression qui devrait exister.

Pour parler de rayures en sciences humaines, j’avais aucune idée de quoi parler. Alors j’ai tapé dans un moteur de recherche « rayure » puis « psychologie ». Et voilà que je tombe sur le zèbre. Comme l’animal oui, sauf que le terme zèbre désigne bel et bien des personnes humaines. En fait, depuis les années 2010 se développe de plus en plus cette notion étrange de « zèbre » sur laquelle je ne m’étais pas vraiment penché. Parce que d’abord c’est une notion purement francophone et pas réellement scientifique. Et puis, ça rajoutait encore un terme flou supplémentaire parmi d’autres en psychologie. Aujourd’hui je m’y suis penché pour vous, pour détailler ce qu’on décrit derrière le terme « zèbre » quand il désigne une personne.

Un drôle de zèbre

La différence par rapport aux autres. Certainement de là que vient le terme zèbre. Un zèbre, selon le Larousse.fr, c’est non seulement l’animal, mais ça peut aussi désigner quelqu’un d’étrange, de bizarre, d’inquiétant ou tout bêtement de différent. « Voilà un drôle de zèbre », comme en dit l’expression. Quelqu’un de différent donc. Mais différent comment ?

Et bah le Larousse a carrément intégré, l’année dernière en 2021, parmi ses définitions le terme zèbre appliquée en psychologie. Un zèbre est par définition « une personne surdouée. […] » Du coup, j’ai creusé davantage la question. Car bon. Je croyais au départ que c’était un terme qui sortait de nulle part pour désigner certaines personnes. Mais là, c’est carrément écrit dans le dictionnaire. Donc bon. Je me dis que ça doit bien vouloir le détour et une chronique entière !

Pourquoi zèbre ?

Un zèbre est donc ce qu’on appelle dans la vie de tous les jours un surdoué, dans l’éducation nationale un EIP, un enfant intellectuellement précoce, et en psychologie un HP ou HPI un Haut Potentiel Intellectuel. Plein de termes autour desquels nous discuterons d’un point de vue scientifique. Mais pourquoi zèbre, du coup ? Pourquoi inventer un nouveau terme parmi d’autres ?

Le fameux livre d’où a explosé le terme “zèbre” parmi certaines communautés.

En fait, le terme provient de la psychologue Jeanne Siaud-Facchin dans son livre Trop intelligent pour être heureux paru en 2008, pour parler des personnes surdouées. Depuis, on rencontre ce terme partout : des concernés à la psychologie de comptoir, des livres et interventions des concernés aux coachs de vie et dérives sectaires. Un terme si populaire qu’il est donc aujourd’hui rencontré dans le dictionnaire.

La psychologue à l’origine de cette définition du zèbre se justifie sur les médias de cette manière : « Si j’ai choisi ce terme, c’était pour m’éloigner de toute les terminologies très connotées. C’est-à-dire qu’actuellement on parle d’enfants surdoués, on parle de haut potentiel, on parle de précocité intellectuelle, au Québec ils parlent de douance… […] Alors le zèbre, il a des rayures comme des empreintes digitales ça veut dire qu’il n’y a pas deux zèbres qui se ressemblent […] donc chaque zèbre est unique comme chaque personnalité est unique. Quand il court vite il a un effet stroboscopique, on ne le voit pas passer. Et puis, c’est le seul équidé que l’Homme n’a jamais pu domestiquer. »

Du point de vue d’un cheval, le zèbre n’est qu’un autre cheval avec différentes couleurs. Du point de vue du zèbre, tout zèbre se reconnaît entre eux. Voilà l’analogie. C’est comme si du point de vue d’un être humain, un surdoué est un humain parmi les autres car il se fond dans la masse. Alors que du point de vue d’un surdoué, ils se reconnaissent entre eux. Enfin, dès fois Jeanne Siaud-Facchin rajoute que les rayures du zèbre peuvent aussi évoquer la manière dont les surdoués sont « griffés par la vie ».

Idées reçues

« Griffés par la vie. » Il ne faut pas croire qu’être surdoué est un don et que du coup la vie est bien plus facile. C’est même souvent le contraire. La différence est trop souvent rejetée. Un surdoué est quelqu’un qui est en dehors des normes, en dehors des cadres. Dans les années 1990, le romancier Alexandre Jardin utilisait déjà le terme zèbre pour définir « les personnes qui raisonnent en dehors du cadre ». Et en sein d’une institution normée, il est parfois difficile de laisser sa différence s’exprimer

Car oui. L’idée reçue d’un surdoué est quelqu’un de super intelligent capable de tout faire et qui est sûr de lui au point d’avoir un petit air dominant sur les autres. En réalité, c’est totalement l’inverse. La majorité veulent simplement être comme tout le monde pour pouvoir bien s’intégrer en société. La plupart y arrivent et vivent très bien leur scolarité jusqu’à leur vie adulte en se créant une fausse personnalité, ce que certains appellent le « camouflage » (C.M. De Lassalle et al., 2020, https://doi.org/10.1016/j.evopsy.2020.06.012) et d’autres le « faux-self » (tirée des courants psychanalytiques).

NOTE : Attention. Sont mis sous projecteurs la petite partie des personnes à Haut Potentiel qui ont un parcours atypique avec de nombreuses difficultés. La plupart des personnes à Haut Potentiel vivent très bien leur vie, comme toute personne, malgré leurs différences et leur autre manière de percevoir, de penser…

Se créer une fausse personnalité, un masque social

Un surdoué ou un zèbre, il ne faut pas le prendre pour un con. (Petite parenthèse, je voulais absolument dire cette phrase ; je trouvais ça drôle qu’on puisse prendre un surdoué pour un con alors que par définition il l’est moins que la plupart de la population.) Il sait bien que pour être accepté dans un groupe ou une société, il y a des règles implicites voire des normes à respecter. Au point que, souvent, un zèbre s’imite à un être un équidé parmi les autres, qu’ils soit âne ou cheval. Il se crée un masque social. Une personnalité à jouer, avec un caractère et des remarques socialement acceptées. Dès fois, ce jeu d’acteur est tellement présent au quotidien qu’il en devient difficile d’être authentique, d’être réellement lui-même. « Ainsi, tant qu’il n’a pas conscience de ses différences, il va continuer à ‘jouer’ sa vie même si au fond de lui, il ne se sent pas à sa place. Ce conformisme va l’amener à faire des choses qu’il n’a pas envie et le rendre prisonnier… » (psy.be)

C’est de ça ce que Tiana – auteure de la chanson « Je suis un zèbre » et du livre du même nom, – veut exprimer quand elle chante « manipulateur à plein temps. » Car le surdoué se crée une personnalité jugée normale que tout le monde peut apprécier. Ci-dessous « Je suis un zèbre » axé sur les difficultés en milieu scolaire reprenant « Je suis un Homme » de Zazie :

Un zèbre parmi les équidés

Ainsi, contrairement à l’idée reçue d’un surdoué mal à l’aise socialement, le surdoué se fond donc très facilement dans le paysage (C. Mouchiroud, 200, Haut potentiel intellectuel et développement social, https://doi.org/10.1016/j.psfr.2004.05.004 ; N.Boisselier & A.Soubelet, 2021, https://doi.org/10.1016/j.psfr.2021.02.001). Tel un zèbre qui se confond parmi les équidés. L’intelligence, ce n’est pas marqué en gros sur le visage. Pourtant, ils peuvent exprimés des difficultés, au point de ne pas se réaliser eux-mêmes et de se sentir prisonnier. Comment peut-on alors les déceler pour pouvoir les aider ? C’est de là qu’on va parler de science, de psychologie. Comment peut-on créer un filtre à surdoué ; savoir où sont les vrais zèbres parmi les équidés ?

Je vous vois venir et tout de suite dire : « bah le test de QI ! » Et c’est en effet un critère nécessaire. Un zèbre, un surdoué ou un haut potentiel – encore une fois peu importe ce sont des synonymes – est souvent indicé par un QI au dessus d’un score de 130. Bon. Du coup, faut que je vous parle un peu de ce QI, de ce quotient intellectuel, et quelle valeur il a vraiment. Car bon, c’est juste un nombre, une évaluation à un moment donné et pas une mesure avec une règle inchangée.

Alfred Binet

Quotient Intellectuel & Précocité intellectuelle

À la suite des grands noms de la psychologie expérimentale autour d’Alfred Binet qui ont initié les prémisses d’une évaluation cognitive globale, on doit le QI à un certain Lewis Terman en 1916. Le Quotient Intellectuel. C’est un quotient. Une division donc. Et on divise l’âge mental par l’âge biologique et réel de la personne. Par exemple, si j’ai biologiquement 15 ans et que mon âge mental est de 15 ans également, hé bien j’aurais un QI de 100 – en fait le quotient, la division 15 divisé par 15 fait 1 et on multiplie par 100, tout simplement. Si mon âge mental de 15 ans est supérieur à mon âge biologique qui est de 12 ans alors ce sera au dessus de 100 avec un QI de 125. Et inversement. Et dès que c’est au dessus de 130 ça peut être un indice d’être en présence d’un “zèbre”.

C’est pour ça que dès fois on parle de précocité ou d’enfant intellectuellement précoce (EIP). C’est parce que leur âge mental est en avance par rapport à celui de la moyenne des élèves de son âge. Et ça vient uniquement de là. Car neurologiquement et biologiquement le développement d’un enfant surdoué n’est pas précoce. C’est juste une autre manière de fonctionner qui lui permet d’avoir accès plus facilement aux apprentissages. Et si tu apprends et comprends plus vite, et bien tu emmagasines plus rapidement des connaissances que les autres.

C’est pour ça que moi non plus je n’aime pas le terme de précocité. En plus, qu’est-ce que ça veut dire à l’âge adulte d’être intellectuellement précoce ? Avoir un âge mental de 45 ans quand j’en ai 30 est-ce que ça a réellement un sens ? On parle souvent d’enfant intellectuellement précoce. Mais qu’en est-il quand ils deviennent adultes ? Ils sont toujours autant surdoué qu’avant, mais ça devient bizarre de parler de précocité à un âge avancé.

Surdoué : un terme également connoté

Et même le mot « surdoué » est connoté. Car c’est comme dire que les personnes surdouées avaient quelque chose en plus, comme un don ou un cerveau en plus. Ce n’est pas le cas. Être surdoué ce n’est pas avoir des neurones en plus. C’est d’avoir une autre connectivité, un réseau neuronal plus varié. C’est comme la mémoire, comme je l’ai évoqué dans mon dernier dossier « Mais où est donc ma mémoire ». 

Bah… l’intelligence c’est pareil. Ce n’est pas avoir des neurones en plus. C’est avoir un meilleur réseau neuronal (une hyper-connectivité des zones cérébrales pour être plus exact : Olivier Revol et Jeanne Siaud-Facchin (2021, dans Sciences Humaines) La précocité intellectuelle, un handicap ? ; T.Kuhn et al., 2021, https://doi.org/10.1002/brb3.2348). C’est un peu aussi ça que Jeanne Siaud-Facchin évoque quand elle différencie une intelligence quantitative et une intelligence qualitative..

En termes scientifiques on parle d’intelligence cristallisée (Catell, 1971), pour la quantité d’informations stockée, les connaissances donc, et d’intelligence fluide pour cette intelligence dite qualitative qui est davantage la manière de fonctionner, les réseaux, les processus, la fluidité, le raisonnement…

Meme créé par Severine Erhel, enseignante en psychologie cognitive. Il reprend les idées reçues qu’ont les parents de leur propre enfant. Grossièrement : “s’il n’aime pas ou a des difficultés à l’école, c’est qu’il est trop intelligent”. C’est réellement, actuellement, un des motifs communs de consultation…

C’est quoi scientifiquement l’intelligence ?

Et aujourd’hui c’est plutôt ça la définition d’une intelligence. Une intelligence fluide dans la manière de fonctionner. Bien qu’il y ait dès fois des questions de culture générale dans une batterie de tests de QI, en psychologie, on tend petit à petit vers un consensus comme quoi l’intelligence se définirait principalement par sa fluidité. Une vision constructiviste de l’intelligence qui se définit comme un processus d’adaptation pour équilibrer ses connaissances – internes donc – par rapport aux demandes – extérieures – de l’environnement.

Par exemple, si je migre vers un pays qui parle une autre langue, je vais devoir m’adapter à ce nouvel environnement en apprenant cette langue et donc en accumulant de nouvelles connaissances. Encore une fois, il faut voir l’intelligence comme un processus d’adaptation. Jacques Lautrey, enseignant-chercheur en psychologie à Paris Descartes, définit (2003) très clairement l’intelligence comme la « capacité d’un organisme ou d’un système artificiel à s’auto-modifier pour adapter son comportement aux contraintes de son environnement. » Je ne sais pas vous, mais pour un terme aussi flou que l’intelligence, je n’ai pas trouvé plus clair.

Évaluation statique de l’intelligence : test de QI

L’intelligence est la « capacité d’un organisme ou d’un système artificiel à s’auto-modifier pour adapter son comportement aux contraintes de son environnement. » Alors du coup, comment on évalue ça ? Dit autrement, vulgairement, comme on mesure l’âge mental d’un QI ?

Dans le plus célèbre des tests, celui de Weschler, le quotient intellectuel est subdivisé entre 4 sous-catégories, qui rappelle un peu cette volonté d’évaluer la fluidité du raisonnement, entre : la compréhension langagière, le raisonnement perceptif, la mémoire de travail et la vitesse de traitement de l’information. Cette dernière est d’ailleurs significativement plus rapide chez les zèbres, d’où dès fois la référence bancale à l’effet stroboscopique de la psychologue évoquée plus tôt (Jeanne Siaud-Facchin, 2008).

De tous ces tests neuropsychologiques, on en tire un score global, qui correspond à un surdoué s’il est au-dessus de 130. Pour les matheux qui aime bien la courbe gaussienne, depuis la moyenne de 100, le score de 130 est environ à 2 écarts-type. Les personnes ayant un score au-dessus de 130 représentant alors environ 2 % de la population. Un QI de 130 c’est par exemple un âge mental en avance de 1 an chez un enfant de 4 ans, de presque 2 ans chez un enfant de 6 ans par exemple et ainsi de suite… (J.Grégoire, 2012)

Ce nombre, ce QI, est toutefois à relativiser, est critiquable et est loin d’être une mesure parfaite. Ça reste qu’une évaluation, un indicateur, un indice. Par exemple, j’ai rapidement évoqué que le QI était un score global de 4 sous-catégories. Hé bah, ces mêmes sous-catégories peuvent avoir des résultats différents pour obtenir le même score de 130. C’est comme si j’essayais d’obtenir 16 en additionnant. Je peux faire 4+4+4+4 mais aussi 5+5+3+3 ou encore 9+2+2+3. Avec des résultats différents dans les sous-catégories je peux avoir le même score de QI. Hé bah, c’est ce qu’on remarque chez les surdoués. Il n’y a pas un qui est similaire à l’autre malgré leur score global similaire. Dit autrement, les compétences intellectuelles des surdoués sont complètement hétérogènes (J.Grégoire, 2012, 2009). Certains auront des gros scores en raisonnement perceptif alors que d’autres auront des gros scores en compréhension langagière.

Évaluation dynamique de l’intelligence : le Haut Potentiel Intellectuel

Autre critique vis-à-vis du score du QI, pour bien vous faire sentir que ce n’est qu’un nombre parmi d’autres qui a en soit peu de valeur, ça reste qu’un score à un moment t donné. Une évaluation statique et isolée. En quoi une seule évaluation peut mesurer tout un tas de processus dynamiques concernant l’intelligence ? Je m’explique. Ou plutôt reprenons la définition de l’intelligence. L’intelligence est la « capacité d’un organisme ou d’un système artificiel à s’auto-modifier pour adapter son comportement aux contraintes de son environnement. » Ma question est alors la suivante. En quoi un test de QI peut rendre compte de l’intelligence si l’intelligence est une capacité d’adaptation qui s’étale sur la durée ? Ne vaudrait-t-il mieux pas évaluer la capacité d’adaptation et d’apprentissage au cours du temps ?

Hé bien cette manière d’évaluer les performances durant un apprentissage, c’est ce qu’on appelle en psychologie une évaluation dynamique. Basiquement, elle se passe en 3 temps. On a un pré-test pour évaluer ce que la personne sait déjà sur un domaine et puis un post-test pour évaluer ce que la personne a appris après une phase d’apprentissage.

« Un individu se révèle surtout dans la manière dont il apprend. »
(André Rey, 1952)

Et vous savez quoi ? Ce qu’on évalue à ce moment là, on n’appelle plus ça un QI, mais un Potentiel d’Apprentissage. Le mot Potentiel ici est très important… C’est celui qu’on utilise aussi pour décrire zèbres et surdoués : une personne à Haut Potentiel Intellectuel. Et selon moi, c’est un terme qui rempli parfaitement son rôle pour mieux décrire scientifiquement au lieu du terme “zèbres”. Un zèbre n’est ni un précoce, ni un surdoué avec quelque chose en plus, c’est une personne à haut potentiel intellectuel en conséquence de son fonctionnement neuronal différent. Et chez ces dites personnes, les gains en apprentissage sont significativement plus grands (Calero et al., 2011, https://doi.org/10.1016/j.lindif.2010.11.025). Et ça, peu importe le domaine.

Car, en effet, on parle d’un domaine purement cognitif comme apprendre un raisonnement mathématique, un raisonnement de perception visuelle ou une nouvelle langue étrangère, mais ça peut tout à fait être apprendre d’autres domaines plus sociaux ou émotionnelles voire en engageant le corps comme la musique ou le sport.

Des zèbres différents mais des équidés tous communément rayés !

Détecter un Haut Potentiel Intellectuel chez une personne grâce aux tests neuropsychologiques est un bel indice pour confirmer la présence d’un zèbre parmi les équidés. Mais ce n’est évidemment pas suffisant. Des entretiens sont nécessaires. Comme l’âge mental est plus élevé par rapport à ceux de son âge, on doit retrouver dans son discours un sentiment d’être décalé par rapport aux autres, voire même de se sentir comme un extraterrestre. Des entretiens avec ses proches, que ce soit la famille les collègues ou les professeurs d’écoles en fonction de l’âge, sont d’une grande aide également. Car les zèbres ont beau être tous uniques avec des rayures différentes, comparés aux autres équidés, toutes ses rayures sont aussi les caractéristiques qui les rassemblent. C’est un peu pareil dans la réalité. Chaque surdoué est différent et unique. Mais tous partagent quelques caractéristiques communes (Béatrice Millêtre, Le Livre des vrais surdoués, Payot, 2017 lu par Audrey Minart 2017, https://www.scienceshumaines.com/sur-la-piste-du-vrai-surdoue_fr_38726.html ; Jeanne Siaud-Facchin, 2008).

Tout d’abord ils ont un raisonnement rapide atypique se réalisant comme un éventail exponentiel. Une idée en provoque 2, et ses 2 autres en provoquent 2 chacune et ainsi de suite. Posant alors des questions encore plus basiques par rapport à la question de départ jusqu’à des questionnements existentiels de toute part. Et ça, c’est au quotidien. À la moindre résolution de problème, au moindre truc qui nous fait penser à quelque chose. C’est une machine infernale. Un brouhaha. Un tsunami incessant d’idées qui traverse l’esprit de la personne concernée qui peut facilement rendre anxieux voire dépressif (Olivier Revol et Jeanne Siaud-Facchin, 2021 dans Sciences Humaines, La précocité intellectuelle, un handicap ?)

Autre caractéristique commune, comme la personne à Haut Potentiel a un cerveau énormément connecté qui fonctionne davantage en éventail, en parallèle et pas simplement en séquentiel (T.Kuhn et al., 2021, https://doi.org/10.1002/brb3.2348), les surdoués sont souvent hypersensibles à leurs émotions et à l’environnement. Ce sont littéralement des éponges à stimuli. Leurs ressentis sont donc souvent dans l’extrême. Le moindre problème évoqué lors des actualités les touchent profondément et personnellement.

Autisme de type Asperger ou Haut Potentiel ?! Les deux ?

D’autres caractéristiques communes me font poser la question du rapprochement avec l’autisme. Comme par exemple des intérêts dès fois très localisé à un domaine précis et une motivation très marquée au point d’y passer plusieurs journées à faire le tour d’un même thème abordé. Ou à l’inverse d’être complètement démotivé si ce qu’il fait n’a aucun sens pour lui. En fait, avec une personne à Haut Potentiel, souvent tout est dans l’excès exponentiel.

Une autre caractéristique souvent commune aux autistes, dans sa compréhension, la personne à Haut Potentiel prend souvent tout au pied de la lettre, sans implicite ni second degrés. Et ça, souvent, seuls les proches peuvent le remarquer. Exemple personnel, si je suis à côté de la fenêtre et que quelqu’un se plaint qu’il fait trop chaud dans la pièce, je ne vais jamais avoir l’idée d’ouvrir la fenêtre, car il ne le demande pas explicitement. Autre exemple caricatural, si quelqu’un me dit de prendre la porte, bah je ne suis pas loin de littéralement prendre la porte et sortir avec…

Parmi les troubles du spectre autistique, il y a le type Asperger qui mélange justement autisme et haut potentiel intellectuel. Et si toute personne à haut potentiel était autiste finalement ? Et si finalement nos cases psychologiques pré-établies n’étaient pas encore assez précises ? Car je le rappelle. Il y a une énorme hétérogénéité par les surdoués. Autisme. Surdoué. Haut Potentiel. Peut-être devrait-on se limiter encore à un terme plus vague : être neuroatypique. C’est-à-dire avoir un cerveau câblé différemment par rapport au cerveau moyen humain. D’autant plus qu’il pourrait y figurer tous les « Dys » les troubles des apprentissages comme la dyslexies etc. parfois des handicaps associés aussi à la personne à Haut Potentiel.

Bref. Je vais laisser ma réflexion en suspend, en guise d’ouverture car tout ce qui touche à l’autisme, le haut potentiel intellectuel et le neuroatypisme me touchent également personnellement. Je suis en effet diagnostiqué autiste et suspecté à haut potentiel. D’ailleurs on parle de diagnostic mais ce n’est pas une maladie. C’est une manière de fonctionner qui est différente. À la limite on peut parler de handicap, si la personne à du mal à s’intégrer en société. Mais pas de maladie. Être haut potentiel, être autiste ou être ‘zèbre’, on ne l’attrape pas, on est né comme ça. La valeur génétique des neuroatypiques n’est aujourd’hui plus discutée. Reste juste à savoir si la personne neuroatypique est bien accompagnée/adaptée ou laissée seule dans sa différence dans son coin, isolée, parmi les équidés…

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