Dossier – L’acupuncture

Dossier de Anh Tuan dans l’épisode #24.
Ce dossier a un peu vieillit et ne représente plus vraiment ce que pense les auteurs de ce blog. Allez donc voir ce qu’en dit le docteur Goulu

Alors tout a commencé il y a quelques mois avec une discussion entre le Professeur Von et moi-même. Je lui avais alors appris que mon père était médecin spécialiste de l’acupuncture. Non familier de cette pratique, Prof Von pensait vraiment que ce n’était que poudres aux yeux et effet placebo. Depuis, je me suis juré de pondre un petit dossier pour lever le voile sur cet art millénaire chinois.

Donc me voilà, rien que pour vous, avec une petite introduction à l’acupuncture. Et on va commencer par situer le contexte. Première chose, on ne sait pas vraiment quand est née l’acupuncture, on ne sait pas non plus où se trouve son berceau.

Cependant les premières références à cette discipline chinoise sont découvertes dans “Les mémoires historiques“, ouvrage de Sima Qian, un des premiers historiens chinois. Ca nous situe alors l’implantation de l’acupuncture en Chine aux alentours du 2ème siècle avant JC.

En Chine, elle est alors utilisée pendant 2 millénaires pour rétablir l’équilibre entre le Yin et le Yang, les deux énergies qui circulent au travers des méridiens dans le corps humain. Mais nous reviendrons à cette notion plus tard.

Il faudra attendre le XIXème siècle pour que l’Occident s’intéresse à l’acupuncture. Et celui qui va tenter de l’introduire en Europe n’est autre que Louis Berlioz, père du célèbre compositeur Hector Berlioz.  Mais cette discipline meurt petit à petit jusqu’à son renouveau dans les années 70.

Une illustration de notre amie Lucile

Après cette petite introduction historique, passons au principe de l’Acupuncture. Grâce à des aiguilles, le médecin stimule des points spécifiques situés sur des trajets bien précis : les méridiens. Parlons déjà des points d’acupuncture.

D’après une étude de comparaison menée en 1989, il s’est avéré que 309 points sont situés au dessus ou tout prêts de minuscules nerfs alors que 286 autres points sont proches de vaisseaux sanguins eux-mêmes entourés de nerfs appelés nervi vasorum.

C’est beaucoup trop pour n’être qu’une pure coïncidence. Et pour rajouter un peu plus de poids scientifique, en 1921, on avait déjà mesuré une baisse de la résistivité électrique de la peau à ces points précis.

En revanche, la science n’arrive toujours pas à statuer sur ces canaux d’énergies que sont les méridiens. Un petit espoir vient de nos amis Allemands. En utilisant des instruments de thermographie dermique, ils ont trouvé qu’en applicant une source de chaleur aux points d’acupuncture, celle-ci se diffusait de manière privilégiée sur le trajet supposé de ces fameux méridiens. Cependant, les résultats sont encore à l’étude. Rien n’est encore sûr.

Maintenant, grosse différence culturelle. Alors qu’en Orient, l’acupuncture est utilisée principalement pour réguler les déséquilibres du corps humain comme le trouble du sommeil, les migraines, ou les nausées, en Occident, elle est aujourd’hui principalement utilisée dans un but analgésique, pour supprimer la douleur.

Et ça fait parfaitement sens puisque les points d’action sont situés sur des nerfs du corps humain. Des études de 1977 à 2001 ont d’ailleurs suggéré que l’acupuncture stimulait la libération d’endorphine. En administrant de la naloxone, molécule inhibitrice des récepteurs morphiniques, les scientifiques ont constaté une suppression de l’effet analgésique de l’acupuncture.

Ces études appuieraient donc l’hypothèse de l’action neuro-hormonale de l’acupuncture.

Un autre mystère levé, la division de la population en deux catégories : ceux qui sont réceptifs à l’acupuncture et ceux qui ne le sont pas. Vous vous doutez bien que ça posait un petit problème pour la propagation de cette pratique. En 1990, on a donc étudié deux populations de rats. L’une était réceptive à la stimulation de “points” d’acupuncture et l’autre non.

Le point important est qu’après avoir injecté aux rats non-réceptifs de la D-Phénylalanine, molécule inhibant les enzymes qui dégradent les opiacés, ils sont ensuite rentré dans la catégorie réceptifs.

Pour la réceptivité à l’acupuncture, tout se joue donc encore sur des différences hormonales.

En conclusion, sans être entièrement confirmée, l’efficacité de l’acupuncture pour traiter la douleur est de plus en plus crédible.

Petit fait insolite : En 1972, un timbre chinois a été crée pour célébrer la première anesthésie par l’Acupuncture lors d’une chirurgie cardiaque. Vraiment à prendre avec des pincettes.

On peut dire que l’acupuncture a fait un très long voyage. Elle est passée de l’empirisme orientale à la rigueur scientifique occidentale. Et ce n’est pas totalement incompatible je trouve.

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