Le micro-onde altère les aliments et favorise le cancer, info ou intox?

Voilà un sujet sur lequel l’Internet mondial raconte tout et n’importe quoi. Il ne faut jamais oublier que ce sont des gens qui alimentent le web en contenu et qu’ils ne savent parfois pas du tout de quoi ils parlent… Amis internautes, quand une information se prétend scientifique, vérifiez toujours que les sources sont bien indiquées. Cliquez dessus pour vous assurer qu’elles disent bien la même chose et assurez-vous qu’il s’agit d’une source valide. Pas évident… On n’a pas toujours 3 heures devant soi quand on lit une connerie 😉

Bon, alors si vous avez lu sur le web que la qualité nutritionnelle des aliments est altérée par les micro-ondes et que cette technologie favoriserait le cancer, vous êtes peut-être tombés sur des billets qui citent deux études scientifiques. Toujours les mêmes. Regardons-les de plus près:

Le premier est un papier du Lancet, publié le 9 décembre 1989, qui n’était pas, en fait, un article à comité de lecture, mais une lettre à l’éditeur. Les auteurs ont exposé du lait à des quantités très importantes de micro-ondes et cela a modifié la nature d’un acide aminé, la  “proline” en inversant sa chiralité, c’est à dire son orientation. C’est comme un tétris, les éléments pour former un L sont les mêmes, mais selon que le L est orienté à gauche ou à droite, il ne s’emboîtera pas dans les mêmes espaces et n’aura pas le même effet. La L-proline (orientée gauche) est l’un des éléments constitutifs de l’ADN. La R-proline (orientée droite) est toxique pour le foie et les reins à haute dose. Alors évidemment, si les micro-ondes convertissent la L-proline en R-proline, c’est pas top! Il se trouve que ces effets ne sont constatés qu’à des expositions massives pendant des durées très longues. Et qu’on a jamais pu reproduire cela dans un micro-ondes domestique en chauffant du lait comme on le fait dans nos cuisines pendant une minute ou deux.

Exit donc, la première étude.

La seconde étude régulièrement citée, accrochez-vous, a été publiée dans le Journal Franz Weber en 1992. Tous mes compatriotes connaissent Franz Weber, en France, on le connaît un peu moins. C’est un militant écolo, plutôt sympathique, mais qui n’est pas du tout scientifique et son journal n’est pas une publication à comité de lecture. D’ailleurs, s’il y avait eu un comité de lecture, ce dernier aurait probablement invalidé l’étude, qui ne portait que sur 8 patients et qui non seulement était statistiquement non-significative mais encore n’indiquait que des variances parfaitement normales dans les prélèvements  sanguins des sujets, avant et après s’être nourris d’aliments chauffés au micro-ondes. “L’étude” concluait néanmoins que les micro-ondes sont plus meurtriers que les chambres à gaz de Dachau. Sic! Parfois le militantisme est aveugle… Inutile de dire que cette étude n’a jamais été reproduite et ne peut en aucun cas faire autorité.

Après plus de 50 ans d’utilisation des micro-ondes, ce ne sont pourtant pas les études scientifiques qui manquent. La réalité, c’est quel les vitamines hydrosolubles sont bien préservées lors de la cuisson au micro-ondes (c’est comparable à la cuisson à la vapeur). Idem pour les minéraux. Quant aux matières grasses et aux sucres, ils ne sont guère plus affectés par les micro-ondes que par la chaleur ordinaire. En raison des temps d’exposition généralement moins longs, les protéines souffrent de moins d’oxydation que lors de la cuisson classique.

Bref… Ces croyances n’ont aucune espèce de début de fondement scientifique. Il faut faire gaffe à ce qu’on lit sur l’Internet mondial…

Sources:

 

Cette réponse au quizz a été présentée dans l’épisode #110

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