Les rêves lucides

Billet publié dans le cadre de la semaine du cerveau, nouveau dossier Théma du C@fé des Sciences. Ce billet a été publié par Xilrian dans l’épisode #123.

La conscience

Pour commencer ce dossier, je vous invite à vous poser une question : qu’est-ce c’est qu’être conscient?

La conscience est la faculté mentale qui permet d’appréhender de façon subjective les phénomènes extérieurs, dixit wikipedia. Si je sais que je suis en train de vous présenter ce dossier de podcast science sur les rêves lucides, je suis conscient.

Mais qu’est-ce qu’appréhender de manière subjective? Qu’est-ce que savoir ?  Une machine possédant des registres consultables lui indiquant, entre autre, l’action qu’elle est en train d’effectuer, est-elle consciente ?

On arrive facilement à des définitions récursives de type “non, car elle n’est pas consciente de ce que contient ce registre…”

Il y a quelques années, un ami sortant du master de science cognitive de l’ENS me résumait ainsi le problème : “quand on se penche sur la question de la conscience en neurosciences, il est assez difficile de ne pas considérer qu’à un moment, il y a un petit être qui se balade dans notre cerveau et consulte le contenu des différentes aires cérébrales.”

Une solution, vous serez d’accord avec moi, bien peu satisfaisante…

On a néanmoins instinctivement une assez bonne connaissance de cet état, à tel point qu’on se demande régulièrement si les animaux sont conscients ou si des être artificiels pourront l’être un jour. Que serait la litterature de science-fiction et particulièrement l’oeuvre d’Asimov sans ces questions ?

Par ailleurs, il est assez simple de définir les moments où l’on n’est pas conscient :

  • on n’est plus conscient quand on est mort;
  • quand on dort ou qu’on tombe de le coma.

Bref quand on est dans cet état qu’on appelle justement “inconscience”.

Il existe néanmoins, d’autres états à mi-chemin entre conscience et non-conscience (ou l’inconscience) : c’est ce que l’on appelle les états modifiés de conscience, ou “EMC”.

Alors qu’est-ce donc qu’un EMC ? Eh bien, c’est un état où nos perceptions ainsi que la manière dont nous pensons et prenons des décisions est modifiée…

Vous voulez un exemple concret? J’en ai un que vous avez sûrement déjà expérimenté après un verre ou deux de trop : l’ébriété est un état modifié de conscience.

Plus précisement, non seulement l’alcool, mais n’importe quel psychotrope (café et thé compris) et en particulier les hallucinogènes, vous mettent, à dose suffisante, dans des EMC (certains d’ailleurs pourraient affirmer que nous sommes finalement quasiment tout le temps dans un EMC). L’existence de ces substances chimiques – qui affectent nos actions et notre perception de la réalité – limite à mon sens fortement l’hypothèse du petit bonhomme évoquée précédemment. Mais je reviendrai là-dessus en fin de dossier.

Les autres formes d’EMC

On cite aussi régulièrement l’hypnose, certaines formes de méditation et pas mal de choses qui intéressent beaucoup les parapsychologues : expériences de mort imminente,  out of body experience et consort…

Mais ici, je vais m’intéresser à une forme particulière d’EMC: les rêves lucides.

Le sommeil

Et avant de parler de rêves je vais vous dire quelques mots sur le sommeil : Alan avait d’ailleurs déjà abordé le sujet dans podcast science 95 au cours du dossier sur la sieste.

Mais pour rappel notre sommeil est constitué de cycles récurrents de 90 a 110  minutes qui sont eux-mêmes découpés en différentes phases :

  • la somnolence, très proche de l’état éveillé (quelqu’un reveillé à ce moment prétendra généralement qu’il n’était pas en train de dormir; c’est en quelque sorte une phase d’endormissement) qui dure environ 10 minutes;

  • Suivi par le sommeil léger où le rythme cardiaque et la respiration commencent à ralentir, et qui dure une vingtaine de minutes;

  • Puis vient le sommeil profond, lui-même divisé en deux phases, qu’il est inutile de détailler ici, où l’activité musculaire disparaît progressivement, où la respiration se stabilise et où l’activité électrique du cerveau est constituée de que l’on appelle des ondes lentes. Cette phase dure un peu plus de 20 minutes et quelqu’un qui serait réveillé à ce moment-là, se sentirait groggy, très peu alerte.

  • Enfin arrive le sommeil paradoxal ou phase REM qui est la partie du sommeil qui va nous intéresser ici. L’atonie musculaire persiste (l’atonie musculaire, c’est le relâchement des muscles), mais l’activité du cerveau se rapproche de celle de quelqu’un d’éveillé; le visage s’anime, et l’on peut observer des mouvements des yeux (d’ou le nom de cette phase du sommeil dite REM comme Rapid Eye Movement).

C’est en REM que nous rêvons et c’est aussi une phase qui, semble-t-il, pourrait jouer un rôle dans le transfert d’information de notre mémoire à court terme vers notre mémoire à long terme. Cette phase est très courte au départ mais s’accroît progressivement au fur et à mesure des cycles successifs qui composent notre nuit de sommeil.

Voilà pour les phases du sommeil, mais avant d’entrer dans le vif du sujet, j’aimerais revenir sur l’atonie musculaire. Le sujet a été rapidement abordé dans Podcast Science et a définitivement été abordé dans Scepticisme Scientifique, mais il mérite quelque mots ici.

Comme on l’a vu, une des caractéristiques du sommeil paradoxal et du sommeil profond est l’atonie musculaire, soit le fait que certains de nos muscles, nos muscles posturaux, ne se contractent plus. Elle est parfaitement expliquée scientifiquement et serait due à la libération d’un neurotransmetteur, la glycine3. Les commandes motrices n’activant donc plus certains muscles.

Les muscles posturaux sont les muscles qui nous servent à bouger et nous maintenir dans une position.

On ne peut donc plus marcher ou se tenir droit. Mais par opposition, l’atonie musculaire des muscles posturaux, n’affecte pas les muscles dont l’activité est vitale tels le coeur ou nos muscles respiratoires, ni les muscles qui commandent nos expressions faciales ou le mouvement de nos yeux, on verra par la suite que ce dernier point est très important.

Tout cela est bien pratique car cela permet d’éviter que l’on mette en action nos rêves et effectuions des mouvements qui pourraient s’avérer dangereux. Ça nous empêche par exemple de taper la personne avec qui l’on partage son lit lorsque l’on rêve d’être un champion de boxe.

Mais il peut exister des dysfonctionnements : 

  • ce que l’on appelle les troubles du comportement en sommeil paradoxal, c’est à dire quand l’atonie musculaire ne marche pas ou marche mal. Le malade va alors avoir un sommeil particulièrement agité;

  • et ce que l’on appelle la paralysie du sommeil, c’est-à-dire la persistance de l’atonie musculaire lors du réveil, ce qui est généralement une expérience particulièrement traumatisante. Ce dysfonctionnement est aussi à l’origine de pas mal d’histoires d’enlèvements par des ovnis, car elle s’accompagne souvent d’une sensation de suffocation ainsi que d’hallucination auditives, tactiles et visuelles, les yeux ouvert. C’est vraisemblablement lié à une forme de persistance des rêves caractérisant le sommeil paradoxal malgré le réveil. Si vous voulez en savoir plus, vous pouvez aller jeter un oeil du côté de Scepticisme Scientifique ou sur Internet.

 Dans les deux cas, le phénomène peut être plus ou moins important (paralysie avec ou sans hallucination, mouvements plus ou moins ralenti lors des troubles du comportement en sommeil paradoxal).

Je vous signale ces deux phénomènes alors qu’il ne sont pas exactement dans le sujet car ce sont des exemples de situation où notre cerveau fonctionne partiellement, comme au réveil et, partiellement, comme en sommeil paradoxal. Or, comme on va le voir tout de suite, c’est aussi le cas lors des rêves lucides.

Les rêves lucides

Entrons donc maintenant dans le vif du sujet. Et tout d’abord, qu’est-ce qu’un rêve lucide ? Et bien c’est rêver en etant parfaitement conscient que l’on est dans un rêve, en maintenant sa lucidite. Les rêves lucides sont généralement bien plus vivaces que les autres rêves. Il sont aussi particulièrement exaltants car ils offrent au rêveur la possibilité de contrôler son rêve : de s’envoler, de jouer les passe-murailles ou de réaliser ses fantasmes les plus inaccessibles.

Les premières mentions de tels rêves arrivent assez tôt; on les fait remonter a l’Antiquité. Homère et Aristote y font référence. Il est communément admis que les enfants font beaucoup plus souvent et beaucoup plus facilement des rêves lucides et vous en avez peut-être fait quand vous étiez plus jeunes puisque entre 20 et 80% de la population déclare en avoir déjà fait (cela varie en fonction de la manière dont on pose la question).

Petit disclaimer avant de continuer. Personnellement j’ai testé la chose il y a quelques années et j’avoue être plutôt convaincu de l’intérêt du phénoméne. Néanmoins, je sais aussi que c’est une raison supplémentaire d’être sur ses gardes et j’ai tout de même essayé de garder un oeil critique. Et avant de continuer j’aimerais donc mentionner quelques points susceptibles d’éveiller votre vigilance critique sur le sujet :

  • Si vous faites une recherche sur Internet, vous constaterez que l’imagerie utilisée se rapproche beaucoup de celle utilisée par nombre de mystiques;

  • Pas mal de personnes s’y intéressent pour des raisons absolument pas scientifiques (religion ou trip);

  • La partie scientifique elle-même a été entre autre reprise par des gens pas très sérieux; c’est très populaire chez les Freudiens;

  • Le premier chercheur a avoir mené une expérience sur les rêves lucides, Keith Hearne, est un parapsychologue qui a aussi mené des expériences visant à prouver que les femmes ont davantage de visions prémonitoires que les hommes;

  • Certains chercheurs, tel que Stephen LaBerge – qui est de très loin celui à avoir le plus publié sur le sujet et qui semble être un scientifiques sérieu  -, en ont fait leur business. En l’occurence LaBerge a créé un institut sur les rêves lucides qui vend de l’appareillage, ne publie que sur ça. Il se retrouve du coup dans une situation qui favorise les conflits d’intérêt;

  • D’autres enfin, comme Allan Hobson, s’intéressant de manière plus large aux hallucinogènes, LSD et autres, dans une sorte de prolongation de la composante scientifique du mouvement Hippie… Dans la lignée de Timothy Leary, dont j’avais déjà parlé lors de mon dossier sur le transhumanisme.  Personnellement, cela m’inquiète pas trop ou en tout cas beaucoup moins que les points précédent, mais je conçois que ça puisse aussi peut-être en effrayer certains.

Enfin pour finir sur un point un peu plus positif et rebondir sur le débat que nous avions eu avec Jean-Michel Abrassart, j’ai trouvé un texte de Susan Blackmore de 1991 où elle explique que pour elle nous venons de vivre le passage des rêves lucides de la parapsychologie vers les sciences sérieuses. Et elle prend comme comme point de bascule les expériences de LaBerge et de Keith Hearne.

(Petit rappel si vous ne savez pas ou plus qui est Susan Blackmore: c’est initialement une tenante de la parapsychologie qui a vécu – je crois – une expérience de mort imminente ou une out of body experience, et qui est par la suite devenue une sceptique très active puis s’est principalement intéressé à la nature de la conscience et à la mémétique.)

Si malgré tout ça, je ne vous ai pas fait fuir, veuillez me suivre dans cet univers passionnant!

La recherche

Alors justement, ça ressemble à quoi une expérience sur les rêves lucides ?

C’est Stephen LaBerge, dont je viens de vous parler, qui a mené les premières expériences sérieuses sur les rêves lucides au début des annees 80. L’enjeu était donc de savoir si ces rêves sont quelque chose de vérifiable et de mesurable. La question était donc de trouver comment un lucid dreamer pourrait prouver qu’il était bel et bien en train de faire un rêve lucide.

Pour cela, il était nécessaire de prouver à la fois que le rêveur était toujours en train de dormir et qu’il était bien conscient.

L’atonie musculaire ne concernant pas le mouvement des yeux, LaBerge postula que ces mouvements oculaires, pourtant en quelque sorte virtuels lorsqu’ils sont effectués dans les rêves, généreraient des mouvement similaire réels.

Je précise un peu car je n’ai pas forcément été très clair. L’idée est la suivante: si, dans un rêve, quelqu’un regarde à droite, ses yeux bougeront effectivement vers la droite tandis que s’il essaie de lever le bras son bras ne lui obéira pas, à cause de l’atonie musculaire.

Un protocole fut donc mis en place. Les rêveurs devaient prouver leur lucidité en ayant un mouvement des yeux particulier; une sorte de code morse. Tandis que d’autres appareils s’assuraient de vérifier que les dormeurs suivaient les phases naturelles de leur sommeil

Niveau appareillage, étaient utilisés :

À partir de ces 5 dormeurs, LaBerge a obtenu :

  • 35 nuits de sommeil durant lesquelles les dormeurs ont signalé avoir effectué un rêve lucide;

  • Parmi les quelles 30 nuits de sommeil durant lesquelles les rêveurs ont signalé avoir fait un rêve lucide et effectué un signal;

  • Et ces 30 nuits de sommeil ont été ensuite découpées en petits morceaux de 30 secondes. à l’issue de chaque nuit où un signal par mouvement des yeux a été signalé par le rêveur, les données furent soumises dans le désordre (si j’ai bien compris) à un juge dont le rôle était d’identifier le moment où se produisait le signal pour éviter des biais de lecture.

Le juge a été capable de l’identifier 25 fois sur 30.

Et il y a, je pense, néanmoins trois éléments assez faibles et susceptibles d’introduire des biais dans l’expérience de LaBerge :

  • Il était demandé aux dormeurs de se réveiller au terme du rêve lucide;

  • Une méthode particulière pour induire des rêves lucide – la méthode MILD – était utilisée. Or cette méthode implique de réveiller le rêveur peu avant qu’il n’effectue un rêve lucide;

  • Enfin, l’échantillon 5 rêveurs est très faible!

Néanmoins, des variantes de cette expérience ont été effectuées par la suite par d’autres équipes et l’on peut aisément comprendre les problèmes logistiques qui limitent les chercheurs. 

Heureusement, ces expériences ne se limitent pas à prouver la réalité du phénoméne! L’une des prolongations récentes,par exemple, une expérience menée dans les annees 2000 par Allan Hobson, a un peu remis en question la vision de LaBerge en soulignant que l’activité du cerveau se rapproche davantage de son activité à l’état éveillé lors d’un rêve lucide que lors d’un rêve normal.

En particulier, le cortex préfrontal dorsolatéral serait davantage actif lors des rêves lucides.

Or cette partie du cerveau est le siège de la planification et du raisonnement déductif ainsi que l’élaboration de processus cognitifs complexes et réputé siège de l’ego, et serait aussi la zone du cerveau qui nous permettrait par exemple de mentir.

De même, des zones du cerveau typiquement humaines (c’est à dire moins développées chez les autres grands singes), inactives en phase REM, s’activeraient lors des rêves lucides.

À l’inverse, les zones arrières du cerveau – dont l’activation est typique du sommeil paradoxal – resteraient actives contrairement à ce qui se passe lors d’une phase complète de réveil.

Il me semble que ces élements peuvent nous amener à penser la conscience comme un phénomène émergent quelque peu localisé et peut-être spécifique à l’homme, ce qui nous permet de nous éloigner du petit être se baladant dans notre cerveau et consultant nos différentes aires cérébrales dont je vous parlais au début.

Je ne vais pas rentrer dans le détail, mais il y a eu des expériences menées pour comparer l’écoulement du temps lors des rêves. Tout est parti d’une anecdote. À la fin du XIXe siècle, un rêveur a rapporté avoir fait un long rêve se déroulant lors de la Révolution Française et se terminant par sa propre mort, guillotiné. Le rêveur fut alors réveillé par un meuble tombant sur son cou. On en déduisit que les rêves se passent en accéléré et à l’envers. Le meuble lui tombant sur la gorge ayant généré son réveil et le rêve sur la Révolution Française.

C’est cette légende urbaine qui est reprise dans ce film un peu ridicule qu’est Inception avec ses multiples niveaux de rêves plus ou moins accélérés.

Le problème, c’est qu’on a entre temps découvert que ce n’est absolument pas le cas. Des expériences basées sur le réveil de volontaires pendant la phase REM de leur sommeil l’ont prouvé dès les années soixante et les rêves lucides ont permis de montrer que l’on compte et que le temps s’écoule à la meme vitesse dans un rêve lucide que dans le monde réel.

De telles expériences ont aussi permis de se rendre compte que faire des squats (s’accroupir et se relever) prenait plus de temps dans un rêve que dans le monde réel (je vous laisse méditer là-dessus).

On a aussi pu mesurer de légères activités dans les muscles sollicités par l’activité effectuée lors du rêve. On a constaté aussi que quelqu’un qui rêve qu’il retient sa respiration la retient effectivement. Il y a eu aussi quelques expériences menées sur l’orgasme. Effectivement, un orgasme effectué dans un rêve lucide donne, semble-t-il, lieu à un orgasme réel.

J’imagine que maintenant, surtout après cette petite conclusion sur les orgasmes, certains d’entre vous se demandent comment avoir des rêves lucides. Il y a eu un certain nombre d’études sur la question et ça va être l’avant-dernier point de mon dossier, mais avant cela, j’aimerais rajouter un petit point de méthodologie.

Point méthodologique

Je vais donc vous parler de quelques méthodes pour déclencher des rêves lucides que l’on retrouve dans la littérature.

Mais avant toute chose, je précise que l’on est ici dans ce que des sociologues appelleraient des études “qualitatives” et non “quantitatives”. Ce qu’on entend par qualitative, c’est que l’on a préféré étudier un petit nombre de cas avec attention plutôt que d’analyser des stats. Mais ce qu’il faut vraiment comprendre dans la distinction qualitatif/quantitatif, c’est que personne n’a mené d’expériences sur un nombre significatif de personnes. Contrairement à ce que leur nom semblent indiquer, on peut affirmer qu’en termes de preuve d’un phénomène, les études quantitatives sont de meilleure qualité que les études qualitatives. Avant de me faire plein d’ennemis parmi les chercheurs en sciences sociales adeptes de méthodes qualitatives et autre case studies, je précise tout de même que bien sûr, on a aussi besoin d’etude qualitatives pour savoir dans quelle direction aller. Bref, ce que je souhaitais indiquer c’est que si l’on sait que certaines personnes arrivent avec de l’entraînement à faire très régulièrement – voire systématiquement – des rêves lucides, on n’a pas de preuves que les méthodes que je vais vous présenter marchent dans tous les cas.

Comment faire des rêves lucides?

Pour commencer, quelques remarques très générales : les rêves lucides sont géneralement effectués en fin de nuit lors des dernier cycles du sommeil, quand les phases de sommeil paradoxal sont les plus longues; il est donc nécessaire de dormir longtemps.

Avant d’entamer ce dossier, je pensais qu’il n’existait que trois méthodes, mais en le réalisant je me suis rendu compte qu’elles sont réellement multiples.

La plus simple consiste à essayer de se rendre compte que l’on est en train de rêver pendant un rêve. Comment faire cela ? Et bien en se posant la question lors d’un rêve…

Il semble que se souvenir correctement de nos rêves y aide (ce qui se développe en y prêtant attention et en les notant, sic!)

Une méthode assez simple consiste à s’endormir avec l’intention d’effectuer un rêve lucide ou tout du moins en pensant au concept des rêves lucides.

Se poser fréquement la question “suis-je entrain de rêver?” dans le monde réel semble aussi aider à en faire.

On peut aussi prendre l’habitude de faire ce que l’on appelle des “tests de réalite”, c’est-à-dire d’effectuer des actions dont le résultat diffère dans le monde réel et dans nos rêves, dans l’espoir à un moment de les effectuer dans un réve et de s’en servir comme trigger.

Il y en a un certain nombre assez connus :

  • se boucher le nez et inspirer;

  • compter ses doigts;

  • éteindre et rallumer la lumière;

  • vérifier que sa vision diffère avec ou sans lunettes;

  • être capable de se souvenir comment et pourquoi on est arrivé à cet endroit…

Personnellement, je n’ai jamais eu à effectuer de test dans un rêve; quand j’ai pensé à en effectuer un, j’ai tout de suite su que je me trouvais dans un rêve. Mais vous m’avourez qu’avec tout ce folklore il y aurait eu moyen de faire quelque chose de bien plus rigolo qu’Inception. 

Après, il y a d’autres méthodes un peu plus compliquées.

En se basant sur des rapports de lucid dreamers expliquant qu’ils arrivaient à multiplier les rêves lucides en interrompant leur nuit, certains le faisaient pour lire, d’autres pour pratiquer une activité sexuelle ou de la méditation, LaBerge développa à partir de ces constatations la méthode MILD que j’ai déjà brièvement mentionnée (Mnemonic Induction of Lucid Dreams).

L’idée de la MILD est donc, en fin de nuit (donc toujours lorsque les phases de sommeil paradoxal sont les plus longues), de réveiller le dormeur un petit moment puis de le laisser se rendormir avec la ferme intention d’effectuer un rêve lucide.

Il existe aussi une méthode qui se rapproche de la méditation et qui consiste à s’endormir très lentement sans jamais totalement relâcher sa conscience.

Enfin, il existe aussi un certain nombre d’appareils permettant d’augmenter nos chances d’effectuer des rêves lucides; l’idee est généralement d’utiliser un masque qui détecte la phase REM et qui envoie alors des signaux lumineux qui seront perçus par le rêveur dans son rêve et qui lui permettront de se rendre compte qu’il se trouve dans un rêve. C’est justement le genre d’appareil vendus par LaBerge.

Pour conclure sur l’interêt de ce domaine de recherche je dois signaler que nombre de rêveurs lucides ont expérimenté par ce biais ce que d’autre décriraient comme des out of body experience ou des “voyages astraux” pour reprendre le vocabulaire des théosophes. J’ai déjà signalé que certaines techniques d’induction des rêves lucides commençaient par de la méditation pour progressivement entrer dans un rêve lucide, j’ai aussi mentionné des phénomènes tels que la paralysie du sommeil et je pense que l’on pourrait facilement ajouter les Near Death Experiences (NDE) à la liste. Et il me semble que le rêves lucides – ou des états proches de ces rêves lucides – nous offrent un magnifique cadre pour expliquer tout ces phénomènes comme étant des illusions plus ou moins auto-induites.

Cela offre aussi l’immense avantage d’expliquer comment, en toute bonne foi, un certain nombre de personnes, pourtant par ailleurs capables d’un discours rationnel, pourront vous expliquer avoir – par une certaine méthode – entamé une conversation mystique avec je ne sais quelle entité supérieure…

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