Le multitasking

Dossier de l’épisode #132

Je ne sais pas vous, mais moi, j’ai l’impression de lire tout et son contraire sur le multitasking, c’est à dire, la capacité d’une personne de faire au moins deux tâches nécessitant une attention soutenue en même temps, et les faire bien.

Ces derniers mois, les manchettes de journaux annonçaient successivement qu’il s’agit d’un truc féminin, puis que non, puis qu’en fait, le multitasking est un mythe, puis que non, certaines personnes auraient vraiment cette capacité. Bref, la confusion est totale.

Pourtant, me suis-je dit à un moment où je ne faisais rien d’autre en même temps, des recherches sérieuses doivent bien avoir été faites sur le sujet en cette époque stressante où notre attention est sollicitée de toutes parts en permanence à grands coups de notifications et où le multitasking est une compétence professionnelle recherchée et appréciée (si si, faites le test… Mettez le mot-clé “multitasking” dans un moteur de recherche d’emplois, des annonces vont sortir! J’ai fait l’essai ici: http://www.jobs.ch/fr/suche.php?stichwort=multitasking!)

Pour tenter d’y voir clair, nous allons examiner une à une les idées qui circulent sur le sujet.

Idée n°1: les femmes sont meilleures que les hommes pour la gestion simultanée de plusieurs tâches.

Idée n° 2: le multitasking n’existe pas, c’est un mythe.

Idée n° 3: le multitasking existe bel et bien chez une toute petite minorité d’invididus, indépendamment de leur sexe.

Et dans la version audio, nous irons jusqu’à tester cette idée sur notre cobaye-et-multi-taskeur de service, Nicotupe, pour voir s’il a vraiment les capacités qu’il croit avoir ou s’il a plutôt un problème d’attention. Nous ne reculons devant rien pour faire avancer la science!

Idée n°1: les femmes sont meilleures que les hommes pour la gestion simultanée de plusieurs tâches

Avant d’examiner les fondements cognitifs de cette assertion, posons tout de même le décor… On a tous en tête le cliché de Madame qui prépare le repas en supervisant les devoirs des petits tout en gérant au téléphone sa belle-mère qui trouve qu’on devrait prendre plus de temps pour se parler… Tandis que le multitasking de Monsieur se limite à se gratter le contenu du slip, les doigts pleins de gras de chips en rotant une bière devant la rediffusion du match de la veille.

OK, j’exagère un peu, les temps ont changé, mais quand même… On va voir dans un instant si les femmes multitaskent mieux.

Dans tous les cas, elles multitaskent effectivement plus. 48 heures par semaine pour les femmes vs 39 seulement pour les hommes, du simple fait qu’elles sont toujours plus impliquées que les hommes dans les tâches domestiques et l’éducation des enfants. Pour Cecil Adams, l’auteur des chroniques “The Straight Dope” (ces chroniques combattent l’ignorance depuis 1973 dans différents journaux, et désormais sur le web, mais ça prend plus de temps que prévu), le problème peut se résumer ainsi:  d’abord, les femmes multitaskent davantage non pas parce qu’elles auraient un don inné, mais parce qu’elles n’ont simplement pas le choix, entre le boulot, la famille et le reste. Ensuite, le mythe du don inné sert deux causes socialement utiles: cela permet aux femmes de rationaliser et de plus ou moins accepter le fait d’être toujours et encore coincées dans les tâches domestiques répétitives et ennuyeuses et cela permet surtout aux hommes de ne pas s’en mêler…

Certes mais ce n’est pas de la science… Alors que dit la recherche?

Eh bien, en apparence,  tout et son contraire! Sérieux, essayez la requête “Women are better at multitasking” dans google. Pas besoin de vous taper les 4 millions de résultats, la première page suffit à vous donner une idée:

google_multitask

Nous avons donc un article du Telegraph qui annonce en juillet 2010 que les scientifiques ont prouvé que les femmes multitaskent mieux que les hommes et un article du Daily Mail d’octobre 2012 qui annonce exactement le contraire, soit que les hommes multitaskent mieux que les femmes. Coup de bol, c’est un article dont j’avais l’intention de parler. Qui a raison?

Prenons le premier article: il nous relate le protocole utilisé par le professeur Keith Laws, psychologue à l’Université du Hertfordshire en Angleterre. Il a donné à 50 femmes et 50 hommes parmi ses étudiants 3 tâches à réaliser simultanément dans un délai de 8 minutes: des problèmes de maths simples, trouver des restaurants sur une carte, et élaborer une stratégie pour retrouver une clé dans un champ imaginaire. Ils recevaient tous un coup de fil pendant l’épreuve. Selon l’article, les hommes s’en seraient sortis moins bien que les femmes sur la stratégie de recherche de la clé. CQFD.

Perso, je trouve ça un peu court, même si l’article a été partagé plus de 4’000 fois sur Facebook… D’abord, je ne vois pas où est le multitasking dans cette histoire. Il s’agit de faire 3 trucs vite, en recevant un coup de fil en même temps. Pas de faire 4 choses en même temps. Ensuite, je n’ai vu dans l’article aucun chiffre, aucune donnée, aucun groupe de contrôle qui aurait mené à bien ces tâches de manière séquentielle, histoire d’avoir des indicateurs de référence. Et surtout, je n’ai vu aucun lien sur l’article scientifique original!

Alors j’ai cherché un peu… Et j’ai trouvé que Keith Laws existe bel et bien mais que sa spécialité, c’est plutôt la schizophrénie et Alzheimer. Et je n’ai trouvé aucun papier de lui dans la littérature scientifique à comité de lecture portant sur le multitasking! Du coup, je lui ai écrit directement pour lui poser la question. Il m’a répondu dans les 10 minutes que c’est effectivement lui, et que cette étude fait partie d’une recherche beaucoup plus large, que les dernières retouches sont en train d’être apportées au papier maintenant seulement, pour une publication – à comité de lecture – dans un journal en Open Access.

Affaire à suivre, donc, mais pour le moment, j’ai toutes les raisons de penser que le titre “Les scientifiques prouvent que les femmes sont meilleures au multitasking que les hommes” est franchement trompeur.

Examinons le second article, celui du Daily Mail qui affime que les hommes sont meilleurs que les femmes quand il s’agit de multitasker: là, c’est d’emblée beaucoup plus sérieux. Tant au niveau de la transparence sur les sources (l’abstract est ici si ça vous intéresse) qu’au niveau du protocole expérimental lui-même.

Dans une première expérience, on a pris 36 hommes et 36 femmes, âgés de 19 à 40 ans et on leur a demandé de suivre trois compteurs numériques sur un écran d’ordinateur qui affichaient des données temporelles à des vitesses variables. A chaque fois qu’une certaine valeur était affichée, les participants devaient appuyer sur la barre d’espace. Simultanément, ils devaient également regarder défiler un prompteur au-dessus des compteurs qui listait 400 prénoms courants suédois, dont 40 (20 noms masculins et 20 noms féminins) étaient répétés plus d’une fois. Les participants devaient cliquer à chaque fois qu’ils voyaient apparaître un nom répété. Là, ça ressemble déjà plus sérieusement à du multitasking tel que le connaissent les utilisateurs de twitter…

Je vous passe les détails. En gros, les hommes scoraient 10% mieux que les femmes.

Dans une deuxième expérience au protocole différent, avec des individus différents, idem, les hommes s’en sortaient mieux que les femmes. L’auteur de l’étude, Timo Mäntylä, un psychologue de l’Université de Stockholm cherchait à déterminer l’influence de 3 facteurs: le genre masculin ou féminin, la mémoire de travail, et les compétences spatiales. En très résumé, il a pu établir que la mémoire de travail est un facteur de succès déterminant. En revanche, il avait déjà établi que les compétences spatiales chez les femmes sont impactées par le cycle menstruel. Moins bonnes en phase folliculaire (les 14 premiers jours du cycle) qu’en phase lutéale (les 14 derniers). Si on ne garde que les résultats des femmes en phase lutéale, alors la différence entre hommes et femmes est beaucoup moins nette.

Il s’agit de la première étude du genre. Et elle casse cette idée reçue selon laquelle les femmes sont des multi-taskeresses nées. Il faudra attendre quelques temps pour voir si les résultats sont confirmés ou pas par d’autres études. Je trouverais assez drôle que les hommes soient finalement meilleurs que les femmes pour multitasker… Il faudra trouver une nouvelle excuse pas trop pathétique pour regarder le foot au lieu de faire la vaisselle 😉

Bon, cette étude nous apprend que certaines personnes obtiennent de meilleurs résultats que d’autres. Mais elle ne nous dit pas encore s’il s’agit de bons résultats. Si ces tâches avaient été conduites séparément, les performances auraient-elles été meilleures? Il est temps d’explorer la deuxième idée.

Idée n° 2: le multitasking n’existe pas, c’est un mythe

Une recherche de l’Université de Stanford en 2009 a défrayé la chronique. Conscients que le cerveau humain n’est pas bien équipé pour traiter de multiples signaux en même temps, et constatant pourtant que le multitasking devient de plus en plus la norme face aux nouveaux médias, notamment chez les jeunes, Eyal Phir, Clifford Nass et Anthony Wagner ont voulu en avoir le coeur net.

Ils ont recruté deux groupes de personnes: des multitaskeurs lourds (des gens qui ont déclaré via un questionnaire multitasker bien et beaucoup) et des multitaskeurs légers (des personnes qui, dans le même questionnaire, se sont déclarées pas trop douées pour tout faire en même temps).

Les deux groupes ont été soumis à toutes sortes de stimuli et interruptions et on a testé leur attention, leur mémoire, leur capacité à changer de contexte.

Les résultats furent sans appel: les soi-disant gros multitaskeurs ont en fait de gros problèmes de contrôle de l’attention! Incapables de se fixer plus de quelques instants sur une tâche, ils sont stressés et ne retiennent pas grand chose.

Alors, le multitasking, mythe ou pas? Difficile à dire avec ça… Mais ce que cette étude (et d’autres!) permet d’affirmer, c’est que ce n’est pas parce qu’on se croit doué pour gérer plusieurs tâches en même temps que c’est effectivement le cas!

Qui d’entre nous est conscient de ne pas pouvoir conduire et téléphoner simultanément, avec ou sans main-libre ? Leurrés par nos convictions, nous sommes tous sincèrement certains d’y parvenir sans problème, même si nous voyons bien que les autres ont de la peine. Et pourtant, en France, l’Inserm estime qu’un accident de la route sur dix est associé à l’utilisation du téléphone au volant!

Aux Etats-Unis, où les contrôles de vitesse et d’alcoolémie sont encore plus stricts, ce taux grimpe à 28%, selon le National Safety Council. De quoi réfléchir avant de décrocher en conduisant.

Mais il y a d’autres conséquences fâcheuses… À force de s’organiser comme si on avait tous réellement la capacité de multitasker, on est interrompus en permanence… L’organisation des places de travail en open-spaces, les coups de fil – à toute heure et en tout lieu depuis la généralisation des téléphones portables -, les notifications de réception d’e-mails, les breaking news, les alertes sur les réseaux sociaux, les notifications de messagerie instantanée, notre attention est interrompue en permanence par des stimuli toujours plus nombreux.

Une recherche de l’Université de l’Illinois a pu montrer qu’il faut en moyenne 15 minutes pour retrouver une pleine attention et se replonger complètement dans son activité après avoir répondu à un email ou à un message instantané. Une étude de l’Institute for the Future a rapporté que les employés des 1000 entreprises les plus importantes des Etats-Unis reçoivent en moyenne 178 messages par jour et sont interrompus au moins trois fois par heure. La perte de productivité ne peut bien sûr pas être mesurée précisément, mais, selon Jonathan Spira, analyste en chef d’une firme de recherche industrielle, cette épidémie de pseudo-multitasking coûte à l’économie américaine la bagatelle de  650 milliards de dollars par année! (source).

On sait depuis les années 80 et 90 que le cerveau humain n’est pas câblé pour être multitâche. Notamment, en 1992, Hal Pashler de l’Université de Californie à San Diego a pu établir qu’il existe chez l’humain un goulet d’étranglement cognitif. Les signaux sont traités en parallèle jusqu’à ce point, où ils sont contraints à s’empiler et passer les uns les après les autres. Avec une perte d’efficacité très importante car chaque changement de signal implique une période de réfraction psychologique, c’est à dire, un temps de latence entre le traitement de deux informations qui ne viendraient pas du même stimulus. Quand les gens font 4 tâches simultanément, ou plutôt croient faire 4 tâches en même temps, ils ne font, en fait, pas du multitasking mais du multiswitching. Ils passent d’une activité à l’autre avec un temps de latence globalement énorme entre une activité et l’autre. Alors maintenant que tout cela est établi… Existe-t-il malgré tout de vrais multitaskeurs?

Idée n° 3: le multitasking existe bel et bien chez une toute petite minorité d’invididus, indépendamment de leur sexe.

A Sailor stands the departure position watch.C’est une idée qui était dans l’air depuis pas mal de temps… Il suffit d’observer les contrôleurs aériens ou des cas comme notre Nicotupe préféré pour se convaincre que cela doit bel et bien exister chez une minorité d’individus, même si c’est très exceptionnel.

C’est ce qu’ont fait Jason Watson et David Strayer de l’Université d’Utah à Salt Lake City. Ils ont mené une étude digne de ce nom sur le multi-tasking et sont arrivés à la conclusion qu’il existe bel et bien des Supertaskers. Cela concernerait quelque 2.5% de la population.

Je ne sais pas dans quelle mesure cette extrapolation est valide, mais dans tous les cas, ça concernait bel et bien 2.5% de la population étudiée et cela suffit démontrer que le phénomène existe bel et bien!

Bon, à ce stade, il va falloir qu’on re-précise un peu le périmètre, car, au fond, nous sommes tous un peu multitaskeurs… Pratiquement tous les êtres humains peuvent mâcher un chewing-gum en marchant, réfléchir en prenant une douche, écouter de la musique en faisant du sport. Mais ce n’est de ce multitasking-là qu’on parle ici: la vraie difficulté consiste à faire simultanément deux activités qui nécessitent un fort contrôle de l’attention.

Pour cela, il existe déjà un test depuis 1989, les tâches OSPAN (pour “Operation Span”, qu’on pourrait traduire par “Etendue de l’attention”). Ce test consiste à solliciter la mémoire de travail de l’individu en lui faisant mémoriser des séquences de lettres par exemple, tout en répondant à des opérations mathématiques simples. Si vous êtes motivés, vous pouvez essayer ici. 2-3 trucs à installer, mais rien de bien méchant: http://www.millisecond.com/download/library/OSPAN/

Mais cela leur semblait un peu trop déconnecté de la réalité, alors ce qu’ils ont demandé à leurs 200 sujets, c’est de passer une version audio du test OSPAN, par téléphone, tandis qu’ils devaient se déplacer sur une autoroute dans un simulateur de conduite haute-fidélité. Ça, c’est du multitasking! Pour s’habituer au protocole (et pour qu’on ait de quoi comparer les résultats en mono- ou multi-tasking), tous les sujets ont commencé par une tâche (simulateur), puis l’autre (OSPAN) avant d’être testés sur les deux simultanément. Le tout a duré 90 minutes pour chaque participant. Et tout a été scrupuleusement noté.

Au niveau du groupe, le verdict a été sans appel. Les résultats de la conduite seule ou de l’OSPAN seul étaient significativement meilleurs lorsqu’ils n’étaient pas réalisés en même temps. Des temps de freinage augmentés et davantage d’erreurs de mémorisation et de calcul, en mode multi-tasking qu’en mono-tasking (pour autant qu’on puisse parler de mono-tasking pour le test OSPAN 😉 ). Au niveau du groupe toujours, le multitasking n’est tout simplement pas rentable. L’une dans l’autre, en mode multi-tasking, il faut davantage de temps et les résultats produits sont moins bons. Il n’y a pas photo.

Pourtant, en isolant les résultats individuels, les chercheurs ont pu identifier quelques individus aux résultats exceptionnels. Leurs résultats étaient un tout petit peu moins bons en mode multi-tasking que les résultats de groupe en mono-tasking. Mais incroyablement meilleurs que les résultats de groupe en multi-tasking. En d’autres termes, cette poignée de supertaskers – comme les appellent les auteurs de l’étude – sont presque aussi bons dans l’accomplissement simultané de 2 tâches complexes nécessitant une pleine attention que des gens ordinaires qui accompliraient les 2 tâches séparément. Ils font les choses deux fois plus vite et quasi aussi bien. Autre point intéressant, si ces supertaskers sont bons en mode monotasking, ils excellent carrément en mode multitasking, comme s’ils avaient besoin de stimulations abondantes pour être efficaces.

Les auteurs se demandent à la fin du papier pourquoi nous ne sommes pas tous des supertaskers et se hasardent à quelques pistes explicatives. D’abord, ils pensent que cette aptitude a un coût: les travaux de Grossberg en 1987 ont suggéré que tous les organismes doivent faire face à une sorte de dilemme entre stabilité et plasticité, il s’agit de trouver un équilibre délicat entre trop de rigidité ou de flexibilité. De nombreux troubles cliniques sont associés avec un trouble de cet équilibre. Il se pourrait que le supertaskers excellent dans le multitasking au prix d’autres aptitudes de traitement cognitif. S’il y a un avantage évolutif à être un supertasker, cela ne peut se manifester que depuis très peu de temps, depuis que l’environnement technologique permet de souligner cette différence. Il faudra un peu de temps avant que cette aptitude ne se répande dans la population.

Êtes-vous un(e) supertasker?

En conclusion

Pour résumer les trois idées qui ont servi de fil rouge à ce dossier:

  • Non, les femmes ne sont pas plus multitâche que les hommes. C’est un mythe;
  • Oui, pour 97.5% de la population, le multitasking est un mythe. C’est une croyance infondée. On fait les choses moins vite et plus mal en les faisant en même temps, plutôt qu’en les faisant l’une après l’autre. Et l’habitude généralisée de multitasker conduit à perdre toute faculté d’attention. Le plus troublant, c’est que ce sont les personnes qui pensent être les plus à même de multitasker qui obtiennent les résultats les plus déplorables. Il s’agit sans doute d’un biais cognitif: ces personnes voient bien que les autres multitaskent mal, mais elles se sentent elles-mêmes à l’abri des statistiques; cela ne concerne que les autres;
  • Il existe effectivement des supertaskers: des gens qui font les choses aussi bien lorsqu’ils les font en même temps  – voire mieux même  – que s’ils les faisaient séquentiellement. Ces gens-là ne font jamais les choses parfaitement, ceci dit, ils font du quick and dirty. Mais leurs résultats sont tout simplement spectaculaire par rapport à ce que peuvent faire des gens comme vous et moi.

Sources:

Idée n°1, les différences homme-femme

Idée n° 2, le multitasking est un mythe

Idée n° 3, il existe pourtant des multitaskeurs

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